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Critique de mesrives


Coup de coeur pour le crime histoire d'amour de Arni Thorarinsson
24 heures au coeur de la tempête
24 heures pour découvrir le secret de ce qui fut une cellule familiale
24 heures à arpenter les rues de Reykjavik
Attention danger: ça remue beaucoup, ça tangue et ça bouleverse.

Thorarinsson ne nous ménage pas, dès le début le lecteur ressent le déséquilibre, les perturbations psychologiques et pressent les éruptions à venir.
Ici, nous avons rendez-vous avec des sentiments exacerbés, des personnages au bout du rouleau: ça bruisse, ça enfle et on attend la déferlante.

Malgré la douceur printanière qui s'installe dans la capitale islandaise, le réveil est douloureux pour les personnages de cette histoire d'amour qui malgré la clarté du jour se débattent dans les ténèbres et les brumes de leur conscience.
Trois personnages, un homme, une femme et le fruit de leur amour, leur unique enfant, Frida.
OUI, Frida tout simplement, pas Fridadottir, non; car elle n'est pas fille de Frida, elle est Frida, elle s' appartient, elle le revendique et cette journée c'est la sienne: c'est celle de ses 18 ans, celle qui va la faire basculer définitivement dans le monde des adultes.
Le jour de cette majorité elle l'attend depuis maintenant trop longtemps car c'est celui qui lui dévoilera le secret du drame familial, de l'implosion de la cellule familiale.

« Comme une image lovée au pays de tes espérances,
comme un rêve de jeunesse qui revit par intermittence,
c'est là que demeure la faute qui nous blesse,
c'est là que je suis, c'est là que tu es,
c'est là que demeure ce que l'amour donna. »

Encore une fois Thorarinsson ne nous ménage pas dans ce court roman noir.
J'ai beaucoup aimé cette lecture qui semble tenir une place à part dans la production de l'auteur, un peu comme le Betty dans l'oeuvre d'Arnaldur Indridason, un petit bijou bien ciselé où j'ai été bluffée.
Je n'en dis pas plus sur le contenu pour ne pas nuire au plaisir de sa découverte.
Par contre, je dis haut et fort que j'ai été aspirée dans ce maelström de sentiments, d'émotions, ballottée entre les souvenirs des protagonistes et leurs difficultés dans cette journée sismique pour appréhender le coeur de la tourmente.
Révolte, déchéance, violence, douleur, souffrance, solitude, culpabilité, amour, solidarité, isolement.
Frida retombera-elle sur ses pieds?
Ne l'oubliez-pas c'est sa journée!
Et quelle journée, depuis je connais par coeur la rue Skolavôrdustigur, je l'ai montée, je l'ai descendue, et cela encore plusieurs fois et à toute heure (c'est à dire que dans le crime, chacun cherche son chat et parfois ce sacré félin tourne en rond...).
Mais au bout du bout de cette histoire une rédemption , une renaissance ou un naufrage attendent peut-être nos trois protagonistes.

Les allées et venues effectuées par les personnages entre la belle cathédrale de Hallgrimskirkja et le port, reflètent l'état de leur conscience qui oscillent entre hauteur et abîme; l'apaisement apporté par les rives du lac Tjörnin n'est que mirage.
Dans cette géographie familiale à l'image de celle de l'Islande nous marchons dans des champs de cendres.
En toile de fonds, une société encore minée par les effets de la crise éco-financière et les nouvelles problématiques liées aux réseaux sociaux.
Des portraits de personnages secondaires très réussis, aussi bien travaillés que ceux des protagonistes et une réplique vieillissante et blasée de Einar!
Un beau moment de lecture, dur et très émouvant.

Et si un jour, après avoir lu le crime histoire d'amour, vous avez la chance de déambuler dans la rue Laugavegur, vous chercherez à deviner une silhouette, une femme vêtue d'une veste en velours rouge et d'un jean usé, et comme dans un songe vous l'entendrez murmurer: nous, « Je dois te raconter le bonheur ».

Le crime histoire d'amour ou l'autopsie d'un bonheur … merci Arnur Thorarinsson

« Un jour quelque part à nouveau
ton chemin mènera jusqu'à moi
et tu me diras: tu m'as manqué,
tu m'as manqué... »



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