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Citations sur Précis d'histoire de la philosophie (11)

Cette nouvelle Édition, revue et en partie refondue, voudrait, tout en conservant les caractéristiques qui ont fait apprécier la première, répondre aux justes désirs de bienveillants critiques, et se rendre utile à un plus grand nombre encore de lecteurs.

Tout d'abord, le Précis reste un instrument de travail à l'usage des étudiants ecclésiastiques: il se propose de compléter les Manuels de Théologie et de Patrologie, et dans ce but, il expose avec soin la doctrine des maîtres scolastiques. En cette section, les notices consacrées à saint Bonaventure et à Suarez ont été soigneusement améliorées.

Mais aussi, le Précis se présente aux étudiants en Philosophie des écoles secondaires, avec l'espoir de leur rendre service dans la préparation du Baccalauréat ès lettres (seconde partie). L'exposé des opinions défendues par les diverses écoles philosophiques tient une grande place dans la matière de cet examen; et il y a de sérieux avantages à trouver ces systèmes, non plus présentés par morceaux détachés du contexte selon les diverses questions traitées, mais dans leur enchaînement historique et comme un tout cohérent et vivant. Dès la première édition, l'attention particulière accordée à la philosophie moderne, spécialement au courant positiviste, ainsi que la Table doctrinale des matières orientaient le Précis vers cette utilisation. Cette nouvelle Édition s'efforce d'y répondre mieux encore par les développements plus amples accordés aux auteurs modernes, comme François Bacon, Spinoza, Locke, Hume, Stuart Mill, etc.; et surtout par l'étude des diverses écoles de Psychologie expérimentale, anglaise, française, allemande, et des principales directions actuelles de cette branche si moderne de la Philosophie .

1) Préface à la deuxième édition
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Caractère général.
Non seulement Spinoza adopte la méthode de l'idée claire, mais il lui donne sa pleine signification et l'applique avec une rigoureuse logique. D'abord, il revendique avec une entière franchise l'indépendance totale de la raison vis-à-vis de la Révélation pour atteindre le vrai. Selon lui, entre la foi ou théologie et la philosophie, «il n'y a point de communication, par suite, point de conflit à redouter. Ni la théologie n'est au service de la philosophie, ni la philosophie n'est au service de la théologie» . Mais l'Écriture Sainte ne demande au croyant que d'accepter l'unique dogme de l'existence de Dieu, et d'obéir aux préceptes de justice et de charité. Tout le domaine de la vérité spéculative et pratique est réservé à la raison.

Dans ce domaine philosophique, Spinoza, distinguant les idées confuses, sujettes à erreur et les idées claires, infailliblement vraies, exige pour celles-ci que leur objet soit simple, ou une combinaison d'éléments simples, selon les règles de la déduction cartésienne: mais de telle sorte que chaque élément trouve sa place marquée dans un système unique, rendant intelligible l'universalité du réel. C'est pourquoi, posant quelques définitions qui s'imposent, selon lui, par leur évidence même, il en déduit l'explication de toutes choses, depuis Dieu, au sommet de l'univers, jusqu'à la nature et notre âme, terminant par l'exposé de la manière de vivre la plus capable de nous rendre heureux. Et le critère d'infaillible vérité de chacune de ces conclusions est précisément leur aptitude à prendre place comme d'elles-mêmes dans l'édifice total de la science, à former un des anneaux de l'unique chaîne de déductions intuitives qui rend intelligible le réel total.

Cette exigence d'unité absolue ou d'intelligibilité universelle n'était pas illégitime, car elle est naturelle à notre raison, et c'était arbitrairement que Descartes admettait plusieurs idées claires indépendantes. Mais dans une méthode où le seul raisonnement admis est la déduction, où, par conséquent, toute cause explicative est intrinsèque et constitutive de l'effet, il était inévitable qu'on aboutît, en l'appliquant rigoureusement, au monisme absolu ou au panthéisme.

Spinoza crée en effet dans la philosophie moderne une première forme bien caractérisée du panthéisme, qu'on peut appeler «intellectualiste», c'est-à-dire objectif ou réaliste, et prétendant se prouver devant la raison par une démonstration rigoureuse. Cette démonstration se développe en trois étapes: la première établit que Dieu est la substance unique, connue par ses attributs; la deuxième explique comment Dieu infini et le monde fini peuvent coexister, identiques comme être, distincts comme natures; la troisième en déduit une morale, mais en lui donnant une signification toute nouvelle. De là trois paragraphes:

1. - Dieu connu par ses attributs.
2. - Coexistence du monde et de Dieu.
3. - Morale transposée.
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Baruch (ou Benoît) Spinoza est né à Amsterdam, de parents juifs, originaires d'Espagne. Élevé par un rabbin épris de l'exégèse rationaliste de Maïmonide, il manifesta bientôt, avec une vive intelligence, une grande indépendance et hardiesse de pensée. Le besoin d'unité était fondamental dans son esprit, et bientôt, sous l'influence des traditions juives de la Cabale, et en particulier du Zohar , il s'orienta vers le panthéisme. Ayant étudié le latin, il prit contact avec les philosophes modernes de la Renaissance, comme Giordano Bruno, qui le poussèrent dans le même sens. Mais l'influence décisive fut celle de Descartes (à partir de 1654): Spinoza trouva dans le cartésianisme le cadre doctrinal qui lui permit de démontrer rigoureusement à ses yeux, le monisme qui l'avait fasciné.

Cependant le panthéisme était directement opposé à la doctrine des Livres Saints. C'est pourquoi, en 1656, la synagogue d'Amsterdam fulminait contre lui la grande «excommunication»; en même temps se faisaient sentir les premières atteintes de la phtisie qui devait l'emporter. Sous le coup de ces malheurs, le philosophe décida de vivre la doctrine que lui révélaient ses méditations; il se retira dans une vie frugale et austère, mais studieuse et indépendante, refusant une chaire de professeur à l'Université de Heidelberg, et gagnant sa vie par son travail.

Ses principaux ouvrages, tous écrits en latin, sont: «Traité théologico-politique» qu'il édita en 1670 et «Principe de Philosophie cartésienne»; après sa mort seulement, parurent «Tractatus de intellectus emendatione» et son oeuvre maîtresse, l'Éthique. Ce dernier livre se présente, même extérieurement, «more geometrico», avec définitions, axiomes, théorèmes, corollaires, etc.: c'est le triomphe de la méthode mathématique de l'idée claire.
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La série de nos Manuels destinés aux Etudiants ecclésiastiques s'accroît d'un nouvel ouvrage, souvent demandé par les Séminaires.
Nos traités de théologie sont universellement connus. En dogme, A. Tanquerey, Synopsis theologiae dogmaticae, 3 volumes; Brevior synopsis theologiae dogmaticae, 1 volume; F. Diekamp, Theologiae dogmaticae manuale, 4 volumes.
En morale, A. Tanquerey, Synopsis theologiae moralis et pastoralis, 3 volumes; Brevior synopsis theologiae moralis et pastoralis, 1 volume.
En spiritualité, A. Tanquerey, Précis de théologie ascétique et mystique, ou, sous une forme plus brève, Pour ma vie intérieure.
La série n'est pas close. Mais comme de nos jours l'histoire de la doctrine tient une grande place dans l'enseignement, nous avons opportunément répondu à ce besoin par l'ouvrage du P. Cayré, Patrologie et Histoire de la théologie , 2 volumes.

L'Histoire de philosophie du P. Thonnard répond à une semblable nécessité en un champ parallèle. L'auteur suit une méthode analogue, dans la mesure où le comporte le sujet. Ses convictions thomistes ne l'empêchent pas de présenter de façon très objective les doctrines des diverses écoles, dans la personne de leurs représentants les plus en vue.

Avant-Propos
Les Editeurs
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L'histoire de la philosophie n'est qu'un aspect de l'histoire de la pensée humaine; mais, se déployant entre les sciences plus particulières, domaine propre de la pure raison, et les doctrines surnaturelles et religieuses qui relèvent de la Révélation, elle est peut-être l'aspect le plus attrayant, sollicitant l'attention des incroyants comme des croyants. L'auteur voudrait s'adresser aux uns et aux autres, et souhaite qu'en le suivant à travers les âges, dans l'exposé des efforts et des tâtonnements de la raison à la poursuite du vrai, tous ses lecteurs apprennent à voir plus clairement le dessein de la Divine Providence qui a donné à l'homme le précieux rayon de la Sagesse naturelle, pour le conduire à l'ineffable lumière de la grâce et de la Foi catholique.

1) Préface à la deuxième édition
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Enfin, le Précis voudrait s'adresser au public cultivé, pour le renseigner sur les divers aspects de la pensée moderne. Plus que jamais, il est nécessaire d'être bien informé, pour ne point aller au hasard dans l'accomplissement des devoirs que nous impose notre époque si troublée; car, plus que jamais, ce sont «les idées qui mènent le monde». C'est pourquoi la plupart des améliorations de cette nouvelle Édition concernent la philosophie moderne, qui nous imprègne encore de son esprit.

1) Préface à la deuxième édition
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1) Préface à la deuxième édition

La première Édition du Précis d'Histoire de la Philosophie a obtenu un accueil très favorable. On en a goûté la méthode, consistant à faire ressortir les grands courants de doctrine, en insistant sur les Penseurs les plus importants. «Dans chaque système, les idées maîtresses sont mises en lumière; la filiation entre les doctrines, soigneusement marquée. D'une façon générale, l'auteur sympathise avec le philosophe qu'il étudie: critique intelligente, bienveillante, qui ne se prive pas d'ailleurs de condamner les erreurs». Et si parfois, on a dû «remplacer par des schémas aux arêtes nettes les formes sinueuses du développement historique» on a compensé largement cet inconvénient inévitable en un Précis, par le grand avantage pédagogique de la clarté et simplicité.
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2. - Coexistence du monde et de Dieu.
Si Dieu est l'unique substance, il est évidemment impossible de trouver hors de lui aucune autre substance. Cependant, selon Spinoza, le monde se distingue de Dieu par sa nature; c'est pourquoi on peut parler de son émanation ou même de sa création, et il est possible de construire une psychologie humaine.

A) Distinction du monde et de Dieu.
Non seulement il est évident que la substance est unique, mais il est évident aussi que le monde existe et est composé d'êtres multiples, mobiles et finis, et par conséquent contingents. Ces deux certitudes se concilient en admettant un seul Être ou un seul subsistant, mais deux natures réellement distinctes: 1) La nature divine, «natura naturans» qui est constituée par les attributs et est absolument simple et immuable; 2) la nature créée, «natura naturata» qui est constituée par des modes, c'est-à-dire par des réalités qui ne peuvent exister en soi, mais seulement en Dieu et par Dieu; et ces modes, dans leurs degrés inférieurs, sont finis, multiples et changeants et constituent les choses particulières dont nous avons l'expérience.

Cependant, pour rejoindre ces réalités contingentes à l'immuable essence divine, Spinoza conçoit une série d'intermédiaires à la manière de Plotin. Il distingue en effet des modes finis, et des modes infinis, et ces derniers sont de deux sortes: les uns, les plus parfaits, émanent directement et immédiatement de chaque attribut divin; les autres en découlent médiatement, par l'intermédiaire des premiers et c'est de ceux-ci que jaillit enfin la série mobile des modes finis. Ainsi l'attribut Pensée produit directement l'Intelligence infinie, comme mode immédiat; de celui-ci émanent, semble-t-il, comme modes médiats, l'ensemble des âmes immortelles et éternelles qui, elles-mêmes, donnent naissance aux multiples âmes humaines d'ici-bas. Parallèlement, l'attribut d'Étendue produit directement, comme mode infini, le mouvement en général; de celui-ci, émane ce que Spinoza appelle «facies totius universi» c'est-à-dire, semble-t-il, la nature considérée comme un certain tout individuel permanent grâce à la loi de conservation de l'énergie; et ce mode infini médiat est enfin la source de toutes les modifications finies de l'étendue qui constituent notre monde corporel.

Ces intermédiaires semblaient nécessaires à Spinoza pour rendre intelligible le passage de l'infini absolu au fini. Mais les modes infinis se distinguent nettement des attributs par leur caractère d'effets dépendants et subordonnés. Ainsi, dans l'esprit de Spinoza, Dieu est bien l'unique Être, mais subsistant en deux natures distinctes.
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En résumé: Dieu, Substance ou Être nécessaire, infini et unique, connaissable en droit par une infinité d'attributs ou d'idées claires, nous est connu en fait par deux attributs: la pensée et l'étendue.
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B) Connaissance de Dieu
Spinoza établit ensuite quelle connaissance de Dieu nous pouvons acquérir. Nous cherchons à concevoir Dieu comme une nature déterminée, pour nous en faire une idée claire: dans ce but, nous cherchons l'attribut qui constitue son essence (suivant la doctrine cartésienne). Mais au sens propre, Dieu n'a pas d'essence: on ne peut déterminer une propriété fondamentale qui le définirait, comme on définit l'âme par la pensée, car tout attribut, étant déterminé, implique une limite, tandis que Dieu est l'Être infini. C'est pourquoi, une triple condition est requise pour nous faire une juste idée de Dieu:

1) Nous devons identifier son essence avec son existence, tandis que l'essence et l'existence des créatures sont distinctes réellement.

2) Nous devons concevoir chacun des attributs (l'étendue, par exemple) comme infini dans sa ligne, bien que, par définition, il reste fini comme essence.

3) Enfin, pour corriger cette limitation nécessaire, nous devons concevoir en Dieu une infinité d'attributs. Ainsi Dieu peut se définir: «l'Être parfait constitué par une infinité d'attributs infinis chacun dans leur ligne».

Mais de tous ces attributs, nous n'en connaissons que deux: la pensée et l'étendue , parce que ce sont les seuls qui constituent notre monde, comme l'a montré Descartes.
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