Est-ce dans le bouquet que la fleur est plus belle, ou bien dans le pré où elle pousse, quand nous nous sommes mouillé les pieds pour aller la chercher ?
Je ne juge les hommes par rien de ce qu’ils peuvent faire. Leur action la plus grande est l’impression qu’ils produisent sur moi. Il y a des hommes inactifs et sereins à qui tout est possible. Le talent ne fait qu’indiquer la profondeur du caractère dans une certaine direction.
C'est dans les bois que j'aimerais trouver l'homme.
Telle est la beauté toujours. Non pas ici ni là, maintenant ni alors ; non pas à Rome ni à Athènes, mais partout où il y a une âme pour admirer. Si je la cherche ailleurs parce que je ne la trouve pas chez moi, ma recherche restera stérile.
La vie d'un homme devrait être une marche solennelle au son d'une musique exquise, mais secrète. Quand elle semble aux autres désordonnée et discordante, c'est qu'il marche d'un rythme plus rapide ou que son oreille plus délicate l'entraîne en mille symphonies et variations. Pas de halte jamais, sinon à la fin de l'étape, ou bien une de ces pauses qui sont plus riches que tous les sons, quand la mélodie plonge à des profondeurs si étranges qu'elle n'est plus perceptible, plus qu'un simple abandon au seuil de l'être et de la vie. Ne jamais faire un pas à contretemps, même aux moments les plus difficiles, car c'est alors que la musique ne manquera pas d'accroître son volume et sa douceur, mesurant elle-même le mouvement qu'elle a inspiré.
Si vous vous faites nommer employé de la ville, vous n’irez pas cet été à la Terre de Feu, non vraiment !
Mais qu’importe ? un homme peut caser ses membres confortablement à l’intérieur d’une calebasse géante, le dos tourné au nord-est, et ne pas se trouver si mal après tout. Nos membres, en vérité, ont assez d’espace -ce sont nos âmes qui rouillent dans un coin. Voyageons intérieurement, sans relâche, et plantons chaque jour notre tente plus près de l’horizon occidental. Les sols fertiles et les prairies luxuriantes se trouvent de ce côté-ci des Alleghanies. On n’a pas décrit le périple de nos sentiments. Leur domaine est un sol inexploré qui s’étend jusqu’au royaume du Grand Mogol.
Une telle agitation n’est qu’une vertu vacillante. Quand je saurai quelle est ma place sur la sphère, je l’occuperai une fois pour toutes, étoile fixe plutôt que planète.
La vie la plus vécue que raconte l’histoire a toujours consisté à se retirer de la vie, à s’en laver les mains, à en comprendre la médiocrité et refuser de s’en accommoder.
Voici l’épreuve où l’on reconnaît l’innocence : subir un outrage, et pouvoir contempler, avec l’élan habituel, la lune amicale qui parcourt le ciel dans sa majesté de reine.
L'art qui ne fait que dorer les surfaces, qui n'exige qu'un poli superficiel sans essayer d'atteindre le coeur de la matière n'est que vernis et filigrane. Mais l'oeuvre du génie veut dès le début une taille rude, parce qu'elle anticipe la fuite du temps et qu'elle a un poli intérieur, qualité essentielle de sa substance, qui apparaît même quand elle se brise en morceaux. Sa beauté est sa force. Elle se fend lumineusement et se brise en cubes et en diamants. Comme le diamant, il lui suffit d'être taillée pour avoir du poli, et sa surface laisse voir ses splendeurs intérieures.