Un texte tout en finesse sur l'idée de la souffrance, vu au travers de sensations et d'écrits littéraires.
Je pense qu'on peut vraisemblablement aimé ou ne pas aimé cet essai mais pas les deux. Nous ne sommes pas dans un texte qui suit un schéma concret mais pas non plus dans le nébuleux absolu. Il faut se laisser aller à la lecture et en tirer le meilleur parti pour soi.
Bonne lecture à ceux qui s'y risquent ...
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Nous attendons quelqu'un, un évènement, un signe. Nous ne savons pas exactement. Un dépaysement, un nouvel amour. Quelqu'un qui, du jour au lendemain, va nous changer la vie, en faire une fête. Le problème est qu'attendre est non seulement très perceptible mais aussi légèrement répulsif. Attendre éloigne, tue l'excitation. Qui veut être attendu? Qui désire combler une attente? C'est tout le contraire. L'autre doit surgir au hasard, bouleverser le scénario. Il est l'inouï. L'accomplissement de tous les rêves au moment où l'on s'y attend le moins.
Le petit toit que forment les livres lorsqu'on les entrouvre, tranche tournée vers le ciel, est le plus sûr des abris.
Souffrir, comme le dit son sens premier, est passif. C’est une passion qui nous met aux abois, nous dépossède. A un certain point, il n’y a plus de je pour dire je souffre, et encore moins pour constater que c’est odieux. On a été propulsé, hors jeu, sans savoir comment.
l'auteure cite Madame de Staël "Corrine ou l'italie" : "Tous les quarts d'heure il s'élevait une voix qui faisait la question la plus insipide, pour obtenir la réponse la plus froide, et l'ennui soulevé retombait avec un nouveau poids sur ces femmes que l'on aurait pu croire malheureuse, si l'habitude prise dès l'enfance n'apprenait pas à tout supporter. Enfin les "Messieurs" revenaient, et ce moment si attendu n'apportait pas un grand changement dans la manière d'être des femmes (...) et quand l'heure du départ arrivait, elles s'en allaient avec leurs époux, prêtes à recommencer le lendemain une vie qui ne différait de celle de la veille que par la date de l'almanach et la trace des années qui venait enfin s'imprimer sur le visage de ces femmes, comme si elles eussent vécu pendant ce temps"
à réunir toutes ses forces pour la refuser (la souffrance), à ne s'autoriser qu'à souffrir chichement, il se pourrait que, outre le fait de se vouer à une lutte perdue d'avance, on s'affaiblisse - émotivement, imaginairement, sensuellement - et devienne ainsi incapable de découvertes vitales. Si le monde nous échappe par excès de souffrance, on peut aussi le manquer par avarice de larmes. Les situations incompatibles avec l'art de vivre, abordons les autrement, par le biais d'un savoir moins subtil, à l'aide de pratiques ponctuelles, hâtives, bricolées, comme nous apprend à en inventer, sur fond de panique et de sauve-qui-peut, le métier de vivre.
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Ah, le plaisir d'un moment passé à la terrasse d'un café. La terrasse, ou l'arrière-salle. le café, comme refuge et comme aventure. Voici un livre réjouissant qui fait l'éloge de ce lieu unique puisqu'il est à la fois celui du partage et de la solitude.
« Café Vivre » , de Chantal Thomas, c'est aux éditions du Seuil.
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