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Contrairement à de nombreux babélionautes, je suis dans l'incapacité d'affirmer que Il était deux fois est le meilleur roman de Franck Thilliez puisque cette lecture constitue ma seconde incursion dans sa bibliographie après Pandemia. Ce qui est certain, c'est que ma découverte de son univers va se poursuivre, en commençant bien sûr par Le manuscrit inachevé qui sert de socle à cet opus, et éclaire son titre. Malgré ce lien étroit et revendiqué entre les deux histoires, je précise que n'avoir pas lu la première – ce qui est mon cas - ne constitue nullement un handicap et n'entrave pas la compréhension de la deuxième, même si avec beaucoup d'habileté l'auteur donne une irrépressible envie de découvrir, toutes affaires cessantes, l'origine du mal. Voilà donc, selon mes critères, un grand roman original, novateur, rudement bien écrit, dont le point de départ simple et classique, se déploie par touches successives, se complexifie, pour devenir labyrinthique puis vertigineux. Lire Il était deux fois, c'est tirer sur un spaghetti, le tournicoter autour d'une fourchette sans pouvoir empêcher les autres de s'agglomérer et finalement engloutir le plat. Comme j'aime bien chercher un poil sur un oeuf, j'étais curieuse de découvrir comment l'auteur allait expliquer rationnellement une pluie d'oiseaux morts ou un trou de 12 ans dans la vie d'un homme, scènes inaugurales révélées par la quatrième de couverture. Et c'est justement ce que j'ai particulièrement savouré, rien n'est inventé à l'aveuglette, tout indice est documenté, justifié, toutes les pièces du puzzle s'emboîtent sans jeu entre elles, et si l'auteur joue avec ses lecteurs, c'est sans jamais se moquer de leur crédulité ou minimiser leur intelligence. L'alliance d'une rigueur scientifique et d'une imagination débordante mais sous contrôle et crédible forment un cocktail détonnant dans ce roman intelligent ! Comme il est impossible de donner le moindre détail sans déflorer l'intrigue, je me contente d'ajouter que j'ai apprécié la virtuosité de Franck Thilliez ; ses connaissances artistiques érudites ; sa version personnelle de L'assassinat considéré comme un des beaux-arts ; et enfin, j'ai adoré le périple depuis la Savoie jusqu'aux Carpates polonaises – mon étape préférée -, en passant par Orléans, Lille ou Bruxelles. Une autre vision de l'Europe, sombre, tordue, criminelle. + Lire la suite |