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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
228 notes ( au moment où j'écris cette chronique), avec un 4,62 de moyenne ! Ce plébiscite est plus que mérité tant 1991 est un grand cru, un des plus aboutis, prouvant à quel point Franck Thilliez est notre meilleur auteur français de thrillers. Oui, je suis péremptoire pour le coup.

En plus, pour les fans de Sharko, c'est un cadeau que de plonger dans sa première enquête, après avoir fait sa connaissance en 2004, à la quarantaine, dans Train d'enfer pour ange rouge, comblant le manque en lui inventant une jeunesse et expliquant pourquoi il est devenu policier et a développé une obsession maniaque à traquer les tueurs en série.

En 1991 ( joli palindrome comme les affectionne Thilliez ), donc, il débarque au 36 quai des orfèvres de son Nord natal. C'est le sixième, le petit dernier du groupe qu'il intègre. Il se retrouve reléguer dans la salle des archives à devoir consulter des fiches afin d'apporter un regard neuf sur des cold cases, les disparitions de jeunes femmes dans le Sud parisien. Bien décevant pour quelqu'un qui rêve d'une grosse affaire ... qui finit par arriver lorsqu'un tueur en série enlève, viole, torture et assassine à coups de couteau des femmes.

Dès la première page, la quadra que je suis s'est régalée des références au début des années 1990 : walkman, Benetton, la Dernière séance, cassette de Gainsbourg à Gainsbarre. Tout est merveilleusement reconstituée en mode machine à remonter le temps ! Et pour la police, tout était tellement différent, entre le fossé technologique ( début des recherches ADN, pas de fichiers informatisés à analyser, pas de téléphones portables mais des cabines téléphoniques, des minitels et des faxs ) et des comportements / procédures nettement moins normalisés et réglementés. Tout est plus lent, plus instinctif aussi, plus borderline parfois, évidemment plus artisanal, ce que l'auteur utilise avec pertinence.

Franck Thilliez joue avec le lecteur en tricotant une intrigue haut de gamme, emplie de fausses pistes, faux semblants et manipulation. C'est brillant de le voir rester le maitre du jeu en gérant le suspense à la perfection, glissant des indices, passés inaperçus, mais qui éclairent les révélations à venir et un dénouement assez génial, entremêlant avec brio des thématiques comme le vaudou, la magie illusionniste à la Houdini ( et sa fameuse évasion de sa pagode chinoise, cabine en verre pleine d'eau ) et d'autres plus psy que je n'évoquerai pas pour ne rien divulgâcher.

Le tour de force étant sans doute qu'on croit à toutes les propositions de l'auteur alors que certaines sont à la limite du too much et du crédible avec un tueur en série machiavélique, complexe, complètement hors-norme à jouer avec les enquêteurs à la manière d'un Zodiaque. Bien joué !
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Il était une fois un jeune policier tout droit venu de son école de police, et qui avait quitté son nord natal, appelé à travailler là où les places sont chères et rares : le prestigieux et célèbre 36, quai des orfèvres. Je vous parle d'un temps ... révolu, où le 36 n'était pas encore le bastion, où le crayon régnait encore en maître, les ordinateurs dormant, plus pour très longtemps, dans les cartons, où l'on riait à l'idée d'extraire de l'ADN pour confondre les criminels, où le danger était plus grand pour les enquêteurs parce que la téléphonie mobile était balbutiante voire inexistante, les appareils des assassins ne pouvaient pas « borner» comme on se plaît à le dire aujourd'hui...

Donc moins de facilité pour enquêter, de la marche à s'en user les doigts de pied, du téléphone arabe, des annonces dans les commerces (pas très discrètes). Voilà ce qui attendait notre Franck Sharko. ça pourrait paraître fade lorsqu'on a lu les derniers romans de Thilliez, mais d'abord Sharko, on l'aime, et son passé nous intéresse, ensuite, notre vénéré auteur de thrillers policier ne nous abandonne pas ! Il nous concocte une double enquête dont une plutôt officieuse et secrète qui démontrera l'acharnement de Franck, et l'autre grandiose comme il sait le faire, nous entraînant dans le monde mystérieux de la magie, avec comme d'habitude, aucun indice solide au départ, afin que le lecteur se demande comment ils vont tirer au clair cette énigme, et constate combien ils ont du génie et de la bravoure !

Et le timide, humble et discret bébé sharko évolue dans une ambiance plutôt sombre et tendue et apprend à connaître ses collègues : les uns ont subi des traumatismes lors d'enquêtes passées, les autres ont divorcé et, d'autres encore trainent de lourds secrets, et l'IGPN vient piétiner les plates-bandes de l'équipe... On ne s'ennuie pas !

Et le tendre Sharko pense... à sa fiancée qu'il souhaite protéger de toute la laideur du monde, des actions inhumaines d'individus qu'il sera appelé à côtoyer...

J'ai dégusté ce roman, comme j'ai savouré tous les autres de Thilliez. Bien dans mon livre, pas envie de terminer... Pour découvrir que je n'avais pas lu les premiers sharko ! Ô joie ! Je me les garde pour cet été.

Donc si vous n'avez pas lu de livres de ce cycle, heureux que vous êtes si vous aimez les thrillers, vous vous y plongerez avec bonheur (âmes sensibles toutefois, s'abstenir). S'il vous manque juste ce dernier roman, n'hésitez pas non plus, valeur sûre !
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Pour ma centième lecture de l'année , j'ai décidé de faire connaissance avec le célèbre Franck Sharko , dont , mais si , je vous l'assure , je n'avais jamais entendu parler . Oui , pauvre de moi , quelle lacune . Enfin ça , c'était avant , car désormais , ce satané Franck et moi , on risque bien de se revoir . Mais me direz vous , d'où vient cette attirance soudaine pour un auteur et un flic qui ne m'ont pas attendu pour se faire " une place au soleil " ? Cadeau .Ma fille . Et oui , certains enfants ne tolèrent aucune lacune chez leurs parents !!! Qu'auriez vous fait à ma place ? Vous auriez obéi à cette injonction de lecture qui , entre nous , n'a vraiment rien d'un pensum .Et puis , commencer à suivre Sharko par " 1991 ", c'est une belle introduction , non ?
Bon , c'est pas le tout , il faut que je vous parle du bouquin , on est là pour ça . Bien entendu , vous avez vu la note ? Il n'y a pas d'erreur . J'ai découvert un récit fluide , facile à lire , emballant , intelligemment construit avec tout , absolument tout ce qu'il faut de subtilité pour manoeuvrer les lecteurs quasiment hypnotisés par ces manipulations , fausses pistes , traquenards , tendus en pièges si efficaces que même les situations " improbables " paraissent réalistes .Ca , c'est pour la forme .Quant au fond , ma foi , vu le nombre de critiques , il ne serait sans doute pas judicieux d'en rajouter . Allez , c'est la " grande première de Sharko ..."
L'espace temps , daté " 1991 " m'a renvoyé à une époque , que , trentenaire , j'ai traversé avec une certaine insouciance et joie de vivre , une époque bien moins technologique mais bien plus humaine qu'aujourd'hui . de là à dire que c'était mieux avant , pour moi , y'a vraiment pas photo ....Franck Thilliez décrit avec bonheur un monde et des méthodes bien révolues . Et oui , les méthodes des flics ne sont pas, ici , toujours trés "orthodoxes "mais , je vous laisse les découvrir et les apprécier à leur " juste valeur " et apprécier le résultat .
Et puis , il y a Sharko , et lui , c'est un jeunot qui a les dents longues , aime son métier , apprend trés vite à user de ficelles normalement employées par de vieux roublards dont il sait , peu à peu , se faire respecter , à défaut de se faire apprécier . Un personnage fascinant dont on épouse la cause et dont on se doute que lui , par contre , n'épousera pas la pauvre Suzanne , sa (trop ) tendre fiancée....Je dis ça , mais je n'en sais rien ...On verra plus tard .
Pour tout vous dire , ce roman a réussi à me détourner d'une terrible douleur dentaire , je ne vais pas me mettre à avoir une " dent contre lui ", ce serait bien ingrat de ma part . Sans doute les fans de l'auteur et du personnage vont -ils se précipiter pour me recommander telle ou telle enquête et cela me fera trés plaisir , comme toujours .N'étant pas un grand connaisseur , comme je vous l'ai dit , tout conseil sera bienvenu , c'est pour ça que je suis membre sur Babelio , un vrai bonheur .
Ma douleur dentaire ?Merci de me demander , c'est sympa. Bon , compliqué . Et plus de Sharko pour la détourner . J'ai envoyé le bouquin à la Sécu .On sait jamais , sur un malentendu , ils vont peut être me rembouser?
Bonne soirée à tous et toutes et à bientôt.


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Après une longue et dure journée de travail, Philippe Vasquez rentre chez lui, bien décidé à passer la soirée tranquillement devant la télé. Mais une enveloppe et un paquet contenant l'ouvrage Les fleurs du mal, glissés dans sa boîte aux lettres, lui feront changer ses plans. Comment l'auteur de la lettre pouvait-il savoir qu'en lui demandant de penser à un prénom, celui-ci allait justement être mentionné dans un vers ? Il lui demande alors de se rendre à une adresse récupérer une autre enveloppe. Intrigué, Philippe s'y rend et découvre, paniqué, une photo en noir et blanc d'une femme couchée dans un lit, les mains attachées aux montants et la tête enfoncée dans un sac. Il se précipite aussitôt au commissariat...
Franck Sharko vient tout juste d'arriver au 36 quai des Orfèvres. Ce jour-là, il planche encore sur le dossier des Disparues. Un dossier qu'il connaît par coeur dorénavant tant il y passe de nombreuses heures. À presque 22 heures, alors qu'il comptait rentrer chez lui, il remarque un homme plutôt agité, en train de parler au planton. Philippe Vasquez peine à raconter les terribles événements de sa soirée. Sharko lui propose de tout lui raconter dans la voiture. En effet, une adresse dans les Yvelines est annotée au dos de la photo. À Saint-Forget, Sharko tombe sur une affreuse scène de crime. le corps de la jeune femme sur la photo est déjà en état de putréfaction...

Franck Thilliez remet en scène Franck Sharko et, cette fois, pour sa toute première enquête. Tout fraîchement débarqué au 36, après avoir fait ses armes pendant sept ans dans le Nord et le Pas-de-Calais et sorti promu de l'école des inspecteurs de Cannes-Écluse, il se voit attribué le dossier des Disparues, trois jeunes femmes violées, tuées et retrouvées dans des champs en banlieue entre 1986 et 1989. Une affaire non élucidée qui a besoin d'un regard neuf. Pour autant, son chef le met aussi sur l'enquête de la jeune femme retrouvée morte, dans les Yvelines. Un retour fracassant et bienvenu pour Sharko d'autant que Franck Thilliez nous offre deux enquêtes pour le prix d'une. Des enquêtes complexes et tordues qui entraînent Sharko sur le terrain dont l'une est une véritable course-poursuite avec le tueur. Sur fond de magie et d'illusion, l'auteur nous offre un policier retors, très noir, aux moult rebondissements et au dénouement inattendu. de courts chapitres et une écriture nerveuse et dynamique qui rendent ce roman d'autant plus prenant. Une mécanique diaboliquement bien maîtrisée et un plaisir non moins dissimulé de se replonger dans l'ère des Minitel et autres Bi-Bop...
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Calogero chante 1987, bof.
Thilliez écrit 1991, yeaaaaaah !!

Je retrouve mon Titi, tristement perdu de vue depuis quelques parutions, gros panard.

Sharko est l'un de ses enquêteurs emblématiques.
Histoire de répondre aux moult questions posées par nombre de ses lecteurs sur les débuts de celui-ci, Thilliez sort la grosse artillerie, le cadeau de Noël avant l'heure, en dégainant de son holster 1991, un polar fiévreux abouti, de bout en bout.

Franck Sharko vient d'intégrer le mythique 36 quai des orfèvres.
Plusieurs problématiques à gérer, pour le Shark.
Son intégration au sein de la brigade, sa relation à distance avec sa tendre et douce, Suzanne, restée dans le Nord, ses doutes et ses névroses légitimes quant à la résolution, non pas d'une mais de deux enquêtes épineuses, Franck Thilliez ayant ici décidé de démultiplier et l'embarras de ce futur grand de la PJ, et le plaisir du lecteur.

Généralement, à courir plusieurs lièvres à la fois, le récit en vient à perdre en intensité.
Chose suffisamment rare pour être soulignée, 1991 se ptdr de lol de cet accablant constat en parvenant à asseoir un niveau de tension de malade tout en proposant, histoire de respirer un chouïa contrairement à quelques une de ses sinistres victimes, une réflexion sur l'homme et sa place légitime dans ce nouvel environnement des plus anxiogènes.

Autre point particulièrement appréciable, outre le modus operandi du 36 décrit dans toute sa complexité, le final.
Crédible, travaillé en amont, instructif, sorte de monstrueuse cerise sur un gâteau déjà particulièrement généreux.

1991 me réconcilie avec Thilliez.
Longtemps que je n'avais lu un tel morceau d'anthologie en apnée au point de zapper mon quatre heures à moteur.
Et tant pis pour mes tartines de lard à la graisse de porc sur leur lit de beurre persillé, mon rabibochage avec l'auteur le valait amplement.
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Quel plaisir cette plongée dans les années 90. Et ce Sharko m'a bien plu.
Au début de sa carrière Franck Sharko intègre la Crim' au 36 Quai des Orfèvres, Une enquête l'amène avec sa coéquipière Florence à la poursuite du « Méticuleux ». Tueur à la personnalité trouble, expert dans l'univers de la magie, le vaudou et l'état « zombie ».
Une histoire noire pleine de rebondissements et lourde de secrets s'y mêle anomalies génétiques, physiques, psychologique et autres personnages bien tordus. Et une fin qui…waouh, je ne l'ai pas vu venir.
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Les avis ne manquent pas sur le dernier ouvrage de l'écrivain savoyard. Mais je ne pouvais pas ne pas partager avec vous mon plaisir à la lecture de 1991. Comme d'habitude la magie Thilliez a opéré. J'ai dévoré les 400 pages en un après-midi. Je lis plus volontiers les one shot de l'auteur (Le manuscrit inachevé, Il était deux fois, Puzzle), Je ne suis pas une aficionado des aventures de Sharko (1991 est sa première enquête au 36 quai des orfèvres). J'ai lu ses premières investigations il y a quelques années mais c'était un peu trop sanglant pour moi. Ça l'est toujours (mais il faut croire que mon coeur s'est aguerri) : Il est en effet question ici d'un jeune femme découverte torturée, de disparitions inexpliquées, de magie et de la vie d'une équipe complétement assujettie à son métier.
C'est sans temps mort, tout en tension, inattendu (comme toujours avec les romans de cet auteur malin). Pour qui aime le polar, c'est à lire. D'autant qu'il s'agit d'une plongée dans une enquête à l'ancienne sans informatique, portable ou ADN.
Un roman palpitant !
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Avec 1991, Franck Thilliez frise la perfection dans la construction du roman, l'écriture, la progression de l'intrigue, les personnages, la description du contexte.
Un roman réussi que l'on dévore au sens premier du terme.
En 1991, un jeune inspecteur de 30 ans, fraichement émoulu de l'école d'inspecteurs, Franck Sharko, intègre la Crim' , le prestigieux 36 quai des Orfèvres qui ne sait pas encore que 30 ans plus tard il sera expatrié 36 rue du Bastion dans le 17e arrondissement de Paris (Quartier des Batignolles) à côté de la Porte de Clichy pour être selon les mots de Gérard Collomb "être propulsé dans le XXIème siècle"
Le jeune Sharko arrive précédé de l'image de "bleu bite" que les vieux routiers du groupe qu'il rejoint collent à chaque nouvel arrivant, bizutage oblige.
1991, l'année n'est pas choisie par hasard.
L'informatique pointe son nez et c'est peut-être la dernière fois que des inspecteurs passent du temps à compulser des archives papiers consommatrice d'heures d'enquêtes et de superficie de stockage.
Des USA, un vent de modernité souffle, avec l'introduction des recherches d'ADN et la création de fichiers nationaux encore balbutiants en France.
"Il pense que, dans une dizaine d'années, on pourra mettre tout ce qu'il a collecté dans un fichier et comparer des ADN comme on le fait déjà pour des empreintes digitales. 
— de la science-fiction"
Côté communication, on parle de ces mini cabines téléphoniques portables, le Bi-Bop qui commencent à être déployé à Paris, Lille et Strasbourg.
L'arrivée de Franck dans une équipe en échec depuis 5 ans sur l'enquête des disparues dont le meurtrier court toujours, est mal vécue par les "anciens", d'autant plus qu'entre le groupe de Thierry Brossard alias Titi et celle du Corse Santucci la concurrence fait rage. On demande à Franck de choisir son camp. Bien que nouveau, le jeune Sharko saura démontrer qu'il possède l'étoffe d'un grand inspecteur et gagnera la confiance de ses collègues.
"À ce moment-là, il se dit qu'être flic, c'était surtout être seul."
Les autres éléments de contexte donne du corps au roman, notamment l'évocation de l'Affaire de Bruay en Artois dans les années 1970 : le meurtre d'une adolescente d'origine modeste, Brigitte Dewèvre. Affaire classée sans suite en 1981 et crime prescrit en 2005.
D'autres éléments de contexte rendent ce roman réaliste, comme la date du 3 mai 1987, jour du décès de la chanteuse Dalida ou encore les odeurs du grand Jacquot, "Le maire de Paris, Jacques Chirac, voulait améliorer l'image de cette zone de Paris pour lutter contre les extrémismes, lui qui avait choqué l'opinion, l'été précédent, en assimilant la Goutte-d'Or à des termes nauséabonds." 
La trame de 1991 repose sur l'idée que sans le travail forcené et obstiné des inspecteurs, l'apport de toutes les technologies ne résoud rien à lui seul.
Confronté à un meurtrier motivé par un désir de vengeance implacable, l'équipe dont fait partie Franck va se trouver engagé dans une course poursuite avec un tueur intelligent, maniant les symboles avec finesse pour orienter les recherches des enquêteurs et les conduire là où il entend les conduire.
Les références aux techniques de la magie, au mentalisme, à la manipulation, mais aussi aux cérémonies Vaudoo vont conduire les inspecteurs de surpise en surprise, les plus improbables se révélant les plus proches de la vérité.
Les personnages des policiers empruntent aux sagas habituelles des inspecteurs de la littérature policière. Passés obscurcis par des centaines de cas dont les fantômes les hantent en permanence, luttes quotidiennes pour préserver la vie privée des incursions de la vie professionnelle, désir de résoudre les affaires à tout prix, même au détriment des week-end, des congés ou des jours fériés.
"On était samedi, la plupart des flics du 36 étaient chez eux, en famille. Les rares présents dans les locaux travaillaient sur des dossiers brûlants ou s'abîmaient à combler un retard administratif. Çà et là, dans les couloirs silencieux, on entendait les chants mécaniques des machines à écrire."

Avec 1991, Frank Thilliez donne l'image d'une police se battant tous les jours contre des criminels pour en protéger la société, le portrait est plutôt réussi et s'affranchit avec talent de la simple nostalgie ou du c'était mieux avant.
Bravo
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Jeune émoulu de l'école en qualité d'inspecteur, Sharko mène sa première enquête, il subit une sorte de bizutage avec épreuve de cadavre faisandé !

Dans ce titre, un palindrome, écrit durant le confinement, Thilliez s'est employé à éviter les anachronismes que j'ai recherchés sans succès.
Il se rappelle les phares jaunes des voitures en plein visage au volant de sa Renault 21, du walkman et de l'Alphapage.
A cette époque, Gabriel Matzneff était invité à "Apostrophes" et la dotation en ordinateurs de la police était encore restée dans les cartons du 36 quai des orfèvres.

Comme dans “Surface” de Norek, les auteurs développent des enquêtes à l'ancienne, sans l'aide de la géolocalisation du téléphone portable.
En fait, dans ce thriller, ce sont deux enquêtes menées en parallèle par l'inspecteur Sharko qui rebondissent de mystère en mystère comme autant de petits cailloux semés au long des pages.

La fin du roman révèle une construction infiniment complexe, brassant magie, gémellité, vaudou et d'autres thèmes encore en un maelström diabolique.
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"Il allait enfin retrouver un rythme de vie normal, profiter de ses week-ends avec Suzanne avant qu'elle ne s'installe définitivement avec lui, essayer de lui faire aimer cette ville qui lui réserverait vraisemblablement de nombreuses autres affaires compliquées et sordides. Combien de temps tiendrait-il la route ?"

Combien de temps Suzanne tiendra-t-elle peut-on aussi se demander dans une vie de femme de flic du 36 quai des Orfèvres à laquelle Franck Sharko la destine ?

Alors que nombre de lecteurs fidèles de Franck Thillier, si l'on en juge par sa popularité, ont sans doute déjà les réponses à ces questions, j'avoue quant à moi n'être pas mécontent de débarquer dans les couloirs du 36 sur les traces de Sharko avec ce premier roman de Thillier pour moi. S'il remonte le temps pour les fidèles, il me fait quant à moi prendre l'histoire à sa source. Je sais d'ores et déjà que je suivrai le cours des aventures, promises "compliquées et sordides", de celui qui est devenu commissaire sous la plume de Franck Thillier. Cette mise en bouche m'a ouvert l'appétit pour le reste du menu qui s'affiche depuis longtemps déjà sur les étals des libraires, et que j'avais méprisé jusqu'alors.

C'est donc un bleu qui débarque dans le sanctuaire de la Crim en 1991, au 36. Ce seul numéro sur un quai suffisait à évoquer le lieu mythique. Il y est accueilli avec circonspection par les anciens. On ne s'en étonne pas. Intégrer la Crim du 36 n'est pas y être admis. Sharko va devoir faire ses preuves, à commencer par sortir de cette forme de placard dans lequel on l'affecte d'emblée, à compulser les archives pour une affaire restée non résolue sans être encore classée : le meurtre de trois femmes quelques années avant son arrivée. Cadeau de bienvenue au petit nouveau pour qu'il se fasse les dents et montre de quoi il est capable par la même occasion.

Mais s'il est jeune, cet inspecteur qui postule au nec plus ultra de la Crim, il n'est pas dénué de personnalité pour autant. Et plus que de personnalité, de psychologie. Il a compris qu'il ne fallait pas jouer les gros bras avec les anciens, sans toutefois se laisser marcher sur les pieds. Il saura faire sa place en leur montrant qu'il a de l'intuition et de la persévérance. Les fervents de Sharko le savent bien, eux qui attendaient de Franck Thillier qu'il leur parle de ses débuts. C'est chose faite avec 1991. Ce dernier nous dresse la caricature de son héros fétiche plus par ses qualités morales et intellectuelles que physiques. Au lecteur de se faire le portrait d'un homme qui ne manque ni de disponibilité, c'est le moins qu'on attende d'un jeune à la Crim, ni de courage. Mais pas le courage de l'inconscience, le courage lucide de celui qui veut réussir sa carrière autant que sa vie amoureuse. Une gageure ? Dans le métier ce n'est pas gagné d'avance. Les exemples ne manquent pas de ceux qui n'ont pas été au bout de leur contrat de mariage quand ce n'est pas au bout de leur carrière.

Ce personnage me paraît d'emblée engageant, voire sympathique. Il n'a rien du super héros qui bouscule tout sur son passage, monopolise le regard des femmes et terrorise les truands. C'est ce qu'on peut appeler un mec normal - le langage populaire n'est pas déplacé dans le contexte. Un homme de la vraie vie, un authentique. On peut même dire que dans 1991, il ne focalise pas particulièrement l'attention. Il est celui qui débarque, mais à qui on promet quand même un bel avenir en épilogue, parce qu'on sait que les malfrats travaillent pour lui, pour lui construire un avenir. Aussi parce que c'est Sharko, et que son personnage peuple déjà les étals des libraires. Une dizaine de romans témoigne des "affaires compliquées et sordides" desquelles il s'est sorti, pour la plus grande popularité de son auteur.

1991 est un ouvrage réaliste à plus d'un titre. Outre les timides débuts du novice qui doit s'intégrer dans la prestigieuse brigade, il s'agissait de restituer le contexte d'une époque où pour téléphoner il fallait trouver une cabine, où l'ADN n'avait pas encore déployé toutes ses possibilités et l'informatique balbutiait. Il fallait aussi concevoir une intrigue dans laquelle dédoublement de la personnalité et les troubles psychiques liés à l'orientation sexuelle se concevaient dans l'environnement d'une société encore empesée par les non-dits dans ce domaine.

Cet ouvrage à l'écriture agréable et fluide qui implique avec bonheur l'univers de la magie et les pratiques vaudous clandestines. Ces milieux occultes s'entrelacent à merveille dans cette première affaire qui donne l'occasion au petit nouveau de la Crim de montrer qu'il n'a ni les deux pieds dans le même sabot ni le cerveau comprimé par la pression du métier. Et disons-le tout net, sans ne rien dévoiler de l'intrigue, Sharko aura gagné son ticket d'admission à la célèbre brigade. Mais ces premières enquêtes lui auront donné quelques sueurs froides et un joli cas de conscience quand un collègue, un ancien, pourrait bien avoir fait quelque entorse à la déontologie. Des enquêtes qui, accessoirement, auront fait passé un drôle de réveillon à notre jeune inspecteur, mais il n'est pas nécessaire de le dire à Suzanne. Elle pourrait bien remettre en question ses projets d'alliance et de vie parisienne.
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