Je n'ai qu'un superlatif : Extraordinaire !!
C'est l'histoire d'une arnaque orchestrée par quelques gars un peu particuliers...
Une superbe construction, un suspense délirant, des personnages géniaux..
Quel trip mes enfants.
Si vous pouvez le trouver en occase ou sur Amazon, n'hésitez pas, le voyage est époustouflant !
(Ne vous laissez pas influencer par le titre, comme souvent c'est loufoque)
Allez embarquez !!!!!
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Booth Stallings, sous-lieutenant d’infanterie et chef putatif de la patrouille de reconnaissance depuis l’embuscade, s’aplatit entre les deux rochers noirs recuits par le soleil. Après avoir écarté ce qui semblait être six douzaines de mouches, les yeux étrécis dans la brume de l’après-midi, il observa les deux silhouettes en uniforme moutarde. Les fusiliers impériaux s’étaient tous deux immobilisés et examinaient vivement les alentours, l’air inquiet comme des hommes de pointe qui soupçonnent qu’on va leur tirer dessus.
– Je dirai que le second de ces petits enculés fait au moins un mètre quatre-vingt-dix, peut-être même quatre-vingt-quinze, dit Stallings.
– Fusiliers marins impériaux, chuchota le guérillero. Ils ont une taille minimum obligatoire.
– Suppose qu’il y ait un groupe de gens, déclara Crites avec lenteur et prudence, appelons ça un consortium, qui ait déjà investi un milliard environ aux Philippines. Et que ce consortium espère toujours faire un bénéfice sur son investissement, ou obtenir un résultat blanc, ou peut-être juste réduire un peu ses pertes. Mais pour ça, son seul espoir est un gouvernement stable.
Crites fit une pause comme s’il attendait un encouragement. Stallings lui fit un signe de tête impatienté pour qu’il continue.
– Bon. Donc, si ce consortium dépense encore cinq millions, soit peut-être un demi pour cent de ce qui est déjà englouti là-bas, eh bien, il aura une chance de s’en tirer. Voilà la chose, Booth. Toute la pièce montée. La stabilité au lieu du désordre. Quelques années de paix et de tranquillité. Et mes amis sont disposés à dépenser quelques dollars pour ça.
– Et pour acheter le principal casse-pied.
– Lui offrir une retraite dorée.
- Ce que j'en pense ? dit Mott. J'en pense que la merde est épaisse et qu'elle monte.
- C'est bien mon avis, dit Stallings.
- Mais tu vas quand même marcher et le faire, hein ? dit Lydia Mott.
- Mais il va aussi me falloir un peu d'aide.
- Main-forte, dit Mott.
- Tu en connais ?
Mott saisit un crayon à bille et écrivit deux noms au verso de la carte.
- Ces deux types sont sans doute à peu près ce qu'il te faut. Je tiens des sources habituelles qu'ils sont très bons, plutôt honnêtes et horriblement chers. Tu es disposé à payer N
- Je sais qu'il faudra, dit Stallings.
- Aux dernières nouvelles, dit Mott, ils étaient quelque part aux îles. Hong Kong, Singapour, Bangkok, Malacca
Booth Stallings, assis dans le hall du Madison Hotel près de deux Saoudiens à l’air maussade, attendait Harry Crites qui avait déjà dix-neuf minutes de retard. Mais Crites avait toujours été en retard, même au début des années soixante quand il surgissait dans une réunion un quart d’heure après le début, avec un grand sourire joyeux, un inévitable cigare King Edward, et étreignant une chemise de documents irrémédiablement mélangés. Sur ce, il désarmait tout le monde, même les maniaques de la ponctualité, en lançant contre lui-même une blague tordue qui les faisait tous pouffer.
Les trois survivants de l’embuscade sur la plage de sable noir étaient le sous-lieutenant d’infanterie de dix-neuf ans, le guérillero d’un mètre soixante, et le volumineux infirmier militaire, quelque peu cinglé, qui pendant la semaine suivante avait perdu plus de sept kilos à force de suer, de jeûner et de délirer.
Pourtant ce fut Hovey Profette, l’infirmier de l’Arkansas, qui repéra le premier les deux fusiliers impériaux dans la vallée en contrebas, comme ils émergeaient lentement d’un bouquet de cocotiers négligés. L’infirmier eut un chuchotement rauque et pressant :
– Flingue ces petits enculés !