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sur 281 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chantal Thomas entre deux mers, entre deux âges. "Le temps d'Arcachon", océanique, marque son enfance dans la première partie. "D'autres rivages" méditerranéens et d'outre atlantique l'attendent à l'âge adulte où elle emmène aussi le lecteur dans un deuxième temps. Ce sont d'abord les tentes en toile rayée parallèles à l'océan et les « parfums mêlés d'iode et de varech, de résine et d'aiguilles de pins », qui tracent sur les bords du Bassin d'Arcachon les contours de la géographie et de la généalogie familiale de l'auteure. S'y dessinent précisément les figures de ses parents (Jackie et Armand) et celles de ses grands-parents maternels (Eugénie et Félix). Souvenirs rapportés ou vécus de "hauts faits" familiaux (plongée de Jackie dans le Grand Canal à Versailles), d'adresses et de maisons successives et d'une valise transformée en berceau. Souvenirs précoces aussi d'immensités sableuses où Chantal apprend à ramper ; de plages et de vacances – maillots, serviettes et « bonnet-marguerite » – de complicités enfantines près d'une jetée rouillée, de frontières invisibles entre les saisons dans une ville qui revendique de les faire vivre toutes quatre ensemble et par quartiers bien spécifiques. Habiter en bordure de la ville d'hiver et lorgner les estivants pendant l'été. Nager. Librement surtout, avant même de pratiquer les mouvements réglementaires. Courir à marée basse plage de la pêcherie, repérer les baïnes, s'éclabousser en entrant dans l'eau, grelotter, « La gaieté vient de la mer […] On saute, on plonge, on batifole, on se roule dans l'écume du rire » et c'est déjà l'été prochain. En courts instantanés d'Atlantique, riches d'images suggérées et de sensations légères, Chantal Thomas écrit son enfance dans l'immédiateté d'une collection d'instants précieux qu'on jurerait intacts, sur fond d'humeurs et d'obsessions sportives maternelles – les rituels de crawl de Jackie chronométrés par le bienveillant grand-père, Félix. de son père Chantal a hérité des silences, avant sa disparition prématurée, « le dernier été ». Ces pages d'enfance inscrites et restituées dans la lumière changeante d'horizons marins à perte de vue semblent l'avoir toujours accompagnée longtemps après les avoir tournées et qu'elle ait rejoint les rives de la méditerranée évoquées dans la deuxième partie. le recul de l'adolescente plus grave puis de l'adulte se fait alors sentir … Nager, flotter, se laisser porter : cet art du lâcher prise et de l'abandon que lui a offert l'océan à l'âge des commencements et qui prend à contre pied la passion chronométrée de sa mère, Chantal Thomas le fait superbement partager.
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Chantal Thomas délaisse pour un temps les princesses et reines de France pour rendre hommage à Jackie, sa mère, qui n'avait pour seule obsession que nager.
Nager sans cesse, dans la mer, dans l'océan, dans les lacs.
Lorsqu'elle plonge dans le Grand Canal du Château de Versailles, elle nage lentement, gracieusement, passionnément comme si inconsciemment, elle voulait venger toutes les femmes qui dans les siècles passés ne nageaient pas :
« Des femmes bien nées, bien élevées, ne nagent pas ! cela supposerait en plus un déshabillage compliqué, d'une lenteur impossible. Nager ! L'idée seule ! Quelle folie ! »
Chantal Thomas était fascinée par cette Jackie, sa mère.
Le récit ouvre les portes aux souvenirs d'enfance chez les grands-parents à Arcachon, aux alternances de foules estivales et de plages désertes, de bruit et de silence.
L'auteure parsème son récit de quelques anecdotes historiques, géographiques et culturelles ce qui en fait un attrait supplémentaire.
Chantal Thomas signe un bel hommage à cette naïade tant aimée.
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Dans "Souvenirs de la marée basse", Chantal Thomas évoque sa mère Jackie et la mer : Arcachon comme la Méditerranée sont chères à leur coeur et sont le cadre de leurs plus beaux souvenirs. Chacune vit à sa façon l'amour de l'eau et de la natation : symboles de légèreté, de liberté,
d'aventure, d'insouciance et presque de purification.
Ce roman n'a rien d'un "pageturner" : c'est juste une ambiance, des souvenirs doux ou graves, une relation mère-fille assez complexe. le tout assemblé par une auteure qui a du style, de la pudeur, de la classe. J'aime.
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Souvenirs d'enfance à Arcachon, mais surtout souvenirs d'une mère peu maternelle dès le départ et peu impliquée dans l'éducation de sa fille, au point que la grand-mère emporte sa petite-fille dans une valise-berceau de Lyon à Arcachon. Mère égoïste et ne se préoccupant que d'elle-même, capable de se mettre à pleurer si elle ne peut aller nager à cause d'une obligation ou du mauvais temps.
Quelques belles descriptions d'Arcachon, de sa ville d'Hiver, de sa ville d'été, de sa ville d'Automne et de sa ville de Printemps ainsi que de ses tentes en toile rayée, des « enfants venus d'ailleurs » par opposition aux « enfants de la plage »… de beaux passages comme la description de la famille Leçon, l'histoire de la princesse du Palais des Mers et du Maître des Dunes, ou encore les dernières pages attendrissantes sur la maman de l'auteur, vieillissante et dont la mémoire décline fortement.
La lecture est plaisante. Chantal Thomas porte un regard aimant sur cette mère distante. Mais le personnage principal m'a dérangé…
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Un livre original qui parle de la relation mère/fille. L'angle choisi par Chantal Thomas qu'on connait mieux pour ses romans historiques adaptés au cinéma ( les Adieux à la reine et l'échange des princesses) est très particulier.Il révèle à la fois le manque dans la relation et la quête de la fille pour comprendre la mère, s'approcher d'elle et saisir l'essence de celle qui lui reste étrange/étrangère.
Chantal Thomas part du goût exceptionnel de Jackie pour la natation et elle se promène dans ses souvenirs d'enfant, dans son propre rapport à la plage, au sable, à l'océan puisqu'elle a grandi à Arcachon et s'interroge sur ce qui a été transmis.
Dans son récit, par petites touches, avec une très belle et élégante écriture, elle nous donne à voir Jackie, qui s'ennuie. cette femme est déçue de la vie, elle se rêve championne mais elle est une simple ménagère, elle est peut-être libérée par un veuvage précoce, elle repart à la conquêtes d'hommes qui seront toujours insatisfaisants.
Chantal évoque aussi son grand-père Félix, une grande poupée qui a appartenu à son arrière grand-mère Zélie, elle retraverse pour nous une première amitié de plage, très exclusive, avec Lucile. On sent sa solitude et aussi l'épanouissement de sa sensibilité dans l'observation attentive, précise, des petites choses et dans son attention à cette mère peu aimante.
C'est un livre doux, nostalgique, pudique, et pour peu qu'on ait soi-même une mère absente à elle même, on peut retrouver à travers ce récit des sensations familières, des empêchements douloureux, des questionnements sans réponse.
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Il s'agit d'un roman autobiographique, essentiellement centré sur des souvenirs relatifs à sa mère et à son lien avec la natation.

En effet, sa mère ne semble s'épanouir que quand elle nage et va ainsi faire découvrir à sa fille le bonheur de cette discipline que ça soit à Arcachon, à New York ou à Nice.

Le roman est très bien écrit et chaque partie semble raconter une photo retrouvée dans une vieille malle de souvenirs. C'est cependant cette discontinuité de temps et de l'histoire qui m'a un peu perdue et qui a fait de ce livre un bon passe temps mais rien d'inoubliable. Dommage.

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Ce récit autobiographique est scindé en courts chapitres qui sont autant de scènes d'enfance et de jeunesse qui jaillissent dans la mémoire de Chantal Thomas.
La narration est ainsi constituée de souvenirs, ceux des paysages maritimes de la mer Méditerranée et surtout de l'océan Atlantique aux abords d'Arcachon, cette cité balnéaire dont l'auteure dit que les plages sont "agrandies à marée basse", et dont elle décrit méticuleusement le rivage, et au-delà, l'immensité de la mer.
Elle restitue également la mémoire des personnes qui, à l'époque de sa jeunesse, faisaient partie de sa vie, son grand-père, Lucille, son amie de la plage, et surtout sa mère, avec qui elle a entretenu des rapports contrastés mais constants, et dont elle partagé la passion de la nage. Pour l'une comme pour l'autre, la nage n'est pas la simple pratique d'un sport, c'est surtout un symbole de liberté.
Ce livre, très bien écrit, évoque les rapports que chacun entretient avec les lieux et avec la matière qui les compose ( l'eau notamment, au cas précis). Il raconte des vacances d'enfance au bord de la mer, peuplées de jeux de plage et de rêves, car la mer, on le sait, est propice à l'imagination. Il relate une époque, celle de l'après-guerre, lorsque les vacances ne ressemblaient pas à celles d'aujourd'hui.
"Souvenirs de la marée basse" est un livre très plaisant.
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J'ai été surprise par cette lecture : je m'attendais à un roman, au lieu de quoi j'ai découvert le récit de souvenirs d'enfance. Presque les miens, moi qui ai aussi passé tous mes printemps, étés et automnes les pieds dans l'eau, en bord de mer, à construire châteaux de sable et amitiés fugitives.
Voilà, c'est exactement ça : j'ai reconnu mon enfance, au travers d'une écriture qui m'a vraiment charmée, et donc, par la même occasion, profité d'un grand bol d'air iodé, ambiance qui a le don de me requinquer.
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"Les personnes, au fond, ont un rôle secondaire. Ce sont les éléments qui nous dictent nos conduites. le soleil ou la pluie, le vent, le sable, les marées." (116)

Je finis mon parcours estival influencé par le masque et la plume – de l'indigeste "Zero K" au décadent Vernon, en passant par la dualité intellectuelle Elena-Lina – sur ces pages de tendresse, cette onde de mer calme. On a rarement mêlé avec autant de finesse et de profondeur ces deux notes homophones, mer et mère. Échos, harmonies, thèmes qui se répondent au fil de l'eau, une grâce apaisante se dégage de l'écriture, fluide et naturelle, mais derrière laquelle on devine un grand travail et un esprit en éveil.

"Enfants bleus de froid, nous voulons la morsure cruelle du présent." (84)

Le corps vivant, le pacte des histoires partagées en secret, le sérieux des activités, l'amie nouvelle et soudain demain existe – le vécu d'enfance est exprimé avec une justesse qui étreint de vieilles sensations enfouies. Chantal Thomas réveille un univers de sensations et de pensées oubliées, rend sa force à une conscience déjà pleinement existante par elle-même. le courant des métamorphoses qui nous entraîne jette un voile sur les épisodes précédents. Mais il permet aussi une distanciation et une réconciliation avec nos attentes déçues, un partenariat entre ces mutuelles étrangetés que nous sommes parfois entre proches, et ce malgré tous nos efforts. Je retrouve cette même idée de fraternité humaine entre parent et enfant que dans la conclusion de "Le cri de la chouette" d'Hervé Bazin.


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Chantal Thoams rend ici un magnifique hommage, d'une part à sa relation certes complexe mais fusionnelle avec sa mère, et d'autre part, à la passion de la natation qu'elles partagent.
" J'aime l'eau d'amour. Et dans l'expression "l'eau est bonne", je perçois une température mais aussi une qualité morale".
En effet, par le biais de courts chapitres, aux noms soigneusement choisis et évocateurs, l'auteure nous fait découvrir la joie mais surtout la liberté que sa mère - Jackie - ressentait lorsqu'elle nageait.
" Ma mère ne se repose pas, ne se pose sur rien - sauf sur la mer."
Plaisir qu'elle lui transmettra....
" D'ailleurs, je ne pense pas en termes de région, mais de rivage - sable, mer et ciel dans une interaction perpétuelle, une interpénétration infinie. C'est cette fluidité qui est de ma part objet d'amour. A vrai dire, j'en fais moi-même partie."
Ce sont deux femmes en osmose totale dans le milieu aquatique.
Toute la vie de Jacky s'organisera autour de cet art de vivre, à la fois fantaisiste et décomplexé.
Mais lorsqu'elle est privée de cette pratique quotidienne, quasi physiologique, son état dépressif reprend ses droits.
"... ma mère a deux visages : son visage de maison, obscur, et son visage de natation, lumineux."
Lien : https://missbook85.wordpress..
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