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Rosewater tome 2 sur 3
EAN : 9782290174203
415 pages
J'ai lu (04/09/2019)
4.01/5   35 notes
Résumé :
Rosewater, 2067. La ville est un chaos vibrant et grouillant de vie – pour partie extraterrestre. Son charismatique maire, Jack Jacques, l’a déclarée indépendante du Nigéria. Mais le dôme extraterrestre se meurt, et les forces gouvernementales attendent sa disparition pour écraser l’insurrection avant même qu’elle n’ait débuté. Dans les faubourgs de la ville où le calme règne encore, une femme se réveille amnésique, la mémoire emplie de souvenirs qui ne lui appartie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Une fois n'est pas coutume, ma critique ne me prendra pas beaucoup de temps ! Vous vous souvenez peut-être que j'avais qualifié le premier tome d'excellent somnifère ? Eh bien je crois que celui-ci est encore meilleur si tant est que cela soit possible. J'avoue d'ailleurs n'avoir quasiment aucun souvenir de l'intrigue (enfin des multiples histoires et personnages qui se mélangent là-dedans). Ne me demandez pas de vous résumer l'histoire, j'en serai totalement incapable, d'ailleurs j'ai déclaré forfait 50 pages avant la fin. Mais bon, au moins j'aurai essayé.
Tout ce qui surnage dans les limbes de mon cerveau, c'est qu'il s'agit toujours d'une ville (Rosewater) située au Nigéria, qui a poussé tout autour d'une entité d'origine extra-terrestre. Cette entité (Armoise) réside sous un dôme et établit diverses interactions avec les humains de Rosewater : elle en guérit certains, mais pas toujours de façon très satisfaisante, elle fournit de l'électricité, et génère des créatures étranges qui se baladent au milieu des humains. Certains humains (les réceptifs) ont la faculté de communiquer avec Armoise et de capter les pensées de leurs congénères dans la "xénosphère". D'autres humains sont peu à peu infectés par des "xénoformes", par exemple Alyssa, qui un beau jour se réveille en ne sachant plus qui elle est vraiment. On voit également croître des végétaux très invasifs aux intentions belliqueuses. Et tout le monde est en conflit avec tout le monde, enfin au bout d'un moment je n'ai plus suivi, chaque chapitre étant du point de vue de quelqu'un d'autre ou presque, mes neurones ont lâché l'affaire.
Cette trilogie (qui restera une duologie pour ma part, n'ayant pas l'intention d'emprunter le troisième volume) ne m'était manifestement pas destinée, mais elle elle plaira sans nul doute à des lecteurs aimant les histoires complexes mêlant science-fiction, créatures extra-terrestres, facultés "psy", et guerre civile. Il faut avoir l'esprit parfaitement libre pour apprécier une histoire aussi alambiquée, mêlant plusieurs temporalités et mettant en scène un nombre très élevé de personnages. Je n'étais pas le bon public, en tout cas pas actuellement. Mais je me suis endormie en 20 minutes chaque fois que j'ai tenté de poursuivre ma lecture !
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Ce deuxième tome de la trilogie Rosewater est moins alambiqué dans sa construction que le premier, mais n'en reste pas moins très foisonnant – dans le bon comme dans le mauvais sens du terme.

Le dôme extraterrestre guérisseur surgi au Nigeria dans le premier tome est maintenant atteint d'une mystérieuse affection qui devrait se solder par sa disparition prochaine. Cela contrarie les plans d'indépendance que le maire Jack Jacques nourrit pour la ville de Rosewater, laquelle dépend entièrement du dôme. Pendant ce temps, une femme se retrouve dotée de souvenirs venus d'un autre monde qui pourraient peut-être sauver le dôme… mais signer ainsi la fin de l'espèce humaine.

Le premier tome avait la particularité d'être centré autour d'un personnage, Kaaro, qui s'exprimait au « je » dans trois lignes temporelles différentes. Ici, l'on trouve une structure plus classique de roman choral avec une dizaine de personnages que l'on suit tour à tour à la troisième personne, sur une seule ligne temporelle (avec une seule exception). La lecture reste ardue, puisque chacun des personnages poursuit ses propres objectifs et entretient avec les autres des relations parfois très complexes – ça n'est pas un défaut en soi, mais j'avoue m'être perdue parfois dans le déroulement de l'intrigue. Avec l'éparpillement des points de vue, on suit beaucoup d'arcs narratifs à la fois et l'on passe parfois presque une centaine de pages avant d'en retrouver un, ce qui donne paradoxalement l'impression que l'histoire n'avance pas.

L'ensemble reste bien prenant malgré tout. L'univers d'afrofuturisme lovecraftien est toujours intriguant et les personnages, quoique inégaux, comptent quelques portraits fascinants. Je pense notamment à Femi et son pragmatisme à toute épreuve et à Jack Jacques, politicien ambigu qui combine à merveille la soif d'ambition et la sincère volonté d'améliorer les choses, sans jamais basculer d'un côté ou de l'autre.

Aussi, bien que les couvertures soient toutes magnifiques, j'ai une préférence pour celle de ce tome 2.
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Après ma découverte de Rosewater en mai dernier, j'attendais avec impatience de découvrir Insurrection. Dans l'intervalle, j'ai aussi lu Les meurtres de Molly Southbourne, du même auteur, dans l'excellente collection Une heure lumière chez le Bélial, dont la chronique arrivera sous peu (comment ça, j'ai du retard ???). Une novella fantastique qui penche vers l'horreur, un genre complètement différent mais un style tout aussi maîtrisé. Tade Thompson est un auteur à suivre, ce que je vais faire avec attention. Avec ces trois titres, j'ai lu tout ce qui a été traduit en français jusqu'à maintenant.
Dans ma chronique du premier tome, je vous parlais du subtil mélange entre science-fiction et tradition… même s'il reste présent ici, il est moins prégnant. On est plus dans la politique que dans la tradition dans Insurrection. Plus dans le réel, même s'il n'est pas beau, que dans l'imaginaire collectif. Et ce nouvel équilibre fonctionne tout aussi bien que le précédent.
La narration est aussi beaucoup plus fluide. On ne passe pas sans arrêt d'une époque à une autre, même si quelques retours en arrière permettent quand même à l'auteur d'apporter du corps à son récit. On alterne entre les points de vue de différents personnages. On est loin de la complexité du premier livre, qui en avait perdu certains, moi la première au début de ma lecture !
Il faut peut-être que j'arrête de parler de premier et deuxième tome, car même si, en anglais comme en français, les trois titres sont présentés comme une trilogie, l'auteur, lui, considère les romans comme indépendants, mais situés dans le même univers. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui, car bien que Insurrection puisse se lire sans avoir lu Rosewater, on y perd beaucoup au passage sur ce qui est une des grandes forces de ces romans, à savoir un univers foisonnant, avec au coeur un dôme qui protège une entité extraterrestre dont on commence tout juste à mesurer l'étendue…
Précisons toutefois mon propos : on peut lire Insurrection sans avoir lu Rosewater dans la mesure où les arcs narratifs du premier tome trouvaient quasiment tous une conclusion (parfois précipitée et peu heureuse), et où ce deuxième opus s'ouvre sur une nouvelle intrigue, Jack Jacques, le maire de Rosewater ayant décidé de faire sécession d'avec le Nigéria.
Le politicien, qu'on avait entraperçu dans le premier tome, prend ici toute son ampleur et Tade Thompson nous propose une vision grinçante de la politique nigériane. D'autres personnages se retrouvent au coeur de l'intrigue, certains déjà un peu connus, et d'autres qui font leur apparition ici. Un personnage joue cependant le liant avec le tome précédent, il s'agit de Kaaro, protagoniste principal de Rosewater. Si sa place peut paraître périphérique, ces actions n'en sont pas moins importantes. Mais c'est sa compagne, Aminat, qui lui vole la vedette dans les scènes d'action, et elle n'a rien à lui envier. C'est un beau personnage de femme forte, que nous propose l'auteur. Une femme que son homme attend sagement à la maison, tout du moins au début du roman…On rencontrera d'autres personnages, plus ou moins liés à Armoise, la créature qui vit sous le dôme, et plus ou moins humains aussi.
La déclaration d'indépendance de Rosewater va précipiter la ville, ses habitants, et nous aussi par la même occasion, dans un tourbillon d'événements, qui font que ce livre a été plus dur à lâcher que le précédent. La tension y est palpable tout du long, la guérilla / guerre pour Rosewater ne nous laisse pas beaucoup de répit. A tel point que j'ai un peu peur que le troisième tome ne soit plus mou, après avoir été tenue en haleine pendant les 400 pages de celui-ci. En général, les tomes deux servent de passerelle, point de ça ici. On a un roman avec une intrigue complète, même s'il s'ouvre sur la fin vers le tome suivant, et vers une intrigue qui me laisse pour le moment un peu perplexe. Suivant le traitement que l'auteur en fera, ça passe ou ça casse. J'espère de tout coeur ne pas me retrouver dans quelque chose de trop conventionnel, car je serais éminemment déçue…
Je vais attendre patiemment, et faire confiance à l'auteur. Tout du moins jusqu'à ce que je puisse le croiser, j'espère, aux Utopiales début novembre, et lui poser quelques questions. Car c'est officiel, Tade Thompson sera à Nantes dans quelques semaines, et c'est une belle nouvelle !
Rosewater insurrection, bien que deuxième tome, comprend une intrigue complète. Mais vous perdrez énormément de l'incroyable univers créé par l'auteur en zappant le premier, sans compter que vous passerez à côté d'un livre de grande qualité. Là où Rosewater prenait le temps de poser les bases de l'univers avant d'accélérer un peu brutalement, Insurrection est lui sous tension du début à la fin, ne nous laissant que très peu, voire pas de répit. On a ici un deuxième tome qui n'est pas le ventre mou d'une trilogie, ou alors le troisième sera explosif !!! (en même temps, j'aimerais bien^^)
J'avais aimé Rosewater, j'ai adoré Insurrection. Vivement Rédemption ! Tade Thompson est définitivement un auteur à découvrir et à suivre de près.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Parvenant à une superbe intrication de sources et de motifs disjoints, un rusé sommet de l'afrofuturisme contemporain, et de la grande littérature spéculative endiablée.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/28/note-de-lecture-la-trilogie-rosewater-tade-thompson/

Dans ce Nigéria du futur plus ou moins proche, bouillonnant d'inventivité technologique et de corruption, de manoeuvres politiciennes et de polices publiques comme privées, de capitalisme débridé et de misère mal dissimulée, une ville-champignon s'est créée ex nihilo en quelques années : Rosewater. Pourquoi cette prolifération humaine d'abord anarchique, avant de devenir une véritable municipalité, à cet endroit ? C'est que sur le site d'apparence anodine, au bord d'une rivière, une gigantesque entité extra-terrestre d'abord repérée à Londres, d'où elle a été plus ou moins chassée à grandes dépenses d'explosifs pré-nucléaires, sans être le moins du monde entamée, est venue s'installer ici, en voyageant sous la croûte terrestre, déclenchant au passage quelques séismes. Et cette entité, désormais protégée par un dôme infranchissable, tout en poursuivant ses propres visées (longtemps résolument impénétrables aux esprits humains), dispense une fois par an une sorte d'aura soignant toutes les maladies, difformités ou blessures, provoquant ainsi un afflux de patients, riches ou pauvres, bien décidés à camper là toute l'année en attendant le miracle de ce roi thaumaturge incongru : Rosewater est née. Et les services secrets nigérians, entre autres, sont bien décidés à ne pas laisser cela hors de tout contrôle, malgré les difficultés apparemment insurmontables de la tâche.

Sur ces prémisses science-fictives d'emblée placées sous le signe de l'énorme, puissamment ramifié dès les premières pages dans un quotidien économique, social et politico-militaire foisonnant, Tade Thompson, Nigérian d'origine britannique revenu s'installer au pays à sept ans, en 1976, a construit en trois ans une trilogie de 1 400 pages, devenue presque instantanément l'un des grands emblèmes de l'afrofuturisme contemporain, et pas uniquement de cela.

Maniant avec adresse et inventivité le mélange de premier contact avec les extra-terrestres (en en secouant sans ménagement certaines des mythologies les mieux ancrées, comme ont su aussi le faire, différemment, par exemple Peter Watts ou Steven Erikson) et de grands desseins élaborés sur le temps long (voire très long) qui caractérisait déjà au premier chef les oeuvres science-fictives les plus marquantes d'Octavia Butler et de Doris Lessing, élaborant une fusion intime des motifs et des codes du cyberpunk et du techno-thriller d'espionnage, avec toute leur violence et leur éventuelle cruauté (sans la complaisance qui caractérisait trop souvent certains des précédents hybrides dans ce domaine, à l'image du « Carbone modifié » (2002) de Richard K. Morgan, par exemple), Tade Thompson a su concevoir un grand roman spéculatif, capable de plonger aussi bien dans les réalités africaines contemporaines superbement extrapolées, les mégalopoles, les relations tribales ou les structures symboliques de l'imaginaire étant ici tout sauf de simples éléments de décor (plusieurs critiques d'Afrique anglophone ont noté à quel point la culture yoruba irriguait discrètement l'ouvrage, notamment dans son onomastique), que dans les traumatismes toujours plus profonds que soupçonnés laissés par la guerre sécessionniste du Biafra, notamment (comme on l'évoquait récemment sur ce même blog à propos de la poésie de Christopher Okigbo – dont on trouvera parfois de curieux échos au long de « Rosewater » : il se joue souterrainement quelque chose de fort du côté de la danse des esprits, des ancêtres et de la transmission, jusque dans la trame multi-chronologique fiévreuse et rusée adoptée par l'auteur).

Capable de mobiliser sans effort apparent des univers virtuels de poche dignes du George Alec Effinger de « Gravité à la manque » et de ses suites, des virtuosités en matière de création de créatures qui n'ont rien à envier à celles du grand China Miéville de « Perdido Street Station » ou des « Scarifiés », une malice pour vivifier le traditionnel nigerian scam qui réjouirait la Lauren Beukes de « Zoo City », ou un sens de la mythologie du slum et de la zone qui rend honneur à ceux d'Andreï Tarkovski et de son « Stalker » comme de Neill Bloomkamp et de son « District 9 », Tade Thompson transforme le corpus mythologique issu d'Orphée et d'Eurydice pour en extraire un jeu global de stratégie dans lequel le Diplomacy débridé viendrait perturber la rationalité des échecs, où une pensée mycélium en pleine diffraction vient habiter successivement les points de vue adoptés pour la narration dans les trois volumes, permettant à d'ex-personnages secondaires ou fugitivement entrevus de venir prendre pleinement la lumière à leur tour.

Comme le dit joliment alors Abigail Nussbaum dans The Guardian : « Rosewater augmente notre compréhension de ce que peut faire la science-fiction », et cette puissance de feu intérieur est bien celle de la grande littérature.

Traduite en français en 2018, 2019 et 2020 par Henry-Luc Planchat chez J'ai Lu / Nouveaux Millénaires, la trilogie « Rosewater » offre ainsi une magnifique démonstration de ce que peut atteindre l'afro-futurisme en tant que déplacement du centre de gravité du point de vue littéraire des dominants vers les dominés, à l'échelle d'un monde, et en en tirant habilement les conséquences narratives et humaines. Il n'est donc pas surprenant que Michael Roch ait attiré avec force notre attention sur cet ensemble déjà presque monumental lors de son passage comme libraire d'un soir chez Charybde en 2019, et qu'il lui rende un hommage implicite dans son extraordinaire « Tè Mawon », qui s'attelle aussi, entre autre missions réussies, à aller plus loin dans la direction du renversement de l'attention et de la créolisation du Tout-Monde.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Où et quand se situe Rosewater ? L'action se déroule principalement au Nigéria entre la capitale, Lagos, et la ville qui donne son nom aux romans : Rosewater. Notons quelques incursions en Europe, en Afrique du Sud ou dans l'espace plus ou moins proches, mais elles resteront assez légères. Tout se déroule essentiellement dans la seconde moitié du 21e siècle dans un univers assez proche du nôtre. Sauf que dans celui-ci, en 2012, un astéroïde, Wormwood, s'est écrasé dans Londres puis s'est enfoncé dans la croûte terrestre jusqu'à ressortir au Nigéria. En effet, il ne s'agit pas d'un amas de roches et de glace comme les autres, mais d'un écosystème extra-terrestre bien vivant. Son arrivée dans l'atmosphère de notre planète va entraîner de nombreux bouleversements. Parmi eux ? Citons la fermeture totale des frontières des États-Unis, la fondation de la ville de Rosewater, la création d'une xénosphère, sorte d'Internet biologique géant qui relie tous les êtres vivants de la Terre (hors USA donc) et qui donne des pouvoirs spéciaux à certains d'entre eux. Les plus courants sont les « sensitifs », en gros des télépathes capables de lire les pensées et les émotions d'autrui, de les manipuler ou d'agir dans le plan astral. À Rosewater, autour du dôme constitué autour de l'extra-terrestre, les malades et blessés sont mystérieusement guéris, les morts peuvent ressusciter. La faune et la flore se sont adaptées et mêlées aux essences extra-terrestres. Dans le premier roman, Rosewater, nous sommes en 2066. Une étrange maladie décime les « sensitifs » les uns après les autres. C'est Kaaro, ancien voleur et lâche autoproclamé devenu espion malgré lui d'une agence gouvernementale nigériane qui devra enquêter sur leurs disparitions et en apprendre plus sur cette drôle d'invasion extra-terrestre. le suivant, The Rosewater Insurrection racontera la guerre d'indépendance entre la ville et le pays qui l'entoure tout en essayant de sauver l'extra-terrestre malade. Et enfin, The Rosewater Redemption résout le mystère de sa présence sur Terre et détermine la survie — ou non — de l'espèce humaine.

Attention, les livres de Tade Thompson contrairement à ses novellas lues auparavant n'ont pas une écriture linéaire. Si Rosewater n'a qu'un narrateur principal, l'intrigue change d'époque au fur et à mesure des chapitres alternant entre le présent et différentes périodes du passé de Kaaro. Quant à The Rosewater Insurrection et The Rosewater Redemption, les deux livres abandonnent l'idée d'avoir un narrateur unique pour raconter l'histoire du point de vue d'un personnage différent d'un chapitre à l'autre que celui-ci soit humain ou non. le résultat final est qu'il vous faudra faire un effort d'adaptation pour entrer dans chaque volume en ayant à chaque fois l'impression d'être lâchée dans le grand bain sans bouée. La récompense sera largement à la hauteur de vos efforts. Disons-le de suite, j'ai rarement lu une histoire aussi bien construite et dépaysante depuis très longtemps (et oui, j'inclus les deux livres déjà parus de la tétralogie Terra Incognita dans le lot). Tade Thompson mêle dans un même élan ce qui pourrait s'apparenter à une invasion extra-terrestre à une réflexion cyberpunk modernisée avec entre autres l'utilisation d'animaux drones, de puces d'identifications , le tout saupoudrés de superpouvoirs et d'altérations physiques. Chaque élément sera plus ou moins présent dans chaque partie, avec notamment l'informatique et les hackers comme Bicycle Girl ou Bad Fish qui prendront de plus en plus d'importance au fur et à mesure que l'histoire avance. Et un final à la Independence Day, mais étrangement nettement plus logique de Jeff Goldblum piratant avec un Mac les vaisseaux extra-terrestres. Malgré la multiplicité des personnages, Tade Thompson arrive à tous les rendre vivants et particulièrement attachants malgré leurs défauts, ou en raison de ceci. L'univers de Rosewater ne manque pas d'inventivité, côté extra-terrestre comme côté Terriens. Et les retournements de situation sont tels que vous allez changer d'avis plusieurs fois sur l'ensemble des personnages et que vous devinerez difficilement là où l'auteur veut vous emmener. Laissez-vous porter et embarquez dans cette aventure !
Lien : https://www.outrelivres.fr/r..
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critiques presse (1)
eMaginarock
23 septembre 2019
Malgré ces défauts, il y a chez Tade Thompson et dans cet univers chaotique de ville champignon construite autour d’un extra-terrestre géant profondément enfoncé dans le sol quelque chose de dense, de foisonnant, d’imagé, d’atypique, quelque chose qui donnait aux lecteurs de « Rosewater » l’envie de lire la suite.
Lire la critique sur le site : eMaginarock
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Molara agite doucement ses ailes bleu foncé ornées de taches noires. Elle flotte sur les courants mentaux, entourée de miasmes psychiques. Ses lèvres sont entrouvertes et Anthony sent réagir la partie humaine de son corps. Il ne sait pas si Molara le provoque volontairement.
« Ne reste pas sur mon chemin, crampon.
– Si tu avais fait ton travail, je n’aurais pas besoin de l’accomplir à ta place, réplique Anthony.
– Pardon ? » Elle plisse les paupières.
« Le processus est très simple. Quand un corps humain est suffisamment converti par les xénoformes, tu expédies le signal et le scientifique du renouveau envoie le fantôme de test. Les xénoformes sont conçues pour accepter la conscience. Alors, comment as-tu fait pour merder ? Parce que c’est bien toi qui as merdé.
– Je ne sais pas, mais je compte le découvrir.
– Nous devons d’abord trouver le fantôme quantique, dit Anthony. Tu pourras diagnostiquer ta maladie plus tard. »
Molara semble sur le point de répondre, mais Anthony se déconnecte de la xénosphère. Il fait pousser des cals pour protéger la plante de ses pieds nus, puis patauge dans la boue jusqu’à atteindre la terre ferme. La végétation devient plus dense et il avance bientôt parmi les herbes à éléphant. On y trouve des animaux, mais il s’enfuient à son approche : des aulacodes, des galagos et des rats. Sa robe en coton se gonfle, mais il n’y a pas trop de vent et l’air est doux. Anthony aperçoit çà et là de vieux canoës abandonnés, tout délabrés, sans rames. Il perçoit des grattements dans la terre, le bruit du trafic routier devant lui, celui des chauves-souris qui volent plus haut. Il se dirige vers la route.
Au Nigeria, personne ne s’arrêtera en pleine nuit pour un homme encapuchonné qui marche pieds nus au bord de la chaussée. Dans la lueur des phares, Anthony remarque la couleur de ses avant-bras et la rend plus sombre, un peu comme celle de son ami Kaaro. Les nuances de la peau le déconcertent. C’est une distinction tellement humaine. Ils ont pratiquement le même ADN et ils pratiquent des discriminations en fonction de la division de la lumière blanche, de la proéminence des mâchoires, de la forme des yeux ou du nez. C’est du délire. Un peu comme leur fétichisme vestimentaire.
Il marche vers Rosewater.
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Dehors, sur sa gauche, elle aperçoit le dôme qui dépasse tous les bâtiments. Il est maintenant bleu foncé, légèrement luisant. Alors qu’il s’agissait initialement d’une simple bulle lisse émergeant du sol, il a produit depuis peu des extrusions, des épines plus ou moins pointues. Personne ne sait pourquoi, mais certains scientifiques ont émis l’hypothèse qu’il voulait transférer des données à plus grande distance. Le public ne s’y intéresse pas tant qu’il lui fournit de l’électricité et continue de s’ouvrir chaque année pour soigner les gens. Les créatures extraterrestres restent à l’intérieur, les humains à l’extérieur, et tout le monde est content.
Sauf que ce n’est pas exact. Toute l’atmosphère est saturée de xénoformes, et ce depuis des siècles. La première cargaison est arrivée dans un astéroïde. Conçues pour s’adapter, les cellules se sont multipliées, se sont répandues dans l’air, sur la terre et dans la mer ; une invasion habile qui n’impliquait pas d’ovnis ni de vaisseaux de combat, mais consistait simplement à remplacer les cellules humaines par des xénoformes. Puis vint Armoise, qu’on prit d’abord pour un astéroïde alors qu’il s’agissait en fait d’un voyageur, un organisme massif, aussi gros qu’un village, intelligent et souterrain, capable de se déplacer dans la croûte terrestre. Il s’est installé au Nigeria, niché dans son biodôme protecteur. Ce dernier retient les autres organismes vivant à l’intérieur d’Armoise, ainsi que quelques humains qui ont choisi très tôt de vivre avec le visiteur de l’espace.
Tout ne s’est pas passé sans difficulté. Des animaux extraterrestres ont contaminé l’écosystème et, si certains sont inoffensifs, d’autres sont des prédateurs. La xénobiologie est maintenant une matière enseignée dans les universités.
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Pénétrer dans la grande xénosphère l'oblige à abandonner ses propres défenses psychiques. Kaaro s'est construit un labyrinthe doté d'un décor ; du vent, de la chaleur, des odeurs qui doivent être créées dans un ordre déterminé. Il répète des phrases apparemment aléatoires, et après le labyrinthe, il se trouve dans une prairie. Il est surpris de constater que Yaro le suit dans cet univers mental. Cette fois, c'est le véritable chien et pas seulement un souvenir.

« Bon chien », dit-il. Il ne comprend pas pourquoi des gens peuvent croire que les animaux n'ont pas de conscience.
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Je ne suis pas un assassin.
J’aimerais que ce soit bien clair, même si je suis en train de nettoyer mon pistolet en commençant ce récit, après avoir déjà démonté et fourbi mon fusil, dans l’intention de tuer. Les ordres.
Pour la plupart des Africains, la fracassante révélation qu’un extraterrestre avait atterri à Londres en météorite et grandissait sous la terre ne signifiait pas grand-chose. Cela ne perturba pas beaucoup nos existences. On colporta des théories conspirationnistes plus intéressantes, voilà tout. Mais le prix du bol de riz demeurait toujours trop élevé.
Quand nous avons perdu le contact avec les Etats-Unis, la Chine et la Russie jouèrent des coudes pour prendre la place prédominante laissée par ce vide économique et militaire. Le prix du bol de riz grimpa encore.
Mais maintenant, il est ici, au Nigeria, et cela signifie, au moins pour moi, qu’il faut procéder à des exécutions extrajudiciaires.
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La créature est principalement verte, mais certaines parties sont rouges, mauves et brunes, sans parler des fleurs, un vrai festival de couleurs. Du pollen voltige dans l'air, ce qui explique pourquoi Dahun m'a fourni un masque de protection. Un hallucinogène, peut-être ? Ou du poison ? De temps en temps, un organe projette ces particules. Pour le reste, le végétal semble assez placide. Je n'ai pas à attendre longtemps avant que la plante n'expulse une de ses créatures. Des racines et des tiges se tortillent avec vigueur, puis se séparent lentement pour former un orifice dans lequel apparaît un humanoïde, maintenu par des vrilles qu'il doit casser pour se dégager. Après cela, il s'envole en agitant ses ailes. Il ne ressemble pas à un animal et son vol ne trahit aucune hésitation.
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