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EAN : 9782070428564
256 pages
Gallimard (13/05/2004)
3.62/5   26 notes
Résumé :

L'homme-Afrique s'éveille, l'heure du carnage a sonné ! Ils sont trois. Trois épaves échouées dans un des nombreux parcs animaliers de cette Afrique en fin de course. Trois gardes dont le rôle se limite à mesurer la déchéance des animaux qu'ils sont censés protéger, sauvegarder. Il y a Bongo, qui pue comme une charogne recuite par le soleil, qui ne parle pas, ou si peu, mais qui sourit, ça oui. I... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Désespérance abrupte sans misérabilisme en Afrique et en Europe ...

Trois personnages au bout du rouleau ( alcoolique ... meurtrier ...halluciné .. ) . Des gens marqués et usés par la vie .
Un monde sans avenir qui " se termine " et qui est au bord de basculer avec des personnages qui sont sur la même pente que cet univers .
Une partie du roman campe une réserve en Afrique et l'autre campe une zone urbaine en Europe . le style est assez redoutable et les ambiances et couleurs sont palpables .

Du nihilisme ? Selon moi : non , plutôt un drame lancinant .
On est plus en effet, dans la fin programmée d'un univers et dans celle programmée de personnages malmenés par le destin .
Des gens accablés par leur manque de capacité à survive plus longtemps en influant et en pesant leur environnement et sur leur destin .

Toujours chez l'auteur il y a au centre le poids du passé et l'héritage de la violence qui fonde les personnalités et les destinées .

Les questions évoquées sont entre autres : que peut faire un homme brisé par la vie ? Selon quels mécanismes un homme est susceptible de se briser ?
Un monde ( le nôtre ) peut-il lui aussi se rompre ? Pourquoi n'est-il pas toujours possible de reprendre le dessus ?

J'ai été très sensible à cette correspondance déchéance d'un monde : déchéance des personnages .
Un roman sombre et désespéré qui pose de superbes et très suggestives correspondances littéraires au grès des pages .

Mais un roman accessible à tous ... Il est en effet le moins " à manier avec précaution " de l'auteur (sourires)
Chez di Rollo ce qui est agréable , c'est que c'est bon certes , mais surtout : C'est toujours intéressant .

La couverture du roman est parlante et restitue bien les tonalités lumineuses du roman ( une luminosité très particulière ) .
Dans le roman apocalyptique , la fin découle souvent de l'altération du milieu et du monde ambiant .
Dans La lumière des morts le monde comme les personnages vont l'amble , ensemble vers leur perte .
Cet univers est pratiquement un personnage à lui tout seul .

Un requiem pour toutes les sociétés délabrées de notre monde malmené ?
Pour comparer ce texte à d'autres oeuvres du genre , je dirais qu'il y a un rien de post-apocalyptique et une tonalité pré-cyberpunk .
Avec le délabrement ambiant qui corrompt tout , les états , les individus ….

C'est un parcours d'Afrique à l'Europe , une Afrique éveillée, et une réserve naturelle moribonde .
Le texte parle de couleur et effectivement il y a comme une lumière blanche , crue et pale au grès des pages .
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Après Archeur et Number Nine chez Encrage Éditions, le français Thierry di Rollo atterrit chez le Bélial'. le début d'une longue histoire d'amour puisqu'il y publiera pas moins de huit romans sans parler de nombreuses nouvelles dans la revue Bifrost.
Trois ans après Archeur, l'auteur retourne dans le noir de son univers pour offrir au lecteur La Lumière des Morts, un ouvrage qui abandonne le monde créé dans les deux précédents romans sans pour autant renier les bases de la tragédie humaine patiemment construite par di Rollo.
Et comme pour Archeur…tout commence en Afrique !

Rhinocéros en bleu et homme au noir
Une Afrique qui n'a toujours rien de bien attirant, au contraire. Qualifiée de « nations-poubelles » dans Archeur, le continent africain de la Lumière des Morts reste sensiblement le même. le lecteur y fait la connaissance de Dunkey, « gardien » d'une réserve animalière qui prélève régulièrement la semence de certains animaux pour analyser les raisons du déclin des espèces africaines. Pour l'aider, il doit composer avec Bongo, un noir particulièrement réticent à toute forme d'hygiène et Lhar, un allemand alcoolique qui boit du soir au matin et empeste le whisky.
On retrouve toujours ici cette image écoeurante de l'homme, qu'il soit noir ou blanc, européen ou africain, comme un rebut, une ordure, bouffé par le mysticisme ou par la boisson.
Alors que notre fine équipe tente d'endormir un lion cachexique, Bongo s'affole. le noir est en effet persuadé qu'un étrange châtiment va s'abattre sur eux sous la forme d'un rhinocéros enveloppé d'une lumière bleue, la fameuse « Lumière des morts ».
La première moitié du roman s'intéresse donc au continent africain qui incarne le parfait prolongement de celui d'Archeur, le désert en moins, la savane et la faune en train de crever en plus. Thierry di Rollo emmène le lecteur dans la misère la plus noire et dans l'hypocrisie la plus totale.
Une hypocrisie qui veut cacher l'absurdité du principe même de la réserve animale où l'on parque des bêtes condamnées à une reproduction consanguine et à une fin lente et particulièrement pathétique.
À côté de ce job peu ragoûtant qui consiste principalement à endormir des lions à la carabine avant de les sodomiser avec un stimulateur électrique pour récupérer la précieuse semence à analyser, Thierry di Rollo raconte le passé de Dunkey (un « homme-animal » comme on en trouve plusieurs dans le romans, dunkey/donkey/âne et monkey/singe). Dunkey vient de la Capitale (reliquat ou allusion au monde d'Archeur/Number Nine) où il survivait dans la misère au sein d'un hôpital où il était chargé des rebuts, c'est-à-dire des membres amputés provenant des autres services de soins. Comme toujours chez di Rollo, que ce soit dans la réserve ou dans la Capitale, le « héros » veille les morts, patauge dans l'horreur. Si le narrateur de Number Nine faisait disparaître les corps avec son cabot génétiquement modifié et si Archeur comptait les cadavres, Dunkey, lui, en fait un commerce juteux qu'il revend aux plus offrants.
Autant dire que La Lumière des Morts ne dépare pas dans l'aventure humaine offerte par l'auteur français depuis ses tous premiers textes.

En deux temps
Au milieu de la déchéance d'une Nature laminée par l'homme et sa connerie, Thierry di Rollo montre l'espoir condamné. On croise ainsi un personnage saisissant, Virginie, dont Dunkey semble épris en secret, et qui n'a qu'une obsession : amener des oiseaux blessés sur le toit de son immeuble pour les « libérer ». Une libération qui consiste en réalité à jeter les pauvres bêtes dans les airs et à croiser les doigts pour les voir voler. Ce qui n'arrive jamais.
Virginie symbolise tout ce qu'il reste de l'espoir dans le monde de di Rollo, des personnages qui voudraient bien relancer ou changer les choses dans la folie ambiante mais qui sont condamnés à regarder l'Enfer dans les yeux encore et encore. C'est d'ailleurs l'Enfer qui attend le lecteur dans la seconde partie du roman situé en Europe.
Changement de décor et changement de protagoniste avec Linder, une shooter, sorte de fusion entre juge et flic qui arpente les rues de la Capitale sous contrôle de « Dieu », une Voix qui lui souffle dans l'oreille les enquêtes à mener et les gens à exécuter. Dans cette autre réserve purement humaine, les cadavres s'entassent également sous les coups d'un serial killer arracheur de nez. Linder représente un changement de taille chez di Rollo puisque c'est le premier personnage féminin dont on adopte le point de vue au sein du récit.
Si Blandine de Number Nine accompagnait bien le narrateur, elle restait extérieur au lecteur. Ici, Linder nous livre son dégoût des hommes de façon directe, sans intermédiaire, ces êtres sales, violents, lubriques et impitoyables. La misogynie hante les pas de notre shooter qui devient elle-même la Mort aveugle, fauchant les « accessoires » (ou dommages collatéraux humains) lors de ses poursuites urbaines. L'amour prend ici la forme d'un amour maternel, celui d'une mère qui va tout sacrifier pour son petit Will avant que celui-ci ne lui soit brutalement et injustement enlevé par l'existence et par Dieu.
Linder, comme Dunkey, croisera la lie de l'humanité, dont un équipage de marins cannibales qui profite des migrants crasseux tentant pathétiquement de rallier l'Europe sur des embarcations dérisoires (et qui ne sont pas sans rappeler une actualité brûlante en Méditerranée). Mais surtout, Linder croisera des riches, à l'écart d'une société en plein pourrissement, et qui préfère l'orgie et le cannibalisme à la confrontation avec le réel.
Si La Lumière des Morts poursuit inlassablement la fresque au noir commencée par Thierry di Rollo d'une humanité condamnée et que l'on ne regrette guère, le roman accuse le défaut de ne pas en être un mais plutôt la juxtaposition de deux novellas rattachées in extremis par cette lumière bleue surnaturelle et par la connerie humaine. C'est aussi l'occasion pour le français de s'essayer au noir, au polar et à l'enquête hard-boiled. Cette seconde partie, plus solide et plus pertinente que la première, montre déjà que le français regarde ailleurs, vers d'autres horizons littéraires et d'autres genres.

Double-roman inégal et désespoir à tous les étages pour La Lumière des morts. Cette nouvelle virée en terre africaine et européenne pour Thierry di Rollo et son scalpel d'un genre humain en pleine putréfaction ne surprendra guère les fans de la première heure mais continue de creuser le sillon d'une science-fiction fascinante à la noirceur assumée et qui cherche par tous les moyens à révéler la folie imbitable d'une espèce humaine qui court inéluctablement à sa perte.
Lien : https://justaword.fr/la-lumi..
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Toi qui entre ici, abandonne tout espoir...car dans le monde de Di Rollo, noir c'est noir.

Je découvre l'auteur avec ce court roman percutant, sombre, sans concessions aux exigences narratives et scénaristiques habituelles des littératures de l'imaginaires. C'est de la SF avec de vrais morceaux sanguinolents dedans...
Thierry Di Rollo a une plume authentique, du genre de celle qui, après quelques phrases lues, vous fait dire : "tiens, c'est du Di Rollo". C'est déjà pas mal en soit d'être quelqu'un, quand on est un écrivain, non ?

Je ne vous résumerai pas l'histoire, parce que, finalement, ce n'est pas le plus important...Ce qui compte, c'est l'expression de cette noirceur incommensurable qui habite ce monde et dont l'auteur fait le pari qu'à la fin des fins (aussi bien celle de l'humanité que celle de chacun), c'est elle qui vaincra, et ce pour une raison simple : l'homme est un con

Comme ça, sans trop réfléchir, j'ai pensé à Jean-Patrick Manchette en lisant di Rollo...Il y a en effet, (comme dans toute bonne SF, selon moi), une dimension politique évidente qu'éclaire cette mortelle lueur que l'auteur nous donne à voir...

Je suis donc ravi d'avoir pu donner à ma dépression du Di Rollo à manger...Pour finir, je dirais quand même qu'il charge un peu trop la barque, en matière de gore, et qu'il n'avait pas forcément besoin de ça pour être fulgurant...Mais peut-être que le dégoût du monde, ça commence déjà par le dégoût de l'intestin grêle^^
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Coup de coeur pour ma première lecture d'un di Rollo. Les Murmures d'AC de Haenne aime !
Lien : http://a-c-de-haenne.eklablo..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comment peut-on naître au sein de ce merdier ? J'ai grandi ailleurs, en Capitale, avec des saisons nettes, malodorantes et noyées d'oxyde de carbone, mais bien découpées. Un printemps sans oiseaux, un été vaseux dans les jupes des filles, un automne à contempler les balayeurs des parcs miteux, leur outil glissant le long des mains relâchées, un hiver de neige grise, sous le ciel gris, et toujours sans le moindre pigeon estropié pour venir picorer les miettes de pain lancées par des vieillards oubliés et oubliant. Une misère de vie citadine bien balisée par la monotonie.
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Chacun a sa façon d'emmerder l'autre. Bongo, c'est l'hygiène, moi, la lassitude d'une transpiration maladive, l'allemand, la culture du mauvais whisky. Une perle en son genre. Comme une espèce de diamant bouseux empestant l'alcool à des lieues. Lhar s'affranchit des distances. Quelqu'un, quelque part en Europe ou au fin fond de l'Alaska, l'a repéré à l'odeur, je miserais mon salaire de garde là-dessus. Il ne se saoule pas, il est le malt qu'il s'ingurgite par flacons entiers.
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Nous sommes sensibles au message de respect de la faune, aux valeurs écologiques les plus fondamentales. Mais nous ne vous avouerons jamais que le système a fini par bouffer tous les animaux. Parce que nous connaissons le prix de la dignité de façade. Celle que les caméras du monde entier magnifient à coups de gros plans sur nos visages de tribuns gravement pénétrés de leur mission et accomplissant tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas démériter de l'espèce humaine.
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J'aimerais pouvoir tous les enculer jusqu'à ce qu'ils en crèvent. Pour leur rendre ce qu'ils m'ont pris. Avoir une queue à la place de cette fêlure qui me blesse. Parce qu'elle ne me sert plus à rien. Oui, être un homme n'a forcément que du bon.
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Le monde a toujours préféré se déplacer à l'aide de sales béquilles plutôt que d'apprendre tout simplement à marcher.
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Video de Thierry Di Rollo (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thierry Di Rollo
Thierry di Rollo - Meddik .A l?occasion des Utopiales 2013 à Nantes, Thierry di Rollo nous présente son oeuvre, dont « Meddik » publié chez Folio SF, et nous parle de ses influences. Pour en savoir plus : http://www.mollat.com/livres/di-rollo-thierry-meddik-rire-sourd-9782070321131.html http://www.mollat.com/auteur/di-rollo-thierry-1361178.html Notes de musique : treasureseason, Return to Dope Mountain, Fjords ®
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