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EAN : 9782915018356
274 pages
Quidam (27/09/2009)
4/5   3 notes
Résumé :

Au fin fond de l'Andalousie, une petite ville portuaire oubliée du monde est sur le point de faire la une de la presse internationale. Il y aura des morts et des blessés. Des protestations et des déclarations pieuses aussi. Puis Almeria retombera dans l'oubli, la guerre civile espagnole se joue ailleurs : à Valence ou à Barcelone comme à Londres, paris et Moscou. Le fils de docker londonien enseveli sous les bombes, l'Alleman... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Narration affûtée d'une tranche de guerre d'Espagne. de la belle chaleur sous les bombes.

Gallois né en Angleterre, fils d'ouvrier et longtemps militant syndical, écrivant en français et vivant à Limoges, David M. Thomas est un singulier écrivain.

Publié en 2010 par le formidable Quidam Éditeur, ce premier tome d'une trilogie dédiée aux Républicains espagnols donne peut-être à lire le travail en français qui se rapproche le plus, avec bonheur, du "New Italian Epic" cher aux Wu Ming, à Valerio Evangelisti ou à Giuseppe Genna : exceptionnel travail de documentation en amont, utilisation des codes du roman historique ou du thriller historique, mais "transfigurés" par une savante utilisation de ressources narratives pointues (voix multiples et inversions de points de vue, dialogues entrecoupés de monologues intérieurs, parenthèses sarcastiques ou explicatives distanciées), puissante politisation du propos, protagonistes terriblement incarnés.

À l'issue de ce travail d'une grande intelligence, cette tranche de guerre d'Espagne (dans laquelle quelques militants combattants isolés dans l'andalouse Almeria par les offesnsives fascistes, vivent guerre, amour et fraternité internationaliste au plus haut degré, constatant avec dépit et rage, mais sans pessimisme fondamental, que les monstrueuses rivalités internes orchestrées par les staliniens avec la molle complicité des dirigeants "bourgeois" de la République, à l'encontre des communistes libertaires, trotskystes et anarchistes, sous l'oeil torve des "démocraties occidentales", sont en train de perdre la guerre beaucoup plus sûrement que tous les assauts des unités franquistes, des divisions mussoliniennes ou de la légion Condor...) prend une vie étrange, rehaussée de quelques figures d'anthologie telles le salvateur consul anglais, et nous donne un moment de chaleur et d'humanité rares, sous les bombes, la mort et l'exil qui se profilent. Une lecture hautement recommandable.

"Et on attend toujours cette fameuse offensive tant claironnée aux environs de Madrid. Toute l'Espagne républicaine l'attend, ce qui signifie que toute l'Espagne fasciste l'attend aussi. Et l'élément de surprise alors ? Quels stratèges ! Ah mais non hein, quelle brillance ! Epatante. Encore un abattoir annoncé à l'avance. Lions led by donkeys, c'est ce qu'on a dit de vous, Papa, de toi et de tes camarades de la Grande Guerre, des lions commandés par des ânes.
Une cigarette, oui, pour calmer un peu les nerfs mais putain de merde, commandés par Trotski ou quelqu'un de son talent, on n'en serait pas là, c'est sûr. En moins d'un an et partant de rien, il a su organiser une armée capable d'opérer sur onze fuseaux horaires, et non seulement il avait toutes les forces tsaristes rangées contre lui, tous les Kornikov, les Youdenich, les Koltchak, tous les généraux de l' Ancien régime, mais pas moins de dix-neuf armées étrangères. Et il en est sorti vainqueur. Et nous, qu'est-ce qu'on a ? Des simplets, des vaniteux, des ambitieux, des aveugles, des cigales. Des troufignons. Nothing but fucking wankers."
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Réunis par les hasards de la guerre dans la ville d'Almeria, derrière le ruban gris de la Sierra de los Filabres, loin des principaux fronts de 1936 et 1937, un petit groupe de combattants isolés, sous la conduite du Jefe, leader charismatique affublé d'une insolite ressemblance physique avec Mussolini, attendent sous tension l'affrontement avec les franquistes. Ils sentent avec le temps le désastre qui approche, avec l'inaction de la France et de l'Angleterre, l'engagement minimal de l'Union Soviétique et les soutiens massifs italien et allemand aux troupes franquistes.

Autour du Jefe, un gallois au nom impossible, fils d'un docker londonien, Dartmann, l'intellectuel allemand et pilote de la Luftwaffe ayant fui la dictature nazie, Marco, italien déserteur et la belle Solena, refugiée de Malaga après les bombardements, sont pris dans les feux des luttes internes du camp Républicain, et de l'épuration par les staliniens des partisans libertaires et du POUM.

Visiblement, David M. Thomas sait de quoi il parle. D'une grande rigueur pour nous raconter cette tranche de la guerre d'Espagne, son récit est un feu d'artifice d'autant plus brillant que le français n'est pas sa langue maternelle : le tourbillon émotionnel de la narration, les dialogues ou monologues d'un souffle extraordinaire donnent corps et humanité à ces personnages aux origines multiples, qui décident, qui luttent et qui aiment, dans un roman qui rend un très bel hommage à la liberté et à l'insoumission.
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Une fresque vivante d'un groupe de jeunes gens défendant leurs idéaux dans le port andalou d'Alméria alors que les troupes fascistes écraseront bientôt les internationalistes dans le silence assourdissant des nations européennes qui ont déjà accepté la guerre à venir.
Le roman est composé de quantité de dialogues époustouflants : on parle d'amour, de politique, d'avenir, de la vie quoi ! Et quand arrive le temps du cachot et du procès, on comprend que rien n'est simple et que les amis d'hier peuvent se révéler les pires traitres. Un beau livre sur les brigades internationales en 1936 qui annonce deux tomes à venir sur l'histoire à venir, celle avec une grande hache, disait Georges Pérec.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Bueno… Au début, il a tiré sur nous deux mais Marco m’a dit de descendre de cheval et d’aller me cacher derrière un olivier. C’était la seule chose qui poussait dans la plaine. Alors c’était lui et son cheval contre l’avion et le pilote. L’avion est revenu, Marco a pris le fusil et il a tiré sur l’avion mais lui avec un fusil… c’était plutôt pour se faire l’unique cible, pour attirer le feu du pilote sur lui. Il a remis le fusil dans la fonte et il s’est fié à son talent de cavalier. L’avion est venu en ligne droite sur lui. Je le voyais déjà mort parce qu’un homme et un cheval contre un appareil si puissant et si rapide… Marco fait une feinte à droite, le pilote se rajuste et tire mais la Teresina est déjà repartie vers la gauche et les balles tftftftf passent à quelques mètres de la queue du cheval. Ce n’est que maintenant que je peux admirer tout ça mais je n’étais pas à l’arène des taureaux, j’étais cachée derrière cet olivier et j’avais tellement peur, pour moi d’abord et pour lui aussi. Et ça a continué comme ça, comme une partie de tauromachie, feintes et passes, les balles qui éclaboussaient la terre tftftftf, combien de fois je ne sais plus, et le pilote qui, à chaque fois qu’il ratait son coup, s’énervait dix fois plus, vraiment c’était quelque chose à voir, je vous assure. L’entente parfaite entre homme et cheval, c’était comme s’ils ne faisaient plus qu’un, une seule âme.
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-Aux Gallois, répond Dartmann
-Et pourquoi tu penses aux Gallois ?
-Un jour tu m’as dit quelque chose. Tu parlais des Espagnols, tu disais que le mot gallois ne parvient jamais à s’installer dans le cerveau d’un Espagnol. Tu leur dis gallois et ils entendent anglais.
-Et alors ?
-Ce sera pareil pour le marxisme. On dira marxiste et l’interlocuteur entendra toujours stalinien. Même réflexe. On fera l’amalgame entre marxisme et stalinisme comme on ferait l’amalgame du Sermon sur la Montagne et de la Sainte Inquisition, et les idéologues capitalistes et leurs apologues vont jouer sur du velours. Le marxisme se résumera à l’Union Soviétique et cette ânerie d’écolier passera inaperçue.
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Video de David M. Thomas (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David M. Thomas
Gallois né en Angleterre le 5 octobre1959, David M. Thomas est fils d'ouvrier. Il a été partie prenante de la grande grève des mineurs britanniques dans les années 80. Historien romancier, Il écrit en français et vit à Limoges.
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