Une brève conversation dans les salons de la marquise de Rambouillet, Madame de Deffand ou Germaine de Staël.
Un petit traité insipide, sans jeux de mots, réparties ou joutes verbales.
L' auteur parle peu des écrivains, hommes politiques ou artistes qui ont fréquenté les demeures de ces. femmes brillantes, parfois capricieuses et souvent imbues d' elles-mêmes.
Une lecture superficielle, il est préférable de se plonger dans les excellentes biographies écrites sur ces
célèbres mondaines.
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Mme de Staël n'a pas écrit de manuel de conversation. Elle était elle-même peu soucieuse des règles à observer. Non seulement elle se moque de commettre des fautes mais elle apprécie particulièrement la rapidité avec sa conséquence : couper la parole à quelqu'un. Elle est coutumière du fait et déplore comme ennuyeuse la politesse allemande - une politesse obligée par la grammaire ! : "Ainsi le plaisir d'interrompre qui rend la discussion si animée en France, et force à dire si vite ce qu'il importe de faire entendre, ce plaisir ne peut exister en Allemagne, car les commencements de phrase ne signifient rien sans la fin ; il faut laisser à chacun tout l'espace qu'il lui convient de prendre ; cela vaut mieux pour le fond des choses, s'est aussi plus civil, mais moins piquant(*). Tandis que Benjamin Constant, de son côté, se félicite de cette lenteur : "Il y a, dans les conversations allemandes, même des hommes non lettrés, une sorte de bon sens et de calme qui repose, et dont je sens d'autant plus le mérite que je me rapproche de la France(**)!
* Mme de Staël, De l'Allemagne, Flammarion GF, 1968, ,volume 1, p. 111
** Benjamin Constant, Journaux intimes, Gallimard, 1952, p. 68-69
Nos habitudes citadines, notre mode de vie trop pressé, chaotique, nos phrases rapides, inachevées, nos mots équivalents à des appels au secours, nos textos en style télégraphique, n’ont plus rien à voir avec uni civilisation du loisir, avec le lent polissage d’un art parfait de s’exprimer.
Sur la scène de leur théâtre on aime avec plus de douceur et de délicatesse que dans la vie réelle. On aime pour le plaisir d’aimer. C’est dire que l’espace du salon est à l’antithèse d’un espace conjugal. Il importe que la femme qui en est l’égérie n’appartienne à personne. Elle est l’Unique. Et si elle se multiplie, c’est sous la forme de dédoublements qui ont la semblance de mirages.
Le plaisir de la conversation est vagabond. Il a son rythme, qui à chaque fois se réinvente, et dans lequel les silences, lorsqu’ils sont vécus avec naturel, hors rapport de force, valent pour des scansions d’agrément, soit qu’ils ménagent des pauses rêveuses, soit qu’ils permettent de mieux apprécier la douceur d’être ensemble.
La conversation serait stérile et stérilisante et absolument néfaste à l’éclosion d’un sentiment amoureux. Telle est la position romantique. La musique, le chant, transmettent l’amour. Ou le silence ; par choix ou par nécessité puisque être amoureux rend muet.
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« Café Vivre » , de Chantal Thomas, c'est aux éditions du Seuil.
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