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Citations sur Cafés de la mémoire (9)

Au premier verre un allégement me saisit. Je commence de participer à l'atmosphère joyeuse qui frémit dans les salles et, lorsqu'il fait chaud, se répand en terrasse. Une fête qui a les grâces d'une improvisation. On n'y célèbre rien de stable ni de certain, mais plutôt, à l'inverse, une force de gaieté à laquelle parfois on ne s'attend pas, ou plus, un appétit animal qui réclame son dû. Au Café, les peines ne sont pas de mise. En l'absence de vestiaire, on les laisse dehors; ou bien, puisque c'est leur lieu favori, elles restent bouclées à la maison, dans le silence des photographies, dans la compagnie des petits visages morts embaumés dans leur sourire.
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Mais dans la continuité de ces façades closes, j'ai entrevu une ouverture lumineuse, un mince panneau de lumière : c'était un café minuscule, tout en longueur, magnifiquement éclairé d'une quantité de petites bougies blanches. Assis au fond, devant le bar, un homme jeune, élégant (mais d'une élégance qui, comme sa pâleur, avait quelque chose de désuet : il portait un pantalon noir et un gilet de soie, où brillait une montre), ses jambes étendues sur une chaise recouverte de velours violet, lisait. Il était absorbé par sa lecture.
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Sur cet arrière-fond de mystère, mais de mystères languissants, Félix, me tenant par la main, me guidant dans le royaume des contes, voulait m'initier à d'autres mystères, des mystères toniques. Il appartenait à un monde de crédulité ancienne et de renversements mystiques qui donne aux pauvres et aux plus démunis la place d'honneur. (...) Mon grand-père ne croyait pas aux hiérachies ni aux résultats effectifs, aux phénomènes vérifiables. Il situait la réalité ailleurs - dans le registre de l'impondérable.
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Que faire ? si je restais j'aurais mon existence pourrie par la constante menace de ma propirétaire, un condensé de tous les gardiens, surveillants, censeurs qui avaient croisés mon chemin. Si je partais, je devais l'affronter, avoir une discussion. Et il était clair, d'après les quelques mots échangés à mon arrivée, que la vieille dame me dépassait de beaucoup dans l'autorité du discours et la complexité de sa syntaxe, deux traits que j'avais appris à reconnaître comme l'apanage d'une domination. Si je restais, elle m'obligerait peut-être un jour à la tuer... Si je partais... Je n'en pouvais plus d'hésiter, mon coeur battait la chamade... J'ai ramassé mon bagage et me suis enfuie.
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la loi du silence, je commençais à le réaliser, pouvait prendre des formes diverses et même opposées. La philosophie, avec des méthodes parfaitement rationelles, en utilisant un vocabulaire sophistiqué, demeurait muette. Motus sur les emballements du sentiment, des défaillances. Motus sur les chose qui font battre le coeur, jusqu'au jour où soudain, dans un accident, selon le lent supplice de la maladie, ou par le geste du bourreau, il s'arrête.
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Il est délicieux l'instant où l'on démissionne. On en ressent un allégement de tout notre être, un soulagement cosmique. je tournai le dos aux encyclpédies et sortis respirer l'air des miracles. Il faisait un temps à avaler une hostie volante, lesquelles, comme on sait, virevoltent, insaisissables, invisilbles, et soudain l'une se pose sur le bout de la langue, et c'est la Grâce.
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"Regarde me dit-il, tu crois voir des verres posés sur la table, en fait ce sont des clepsydres. Chacun a devant soi un récipient personnel qui lui montre en transparence le temps qui s'écoule, sa vie qui passe et va bientôt finir" Il y eu un silence. Elles sont dangereuses, ces soudaines montées de présence au monde. On risque de s'y blesser d'un coup de vérité, presque rien, un éclat qui vous saute aux yeux ou au coeur, et vous fait mesurer l'étendue du désastre. Et, c'est trop tard, vous êtes plongé dans l'horreur du bilan. Eric avait une telle pratique de la soûlerie continue et tant de ruses d'histrion que, normalement, il échappait au désastre moral des retombées du côté de la pure évidence. Mais ce soir là, l'image de la clepsydre l'avait abattu, sa terrible netteté. Ou bien les quelsques répliques spirituelles qu'il s'était arrachées. L'effort avait été trop violent. Ensuite, il n'avait pu rentrer en douceur dans sa confusion habituelle.
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- Et toi, tu vois de belles choses dans ta tête ?
- Je ne sais pas, je n'y ai jamais consacré beaucoup de temps, je n'ai pas comme toi une existence intermittente
- Ca c'est ce que tu crois...fais un effort, dis moi...
- Il me semble que ce qui a le plus compté pour moi, c'est précisément ce qu'il est le plus difficile de se rappeler, ce qui se perd dans les brumes et s'envole, les baisers, les caresses, les paroles pour rire, le soleil de la plage, le sommeil et ses rêves, tout ce qui n'entre pas dans un currilum vitae.
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Dans le bonheur de se trouver au Grand Café de Turin il y a, conscient ou non, le fait qu’il appartient à l’espace voûté des arcades, à leur protection…
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