Stéphane aime le noir, le bizarre, avoir peur et faire peur. Il est continuellement à la recherche de nouvelles sources d'inspiration, pour créer ses monstres. Il ne se base pas uniquement sur l'imaginaire, il puise aussi dans la nature humaine, ses multiples dysfonctionnements. S'il devait descendre aux enfers pour découvrir le véritable visage du diable, je vous garantis qu'il le ferait.
- Vous savez, ce n'est pas toujours la maladie qui a tué ces êtres,
- Ah bon ? Et quoi alors ?
- Le regard des autres.
Le commandant Mortier lui avait suggéré de bien petit-déjeuner. Evidemment, Vic n'avait pas suivi ce conseil empoisoné.
Hors de question de vomir sur sa première scène de crime.
- Les monstres représentent pourtant la rencontre du scandaleux et de l'obscène, ils concilient l'inconciliable, ils sont l'association des contraires. Ils me fascinent, comme ils te fascinent, toi aussi, que tu le veuilles ou non.
Dégoûté, à bout de forces, il attrapa sa boîte d'allumettes et se regarda dans le miroir. A quoi bon se fixer des limites, se discipliner alors qu'on pouvait mourir n'importe quand, n'importe où, même dans le ventre maternel, l'endroit le + protégé, le + sécurisant au monde? Pourquoi se priver et se faire du mal par l'abstinence, puisque quelqu'un d'autre décidait à notre place de la vie ou de la mort? Des gens fument 3 paquets par jour et meurent de vieillesse. Des jeunes en parfaite santé claquent d'un anévrisme au cerveau en faisant leurs devoirs. Des mômes crèvent dans des incendies. Qui décidait? Pourquoi?
Les monstres représentent la rencontre du scandaleux et de l'obscène, ils concilient l'inconciliable, ils sont l'association des contraires.
"Devant ses yeux, l’image vibrait, grossissait, rapetissait. C’était à lui en faire exploser les tempes. Stéphane s’arrêta au milieu de l’escalier, se retourna brusquement, avant de continuer sa descente vers le rez-de-chaussée. Il chercha l’interrupteur du salon, l’actionna plusieurs fois. Aucune lumière, juste une traînée de sang que ses doigts abandonnèrent sur le plâtre. Il fixa un instant ses mains rouges de vie, de mort, toutes tremblantes, puis reprit sa progression rapide. Sa lampe torche découpait l’obscurité. Sa respiration le brûlait. De douleur. De terreur. (…)"
Quelques heures plus tard, les yeux hors des orbites, l’haleine chargée, il naviguait sur un site traitant de la médecine au Moyen Âge.
Un dernier reflux d’adrénaline le maintint encore un temps éveillé, avant que la fatigue l’emporte.
Il partit se coucher, le PC allumé et l’écran figé sur le visage d’un homme ravagé par la maladie.
Sur le site, on parlait de vinaigre. De putréfaction. De lèpre. Et de peste noire.
“Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche.”
Tout s'embrouilla sous son crâne. L'éternel recommencement. L'anneau de Moebius.