Je n'avais pas relu de Thilliez depuis "La chambre des morts" en 2005. Non pas que je n'avais pas aimé ce thriller, mais je trouvais qu'il lui manquait un petit quelque chose pour se distinguer du reste de la production dans ce genre.
Dix ans plus tard, même impression avec "Le syndrome E". Il y a du Grangé et du Chattam chez Thilliez, mais en moins bien, je trouve. L'incontournable flic torturé par son métier, Sharko, qui a non seulement perdu sa femme et sa fille dans d'atroces circonstances, est schizophrène à tendances paranoïaques - rien que ça ! L'enquête est si élaborée qu'on si perd, se laissant finalement porter par l'action et les révélations. Bref, j'ai parfois trouvé que c'était un peu "too much" et que l'ensemble aurait gagné en crédibilité avec plus de simplicité.
A côté de ça, il y a dans ce roman toute une réflexion sur l'incidence des images sur l'esprit tout à fait pertinente. Tout commence avec des images subliminales découvertes dans un étrange film : si les yeux ne peuvent percevoir certaines images affichées trop brièvement, le cerveau, lui les enregistre. Il en va de même pour les images cachées en surimpression. Cette technique est la porte ouverte à toutes sortes de manipulations... comme en neuromarketing : on connaît tous l'impact des images publicitaires ! Nous vivons dans une société abreuvée d'images, abrutie d'images même, et l'on sait les risques engendrés sur notre esprit critique... et notre libre-arbitre ! Et si, dans un certain contexte, de guerre, d'enfermement, de stress, renforcé par le visionnage d'images spécifiques, se déclenchait en nous une violence contagieuse ? Nous deviendrions des armes humaines de choix pour certains gouvernements... Une idée qui fait froid dans le dos !
Bref, un thriller qui, sans être d'une grande originalité, se révèle un bon divertissement.
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