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Qui se soucie de la vérité et de la justice? A priori, pas grand monde ... Jim Thompson tire un portrait au vitriol de l'Amérique des années 50 Un coupable idéal, ici Bob Talbert, adolescent de 15 ans désigné comme le meurtrier et violeur présumé de sa jeune voisine. Qu'importe qu'il soit coupable ou innocent du moment qu'il joue son rôle... La construction est originale, l'auteur pas avare donne la parole et le droit à un chapitre à tous les protagonistes qui gravitent autour de l'affaire : la famille du criminel, un couple d'américains moyens dépassés par l'évènement, l'inculpé, un ado déboussolé, le patron et le rédacteur en en chef du journal le Star focalisés sur les tirages, le journaliste qui mène l'enquête à sa façon, l'avocat au procureur attiré par les feux de la rampe puis le policier dubitatif et versatile "Ma foi, il était tout aussi possible qu'il soit coupable ou qu'il ne le soit pas. Je n'aurais pas affirmé qu'il l'était, mais je n'aurais pas non plus affirmé qu'il était innocent". En récoltant la moindre parcelle de leur opinion, il ne se prive pas de leur tailler au passage un costard sur mesure. Il n'épargne personne, la justice corruptible (pots-de-vin), la presse à sensation qui s'engraisse avec les tirages, les politiciens girouettes un oeil rivé sur les élections qui suivent l'opinion, ni, les habitants qui en profitent pour verser leur bile...Au final Il n'en ressort qu'un tas de boue immonde. Du pur Jim Thompson... tout craché et cynique à souhait. Le criminel, le procès noir et sans concession d'une l'Amérique blanche lâche, raciste et très individualiste. + Lire la suite |
L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat
Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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