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S'il est un monde qui se prête au roman noir, c'est bien celui du travail. Délocalisations sauvages, harcèlement, désespoir, compromissions, trahisons… tous les ingrédients sont réunis, mille fois dits et répétés dans les pages économiques ou les faits-divers de nos journaux qui finissent toujours par nous raconter des histoires inimaginables.
Dans le couperet, Donald Westlake nous relatait ainsi les aventures d'un chômeur appâtant ses concurrents dans la recherche d'un emploi afin de les éliminer physiquement. Dans Consulting, François Thomazeau envisage que les patrons puissent s'offrir les services d'une boîte de consulting bien particulière chargée d'aider au dégraissage de leurs entreprises pour le plus grand bonheur de leurs actionnaires en les débarrassant des DRH récalcitrants ou des syndicalistes empêcheurs de licencier en rond.
Bien sûr, ce genre de procédure de licenciement radicale a ses détracteurs et, de plus, même les meilleures boîtes de consulting peuvent avoir elles-mêmes à dégraisser leurs effectifs. C'est ainsi qu'Antoine, le consultant à gages, va voir son destin lié à celui de Pascal le syndicaliste au chômage.

La cavale de ces deux personnages que tout semble opposer révèle vite que, s'ils ne partagent pas forcément la même vision de ce que doit être l'entreprise, ils ont au moins en commun une vision particulièrement cynique de cette dernière et de la société dans laquelle elle prospère. Ce cynisme partagé fait de ce roman une oeuvre où la critique sociale sans concession frise le nihilisme joyeux. Un humour auquel on peut penser que tout le monde ne sera pas forcément sensible tant sa férocité pourra en empêcher certains de voir au-delà du premier degré.

Pas exempt de défauts, en particulier une tendance à se montrer parfois un peu trop démonstratif et d'autres fois trop elliptique, Consulting a pour lui ce côté baroque des dialogues et des situations dans lesquelles l'auteur se plaît à repousser toujours un peu les limites du mauvais goût. Un mauvais goût qui sied particulièrement à ses personnages pour lesquels il est décidément bien difficile d'éprouver de la sympathie ou même juste de l'empathie (et peut-être est-ce là aussi un aspect qui peut s'avérer rebutant) et que l'on se plaît finalement à voir lancés dans un jeu de faux-semblants dont on se doute qu'il va tourner au jeu de massacre.

Bouquin iconoclaste et plutôt percutant, sans temps mort au long de ses seulement 200 pages, Consulting nous fait méchamment rire. D'un rire un peu jaune parfois.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Suite à un concours de circonstances violentes, Antoine consultant sans fois ni loi, employé par La Boîte mais trahi par son employeur, et Pascal, syndicaliste minable quitté par sa femme et licencié suite à un plan social, se retrouvent enchainés l'un à l'autre.
Le tandem est obligé de se lancer sur les routes en quête de réhabilitation. Chacun de nos protagonistes va se débattre pour survivre, chacun avec ses inspiration et ses démons, ses différences.
Nous allons assister à leurs errances et leur perdition dans ce road-movie sanglant et drolatique
L'histoire reflète bien le cynisme malsain de notre époque représenté par ces affreux jojos dont les dialogues rappellent ceux d'Audiard.
Un roman noir et une critique sociale sur le thème du licenciement nouvelle tendance.
François Thomazeau nous livre ici une juste démonstration des rapports sociaux actuels illustré par des dialogues écrits au couteau.
Lien : https://collectifpolar.com
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Merci aux éditions Au-delà du raisonnable et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Un bon livre. Pas exceptionnel mais un bon livre, par un écrivain tout à fait digne de ce mot.
J'ai l'impression d'une sorte de mélange entre du San Antonio, notamment dans certains dialogues, avec une petite influence Tarantino, et un volet social, sociétal et de réflexion sur l'humanité qu'on retrouverait dans un film comme Fight Club. Qui donne aussi une dimension supplémentaire qu'on retrouve assez peu dans des livres de violence Brett Easton Ellissienne, by the way. On voit ici la critique d'un monde du travail où les inutiles ont les postes les mieux payés, les plus influents alors qu'ils ne servent vraiment à rien, menant à la baguette ceux qui font le vrai travail et qui galèrent, tout ça les pieds dans l'eau de leur piscine... La critique d'un système et d'un fossé vraiment plus supportables... Actuel...

"- Si je peux me permettre, nota Pascal, la vie trépidante de consultant devient un peu lassante. On ligote, on bâillonne, et on recommence.
- Comme tu vois, une forme de travail à la chaîne.
- C'est moins pénible à la Sécu, tu forces les gens à rester assis pendant des heures, sans les attacher ! Voilà l'efficacité du secteur public."

Il y a un peu de violence, physique, beaucoup de violence symbolique en creux, le physique venant en réaction.
Le style est vraiment intéressant comme je le disais, assez drôle parfois, jamais trop "facile", il y a une recherche, une connaissance du-des sujet-s, même si ça ne va pas aussi loin que - je ne sais pas moi - qu'un Maurice Dantec (pour prendre un auteur que je l'ai récemment). Ce livre-ci est moins une somme, ça reste modeste. Deux cent pages, que voulez-vous.

"- Et c'est quoi ça, consultant ?
- Un de ces nouveaux métiers qui ne servent à rien et qui rapportent gros.
Blanco fit sauter un stylo rongé dans sa main et, après une double vrille piquée parfaitement exécutée, il retomba dans sa paume pour une réception impeccable.
- Comme flic ?
Voisembert ne releva pas. Flic était le troisième plus vieux métier du monde. Celui qui faisait vivre le premier en tant que client avant d'arrêter le proxo."

J'ai passé un bon moment en compagnie de cette fuite d'héros qui cherchent une sortie, une solution à une situation qu'ils n'aiment pas, à une vie qu'il méprise.
Un "consultant", en fait un tueur pour liquider du personnel, sommet des techniques HR, un syndicaliste qui se révèlera ... , une femme entre femme-objet et femme dominante, tout ça dans une voiture, destination on ne sait trop bien, vers un chaos annoncé ? Ou pas.

"Pascal chercha dans les yeux d'Harold un peu d'innocence, un peu d'humanité, des faiblesses excusables qui pussent expliquer pourquoi il le persécutait. Pourquoi il avait détruit son amour avant de le donner en pâture à la mort. Mais rien. C'était ainsi. La loi du monde. du chacun pour soi. La défense du territoire. Avec ou sans lui. Et toutes ces phrases fabriquées, assénées jour après jour par les médias et la culture dominante pour transformer les moutons en loups et réciproquement. Ces banalités dont se repaissait Antoine et dont il avait fait sa raison d'être.
- Putain quel monde..., soupira Pascal.
Il leva le Beretta et, sans crier gare, froidement, avec un vrai soulagement, abattit Mattéi d'une balle dans la tête. Il se tourna vers Antoine :
- Tu avais raison. Nous vivons dans un monde de violence.
Antoine lui renvoya le sourire customisé d'un vendeur d'assurances.
- Bienvenue dans la vraie vie."

Bref, ce livre a tenu la route, tenu le choc de mon regard critique, de façon honorable.
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Lu dans le cadre de Masse Critique.
Merci.
Je n'avais jamais lu d'ouvrage de François Thomazeau mais je pense que ce n'est pas un auteur pour moi.
L'histoire aux multiples rebondissements m'a plu. C'est original.
Ce qui m'a gêné c'est le ton. C'est une sorte de San Antonio et je n'ai jamais adhéré à ce genre. Beaucoup apprécient mais pas moi et je trouve que c'est démodé alors que l'intrigue est bien actuelle. Plutôt un livre de mecs. Dommage.
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Ce scénario est noir, on y rit jaune et la vie est loin d'être rose pour les protagonistes de "Consulting". le monde du travail est mis à nu, dans toute sa cruauté. La cavale du consultant et du syndicaliste est une satire sociale qui ne pourra pas plaire à tout le monde. L'auteur se complet dans un cynisme qui tourne parfois à l'inertie ... Dommage.
Quand la suppression de la masse salariale passe par le meurtre pur et simple, on se rassure en refermant le livre que cela ne soit qu'une fiction. Quoi que ...
Lien : http://bibliobleu.blogspot.fr/
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"Couperet" industriel, revu par Audiard, "La Boîte" résout les problèmes de masse salariale...

Publié en 2010, ce onzième roman de François Thomazeau, dont j'avais apprécié le tout premier de ses "polars marseillais" ("La faute à dégun") en 1996, est sans doute, sous sa légèreté apparente, son plus ambitieux à date.

Entre subtile ironie et profond cynisme, voici l'étonnant road novel qui joint, le temps d'une cavale déjantée, Antoine, "consultant" employé par La Boîte, hydre bien évidemment tentaculaire chargée d'éliminer physiquement les individus faisant obstacle au bon déroulement de certaines opérations économiques indispensables (fusions, acquisitions, et autres "restructurations"), Pascal, syndicaliste cocufié et découvreur par accident du pot aux roses, et Mathilde, femme très entretenue et néanmoins terriblement indépendante de l'un des pontes de la Boîte en question. Savoureux, jusqu'au final cinématographique dans les sables du mont Saint-Michel. Comme du Lautner, nous dit la quatrième de couverture. Soit. Comme des "Tontons flingueurs" ou du Jean Yanne revu au goût âcre du XXIème siècle, ou comme "Le couperet" de Westlake passé à une échelle authentiquement industrielle, pourrait-on ajouter...

"L'assassinat comme méthode de gestion des ressources humaines. Chefs d'entreprise, dirigeants syndicaux : ligués ensemble dans une organisation secrète connue sous le nom de "La Boîte", ils n'hésitent pas à recourir aux méthodes les plus répréhensibles, y compris le meurtre, pour faire régner la "paix sociale" dans les entreprises. Depuis une dizaine d'années, sous couvert d'audits et de "consulting" dans des sociétés confrontées à des problèmes de masse salariale, La Boîte intervient : infiltration, intimidation, menaces, harcèlement moral, passages à tabac, délocalisations forcées, mais aussi assassinats, ses consultants ne reculent devant rien. Impensable, inimaginable en France, pays des droits de l'homme et pionnier de l'Europe sociale ? Jugez par vous-mêmes."
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Antoine et Pascal, un consultant tueur et un syndicaliste cocufié par un autre, tous deux laissés sur le carreau de leur entreprise, forment un duo improbable mais un duo de choc qui espionne, menace, tue, s'enivre et cogne à tout bout de champ, bref une paire de blaireaux peu sympathiques et peu ragoûtants!
Nous voici dans un polar à la française, bourré de clichés et de références censés faire rire.
Lâchés par leur entreprise ou leur femme, ces deux guignols partent ensemble, en redresseurs de torts, remédier à leur triste sort. (j'aime la rime)
Ils n'ont pas du tout le même point de vue sur la situation ni sur les méthodes? Qu'à cela ne tienne! Ils seront les pieds nickelés de l'entreprise moderne dans un monde survolté où s'accumulent les cadavres. D'ailleurs chacun a au moins un mort à son actif, l'un pour La Boîte, l'autre pour La Centrale.
(...)
Et ça continue ainsi On va chez le chef d'entreprise et la scène d'humiliation sexuelle est à vomir. Tout est à l'avenant C'est rocambolesque à souhait et parfaitement démodé!
Je n'ai pas aimé du tout, c'est le moins que je puisse dire!
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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La quatrième couverture laisse penser à une intrigue à la Donald Westlake version "Le Couperet" ou à la Jacques Audiard. Donc une atmosphère très sombre et une vision cynique et corrosive.
Dans "Consulting", il est question de plan social, de délocalisations, de chômage, de désespoir et de... meurtres. En voici le pitsch : une boîte de consulting propose des services très très spéciaux à certains patrons pour "écarter" des salariés ou des syndicalistes. du dégraissage à la sauce "American psycho" en somme ! Un de ses consultants adepte de l'assassinat va être trahi par ces anciens patrons et va s'unir avec un syndicaliste tout aussi barré pour comprendre le fin mot de l'histoire. Ces deux hommes que tout semble opposé vont vite laisser entrevoir un point commun : un cynisme du monde de l'entreprise et de notre société en général. Morts en série et trahisons vont rythmer leur cavale sanglantes.

Ce postulat de départ laissait envisager de très belles choses. Au final, il en reste pas grand chose. le rythme haché, aux chapitres très courts, de l'auteur empêche une construction plus profonde des personnages principaux qui restent à l'état de spectre sans aucune trace d'humanité. Les personnages secondaires, eux, sont inintéressants voire abjectes.

La fin est téléphoner et délaisse toute une série de questions laissées sans réponses. . Dommage.

Seul point vraiment positif : les dialogues. François Thomazeau excelle dans cet art tellement délicat, et enchaîne les punchlines qui font sourire. Mais dès que l'action des personnages reprend, le livre perd son éclat. Aussitôt lu, aussitôt oublié !
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