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France-Marie Watkins (Traducteur)
EAN : 9782070498369
224 pages
Gallimard (03/07/2002)
3.99/5   325 notes
Résumé :
The Killer Inside Me (1952)
Publié en français sous le titre "Le Démon dans ma peau", Gallimard (1967 à 2002) puis
dans une nouvelle traduction intégrale sous le titre "L'Assassin qui est en moi", Payot & Rivages (2012)

Lou Ford est un jeune adjoint au shérif avenant, serviable, séduisant. Son supérieur, sa fiancée, les jeunes qu’il soutient, les coups de mains qu’il donne volontiers font sa popularité. Bref, dans la petite ville un peu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Si l'assassin qui est en moi… était un chocolat ? Et quid du film?

Je me permets d'amender cette critique chocolatée suite au visionnage hier soir du film directement inspiré du roman et de la prise en compte de quelques remarques pertinentes de lecteurs avisés.

Offert pour les fêtes de fin d'année, surpris, je déballe ce roman de Jim Thompson inconnu pour ma part. Après la déception certes relative de « 1275 âmes », je souhaitais lire un autre classique du polar noir de ce même auteur «Le démon dans ma peau». Quelque temps après, je découvre en fait que «L'assassin qui est en moi» n'est autre qu'une réédition de ce dernier sous la forme d'une première traduction intégrale du roman, avec environ une dizaine de pages en plus. Il s'agit également pour l'éditeur de surfer sur l'adaptation du roman au cinéma « The killer inside me », avec Casey Affleck et Jessica Alba, sorti en 2010, dont je vais vous donner mon avis en fin de critique.
S'agissant du roman, Jim Thompson confie la narration à Lou Ford, shérif adjoint à Central City dans le Texas. Il nous fait pénétrer ainsi dans l'esprit de son personnage principal et se permet même de narguer le lecteur à plusieurs reprises durant le récit afin de captiver complètement son attention. On apprend alors que Lou Ford partage sa vie entre sa future femme, Amy Stanton et une jolie prostituée nommée Joyce Lakeland qu'il devrait théoriquement chasser de la ville compte tenu de ses activités. En outre, les circonstances du décès de son frère Mike et les relations difficiles avec son père médecin, sont autant de traumatismes qui pèsent terriblement sur Lou depuis son enfance. de longues années plus tard après ce drame, Lou Ford peut-il toujours maitriser cette haine qu'il a réussi à contenir envers Chester Conway, un magnat local de la construction, qu'il suspecte d'être responsable de la mort de son frère ?

Pour ma part, après avoir terminé ce roman, j'envisageai de me lancer dans une explication un peu alambiquée sur la difficulté d'appréhender un tel livre à la fois noir, glaçant et maîtrisé de bout en bout. Et puis non…

Pour illustrer ma pensée, pourquoi ne pas établir un parallèle, certes subjectif et personnel, entre le polar et le chocolat? Important, je précise que les exemples que je donne se réfèrent à un chocolat de bonne qualité !
Je commence par le chocolat le plus tentant pour les jeunes et les moins jeunes d'ailleurs : le chocolat blanc, sucré, sans la saveur du cacao et conseillé à dose réduite pour la santé. Dans mon esprit, je l'assimile à un roman comme « Les dix petits nègres » ... d'Agatha Christie, facile à lire et au plaisir instantané. Reste que sont d'excellents tremplins que j'ai moi-même adorés plus jeunes.
Vient ensuite le chocolat au lait, familier et apprécié par tout le monde comme le sont les polars de Connelly ou Mankell. Evidemment, dans certains cas, rien n'empêche ce genre d'auteurs à réduire la part de lait au minimum comme, par exemple, mon coup de coeur « le poète ». Différent, le chocolat noir, dont les adeptes sont moins nombreux, s'apparente à ces romans plus torturés et forts, comme « Ténèbres, prenez-moi la main » ou «encore « Gone, baby gone » du talentueux Lehane.
Enfin, à l'extrémité, le chocolat très noir, au-delà de 65 % de cacao, amer et long en bouche, à déguster à petite dose, correspond évidemment à notre fameux polar « L'assassin qui est en moi » ou encore à « La griffe du chien ». Pour savourer ce roman de Thompson, il est donc préférable d'avoir gouté et apprécié d'autres polars, du plus facile à lire au plus troublant et complexe, sans bruler les étapes. Sauter d'un Agatha Christie à un Jim Thompson relève de l'ascension de l'Everest, en espadrille et sans entrainement. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenu !

En résumé, ce roman est un bijou de maîtrise à tous les niveaux : l'écriture employée par l'auteur place le lecteur en prise directe avec l'assassin ; l'intrigue est dévoilée étape par étape jusqu'à l'apothéose finale ; enfin, la précision des dialogues entre les personnages permet de comprendre la démarche implacable du tueur. Pour finir, je retiens la scène avec l'avocat dans la deuxième partie du roman, écrite tout en humour, subtilité et justesse.

Hier, j'ai donc regardé attentivement le film « The killer inside me » de Michael Winterbottom, remarquablement interprété par Casey Affleck. Contrairement au roman très psychologique et intérieur, le réalisateur du film a choisi la violence physique ouvertement démonstrative à partir de séquences choc des meurtres des deux femmes notamment. En outre, le film cherche trop à mon gout à démontrer la culpabilité de Lou Ford et les invraisemblances commises lors des assassinats alors que ce n'est qu'un axe parmi d'autres du récit. Par ailleurs, le choix des musiques est assez déroutant, particulièrement sur la dernière scène du film.
Au final, un film beaucoup trop visuel et par moment insoutenable qui veut respecter le livre, en picorant des dialogues ou citations percutants, sans en approcher la puissance psychologique et dramatique. Dans le même genre très réussi cette fois, le film « Drive », brillamment interprété et scénarisé, est un petit bijou à découvrir.

Pour revenir et conclure sur le texte original, un très grand roman glaçant et passionnant à la fois, de moins de trois cent pages, à lire et à relire, me donnant envie de découvrir le roman « Rage noire» du même auteur.

Je vous souhaite une excellente dégustation… même si, c'est certain, tous ne goûteront pas le même plaisir qu'a été le mien.

PS : Amis lecteurs, je suis toujours preneur de vos meilleurs chocolats, noirs de préférence ! Concernant Agatha Christie, pour éviter les malentendus, juger ses romans « légers » ne signifie en aucun cas qu'ils ne sont mauvais, bien au contraire. Très important pour les nombreux fans que je salue.
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Ne voulant pas avoir l'impression d'escalader l'Everest en espadrilles et sans entraînement (1), j'ai donc suivi le conseil de l'ami Jeranjou et lu quelques polars noirs avant de m'attaquer à ce monument (que j'ai acheté dans sa première traduction intégrale - autant faire les choses correctement !) de la littérature noire.

Munie d'un solide entraînement avec ces messieurs Winslow, Himes, Hammet, Hansen, Williams, Block, Lehane, Johnson... j'ai chaussé mes crampons et escaladé ce monument du grand Jim Thompson.

Alors, chocolat noir ou chocolat au lait ? (2) Nous allons l'analyser...

Tout le sel de cette intrigue se trouve dans le fait que c'est Lou Ford, l'adjoint du shérif, qui nous raconte ses tribulations... Nous sommes dans sa tête et notre narrateur à l'art et la manière de nous tenir en haleine.

Lou, il a l'air un peu simplet, un peu plouc sur les bords, on lui donnerait le bon Dieu sans confession... Heu ? Son âme est plus noire que du goudron !

Lou ne fait rien à moitié, d'ailleurs, monsieur a même deux gonzesses : Amy Stanton, "l'officielle" et Joyce Lakeland "une jolie pute". C'est d'ailleurs à cause de cette pute - qu'il saute allégrement - que son assassin s'est réveillé. Lou Ford a beau faire tout ce qu'il peut pour cacher sa véritable nature, les morts étranges s'accumulent autour de lui comme des mouches sur un étron fumant.

De plus, notre ami Ford possède déjà quelques cadavres dans son placard : un crime commis dès son plus jeune âge; son demi-frère, Mike, fut accusé et emprisonné à sa place. Ce qui le fiche en l'air, c'est la mort "accidentelle ?" du demi-frangin, après sa libération. Ajoutez à cela des relations assez difficiles (euphémisme) avec son père médecin (qui est mort) et vous avez presque cerné l'animal.

Niveau "traumatismes", on ne peut pas dire qu'il soit en manque.

Lou Ford a donc la rage envers Chester Conway, le magnat local de la construction. Pourquoi ? Parce qu'il le suspecte d'être responsable de la mort de son demi-frère. Sans compter qu'un syndicaliste lui fait comprendre que Conway n'était pas en règle dans le chantier que son demi-frère inspectait... À croire qu'il voulait que Ford déchaîne son p'tit killer !

Noir, ce polar ? Oh, pas tant que ça... Cinq morts : les deux premiers pour la vengeance et les trois autres pour se couvrir. On pouvait faire pire, non ? *air innocent*

Et puis, Lou est un personnage merveilleux : un assassin cynique, hypocrite, possédant une certaine propension à nier l'évidence, faisant preuve d'une froideur dans la préparation de ses crimes, possédant une assurance à toute épreuve, un certaine propension à baratiner tout le monde, le tout mâtiné d'un sentiment de puissance et d'impunité.

Monsieur sème la mort avec délectation car il a le sentiment d'être dans son bon droit.

Ben quoi, c'est pas sa faute, non, si tout le monde se met en travers de sa route ? Non, mais, allo quoi ? Sont-ils tous aussi cons d'aller poser leur cou sur le billot alors que Lou a une hache en main ?

Alors, vraiment un chocolat noir au-delà de 65%, ce roman ? Stop ! Avant de me faire descendre par Jeranjou qui pointe un révolver sur ma tempe, je peux vous l'avouer : ce polar, c'est "noir de chez noir" et garantit pur cacao à des hautes teneurs.

Le personnage de Lou Ford est magnifique de cynisme, plusieurs fois ses pensées m'ont fait osciller entre le rire nerveux ou l'effroi pur et simple.

La ville de Central City, la seule que Ford ait jamais vu de sa vie, est remplie de canailles, elle aussi : tout le monde sait que les notables de la ville se tapent la pute, mais tout le monde la ferme; les syndicats sont plus pourris que la bouche d'un vieil édenté; c'est Conway qui dirige la ville et tout le monde est à ses bottes, quant au procureur, il ne vaut pas mieux.

Notre assassin n'est que le reflet de ce que cette ville peut produire de mieux...

Ce n'est que sur la fin du récit que nous aurons tous les détails du "traumatisme" enfantin de Lou et le pourquoi il se sent obliger de tuer des femmes.

L'écriture est incisive, sans temps mort, suspense garantit, vous sentez la tension qui monte dans votre corps et vous ne savez pas ce que vous préféreriez comme final : la victoire de la police ou celle de Lou Ford...

Pris au premier degré, ce livre vous glace les sangs. Au second, ça va un peu mieux... Mais je termine tout de même glacée car à un moment donné, mon second degré s'est fait la malle (sur le final).

Verdict ? Un livre aussi bon, aussi fort et brassé avec autant de talent ne se déguste qu'avec sagesse.

(1) Jeranjou avait utilisé cette image qui m'avait fait beaucoup rire et je l'ai reprise (sa phrase était "Sauter d'un Agatha Christie à un Jim Thompson relève de l'ascension de l'Everest, en espadrille et sans entrainement").

(2) Jeranjou, toujours lui, avait écrit une belle critique en comparant ce livre à du chocolat noir ("au-delà de 65 % de cacao, amer et long en bouche, à déguster à petite dose, [ce qui] correspond évidemment à notre fameux polar").

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Cela fait longtemps que je ne t'ai pas ressorti l'histoire du pick-up poussiéreux que je gare aux abords d'un bar tout aussi poussiéreux. C'est presque par hasard que j'ai roulé jusqu'à Central City, Texas, guidé par le vent, emporté par la poussière. Forcément, j'y entre, dans cet antre miteux, au risque de le voir s'effondrer sur moi et ainsi me transformer en poussière. Forcément j'y commande un verre de bière, un shot de whisky. Forcément, je regarde la serveuse pulpeuse qui roule du cul – bien mieux que mon pick-up d'ailleurs – entre les tables poussiéreuses et enfumées – oui, c'était encore l'époque où l'on pouvait encore fumer et caresser la croupe de la serveuse, sans que personne ne s'en offusque.

Lou entre dans le bar, son stetson vissé sur la tête, ses santiags cognant à chaque pas le parquet sur lequel sont jonchés quelques bouts de cadavres incandescents, odeur de tabac froid, mégots jetés à l'abandon. Étrange adjoint du shérif, il a cette allure fière qu'une boucle de ceinturon et qu'une étoile sur le coeur confère à l'homme respectable du Sud. Il est beau comme un Dieu, à l'écoute de ses ouailles comme un pasteur, toujours prêt à aider son prochain ou la petite vieille du coin. Dans le genre gendre idéal à qui l'on donnerait le bon Dieu sans confession. Mais pour ça, il ne faudrait pas trop fouiller son passé, sans concession…

Il y a quelques années, Lou a commis un meurtre, son frère a plongé pour lui, il est mort depuis. Lou veut se venger, une putain à ses côtés. Mais son plan n'est pas sans accroc, et surtout il ne se déroule pas comme il l'avait imaginé. La faute à pas de chance, probablement. Mais de là, se réveille l'assassin qui est en lui… A noter que si j'ai entrepris cette lecture, du renommé Jim Thompson, c'est aussi parce que la version cinématographique de Michael Winterbottom avec Casey Affleck m'avait marqué. Une très belle adaptation d'un roman que l'on retrouve sous le titre - suivant les traductions – le démon dans ma peau ou L'assassin qui est en moi. The Killer inside me (1952) est un polar sombre, d'époque.

Les verres vides, je sors du bar, les yeux vides de vie et de désir, le regard porté sur la poussière de ma vie. Même la putain derrière moi n'y peut plus rien. le temps de démarrer ce vieux pick-up, qu'elle s'installe dans la cabine. Prochaine destination, poupée ? Où tu veux mon chou, j'ai plusieurs vies à oublier.
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Glacial, clinique et cynique. Jim Thompson frappe fort avec son flic psychopathe.
Une vraie plongée dans les méandres de la folie "maîtrisée".
Car Lou Ford, shérif adjoint de son état, est un tueur en série allumé dont la respectabilité établie trompe le monde. D'un premier abord, paternaliste, tranquille et séduisant, il va s'avérer machiavélique dans la gestion de sa folie et de sa relation à l'autre. Tout ce que l'Amérique produit de mieux depuis des décennies.

Écrit à la première personne pour garantir à l'ami lecteur une immersion immédiate dans ce cerveau dérangé, Jim Thompson manipule. Il nous fait croire au début que son héros est bon et sympathique puis pas tant que ça puis finalement pas du tout.
Quand on pense qu'il ne peut pas aller plus loin, hé bien si, il y va !
Les montées de violence sont fulgurantes comme un crotale qui frappe. Rapides comme l'éclair. Aiguisées comme des couteaux. Lou Ford a un problème avec les femmes. du coup, les femmes ont un problème avec Lou Ford. Et le problème est vite réglé.

La construction littéraire est menée de main de maître. Sèche et nerveuse. Sans gras ni temps morts. Les échanges entre les personnages retranscrivent l'ambiance glaciale du bouquin. Pas d'amour. Pas de tendresse. Pas de bons. Pas de gentils. Juste des gens qui sont prêts à tout pour survivre et dominer. La chaîne alimentaire dans tout son art. Que Lou Ford, loufoque, ne dominera pas. Car étonnamment, il fait preuve d'une intelligence simple, basique. du coup, le personnage peine à fasciner, si ce n'est par sa capacité à se penser plus malin que les autres tout en prenant le risque de tout foirer à chaque impulsion de furie non-maîtrisée. le paiera-t-il ? 3/5
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Les plus beaux fils de pute de la littérature américaine sont nés de la plume de Jim Thompson. « L'assassin qui est en moi » nous en offre un très beau spécimen : Lou Ford. Il a plusieurs points communs avec Nick Corey, le héros de « Pottsville, 1280 habitants » : il exerce la fonction de shérif dans une ville du Texas et il aime à se faire passer pour plus bête qu'il ne l'est vraiment. Il assène à ses interlocuteurs le maximum de lieux communs et d'expressions populaires possibles. Il est aux yeux des citoyens de Central City un type bien, simple mais bien. Vous avez toujours ma phrase d'accroche en tête et vous vous doutez que derrière cette façade conventionnelle se cache un individu bien plus tortueux. Nous apprenons que le demi-frère de Lou est mort en chutant d'un immeuble en construction. Son père devenu inconsolable a rendu l'âme peu après. Et Lou est bien décidé à se venger du promoteur richissime qu'il tient pour responsable de l'accident de son frère. La suite ne sera que machination, manipulation et mensonge. La justice veut des coupables ? Lou Ford va lui en offrir. C'est un monstre cynique et calculateur capable de la pire des violences. « La fin justifie les moyens », pas vrai Lou ?

Le principe du livre est de suivre les pensées tumultueuses d'un psychopathe qui va progressivement perdre le contrôle de la situation. Il est intelligent, conscient de sa folie, manipulateur et dépourvu d'empathie. Jim Thompson délivre également quelques piques sur la société américaine. Un roman culte écrit en 1952 qui a dû avoir une portée dévastatrice à sa sortie. Il a conservé toute son acuité et son audace. Et heureusement pour le lecteur français qui a patienté soixante ans pour le découvrir dans une traduction intégrale.
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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Nous vivons dans un drôle de monde, mon petit gars, une civilisation étrange. Les flics y jouent aux escrocs, et les escrocs y font régler l’ordre. Les politiciens prêchent la bonne parole, et les prédicateurs font de la politique. Les percepteurs perçoivent pour leur propre compte. Les Méchants veulent que nous ayons davantage d’argent, et les gentils se démènent pour qu’on ne puisse pas mettre la main dessus. Parce que c’e n’est pas bon pour nous, tu comprends ? Si on pouvait tous manger autant qu’on veut, on chierait trop, et ça provoquerait une inflation dans l’industrie du papier toilette.

Voilà comment je comprends la situation.
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Qu'est-ce que tu pourrais bien dire quand tu te noies dans ta propre merde, et qu'ils t'empêchent d'en sortir en te repoussant à coups de pied ? Quand tous les hurlements dont retentit l'enfer feraient moins de bruit que ceux qui cherchent à sortir de ta gorge ? Quand tu es au fond du gouffre et que le monde entier se trouve tout là-haut, quand il n'a qu'un seul visage, un visage sans yeux ni oreilles, et qui pourtant te surveille et t'écoute...
Qu'est-ce que tu vas faire et dire ? Eh bien, camarade, c'est tout simple. (...)
Tu vas dire : à cœur vaillant, rien d'impossible. Tu vas dire : un vainqueur ne s'avoue jamais vaincu, et un vaincu ne vaincra jamais. Tu vas sourire, mon garçon, tu vas leur montrer ce bon vieux sourire du combattant qui monte à l'assaut. Et puis tu vas monter sur le ring, et tu vas les frapper, fort, et vite, et au-dessous de la ceinture, et... et tu vas te BATTRE !
Hourrah !
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Ici, au pays du pétrole, on trouve pas mal de maisons semblables à celle des Branch. Dans le temps, c'étaient des ranches ou des fermes ; mais des puits de pétrole ont été forés autour, parfois même jusque sur le seuil, et tout le voisinage s'est transformé en un cloaque de pétrole, d'eau sulfureuse et de boue rougeâtre cuite et recuite par le soleil. L'herbe est morte. Les sources et les ruisseaux ont disparu, mais les maisons sont restées, noires et abandonnées au milieu d'un fouillis de sauges, de tournesols et de sorgho.
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Les trois grilles sont déjà ouvertes pour nous laisser sortir.
Il (mon avocat) se glisse laborieusement derrière le volant de la voiture qu’il a louée à Central City. Il fait rugir le moteur et démarre brutalement, et nous franchissons le portail à pleine vitesse pour emprunter la route principale qu’encadrent deux panneaux, un dans chaque sens, sur lesquels on peut lire :

MEFIEZ-VOUS
DES AUTO-STOPPEURS !
Ce sont peut-être des FOUS
Echappés de l’ASILE !

Lou Ford, schérif adjoint, sortant de l’hôpital psychiatrique, à la place du passager à bord de la voiture de son avocat !
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Je n’ai jamais fait d’études de droit, monsieur Ford ; ce que je sais, je l’ai glané çà et là dans un cabinet d’avocat. Tout ce dont je peux me vanter, en matière d’études supérieures, ce sont deux années passées dans une école d’agriculture. […]
Avant, je n’avais vu autour de moi que noir et du blanc, du bon et du mauvais. Après avoir révisé mon jugement, j’ai compris que le nom que l’on donne à une chose dépend de l’endroit où l’on est et de celui où cette chose se trouve.

Et… voici la définition, telle qu’elle figure dans un manuel d’agronomie : « Une mauvaise herbe est une plante qui n’est pas à sa place ». Permettez-moi de vous la répéter : « Une mauvaise herbe est une plante qui n’est pas à sa place ». Je trouve une rose trémière dans mon champ de maïs, c’est une mauvaise herbe. Je la trouve dans mon jardin, c’est une fleur.

« Vous êtes dans mon jardin, monsieur Ford »


L’avocat de Lou Ford et sa définition très subtile d’une mauvaise herbe
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