Le parking était bondé. Les hôpitaux, comme les cimetières, ne désemplissaient jamais
Ce feu intérieur, elle ne l'avait plus ressenti depuis des mois. Il brûlait pourtant au fond de son ventre. Fidèle. Il était son arme la plus puissante, et elle devait la garder pour elle. La colère maintenait en vie, faisait réfléchir, donnait des objectifs. La colère poussait le lion à tenter de fuir de sa cage à la moindre erreur du geôlier.
Lysine poursuivit ses recherches, et son attention se porta sur un autre phénomène qu'on nommait "confabulation pathologique". Les personnes qui en étaient atteintes oubliaient des évènements, confondaient les dates, les lieux, et bâtissaient leur vie sur la base de souvenirs erronés. Les chercheurs parlaient de traumatismes crâniens, de lésions dans les cortex orbitofrontal et temporal qui auraient pu expliquer ces troubles extrêmes... Selon eux, les causes n'étaient en revanche pas toujours que physiques. Certains faux souvenirs envahissaient l'esprit pour dissimuler de graves chocs psychologiques. Le cerveau était capable de se piéger lui-même pour se protéger.
Le cerveau humain peut déployer les plus incroyables stratagèmes pour protéger l'esprit. Il s'adapte sans cesse, se reconstruit sur ses ruines... Il est même capable de se piéger lui-même. De faire passer des souvenirs inventés pour réels.
La forêt était leur espace de liberté.
Et la plus effroyable des prisons.
En apnée, Lysine débrancha l’appareil en tirant d’un coup sec sur le câble électrique. Le silence et l’obscurité l’enveloppèrent. Elle resta là, immobile, sous le choc, avec le sentiment d'avoir assisté à une boucherie.
Des spécialistes expliquaient que chaque individu avait des événements profondément transformés, voire inventés, ancrés dans sa mémoire. Le cerveau étant malléable, il se réorganisait en permanence, et un souvenir n'était pas une photo précise, comme on l'avait longtemps pensé : chaque fois qu'il remontait à la surface, il se reconstruisait avec de nouveaux éléments, mutait, et était réenregistré ainsi. En définitive, plus on se remémorait un instant, plus celui-ci s'éloignait de la réalité du passé.
L'injonction « Ne vous fiez pas à votre mémoire » revenait d'ailleurs plusieurs fois dans des articles scientifiques. L'un d'eux racontait notamment que, lors de thérapies dans les années 1970 aux Etats-Unis, des centaines de femmes s'étaient rappelé de façon très nette (au point de le jurer devant une cour d'assises) avoir été violées, enfants, par un proche - un père, un frère, un oncle. Elles voyaient les images de l'acte et le retranscrivaient en détail. Pourtant, ces réminiscences s'étaient révélées n'être que le fruit, bien involontaire, de séances de suggestions menées par des psychothérapeutes. Quelques questions orientées, responsables de l'incarcération d'innocents. Et les exemples de ce type, quoique bien moins dramatiques pour la plupart, pullulaient.
Lysine poursuivit ses recherches, et son attention se porta sur un autre phénomène qu'on nommait «confabulation pathologique», Les personnes qui en étaient atteintes oubliaient des événements, confondaient les dates, les lieux, et bâtissaient leur vie sur la base de souvenirs erronés. Les chercheurs parlaient de traumatismes crâniens, de lésions dans les cortex orbitofrontal et temporal qui auraient pu expliquer ces troubles extrêmes...
Selon eux, les causes n'étaient en revanche pas toujours que physiques. Certains faux souvenirs envahissaient l'esprit pour dissimuler de graves chocs psychiques.
Le cerveau était capable de se piéger lui-même pour se protéger.
Les hôpitaux, comme les cimetières, ne désemplissaient jamais.
Le cerveau étant malléable, il se réorganisait en permanence, et un souvenir n’était pas une photo précise, comme on l’avait longtemps pensé : chaque fois qu’il remontait à la surface, il se reconstruisait avec de nouveaux éléments, mutait, et était réenregistré ainsi. En définitive, plus on se remémorait un instant, plus celui-ci s’éloignait de la réalité du passé.
Le cerveau humain peut déployer les plus incroyables stratagèmes pour protéger l'esprit. Il s'adapte sans cesse, se reconstruit sur ses ruines... Il est même capable de se piéger lui-même. De faire passer des souvenirs inventés pour réels. (...)
Savez-vous comment on appelle ce phénomène ?
La paramnésie de certitude. La conviction du déjà-vu, du déjà vécu... Une pure invention de l'esprit.