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Critique de Takalirsa


Au premier degré, ce roman évoque l'addiction aux mondes virtuels (jeux vidéo, jeux de rôle) : « Enfermé dans votre petite chambre, vous ne viviez plus que devant votre écran, au coeur des jeux et avec vos personnages imaginaires. La fiction était un moyen de fuir la réalité du monde et la souffrance qui vous entourait ». Vivant replié sur lui-même depuis que ses parents sont morts et que sa petite amie Chloé l'a quitté, Ilan n'hésite pas longtemps avant de renouer avec le jeu lorsque celle-ci le recontacte. Dès le départ, Paranoïa semble un « Jeu en Réalité Alternée » particulièrement retors, « étrange et ambigu, dénué de règles, de frontières » puisqu'il se déroule dans le monde réel - « mais ce n'était pas la réalité. Faudra que tu m'expliques la nuance ». En effet, « les organisateurs ont des moyens, une sacrée logistique et de belles idées tordues ». le jeu démarre d'ailleurs dans un ancien hôpital psychiatrique, enfin officiellement, parce que « nous on pense que le jeu ne démarre que maintenant, alors qu'il a commencé depuis des mois », s'insinuant subtilement mais sournoisement dans le quotidien des participants : « Ils sont partout, ils ne sont nulle part. Juste des ombres. », de quoi devenir fou, car « comment savoir ce qui est le jeu et ce qui ne l'est pas » ? Ce cadavre disparu, cette aliénée enfermée, est-ce « juste une mise en scène » ?

Très vite, Ilan soupçonne une conspiration liée aux recherches de ses parents. Régulièrement victime de crises hallucinatoires, « mélange d'inventions et de souvenirs », il pense avoir subi « des tests sur la mémoire » qui lui ont « massacré l'intérieur du crâne » et l'empêchent de situer « la frontière entre la réalité et la fiction », de « distinguer le vrai du faux, la vérité du mensonge ». Et c'est bien là le thème essentiel du livre : le fonctionnement de la mémoire et les mécanismes de l'oubli. Qu'est-ce qui fait qu'on se souvient de certaines choses mais pas des autres ? Quelle part les émotions occupent-elles dans la déformation de ces souvenirs ? Tandis que Ilan se sent l'objet d'une « conspiration », se battant contre de mystérieux ennemis (CIA ? Institution scientifique?) « qui agissaient sur sa vie, en lui, comme un monstre invisible », cherchant à « incruster des souvenirs de force ou, au contraire, tentaient d'en effacer », on comprend que « les mécanismes psychiques étaient complexes et d'une force extraordinaire. »

Le problème c'est qu'un lecteur attentif aura deviné l'issue bien avant la fin... Parce que l'argument du complot est un peu trop appuyé (et grossier) pour convaincre. Que l'auteur sème des indices (des « coïncidences ») tout au long du récit. Que celui-ci est entrecoupé de scènes relatives à un psychopathe qui, après avoir massacré ses compagnons dans un refuge de montagne, se confie à sa psychologue. Au bout d'un moment, il n'est plus très compliqué d'emboîter les pièces du puzzle et de faire émerger « la terrible vérité ». Déjà que le jeu n'était pas très palpitant malgré le choix du lieu... C'est dommage, la thématique de « ce que son propre esprit peut se faire croire à lui-même » était intrigante !
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