Alors il ne faut pas avoir peur d'avoir un récit un peu dense entre les mains. Déjà, le sujet n'est pas léger, mais en plus quand le délégué syndical part dans des explications sur le fonctionnement de l'usine et la fabrication de l'acier...
Donc, Tristan, documentariste (et auteur de cette BD), a suivi la fermeture de l'usine de sidérurgie de Gandrange en Lorraine. Puis celle des hauts-fourneaux de Florange. Promesse des politiques, mobilisation difficile des ouvriers, intérêts économiques, couverture médiatique... Il ne nous épargne rien. de plus il fait le parallèle avec le cancer de sa mère. Un peu lourd comme sujets. Mais utile, à mon avis.
J'ai trouvé cela passionnant d'être aux côtés des ouvriers, de voir les réactions politiques de chacun. le dessin colle bien à l'univers, c'est très cohérent. Une bonne surprise au final, même si au départ j'y allais un peu à reculons.
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Une BD reportage, mêlée de quelques éléments plus personnels de la vie de l'auteur mais qui malheureusement résonnent bien avec le sujet de son papier sur la mise à mort de la sidérurgie en Lorraine.
Une observation assez neutre des différents acteurs de ce conflit vus de près. Principalement les ouvriers, leur combat, leurs idées, leurs revendications, tout ce qu'ils y ont perdu ; Les politiques et leurs promesses jamais tenues ; Les actionnaires, enfin surtout ceux dont le travail c'est de jouer avec l'argent des autres, la vie des autres ; Et même le témoignage émouvant du curé qui n'a jamais célébré autant d'enterrements.
Quand j'étais petite mes parents habitaient Illange, mon père travaillait aux hauts fourneaux et de loin en loin j'entendais ces histoires d'ouvriers, durs à la tâche pour lesquels le travail n'était qu'harassant. Des mots incompréhensibles comme Usinor, Sacilor, la Solak et bien sûr ArcelorMittal étaient prononcés avec les collègues de mon père qui venaient à la maison.
Je me souviens aussi des phrases qui annoncent une ville sur l'autoroute : « Nancy, cité des ducs de Lorraine », « Metz, ville verte », ça te vend du rêve, mais plus loin c'est « Longwy, l'acier en coulée continue » tu comprends que là c'est le taf qui prime, pas le tourisme…
L'histoire de cette lutte est racontée comme une maladie, de l'apparition des premiers symptômes à la mort du patient. C'est émouvant.
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Un récit sans concession, poignant, où le drame familial vécu par l’auteur se mêle à la tragédie humaine et économique vécue par la Lorraine.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Cet ancien site de production a été depuis transformé en musée. D'anciens sidérurgistes montrent à des écoliers, qui n'en comprennent pas vraiment le sens, le travail qu'ils faisaient. Et ne feront plus.
C'est sans doute ici qu'est née l'idée d'enregistrer les voix et les visages de ces "derniers".
Une sorte de course contre la montre dans une région où les usines et les hommes meurent un peu plus vite qu'ailleurs.
Il y a trente ans, les ouvriers lorrains montaient à Paris avec des engins de mines. De vrais monstres !
Les CRS avaient peur de ces mecs qui les appelaient "les majorettes ", se moquaient des lacrymos et déversaient des tonnes de minerai dans les rues. Ils étaient des milliers.
Aujourd'hui ils sont une vingtaine.
Ils marchent pacifiquement et s'expriment dans les médias.
A quelques kilomètres de chez moi, dans les vallées du Nord, le ciel rougeoie d'une activité sidérurgique séculaire et de la colère des ouvriers de Longwy.
-ils en feront peut-être un musée ou un parc de loisirs. Comme le haut fourneau d'Uckange ou le fiasco du parc des Schtroumpfs sur le site d'Hagondange. Le tourisme, les loisirs, c'est bien, mais bon....
-c'est con, on n'a pas le climat !
Au combat, tout le monde a peur. La seule différence est dans la direction qu'on prend pour courir.