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EAN : 9782843441028
370 pages
Le Bélial' (10/02/2011)
3.31/5   34 notes
Résumé :
Mordred est le dernier des varaniers, l'ultime représentant de sa race. Personne n'a jamais vu son visage derrière le heaume gris qu'il ne quitte jamais, pas plus que la couleur de sa peau par-delà l'armure qui l'habille - à moins que l'armure elle-même ne soit précisément cette peau, et son heaume son visage... Mordred est celui qui annonce, et nul n'échappe à son épouvantable prédiction : il connaît la fin de chacun, l'instant précis et les circonstances de la mor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La fantasy ennuie. Voilà.
Pour ceux qui connaissent bien le genre, force est de constater que l'on risque souvent de tourner en rond. Il faut fouiller, regarder ailleurs, contourner les grosses sagas à rallonge, s'éloigner des bouquins déjà étiquetés « à la George R.R Martin » ou « dans la veine de J.R.R Tolkien », déterrer ce qui sort des sentiers battus.
En 2011 sort Bankgreen.
Un livre-univers de fantasy signé par le français Thierry di Rollo.
Après deux recueils de nouvelles — Cendres et Crépuscules — et un détour par le polar, voici que l'auteur met de côté la science-fiction pour s'aventurer en fantasy. le résultat, à la hauteur de l'imaginaire complètement singulier de Thierry di Rollo, est de ceux qui emmènent le genre dans un chemin de traverse inattendu et qui marque durablement.
Mais attention, sur Bankgreen, la planète de Mauve et de Noir, tout a une raison, et la ballade n'aura rien de reposant.

C'est une fantasy rude, difficile, qui se gravit lentement.
Bankgreen ressemble aux plus abrupts des livres de Glen Cook et nous jette, sans avertissement, sans explication, sur sa terre dévastée par la guerre. Nous y rencontrons d'emblée un être étrange, surnaturel, une vision en lui-même : Mordred, le Varanier. Recouvert d'une épaisse armure qui ne laisse jamais entrevoir son visage, le guerrier monte un immense varan et fait partie d'une race réputée immortelle. Une poignée de Varaniers vit encore lorsque l'on commence l'aventure et tous savent que leur fin approche.
Une guerre gronde sur Bankgreen, la guerre de l'Orman. Deux peuples s'affrontent pour le contrôle stratégique des mines : les Digtères (appelés aussi Trois-Doigts) et les Arfans. Les premiers sont réputés autoritaires et belliqueux, les seconds libertaires et hypocrites.
Au milieu, un peuple-esclave, les Shores, sous le joug des Arfans.
La guerre est presque terminée et Mordred se dirige avec plusieurs Digtères vers l'ennemi Arfan qui cède de partout.
Jusque là, rien que de l'ordinaire.
Et puis… les soldats de l'escorte se mettent à s'entretuer. Mordred cherche un nouvel initié et le dernier debout aura ce douteux honneur.
La mort rôde et saisit les plus faibles, les moins retors, les plus fatigués.
Lorsqu'il arrive au campement principal, seul Lyh le balafré a survécu au périple. Mais pourquoi ? Pour se battre au côté du Varanier et mourir.
Une mort que ce dernier a déjà vu venir car c'est là l'un de ses étranges pouvoir : capter la mort de celui qu'il rencontre et lui en proposer une plus douce si possible.
Lui et ses compagnons utilisent les Brumes d'Okar pour communiquer à distance ou anticiper les assauts mortels.
Le temps unique. le Temps de Bankgreen.
Cette longue mise au point ne représente en réalité qu'une infime partie du roman imaginé par Thierry di Rollo, et l'univers, immensément plus vaste, se contorsionne à l'intérieur de ces pages qui débordent.
Bankgreen n'est pas l'histoire d'un guerrier en armure ou d'un mystérieux héros que personne n'a vu venir, c'est une fantasy profonde et qui refuse les cases avec obstination, c'est un monde qui meurt et se demande pourquoi.
Car sur Bankgreen, tout a une raison.

La mort est au centre de Bankgreen.
Et pour l'accompagner, forcément, le temps, inéluctable, sous forme de cycles. Chacune des nombreuses races de Bankgreen a une espérance de vie complètement différente. Gnome, Émule, Katémen, Digtère, Shore, Arfan, Varanier, Hunum, Rune. Thierry di Rollo habille son monde d'espèces éphémères ou immortelles, certaines forment des civilisations entières, d'autres se comptent sur les doigts d'une main… et l'Hunum, lui, s'avère le seul représentant de son espèce.
La lecture n'est pas facile car le français joue avec les attentes, compte sur l'intelligence de ses lecteurs, aime à aller là où on ne l'attend pas.
Si bien que la seconde partie voit l'arrivée du Nomoron, un immense navire qui vogue, seul, sur GrandEau, l'océan de Bankgreen.
Une Arche qui ne sait plus où elle va.
À son bord, deux races qui ont choisi l'exil, les Émules et les Katémens (sans parler des gnomes mais ont-ils vraiment eu le choix ?) dirigées par Silmar, l'Hunum, le tricente. On y découvre une fantastique création qui pourrait elle-même être un monde à part entière, qui ne tient que par les efforts conjugués des Grands Rats (dont Yphor, le Grand Rat Noir télépathe et aveugle) et des Gnomes qui crèvent comme des chiens eux aussi pour nourrir les fourneaux.
De nouveau, les cycles passent et les Runes, ces merveilleuses créatures ailées qui manipulent le cours des choses en secret, regardent se débattre les pathétiques êtres vivants en-dessous.
Thierry di Rollo calque ses obsessions habituelles sur ces peuples imaginaires. On y retrouve l'exploitation dans les mines par deux civilisations qui ne valent pas mieux l'une que l'autre, critique à peine voilée des démocraties et des dictatures modernes, deux faces d'une même pièce qui savent très bien s'entendre pour exploiter les autres et en profiter chacune à leur façon.
Puis cette question sinistre de la mort, encore et encore.
Comment le temps qui passe, la vie qui file, les jours qui s'effacent, comment tout ça va venir influer sur le sentiment des personnages ?
Même Silmar, qui vit plusieurs centaines de cycles, ne peut s'empêcher de se questionner face à la mort. Qu'est-ce que ce dernier voyage ? Y-a-t-il autre chose après ? Que sommes-nous face à elle ?
Mordred, lui, incarne une autre facette de l'esprit di Rollo, l'arbitraire, le hasard, le chaos presque. Une faucheuse en armure qui propose une fin plus douce, et qui s'exécute sans sourciller.
Un guerrier de vide qui fait le plein d'âmes.
Pourquoi… il doit bien y avoir une raison. Certainement.
Puisque sur Bankgreen, tout a une raison.

On lit dans Bankgreen une fantasy mature, une fantasy qui se moque de l'héroïsme ou du destin extraordinaire. Thierry di Rollo exprime la peur de l'homme face à la fin et sa façon d'y remédier.
Surtout, il observe les augures, tout ce qui peut faire infléchir le cours de l'Histoire dans un sens et dans l'autre. Que ce soit par les énigmatiques discussions avec les Runes ou par les divinations à coup de coleps.
Bankgreen est un roman fascinant, de bout en bout, mais c'est un roman qui se mérite, même si ce terme fait souvent office de repoussoir.
Au cours de son intrigue bouffée par le désespoir et la fatalité, Thierry di Rollo refuse tout net d'emmener le lecteur par la main, il préfère le laisser dans les Limbes ou au coeur des Brumes d'Okar.
Pour qui consentira à se prendre au jeu, Bankgreen se métamorphose en un roman-univers stupéfiant qui met en scène un nombre d'idées grandioses, avec autant d'images saisissantes.
Des Léviathans qui submergent un bateau-monde le temps d'une chasse.
Un Varanier qui passe entre les dimensions pendant la bataille.
Un Grand Rat Noir qui s'interroge sur le sens de ce monde.
Des graines qui font rejaillir la haine et entraînent les guerriers dans une rage folle.
Des êtres-puits qui conservent la mémoire de leur race (ou celle qu'on veut bien leur laisser)
Tout cela et bien d'autres choses constituent la beauté morbide de Bankgreen, qui opère, comme toujours chez di Rollo, en négatif.
Le lecteur attentif pourra déceler l'amour pour une compagne ou une mère disparue, la beauté des sentinelles qui règnent dans le Ciel ou le regard presque abstrait porté par la Rune qui vole encore innommée.
L'amour, la beauté, la grandeur fonctionnent en creux chez di Rollo et ne se repèrent que par l'absence ou les occasions manquées.
Une bataille qui aurait pu ne pas advenir.
Un choix qui aurait pu être différent.
Des morts qui n'ont pas été vues.
Et si vous vous demandez pourquoi tout fini ainsi, rappelez-vous bien que sur Bankgreen, quoique vous en pensiez, tout a une raison.

Forcément sombre, forcément âpre et impitoyable, la fantasy de Thierry di Rollo n'a jamais à rougir de la comparaison avec les ténors du genre, qu'ils soient anglais ou français. Bankgreen est un récit sur la mort et le temps qui nous arrachent la mémoire, une dernière course vers la fin sous le regard Mauve et Noir de ceux qui savent l'absurde du vivant.
Rude mais formidable.
Lien : https://justaword.fr/bankgre..
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Le style de di Rollo est bien présent quelque soit le genre dans lequel il choisit de nous livrer sa prose. L'écriture est envoûtante, la plume très poétique. L'auteur décrit une Bankgreen d'une beauté étrange et fascinante, toute une atmosphère ouatée blanche et mauve (sauf la nuit), mais rude et dangereuse. En fait Bankgreen qui pourrait être considérée comme le personnage principal de l'oeuvre, semble à la fois fragile et délicate, mais également traître et implacable.

Le roman est parsemé de quelques «vignettes» – sur les entités, sur la veuve d'un guerrier, etc..- qui associées au style de l'auteur forment une série de haikus des plus relevés. La litanie «Sur Bankgreen tout à une raison» renforce la poésie du texte en le rythmant régulièrement. Elle sert également à justifier l'exploitation des peuples (les mineurs, les rats éborgnés, etc..) par des dirigeant de ce monde-là, et parfois, elle est utilisé jusqu'à l'absurde.

Néanmoins, le thème principal, récurent dans l'oeuvre de di Rollo est la mort. Nous l'abordons en compagnie de Mordred. le varanier parcourt Bankgreen à la recherche d'un sens à son immortalité – suite à la disparition de tous ces compagnons varaniers. Une position d'autant plus paradoxale que Mordred voit la mort «partout» : il connait les circonstances de la mort de chacun des êtres qu'il croise… A l'unisson de ce dernier, le lecteur fait sienne cette quête.

Cependant, à la différence des autres romans de Thierry di Rollo que j'ai lu, l'univers de Bankgreen n'est pas dénué d'espoir, certes fragile, mais bien réel.

Bankgreen est donc un roman de Fantasy d'une profondeur rarement atteinte. Il est écrit avec beaucoup de poésie, et l'auteur nous livre un roman d'une grande beauté. On pourrait éventuellement reprocher que cette association entre un récit poétique et un univers fascinant mette quelque peu l'intrigue au second plan, mais cela serait vraiment chipoter.
Lien : https://albdoblog.wordpress...
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C'est ma deuxième critique d'un roman de Thierry di Rollo.
Cette fois-ci, je me suis essayé à sa fameuse "dark fantasy". Un livre primé en plus !
Après m'être un peu cassé les dents sur l'autre livre, je savais un peu à quoi m'attendre... et je n'ai pas été déçu!

Tout l'univers de l'auteur est concentré dans ce livre. Un univers riche et magnifiquement noir, pessimiste où les personnages viennent s'échouer les uns après les autres. Aucun espoir dans ce livre ou si peu...
Di Rollo prend le temps de tout mettre en place avec une écriture détaillée, poétique, travaillée.... Et tout le problème est là !
A trop s'occuper de la forme et de l'atmosphère, il en oublie l'histoire et la nécessité de prendre le lecteur avec lui...
Et je suis tombé sur le côté...
Abandonné là, par l'auteur, sans possibilité de revenir avec lui. C'est dommage.
Ce livre nécessite une vraie implication du lecteur, de l'énergie pour rester dans le bateau. Une exigence. Il faut mériter le livre par son abnégation.

Ami lecteur, tu es prévenu.
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Bankgreen est le premier roman de fantasy de di Rollo, auteur de SF. Son univers est très noir et l'on retrouve cela dans ce roman.
Un roman qui a eu de très bonnes critiques sur les sites spécialisés mais qui m'a laissé complètement froid. Je n'ai jamais réussi à rentrer pleinement dans l'histoire, à m'intéresser aux sorts des personnages. J'ai trouvé cela très lent. C'est très sombre mais on est loin de la qualité d'un Moorcock avec son cycle d'Elric.
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Bankgreen est un pays qui ne connaît que deux saisons : l'éveil et le sommeil. Mordred est l'un des derniers varaniers, sorte de chevaliers qui sont en symbiose avec leur monture, un énorme varan. Il peut voir la mort des gens qu'il croise et a besoin d'un initié pour l'aider dans ses combats. Plusieurs sortes d'êtres peuplent Bankgreen, ils sont très souvent en guerre. le récit est difficile à comprendre, l'écriture est plutôt hermétique contrairement à ce que fait l'auteur d'habitude.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La mort [...], c'est le néant consenti. Le vertige au-dessus d'un précipice dont on ne connaît pas la profondeur. C'est le cauchemar de l'insurmontable.
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-La mort n'est une réalité que pour celui qui l'atteint. C'est l'acte du Grand Saut en tant que tel qui la détermine, et non pas ce qui l'aura précédée. Voulez-vous connaître la vôtre, MaSatri ?
-Qui le voudrait, hormis les fous et les prétentieux ?
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-Je n'ai jamais compris grand-chose à ce qui a fait Bankgreen, et à nous tous qui la peuplons. Si, sur le monde mauve et noir, tout a une raison, pourquoi je devrais mourir maintenant ?
-La réponse est contenue dans la question.
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Se tromper, c'est voir autrement. Et voir tout seul.
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Bankgreen n'est peut-être rien.
Elle est sûrement tout.
Et elle ne le doit qu'à elle-même.
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Video de Thierry Di Rollo (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thierry Di Rollo
Thierry di Rollo - Meddik .A l?occasion des Utopiales 2013 à Nantes, Thierry di Rollo nous présente son oeuvre, dont « Meddik » publié chez Folio SF, et nous parle de ses influences. Pour en savoir plus : http://www.mollat.com/livres/di-rollo-thierry-meddik-rire-sourd-9782070321131.html http://www.mollat.com/auteur/di-rollo-thierry-1361178.html Notes de musique : treasureseason, Return to Dope Mountain, Fjords ®
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