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3,94

sur 522 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  

Absolument interloquée par le film épique, déjanté et grotesque de deux énergumènes en décapotable rouge au travers des déserts de l'ouest Américain, je me suis enfin laissée tentée par le livre.

Ce dernier est très fidèlement transcrit dans le film, que ce soit l'épopée fantastique du genre "Apocalypse now" au coeur d'une course de motos effrénée, aux improbables frasques de nos deux loustics au sein d'un congrès national des procureurs sur les trafics de stupéfiants ...

Un journaliste et son comparse, tantôt avocat, tantôt médecin en chemise hawaïenne, sont en route pour le grand ouest américain. Leur mission: couvrir une course d'engins motorisés vers las vegas.

Ruée vers l'Or des temps moderne, revisitée par l'influence de drogues en tous genres... Dans le coffre, l'arsenal du parfait chimiste: Ether, timbres d'acides, nitrite d'amyle, alcool, herbe et mescaline. Et , bien sûr, cocaïne.

Défoncés H24, ils ne descendent pas de leur trip. On assiste donc à des scènes oscillant entre le délire et l'humour noir, un grand n'importequoi halluciné, empli de visions de chauve-souris et de lézards en tous genres.

Ils déambulent, parmi les gens normaux incrédules.

Mais après?

Ce récit est le fondateur du reportage "Gonzo", type phare des années 70, tout ce qu'il y a de plus psychédélique et déraisonnable ...

.... mais derrière ce bruit, ce vertige, cette errance, ce chaos assourdissant, quoi? Un silence tout aussi assommant, du vide, le carcan de l' existence au sein d'un ensemble plus grand. Une quête de sens ?

"Celui qui se fait bête se débarasse de la douleur d'être homme"

Un incontournable du genre.
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J'ignore au juste quel homme était Hunter S. Thompson, ce journaliste qui, dit-on, fut l'initiateur d'un style très subjectif qualifié de « gonzo » et qui eut l'idée pour le moins virile de se suicider par arme à feu vers ses 68 ans (ce qui constitue à mon avis un âge très sain pour mourir !), mais il ne fait aucun doute qu'il appartint à la catégorie des énergumènes libérées et asociales, anarchistes et anticonventionnelles, de quoi réjouir l'amoraliste qui, sommeillant en moi et ne s'éveillant par à-coups que sous une forme assez intellectuelle et bourgeoise, se situe bien en-deçà des capacités d'audace et de nuisance d'un être pareil.
Fear and Loathing in Las Vegas (traduisez logiquement : Las Vegas Parano) raconte l'hallucinante équipée d'un journaliste, sosie de l'auteur, envoyé à Las Vegas pour couvrir un événement sportif sans intérêt, et qui profite de ce prétexte pour inviter son détraqué d'avocat dans une débauche de stupéfiants extrêmement variés, presque tous frais payés par sa rédaction. le roman entier n'est qu'un prétexte à exposer les délires de deux drogués excessifs que leur demi-folie entraîne dans des situations absurdes et intenables, le tout dans une tonalité de risque et d'urgence, d'outrance et d'hallucinations, angoissée et jubilatoire, et bardée d'observations et de critiques caustiques sur la société américaine des années 70.
En soi, l'argument du livre est minuscule et ne vaut pas grand-chose en matière d'intrigue : ce n'est guère élaboré, point construit avec un souci de direction, on a seulement l'impression juvénile et revigorante de se trouver acoquiné à deux amis irresponsables qui nous plongent dans des périls situés entre le délit potache et le crime révoltant. On se sent mené à la transgression, on se trouve grisé et flatté d'être emporté comme un gamin dans le courant de ces bêtises dangereuses parmi deux jouisseurs bêtement imaginatifs et attachants ; on franchit la frontière de maints tabous ordinaires sans sortir de sa chambre et avec juste un peu de lecture, plongeant dans le flot insoupçonné d'un style de vie au rythme dément et où chaque vague d'événements interprétés avec enthousiasme ou paranoïa incite à des surenchères de vitalité à la limite de l'overdose, au sens propre comme au figuré. On devient soi-même frénétique et trépidant, palpitant et anxieux, à la façon d'un coeur accéléré et ouvert avant l'opération chirurgicale, on redoute sans cesse avec intensité le bistouri quasi fatal de la dénonciation et de la police, on anticipe les maladresses énormes que peuvent commettre ces camés dans des états si lamentables et parmi tant de monde, on découvre in extremis leurs ruses balourdes pour se sortir des mauvais pas, on rit de soulagement et on exulte de liberté puérile, déraisonnable et hyperbolique.
C'est un certain côté de l'Amérique, je crois, qui nous est dévoilé dans ce livre, aux antipodes de la respectabilité d'apparat et des réussites honorables des pionniers dont on y fait les exemples ; l'opposé, en somme, du mondain chrétien qui constitua une grande part de l'imagerie associée au fameux rêve américain : le goût effréné, instinctif et brutal, de la sauvagerie et des plaisirs abandonnés, l'aspiration aux grands espaces affolants et les tentatives éhontées d'existence absolue, tout ce substrat de « ça », sexuel et violent, que ne s'assume pas un pays pourtant de démesure naturelle et urbaine – genre Kerouac et Kilodney. Et Las Vegas, justement, est en cela le lieu de tous les n'importe-quoi moraux plus ou moins institués en système ; Las Vegas est un appel aux comportements les plus anormaux mais cantonnés au sein d'un espace codifié ; Las Vegas est l'incarnation d'une folie permise, circonscrite, géométrique, réglée où se précipitent comme dans ce roman tous les anti-héros de l'arrière-société, cachés derrière la société, partisans indécelables de l'antisociété.
Ce livre contient des pages d'une drôlerie irrésistible ; il vaut le détour par l'originalité délirante qu'il propose et qui constitue une puissante réjouissance, comme une défonce où toute pudeur disparaît – on n'en sort pourtant pas transporté, c'est une anecdote littéraire, du pur divertissement pour l'éclate, une parenthèse d'acides et d'amphétamines survoltée pour ceux qui se rêvent, mais en imagination seulement, mauvais garçons ou mauvaises filles. Sans doute, passé l'effet de surprise et l'extrapolation symbolique (l'inconscient dépravé de l'Amérique au joli verni dont j'ai parlé), on n'en tirera que quelques astuces de situations et de répliques, le tout nettement inspiré d'une véritable expérience de l'insoumission et des drogues ; un lecteur en quête de substance profonde n'en gardera à la limite qu'un certain trouble s'il en extrait rien qu'une tentation à suivre cette voie en quelque sorte valorisante de l'insolence et de l'ardeur, de l'incendie et du séisme, mais ce trouble, pour un pareil lecteur, sera sans doute de courte durée : c'est que situationnellement aussi, ce road-trip est une parenthèse, comme le suggère le récit lui-même en rendant aux personnages le fard policé, le costume propret, de leur quotidien sitôt Las Vegas laissée derrière eux. L'excès, on l'éprouve en définitive, est moins un mode de vie qu'une purgation provisoire, et c'est presque avec déception que ce retour à la normale s'effectue en nous-mêmes : le dénouement, l'achèvement de Thompson est une douleur, car il traduit l'impossible extase dont nous sommes tenus éloignés par tout le poids de nos choix passés et des conventions sociales. L'absolu est inatteignable, cette « pulse » quasi-mystique de la Beat Generation, il n'y a que l'art à peu près pour en figurer la porte d'accès, mais c'est encore moins une porte qu'une fenêtre par laquelle on ne passe pas, à moins que tout s'achève pour nous en un immense et majestueux suicide de toutes valeurs et en accomplissant la jonction pleine et entière des pensées et des actes inconséquents. Ne craindre rien ni personne, se consumer en éclatante vitalité, s'opposer à tout en kamikaze du perpétuel dernier jour : qui osera un pareil sacrifice du moral unanime au profit de l'assomption égoïste de l'arbitraire intérieur et du plaisir insatiable ? Pas moi, oh ! non, pas moi non plus ! et pourtant bien peu comme moi ont perçu l'hypocrisie et la froideur contenues dans nos lois grégaires, mais, en une certaine façon, le grégaire est aussi un élément de vitalité, en ce que la conservation de soi fait partie du principe essentiel de la vie : détruire, oui, par goût du carnage certainement, mais se détruire soi-même ? jusqu'où peut-on aller dans pareille entreprise sans se dissoudre jusqu'à l'absurde ? Être cohérent, c'est au moins exister : il faut de ces retours à la réalité par lesquels, sans pour autant se perdre de vue, on recouvre sa force, on cesse d'être une illusion et un rêve. Il y a, dans l'immoralité que nous fait vivre Thompson, une moralité foncière et légitime, et c'est celle qui consiste en l'aperçu de sa propre persistance : vouloir tout brûler, peut-être, mais pas jusqu'à fanatiquement renoncer à soi-même. C'est peut-être un confort, qui sait ? une lâcheté ? Mais lisez Las Vegas Parano, et voyez s'il n'y a pas aussi quelque folie à tenter le saut vertigineux par lequel la raison même s'abîme dans le gouffre de l'éternelle crainte et de la totale inconscience. Vous sentirez finalement, et peut-être à défaut de le comprendre, pourquoi vous ne devez jamais, même par mégarde, vous faire passer pour qui vous n'êtes pas, pour qui vous vous vous efforceriez en vain de ressembler jusqu'à vous perdre vous-même par défi d'être ce que les autres réclament de vous.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Roman qui va dans tous les sens, sans vraiment un trouver un. J'ai personnellement eu beaucoup de difficultés à m'identifier aux deux personnages principaux complètement barjos (mais plutôt bien décrits de manière très réaliste pour être honnête).

Le livre dépeint un aspect sombre et complètement orienté sur les drogues dures de Las Vegas. Peut-être que le film offre plus de possibilités de rentrer dans la folle histoire de Raoul Duke et de son avocat.
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Un livre mené tambour battant – certes – avec un ‘flow' beatnik mais qui ne m'a pas fait rire du tout. C'est un loufoque very bad trip sans intérêt à moins peut-être d'être bourré d'autant d'amphétamines pour le lire qu'il en a fallu pour l'écrire. Sans doute le livre d'une génération. Il fallait donc en écrire 1. Mais 1 suffit. Et vous pouvez en lire 0. Je préfère de loin Burroughs ou Kerouac. Sinon, quand même, un vague souvenir dans les derniers chapitres, où le duo débarque dans un bar paumé à la recherche d'un ranch, et le dialogue qui s'ensuit, du genre : « ah le ranch truc ? oui, oui, je vois où c'est. Alors prenez à gauche en laissant la station essence derrière vous. Puis vous filez tout droit sur 2km. Ensuite vous verrez un panneau avec (se retournant vers le cuistot) : avec quoi déjà Dédé sur le panneau ? tu te souviens ? (et l'autre) quoi ? sur le panneau vers ranch truc ? tu parles de quoi ? (et l'autre) oui oui ce ranch-là, celui du père Machin qui a couché avec la mère Michèle l'an dernier, même que ça a fait un foin pas possible quand son jules l'a appris et que… etc. etc. » ainsi de suite sur 5 pages pour déboucher sur rien, ce qui pour le coup était rigolo. le reste ce sont des mises en situation sans relief littéraire ni le génie comique d'un Céline.
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Années soixante-dix. Duke, journaliste, et son avocat Dr Gonzo, partent tous les deux pour Las Vegas dans une décapotable de location. La bagnole est remplie d'alcool, de drogues et d'éther. Pour le voyage.

Les voici à Las Vegas pour couvrir la Mint 400, une course de motos dans le désert. Entre deux bières chaudes et la gueule de bois.

Les voilà ensuite, ironie du sort, après avoir dévalisé un premier hôtel, voulu se tirer et puis finalement revenus, à couvrir une conférence, emplie de flics et de procureurs, sur les dangers des drogues.

Ils prennent de tout: cocaine, alcool, éther, amphétamines, poppers. C'est une orgie de drogues et l'apologie d'un « rien à foutre » incroyable. On est sans cesse à la limite d'être attrapé par la police ou de se faire tuer.

C'est du grand n'importe quoi. Des hallucinations, de la violence pure, de la gerbe au sol dans la chambre d'hôtel, un flingue chargé, de l'autodestruction, une sorte de monde parallèle, irréel, incohérent, perçu par deux drogués. Une démence et une démesure. Sans sommeil.

C'est un peu drôle, parfois. Les deux cons defoncés rient aux dépens de gens crédules et naïfs, et ça porte à sourire. Et puis c'est grisant dans le sens où c'est un pied de nez au danger. Comme un énorme dédain de la préservation de sa propre existence.

Ce n'est pas très bien écrit, mais écrit dans une sorte d'urgence, une frénésie de faits qui s'enchaînent à toute vitesse. Ce qui tient le lecteur haletant, dans une certaine tension, avec des palpitations presque.

Ça ne raconte rien au juste. le voyage et les événements à couvrir ne sont que des prétextes à décrire une orgie, à expliquer les effets galvanisant et puissants des drogues - mais aussi la connerie et la paranoïa qu'elles provoquent -.

C'est, je dirais, un livre pour hommes. Des hommes qui confondent vitalité et grande liberté, avec la débilité de faire n'importe. N'étant pas bien concernée, ce roman m'a causé quelque impatience et ennui parfois. Je l'ai lu comme une grande répétition de divagations, de délires déments, de confusions mentales.

J'en suis venue à bout surtout par cette discipline que je m'impose: terminer un livre avec l'espoir de, pourquoi pas, trouver au moins une page remarquable.

Je n'y ai rien trouvé d'admirable.

Malgré cela, j'ai tout de même appris quelque chose. Les deux compères s'alimentent de pamplemousses, et cela m'a assez intriguée. Pourquoi donc? J'ai trouvé en trois clics. J'ignorais que le pamplemousse associé à certains médicaments ( anxiolytiques, antipsychotiques), bloque l'absorption de la substance. du fait le médicament pénètre dans l'organisme sans être transformé, ce qui provoque des surdoses.

Ce roman, pour autant pas désagréable, m'a fait l'effet d'un programme de divertissement que l'on regarde à la télévision. On sait que l'on perd son temps mais on se laisse prendre, absorbé, happé par ce que l'on voit. On sait que ça ne vaut pas grand chose, et pourtant on veut quand même savoir comment cela va finir.

Voilà comment il faut le lire: comme une distraction, qui n'apportera rien au juste si ce n'est un grand dépaysement, parce ce qu'il raconte ce que l'on ne fera probablement jamais.
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Autre livre récemment terminé, Las Vegas Parano de Hunter S. Thompson. Avec ce roman, changement de style garanti !
Raoul Duke et son avocat, Docteur Gonzo, partent couvrir la célèbre course dans le désert, la Mint 400 à Las Vegas. A bord d'une Great Red Shark et avec une cargaison de drogues impressionnantes "Nous avions deux sacoches d'herbe, soixante-quinze pastilles de mescaline, cinq feuilles d'acide-buvard carabiné, une demi-salière de cocaïne, et une galaxie complète et multicolore de remontants, tranquillisants, hurlants, désopilants... sans oublier un litre de tequila, un litre de rhum, un carton de Budweiser, un demi-litre d'éther pur et deux douzaines d'ampoules de nitrite d'amyle."

Outre le récit complexe et haché de Duke et du Docteur Gonzo à travers Las Vegas à la poursuite du Rêve Américain, dans des chambres d'hôtels dévastées, avec une adolescente en fugue qui dessine des portraits de Barbara Streisand ainsi qu'une Conférence Nationale des Procureurs sur les Narcotiques et les Drogues dangereuses ; Hunter S. Thompson retranscrit fidèlement les hallucinations des deux héros dont les conséquences peuvent être risquées.
Cette épopée déjantée nous transpose en 1970, à l'époque où tout était encore possible, on est transporté, malmené, un peu comme si une pastille de mescaline avait été mise dans notre verre à notre insu. le roman décrit une époque révolue, un historique des drogues, du L. S. d'et une partie de la vie de l'incroyable Raoul Duke.
Mais le récit est plutôt difficile à appréhender, de part la grande quantité d'anecdotes racontées mais également par les très (trop ?) nombreuses références à des personnalités dont on ignore tout...

"Pourquoi pas ? fis-je. Il est probable que Melvin Belli se serait occupé de lui pour une affaire comme ça." - page 192
"Bloomquist écrit comme quelqu'un qui aurait un jour bravé Tim Leary danzs une réunion de campus et qui aurait dû payer toutes les consommations." - page 203
"Leur sonorisation ressemblait à ce que Ulysse S. Grant aurait pu trouver de mieux pour s'adresser à ses troupes durant le siège Vicksburg." - page 201
"Sonny Barger ne compris par vraiment le truc, mais il ne saura jamais combien il est passé près d'une prise de position colossale lorsqu'en 1965, à Oakland-Berkeley, les Angels, agissant sur ses instincts de dur à cuire et d'arnaqueur de première, attaquèrent les rangs de front d'une marche contre la guerre" - page 261
Et ce ne sont que quelques exemples. On se demande si c'est un délire du héros, une précision historique, une précision culturelle. C'est trop brouillon et cela m'a fait perdre plus d'une fois le fil de la lecture. Ce qui est dommage car j'avais bien aimé la quête du Rêve Américain sous acide...
Lien : http://revoir1printemps.cana..
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