Avant l'invention de l'imprimerie, écrit M. Lucien Layus, le commerce des manuscrits est exercé par les libraires et les stationnaires. Le libraire vend ou loue les manuscrits existants lui appartenant ou déposés chez lui par leurs propriétaires. Le stationnaire a plus spécialement pour fonction de faire lui-même ou de faire exécuter par ses clercs ou copistes, sous sa responsabilité, soit des copies de manuscrits anciens, soit des exemplaires d'œuvres nouvelles.
Ces deux emplois sont souvent confondus et réunis sur une même tête, mais la profession de stationnaire correspond plus particulièrement à celle de l'éditeur actuel. L'Université, soucieuse de conserver la pureté de textes destinés à ses maîtres et à ses écoliers, exerce un contrôle sévère sur les libraires et les stationnaires
Le caractère principal de la reliure, sous la Restauration, est la solidité. Elle est massive, porte des nervures postiches, le dos est frappé, en or ou à froid, d'ornements spéciaux avec de gros titres sans abréviations. On emploie pour la dorure un or de première qualité. Le maroquin est toujours en faveur, mais il n'est plus rouge, on préfère les tons gris, brun, héliotrope, orangé cuit.
Il ne faudrait pas croire, cependant, que le mouvement intellectuel et artistique restât confiné chez les seuls ecclésiastiques. A côté des évêques qui font exécuter pour leur propre compte de fort beaux manuscrits, les rois furent aussi les émules des communautés. Ainsi, sous le règne de Charlemagne et de ses premiers successeurs, une école et une bibliothèque, ainsi que toute une troupe de copistes furent fondées dans la Cour impériale. Louis le Débonnaire, Lothaire, ainsi que Charles le Chauve firent de belles commandes, et ont laissé de très beaux manuscrits.
L'histoire du papier remonte au plus lointain des âges. Le procédé de fabrication le plus ancien paraît être celui que pratiquent encore, à l'heure actuelle, les peuples de l'Asie, et qui repose sur la transformation en bandes maniables des feuilles de certains palmiers, capables de recevoir une écriture à la pointe. Ce procédé se retrouve encore aujourd'hui dans les livres venant de Cochinchine et de l'Inde. Leurs feuilles ont été préparées de la même manière qu'on les eût fabriquées voici deux eu trois mille ans.
C'est que le goût de Louis XIV a tout envahi et imprime partout le sceau de sa volonté et de son empire. En reliure, il restreint l'imagination, car il faut toujours représenter sur ses volumes l'emblème de sa royauté, ses fleurs de lis, son chiffre, sa couronne et son soleil.
Heureusement, le goût du livre se maintient chez les collectionneurs comme Mazarin, Colbert, Condé, Mme de Longueville, François-Henri de Montmorency, la marquise de Chamillard.