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EAN : 9782715253698
208 pages
Le Mercure de France (07/01/2021)
3.71/5   109 notes
Résumé :
"L’insaisissable m’a donné la clef du monde."

De sable et de neige, ou l’art de vivre l’instant. Une splendide fresque pour célébrer la beauté des choses et la puissance de leur silence, de la Grande Dune d’Arcachon et la lumière du Cap Ferret jusqu’à la ville de Kyoto sous la neige, un 31 décembre.

Les vagues venant rythmer le récit, comme si l’océan était le résumé de la vie, avec sa dimension tragique, inséparable du sentiment de joi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Nostalgie, mélancolie, regards vers le passé à jamais terminé de l'enfance, mais aussi témoignage d'une femme d'action, à même d'exprimer pudiquement ses sentiments et de se lancer toujours vers l'avant en acceptant finalement le destin.

Chantal Thomas livre dans ce court texte, agrémenté de photographies de famille, de paysages, de dessins un très beau témoignage de son vécu d'enfant, de ses vacances familiales, avec en toile de fond le bassin d'Arcachon, ses saveurs maritimes, cette dune extraordinaire qu'il faut avoir escaladé au moins une fois dans sa vie et parcouru sa crête. Elle imprègne l'esprit de ses lecteurs de toutes ces sensations uniques que l'on conserve des lieux d'enfance et, ici, ce sont des lieux exceptionnels qui ajoutent à la richesse de son récit.

Son écriture est très fine, le choix des mots paraît méticuleux, les descriptions superbes des horizons, de la couleur et du goût des huîtres accompagnées par le Grave du Château Graville-Lacoste dont on perçoit l'arôme entre les lignes, et puis ces fameux block-haus dispersés dans les dunes, témoins immobiles et silencieux des premiers baisers de l'adolescence.

Elle évoque longuement la relation au père, ses silences, ses gestes complices envers elle, ses regards qui en disent plus long que tous les mots, elle souffre de sa mort un 31 décembre, à l'âge de quarante-trois ans alors qu'elle-même en a à peine dix-sept, ce jour de festivités pour les autres, de deuil pour elle. Il n'y a pas de pathos dans son témoignage qui ne peut être commenté, qu'il faut donc tout simplement lire.

Avec le sable de la plage et des dunes, il y a aussi la neige, celle qui tombe en quantité incroyable le 21 février 1956 sur Arcachon et celle des montagnes pyrénéennes où elle se lance avec témérité, échouant une fois, à la tombée de la nuit, dans les prairies où elle devra franchir les barbelés à ski.

Enfin, très brièvement, le Japon, avec la richesse et la variété du marché aux poissons de Kyoto, la neige et le silence, et à nouveau le retour du deuil à l'improviste, ainsi que cette ultime image des stèles de bois des tombes jetées au feu, faisant disparaître ainsi leur nom de mort, laissant à chacun le soin de "sauver la trace" de leur nom de vivant.

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Je ne sais pas pourquoi, alors que je reconnais que son écriture est impeccable, son rapport au monde intense, sensuel et intime, ce qu'écrit Chantal Thomas me glisse dessus, je retiens très peu de choses de ses écrits sinon une atmosphère.
En fait, Chantal Thomas me donne l'impression d'être trop bien pour moi, un peu inaccessible, intimidante à force de discrétion, de pudeur et de retenue. Elle m'impressionne, moi qui ne suis qu'exubérance et passion avec toute l'inconvenance et le manque de retenue que cela suppose.
Elle est tellement parfaite, j'ose à peine le dire, qu'elle m'ennuie un peu.
J'aimerais plus d'audace, de folie, de laisser-aller… Et le pire, c'est que je pense qu'elle a tout ça en elle, mais on ne le sent pas dans ses textes très (trop?) lissés, très polis (dans tous les sens du terme), glacés à force de réserve (comme les pages de ce livre qu'on ose à peine griffonner), de pudeur, de délicatesse et de silence. Une exception tout de même : « Souvenirs de la marée basse » où la simple évocation de sa mère, une femme assez excentrique, ajoutait du piment et de l'audace au texte.
« De sable et de neige » est un très beau récit, assez classique, dans lequel elle évoque son enfance à Arcachon, le rapport à son père, un homme très silencieux qu'elle admire éperdument, aux éléments (eau, sable, neige), aux lumières, aux huîtres qu'elle aime tant, à tout un nuancier d'émotions fugitives, insaisissables et mystérieuses…
Dans une dernière partie est évoqué un séjour à Kyoto où l'on sent qu'elle a tout saisi de l'âme japonaise (ce pays lui correspond d'ailleurs parfaitement)…
Beaucoup de beauté donc dans ces pages accompagnées de très belles photos, mais une beauté un peu froide qui n'est pas parvenue à me toucher...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Dans ce livre subtilement illustré de photographies de famille, d'estampes et d'affiches, qui restituent les années de l'après-guerre dans toutes leurs dimensions, Chantal Thomas se replonge dans son enfance passée dans le bassin d'Arcachon, à zigzaguer entre les pinasses des parcs ostréicoles, à flirter dans les blockhaus qui abritent les "ébauches amoureuses", à dévaler la piste sur aiguilles de pin... Dans la scène d'ouverture, nous plongeons avec elle dans un jacuzzi dont les remous reproduisent les mouvements "tempestueux" de l'océan dont on entend la rumeur de l'autre côté de la dune. C'est tout un univers de sensations que sa plume alerte décrit avec un toucher soyeux.
Son retour à Arcachon, des décennies plus tard, comme locataire à quelques encâblures de la maison familiale donne lieu à des évocations pleines de nostalgie de ses parents, de ses aïeux, de ses amies d'enfance. Mais Chantal Thomas veut retenir avant tout le plaisir d'être vivante, de goûter pleinement aux joies d'un monde flottant, qui oscille entre la sérénité du bassin et les excès de l'océan. Comme les estampes de Hiroshige et de Hokusai, dont beaucoup d'artistes de la région se sont inspirés pour tenter de capter le génie des lieux, ce récit saisit avec délicatesse et inspiration la beauté éphémère du monde.
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Chantal Thomas nous livre avec « de sable et de neige » un essai autobiographique tout entier tissé dans la subtilité des impressions qu'elle garde de son enfance. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un récit mais plutôt d'un itinéraire, au fil des images laissées par le passé dans une mémoire infiniment riche, du sensible et du ressenti. Dans ce voyage en légèreté, Chantal Thomas tisse des liens subtils entre ce qui lui reste d'hier et ce qu'elle peut éprouver aujourd'hui dans les émotions artistiques que lui renvoient tableaux et paysages. C'est ainsi que le livre se termine au long du chemin des philosophes de Kyoto, peu de point commun avec les dunes du bassin d'Arcachon, si ce n'est la douceur du minéral qui apporte la sérénité, celle des pierres blanches des jardins secs, renoue avec la douceur du sable. C'est en effet à Arcachon que tout commence, sans fin puisque Chantal Thomas y revient, et nous donne en partage les pas qu'elle y faisait jadis : sur la plage, autour du blockhaus, dans les parties de pêche silencieuses, à l'école mal aimée. Elle esquisse au fil des pages une palette de couleurs, celles de l'eau, des vagues, des huitres, des aiguilles de pin, c'est un monde de sons et de senteurs qui prend forme. Tout comme le monde familial dont les contours se précisent progressivement : le grand-père Félix qui n'a jamais su nager, le parrain Guillaume qui a été prêtre ouvrier, le restaurant chez Hortense, Lucile, complice et amie, ses parents, sa mère et surtout son père avec lequel le lien est fort « l'amour entre lui et moi a la force indestructible du secret » (p109). Ce père est le puissant trait d'union de sa vie, jusque dans la mémoire, après sa mort brutale à 43 ans alors qu'elle a 17 ans. C'est lui qui fait le lien entre le sable et la neige, une neige inattendue qui transforme tout, au bord de l'atlantique le 21 février 1956, de là naîtra l'amour du ski, des pistes d'aiguilles de pin à la poudreuse des montagnes.
J'ai aimé la douceur de ce livre, tout en retenue et en finesse.
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Un texte intime et sensible mêlant textes et photos, un récit autobiographique sur les émotions vécues, sur la figure du père et en sourdine sur l'amitié. Avec "De sable et de neige", Chantal Thomas nous emmène au pays de ses souvenirs d'enfance. Ce récit intimiste qui foule « le sable radieux » des Landes ou glisse sur « la neige intouchée » des Pyrénées cherche toujours à saisir au plus près les émotions vécues par l'écrivain dans sa jeunesse, que ce soit lors d'aventures enfantines ou d'activités partagées avec son père. Mais attention ici, pas de déballage indécent, pas de règlement de compte douloureux. le lecteur n'y trouvera aucune révélation sur les moeurs des uns ou des autres, l'extraordinaire se limitant aux facéties de la nature ou du climat. C'est donc à une lecture plutôt contemplative et introspective que nous convie ici Chantal Thomas avec de très belles pages sur l'amitié quand on est une petite fille. L'écrivain dédie d'ailleurs son livre à son amie d'enfance avec qui elle observait le monde des adultes, mais dont elle ne comprenait ni les valeurs ni le rapport au temps. « Le nôtre, le temps des petites personnes (celui de l'instant ébloui), ouvrait sur l'éternité ; le leur, le temps des grandes personnes (celui de la planification), s'enferrait. » C'est élégant et peut-être un peu gentillet, mais cet hommage à l'amitié qui est force de résistance est sincère et profond. Les évocations du père sont les passages qui ont le plus retenu mon attention. Chantal Thomas y raconte avec pudeur et recueillement la relation qu'elle entretenait avec celui qui disparut alors qu'elle n'avait que 17 ans. Elle parle de cette figure avec tendresse jusqu'à l'évocation bouleversante de sa mort prématurée un amer 2 janvier après les fêtes, « à l'orée d'une année nouvelle ». Une figure familière et admirée, mais paradoxalement mystérieuse et secrète car essentiellement figure de silence en raison à la fois du mutisme de son père et des activités taiseuses qu'ils partageaient ensemble comme la pêche, les séjours à la neige ou les randonnées en montagne. Un père « mort de silence » comme elle l'écrit et on peut y comprendre entre les lignes un silence à deux visages, l'un heureux lorsqu'il est lié à la contemplation et l'autre malheureux lorsqu'il est lié à l'incapacité de dire. Chantal Thomas ne couche donc pas seulement sur le papier ses souvenirs d'enfance, mais nous offre également une analyse raffinée d'un univers familier qu'elle connait intimement. Un bien joli cadeau pour le lecteur.
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critiques presse (5)
Telerama
17 octobre 2022
Tel un rouleau de papier japonais qu’elle déviderait avec délicatesse, pour révéler en ses plis et déplis son centre de gravité : l’enfance et la capacité à vivre dans « l’éclat de l’instant », « l’instant ébloui [qui] ouvrait sur l’éternité », sans avoir à payer le tribut de la mélancolie — à jouir de l’éphémère sans anticiper le sentiment de défaite et d’impuissance qui souvent va avec.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
15 mars 2021
On dit qu'à défaut de voyager, on peut toujours s'évader dans les pages d'un livre. C'est exactement ce qui se produit quand on plonge dans le dernier opus de Chantal Thomas.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Liberation
28 janvier 2021
L’autrice s’attache de manière impressionniste et érudite aux souvenirs fugitifs qui l’ont construite, des plages du cap Ferret aux chemins de Kyoto.
Lire la critique sur le site : Liberation
LesInrocks
21 janvier 2021
C'est une dentelle, un travail d'écriture extrêmement subtil où chapitre après chapitre s'organise patiemment la remontée des souvenirs.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeFigaro
07 janvier 2021
Avec ce nouveau récit, Chantal Thomas continue d’égrener ses souvenirs, épousant les méandres de la mémoire et passant cette dernière au filtre de l’analyse pour aller plus loin.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Mais lorsque, à peine sortie de l'enfance, toute livrée au charivari de mes expériences érotiques, je fréquentais les blockhaus, je n'étais pas en priorité tournée vers des épisodes de guerre. De plus, Armand, mon père, le mieux placé pour en parler, ne disait mot sur le sujet. Sur celui-ci, comme sur le reste, il demeurait muet. Il ne lui arrivait jamais d'évoquer ses années de résistance à Lyon, ni même de nous confier quoi que ce fût qui m'aurait permis de faire coïncider l'époque de mes vingt ans avec la Seconde Guerre mondiale. Mon père à qui la guerre avait volé sa jeunesse et apporté, en dépit des apparences de victoire, une preuve supplémentaire à un sentiment intime de défaite, ou plutôt, peut-être, à celui de la vanité des combats. Mon père, muré, emmuré dans son blockhaus de silence.
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Nous aimions le sable. Nous sculptions le sable, parce qu'il ne nous opposait aucune résistance, se modelait selon nos caprices, parce que, lisse et miroitant, il réapparaissait intact chaque matin, et que l'usure sur lui comme sur nous n'avait pas de prise.
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Pourquoi pas la marelle ? L'idée nous plaît. Nous traçons à la craie des cases et sautons à cloche-pied de l'une à l'autre en poussant du bout de pied le palet. Atteindre le Paradis est une victoire et, quand ça se produit, on jubile, mais sans manifestation sonore excessive. On joue sans arrêt à la marelle, on voudrait se déplacer partout à cloche-pied. Toute surface expose pour nous des tracés de marelle. La marelle nous ensorcelle. Et puis la marelle aussi nous est interdite. Car écrire par terre « Paradis »pour ne pas hésiter à le piétiner est décrété inadmissible. Je suis tentée d'argumenter : on ne piétine pas le Paradis, on saute dedans à pieds joints. C'est différent. Mais je sais qu'en situation de semonce, alors que Mlle Clotilde est montée sur ses grands chevaux, il est malvenu de mettre son grain de sel. Choisir le camp des voleurs était révélateur de pulsions criminelles ; avec l'affaire de la marelle, on a droit à la case « blasphème », on chute sans préambule dans le péché mortel.
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J'appartiens à l'âge de la cueillette. Une sorte de blocage archaïque m'a arrêtée à ce stade. Et quand j'ai commencé non de pouvoir lire mais de prendre le goût de lire, j'ai pensé que j'irais à travers des milliers de pages animée de l'esprit de cueillette, j'empilerais au fur et à mesure de leur découverte des mots, des phrases, des tournures dans un baluchon extensible, qui aurait la vertu de s'alléger tout en s'accroissant.
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Sur le point de m'endormir, à l'aube, j'ai aperçu par la fenêtre, dans le cimetière du temple voisin, les moines jeter au feu des stèles de bois enlevées des tombes. Quelle horreur, ai-je songé, avant de me rappeler que ce qui des défunts partait ainsi en fumée, était leur nom de mort. Pour leur nom de vivant, me suis-je dit, au spectacle des flammes éclairant la nuit, il revient à chacun, à sa façon, d'en sauver la trace.
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Videos de Chantal Thomas (59) Voir plusAjouter une vidéo
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« Café Vivre » , de Chantal Thomas, c'est aux éditions du Seuil.
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