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EAN : 9782070437375
400 pages
Gallimard (06/05/2011)
3.6/5   232 notes
Résumé :
Au début des années soixante, Thompson, alors journaliste à San Francisco, est fasciné par les Hell's Angels. Son article sur ces seigneurs de la route fait sensation, il se lance dans la version longue : un an passé à rouler et à écrire à leurs côtés. Mais l'équipée se termine sauvagement : parce qu'il refuse de partager ses royalties, les Angels abandonnent l'homme de lettres sur une route, à moitié mort et le crâne défoncé à coups de pierres... " En France on n'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais envie d'une virée avec ces Anges de l'enfer en mode gonzo. Cette rencontre s'est révélée tenir moins du roman que du journalisme ultra-subjectif, une expérience rapportée. Pour Hunter S. Thomson, l'objectivité des journalistes est une légende, un mensonge vendu pour de la vérité. Selon ce journaliste frondeur, qui sait comme l'information peut être déformée, le meilleur moyen de rétablir la vérité est de vivre l'aventure que l'on décrit. Car si le récit en sort éminemment subjectif, décrivant ce que l'auteur a vu et ressenti, il constitue au moins sa vérité à lui, et donc une forme de vérité, contrairement à la plupart des papiers régulièrement déformés pour correspondre à ce que veut le lectorat, l'éditeur, le pouvoir politique… Ainsi, le journaliste doit être l'un des protagonistes de son reportage, qu'il écrit à la première personne. Raconter ce gang de motards, pour HS Thomson, c'est donc d'abord l'infiltrer… à ses risques et périls !


J'avais aimé le style sans filtre d'Hunter THOMSON dans son recueil de correspondances « Gonzo Highway ». Je me disais que ce genre de plume racontant les Hell's Angels, ça pouvait dépoter, brosser de jolis portraits ! Après avoir lu l'Acide test de Tom Wolfe, issu de la vague du nouveau journalisme et qui plonge son lecteur au coeur de ses délires les plus fous, je m'attendais à du lourd. Eh bien non. Sur la forme, la plume est alerte mais presque policée ou bridée, comme si, au fond, elle ne donnait qu'une partie de sa vision des faits. L'auteur s'appuie sur des articles de presse, les compare avec des écrits de justice, des témoignages de Hell's Angels, ainsi qu'à sa propre expérience. Les mêlant, il prétend faire la lumière sur la réputation de ce gang de motards, qui serait déformée par les journaux. Il imbrique les points de vue pour nous faire sentir dans un palais des glaces, avec des miroirs grossissants, amincissants, ondulants ; Et ces différents points du vue, ces différents reflets d'une même réalités, sont réfléchis, repensés par notre cerveau qui s'en fait son image de ce qu'il pense approcher la vérité, cette « réalité objective » dont on a du mal à vouloir se défaire.


Pour cela, l'auteur colle aux faits : de la statistique, de la mécanique, de la stylistique du gang, de l'art d'éviter les flics sur la route, de nier ce que les journalistes disent sur le gang, mais de dérouiller ceux qui en douteraient… Mon ressenti, c'est qu'au fond, on n'est pas plus fixé après qu'avant, et on en oublie un peu les personnages principaux : J'aurais trouvé intéressant de rencontrer les individus qui se cachent derrière leurs noms de clan (Zorro, Petit Jésus, Minus, le Parano, Terry le Clodo, Ed le Dégueulasse, la Brute…), leurs barbes décolorées, leurs tatouages et leurs piercings. J'étais venue faire leur connaissance mais ils demeurent en toile de fond : on approche plus le gang en tant qu'entité. Ça se défend, dans la mesure où leur devise est « Un pour tous, tous pour un » : Ce gang existe pour qu'aucun d'entre eux ne soit seul ; Il fait peur parce qu'aucun d'entre eux n'est seul ; Ils survivent parce qu'ils ne sont pas seuls. Ils font front ensemble face à une société qui les a, selon eux, rejetés comme étant des moins que rien, et qu'ils rejettent à leur tour en ignorant ses lois, ne suivant que les leurs. Mais ça me laisse une impression de survol.


Pour partie, je comprends ce choix : D'une part, si les Angels attendaient une chose de Thomson c'était « la vérité », ou du moins « leur vérité », par opposition à ce que les journaux et flics disaient d'eux ; D'autre part, il était difficile d'écrire des choses personnelles sur chacun sachant que tous allaient les lire. Enfin, l'auteur se méfiait certainement de ce qu'il écrivait sur ces personnages à la dérouille facile, car si l'emblème du gonzo est un poing à deux pouces, ceux des Hell's Angels sont réels et aguerris, comme Thomson en a fait les frais pour de vrai… Cependant, si je referme l'ouvrage avec quelques images crédibles de l'ambiance, c'est également avec le souvenir de quelques moments d'ennui, et surtout la déception d'être restée sur ma faim, de n'avoir pas appris grand chose : Pour m'intéresser à eux, j'aurais aimé les toucher de la plume, même s'il vaut mieux éviter de les chatouiller. Pour le coup, j'ai trouvé son journalisme subjectif un peu trop objectif et superficiel, à mon goût, contrairement à l'Acide test de Tom Wolfe : Lui avait su à la fois conserver sa vison journalistique, et m'immerger totalement dans le monde qu'il décrivait. J'espère donc que Las Vegas Parano sera moins sagement descriptif, Monsieur Raoul Duke ! En attendant, moi, je rêve juste de liberté avec Loevenbruck


« le reportage gonzo allie la plume d'un maître-reporter, le talent d'un photographe de renom et les couilles en bronze d'un acteur. » (Hunter S. Thompson)
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Plutot amateur du politiquement incorrect et possédant un superbe 103 SP sport , guidon torsadé , queue de raton laveur du plus bel effet sur selle en cuir chopper ( engin ne manquant pas de faire baver d'envie tout le quartier en me voyant fendre la bise à plus de 28 km / h vent de dos ) , ce bouquin présentait tous les signes du moment tres sympathique en perspective . Ecrit , de plus , par un jeune auteur subversif , adepte du journalisme gonzo , futur papa du délirant Las Végas Parano , alors là , aucune faute de gout à l'horizon ! le temps d'enfourcher " la bete " , de faire le plein vital de drogues et de bieres et me voilà partie prenante d'un récit qui aura soufflé le chaud et le froid sur pres de 400 pages...

1965 : Thompson , la petite trentaine , décide alors de se pencher sur le phénomene Hell's Angels . Pour se faire , il les suit sur pres d'un an pour , au final , nous délivrer un récit personnalisant l'adage du verre à moitié vide et à moitié plein .
Zorro , Petit Jésus , Minus , le Parano , Terry le Clodo , Ed le Dégueulasse , la Brute... voilà quelques uns des doux sobriquetes avec lesquels l'auteur aura à se familiariser , surnoms faisant désormais office d'état civil . Comme l'aurait dit Coluche , on est une bande de jeunes , on s'fend la gueule sauf que tout le monde ne l'entend pas de cette oreille ! Notamment le sénateur Murphy qui les perçoit comme une bande de brutes dégénérées et qui s'empressera , des lors , de les appréhender sous la forme d'un rapport peu flatteur . Alors , ces Anges de l'Enfer , véritables démons apocalyptiques ou phenomene societal minoritaire exagérement déformé par une presse avide de lecteurs ?

Hell's Angel , c'est avant tout un art de vivre . le refus de toute loi , de tout systeme . le biker inculte sans foi ni loi , cradingue et aviné , symbole d'une liberté ultime dans une Amérique puritaine . Meme s'il est fortement fantasmé , le gars à la rossinante pétaradante détonne dans le paysage ! Cheveux hirsutes , tatouages expréssifs , il passe rarement inaperçu . Majoritairement issus des classes moyennes , peu d'entre eux bossent à temps plein , préférant de loin se consacrer à leur famille de coeur : les Hell's Angels . Définition toute personnelle de l'amour : penser à une femme comme l'on pense à sa bécane , véritable prolongement du biker . Il n'existe pas deux Harley identiques au monde ! Loisirs favoris de ce rebelle des temps modernes : rouler de concert avec tous ses potes ; castagner du quidam ; organiser des réunions , propices aux plus grosses gueules de bois jamais endurées sur le continent ! L'alcool , c'est bien , mais sans la drogue , ça pique moins les yeux . Benzédrine , Méthédrine , LSD , le biker en goguette aime varier les plaisirs et étancher sa soif de connaissance ! Et la femme dans tout ça ? Elle y a sa place et se doit d'etre plutot tolérante quand à ses légers écarts de conduite . le biker aime sa mémé ( femme ) mais également celle des autres , n'hésitant pas à donner de sa personne afin d'apporter un peu de bonheur dans ce triste monde ! Oui , le biker est altruiste ! A noter que lors de réunions organisées , nombre de ces femmes participaient de leur plein gré , au risque d'etre la source de dérapages inévitables , l'alcool et la drogue les justifiant pleinement . Les plaintes pour viol n'étaient pas inaccoutumées mais paradoxalement , elles débouchaient rarement sur des condamnations , la femme déçue et frustrée ayant alors noirci le tableau et passant de " victime " consentante à plaignante régulierement déboutée . Il est également un paradoxe ambulant . Il rejette tout systeme mais se plie sans broncher aux regles de son gang . Il semble anti patriotique mais castagne à tout va lors d'une manifestation anti-vietnam . Son leader emblématique et fondateur , Ralph Barger Jr , n'hésitant pas à offrir les services de ses membres à Lyndon Johnson , sous couvert d'une lettre . Lettre restée toujours sans réponse à ce jour . J'ai comme dans l'idée que c'est foutu...
Le biker a trois ennemis : les motos asiatiques , les flics et les journaleux ! Ce sont ces memes journalistes qui en feront des parias , des rebuts de la société , en n'hésitant pas à les accuser systématiquement de tous les méfaits possibles et inimaginables . Une altercation faisant un blessé finira par déboucher sur un triple meurtre dans les journaux . Deux gars patibulaires arrétés pour vol , viol ou baston et portant des vetements ressemblant vaguement à la tenue si caractéristique de ces nouveaux hors la loi et c'est , une nouvelle fois , le biker qui est montré du doigt . Les exemples sont légion . Les journalistes font désormais leur beurre sur un sujet porteur et instaurent une crainte injustifiée du barbu à la Harley . Il est devenu le pestiféré , le paria associal et bestial qu'il faut à tout prix éradiquer ! Loin d'etre des enfants de coeur , ils ne furent pas ces sauvages irrévérencieux et sanguinaires si injustement décriés ! Les bikers charrient bon nombres de fantasmes majoritairement imputables aux journaleux ! Des lors en découleront logiquement une véritable terreur de la populace à leur encontre et un harcelement policier sans répit , objets de nombreuses représailles inévitables . Mais les gars , aussi atypiques soient-ils , ont un code d'honneur . On ne touche pas à un membre impunément . le couvert et le gite sont assurés de jour comme de nuit à n'importe quel Hell's Angel et ceci sur tout le territoire...Bref , on l'aura compris , les anges de l'enfer sont un univers à part entiere qu'il est difficile d'integrer ! Un univers aussi intrigant qu'attrayant : Easy Rider d'Hopper et l'Equipée Sauvage de Brando au cinéma en étant de parfaits exemples .

Un bouquin interessant sur le plan structurel de ces gangs et leur " way of life " si particulier mais qui me laisse cependant sur ma faim , faute de détails historiques . J'aurais aimé découvrir les prémices de ce mouvement contestataire , son évolution . L'auteur s'est , ici , borné à en décrire son quotidien , certes instructif mais au gout d'inachevé ! A l'instar de Thompson , j'ai entamé ce bouquin tres curieux , limite admiratif pour finalement en sortir désabusé...
Les Hell's Angels m'apparaissant désormais beaucoup plus comme un épiphenomene , instrumentalisé de toutes pieces que comme une légende Américaine...
Boooorn to be wiiiiiillld...
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Au milieu des année 1960, Hunter S. Thompson passe un an avec le plus célèbre des gangs de bikers : les Hell's Angels.

Alors que le club est au sommet de sa célébrité, les médias en donnent une image extrêmement négative ; les motards sont présentés comme des violeurs, des pilleurs, semant la destruction et la désolation sur leur passage, tels les Huns.

En s'intégrant au groupe, l'auteur donne une version plus nuancée et certainement plus proche de la réalité. Loin d'être des enfants de coeur, les agissements et motivations sont tout de même plus complexes que ce qui est présenté par les grands journaux, et pris pour argent comptant par l'opinion publique.

Entre récit et réflexion, sur fond de guerre du Vietnam, on découvre avec ce récit l'Amérique des années 60 par le prisme des parias, des rebuts de la société.

Un livre parfois un peu décousu, mais vraiment prenant, à condition toutefois d'être au préalable intéressé par le sujet.
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Après avoir passé quelques bonnes soirées avec les Sons of Anarchy, ces anti-héros symptomatiques d'une revendication très américaine du choix de la communauté contre l'État, je me suis dis qu'il était temps pour moi de plonger plus avant dans cet univers de grosses mécaniques peuplé de hordes de mastodontes aux cheveux longs et de revenir à la source même du mythe : les Hell's Angels. du coup, je décide de lire cet ouvrage emblématique du journalisme gonzo, passant outre le fait que j'avais détesté la lecture de Las Vegas Parano du même auteur. Eh bien je dois dire que j'ai bien fait d'oublier mes préjugés car j'ai vraiment apprécié cette découverte.
Tout d'abord, je me renseigne : le journalisme gonzo est une méthode d'investigation journalistique axée sur l'ultra-subjectivité. En immersion dans son sujet, le parti pris par le journaliste «gonozoïde » est de s'exprimer à la première personne, et non de façon neutre et objective, comme l'exige en principe la déontologie journalistique. Il informe ainsi son lecteur sur la nature et l'intensité des facteurs « déformant » son point de vue. En faisant appel à son sens critique, le lecteur peut ensuite recomposer une image plus vraisemblable de la réalité s'il le souhaite.
Ok, ça veut dire que Hunter S. Thompson a passé un an à côtoyer ces vilains barbus en Harley Davidson, à les suivre dans leurs chevauchées sauvages, et à se battre pour défendre sa ration de bière, tentant de gagner leur confiance. Il écrit au jour le jour et on sent bien en le lisant l'évolution de son regard sur les Angels. Au départ, avant de percer leur véritable nature de “loser”, on sent bien qu'il croit en eux. Il dénonce les ravages (sur l'image des Angels) causés par les médias qui se sont embarqué dans une paranoïa générale. Et c'est vrai, je pense aussi que sans les journaux (même les plus sérieux) qui ont relayés des informations délirantes et non vérifiées (voire même parfois fausses), les Hell's Angels ne seraient jamais devenu ce qu'ils sont aujourd'hui, un véritable mythe, ils seraient resté une bande de péquenots à moto comme il y en avait plein à cette époque.
On est édifié sur les méthodes employées : « Il suffit d'avoir bossé plus de deux mois dans un journal pour savoir que l'histoire la plus délirante peut faire un papier sensationnel, avec un minimum de précautions techniques évitant au journal tout procès en diffamation en lui garantissant pourtant simultanément tout l'impact souhaité sur le lecteur. Cette technique s'appuie sur quelques mots-clés, dont « présumé » est le principal, et quelques expressions astucieuses, à savoir : « Un tel a déclaré », ou « prétendu », « on rapporte » et « selon les dires de… ». Sur quatorze brefs paragraphes l'histoire du Times comporte neuf expressions de ce genre […]. Sans bien entendu jamais mentionner ni laisser entendre que toutes poursuites ont été depuis longtemps abandonnées contre les Hell's Angels. » Bref, on a fabriqué ainsi en quelques articles l'ennemi public N°1 de l'Amérique.
Après, tout ne part pas de rien, il n'y a pas de fumée sans feu, ces motards ne sont pas des anges même si leur nom l'indique. Mais enfin, en lisant ce livre l'intérêt n'est pas de savoir si les Hell's Angels étaient des gentils ou des méchants, on s'en fiche un peu, non l'intérêt c'est de voir comment a été créé un mythe, de découvrir que ce temps était le début d'une nouvelle ère qui préfigure le « no future » qui suivra (et qui dure encore)… « le motard rebelle envisage l'avenir de l'oeil désenchanté d'un homme précisément sans avenir ».
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, ce livre donne à réfléchir, à penser, il nous fait voir notre société en face et ce n'est pas vraiment joli, l'engouement du public pour les Angels par exemple mérite réflexion, mais je vais m'arrêter là en espérant avoir donné envie à certains de se lancer eux aussi sur cette route à 180 à l'heure ^^
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"Quand tu débarques dans un lieu public, faut scandaliser le bon peuple (…). Faut faire une apparition répugnante. On est des vrais parias, rejetés de la société. Et c'est ce qu'on veux être. Tout ce qui est valable pour eux ne peut pas l'être pour nous. le monde ne veux pas de nous et nous on veux pas de lui. Pour les gens on est la lie de la terre."

Convié en 1965 par le redac chef de The Nation à écrire un article sur les Hell's Angels de Californie, Hunter S. Thompson s'immerge totalement dans le sujet et fini par passer un an avec les bikers légendaires, créant au passage le journalisme dit “gonzo”, journalisme totalement impliqué, totalement subjectif, vécu et expérimenté (prise de drogues, cuites avec les sujets…), narré à la première personne.

Grosses motos et croix gammés, crasse et violence, dépravations en tout genre, blases terrifiants (Terry le Clodo, Charly La Décharge…), le Hell's Angel scandalise l'Amérique des années soixante, l'Amérique proprette, celle qui accueille les Beatles en héros… Scandale basé bien plus sur le fantasme, les articles de journaux et le fameux rapport Lynch (sénateur de Californie qui a fait des Angels sa cible numéro un) que sur des faits réels. En juste retour des choses la peur et la fascination rendent les voyous motorisés de plus en plus populaires, leurs rangs grossissent, les gauchos de la fac de Berkley voient en eux de vrais rebelles et Allen Ginsberg ou Ken Kesey s'arrachent leur compagnie. En quelques mois seulement ils deviennent les nouveaux héros de l'Amérique, LES mecs cool et se font rattraper par leur image…

Au delà du simple reportage sur un gang, Thompson dresse le portrait d'un rêve américain dysfonctionnant, fantasmant sur ses losers assumés et arrogants, ceux qui osent être libres et n'en faire qu'à leur tête, malgré le rejet, malgré la violence, malgré la prison et toutes les contraintes que la liberté impose. Démonte aussi au passage le journalisme de l'époque (qui n'a pas changé) qui joue le jeu du gouvernement et tente d'imposer de faux ennemies au peuple… On retrouve au final une galerie de personnages à la fois attachants et pathétiques, prêts à tout pour ne pas se conformer, pour ne pas faire partie de la masse, quitte à y laisser sa peau, quitte à adopter des codes encore plus totalitaires (mais assumés) que ceux de la norme (rites de passage, respect total du chef etc). Seuls contre tous, unis face à un monde pas franchement intéressant. Quitte à être rejeté autant l'être complètement et en tirer le meilleur partit possible. « Ouais, j'suis peut-être un perdant… Mais t'as devant toi un perdant qui va foutre une sacrée merde avant de quitter cette terre. »
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il reste un instant avec l'énorme bête entre ses jambes et puis il l'arrache... dans un feulement étouffé ou un rugissement à faire trembler les vitres du voisinage - mais toujours avec maestria. Et c'est en se tirant avec style chaque soir qu'il laisse aux autres la meilleure image de lui. Chaque Angel est le miroir complaisant des autres : c'est la société de l'admiration mutuelle. Ils se rassurent les uns les autres en se renvoyant l'image de leur force et de leurs faiblesses, de leur folie et de leurs triomphes... et chaque nuit, à l'heure de la fermeture, ils se tirent en beauté ; sur le dernier juke-bose, les lumières du bar s'éteignent et, avec l'assurance des ivrognes, le "Rebelle" décolle dans le clair de lune...
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Pour réagir contre l'image désastreuse que se faisait d'eux la majorité des gens, les Angels de Frisco avaient décidé de se les gagner en depannant tous les motards en difficulté avant de leur laisser une carte portant d'un côté : "vous venez d'être aidé par un Hell's Angel de Frisco" et de l'autre "le bien qu'on fait, personne ne s'en souvient. Le mal qu'on fait, personne ne l'oublie."
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Et même maintenant, après une année passée à picoler en leur compagnie, j'estime que j'ecluse plus sec qu'eux.
Mais là dessus, ils ne sont ni regardants ni mesquins. Ils arborent peut être des swastikas, mais c'est le communisme qu'ils pratiquent. Tout en clamant leur admiration pour l'esprit de libre entreprise, ils ne peuvent pas le mettre en pratique entre eux. Loin d'être purement verbal ou dogmatique, leur premier commandement serait plutôt : "Quand on a, on partage" ; et chez eux, c'est un réflexe vital.
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Si la saga des Hell's Angel s prouve une chose, c'est le terrifiant pouvoir de la grande presse new yorkaise. A eux trois, Time, Newsweek et le New York Times ont implanté dans l'esprit du public une image des Hell Angel's pratiquement créée de toutes pièces. Le New York Times est le champion poids lourd du journalisme américain. Sur 10 papiers publiés par le Times, un et un seul s'avéra fondé.
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Dans un monde où la vengeance se limite à rendre le mal pour le mal, oeil pour oeil, dent pour dent, les Hell's Angels se contrefoutent de la sacrosainte et rassurante loi du talion. A qui leur poche un oeil, ils en crèvent deux : à qui leur pète une dent, ils démantibulent toute la mâchoire
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À l'occasion de l'annonce du Grand prix de littérature américaine et des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le Book Club s'intéresse aux livres qui nous aident à comprendre l'Amérique d'aujourd'hui. Pour en parler, nous recevons Francis Geffard, éditeur chez Albin Michel et créateur du Grand prix de littérature américaine ainsi que Nicolas Richard, auteur et traducteur. Il a notamment traduit Hunter S. Thompson, Thomas Pynchon, Woody Allen, James Crumley, Stephen Dixon ou encore Quentin Tarantino.
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