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Critique de colimasson


La marche recommandée par Henry David Thoreau est à la fois visionnaire et périmée. Visionnaire parce qu'elle se présente comme une activité anti-économique, prétexte pour accuser l'étroitesse d'esprit des hommes et ode à la misanthropie. Périmée parce que nous ne pouvons plus marcher aujourd'hui comme le faisait Henry David Thoreau. La nature la plus sauvage est désormais éloignée de nous par des kilomètres qu'il nous faudrait parcourir en voiture climatisée. Arrivés là, on aurait encore la déveine de tomber sur une de ces saloperies de sentiers, bien pratiques dans le fond, mais qui blessent toujours notre petite prétention à surmonter la nature comme de grandes personnes redevenues sauvages et musculeuses.

En d'autres lieux peut-être ? A l'époque où Thoreau écrit, l'Ouest Américain reste encore une terre d'aventure sauvage. Cet espace encore relativement vierge lui apparaît comme le berceau de l'humanité à venir. Oui, mais l'humanité eut finalement des ambitions différentes des siennes.


« Nous allons vers l'Est pour appréhender l'Histoire et étudier les oeuvres d'art et de littérature […] – nous allons vers l'Ouest comme vers le futur, avec un esprit d'entreprise et d'aventure »


Bon, de toute façon, soyons honnêtes : finalement, Henry David Thoreau marche bien peu. Il partage avec nous ses réflexions de promeneur idéaliste mais il semble surtout préférer le concept de la marche solitaire à sa réalisation effective. Il nous parle d'un rêve qui a fait fausse route…


Le second essai intitulé Promenade en hiver corrige un peu ce défaut en nous proposant quelques pages esthétiques et idéalisées sur une marche que le narrateur aurait effectuée en hiver (bien qu'il avoue surtout préférer rester bien au chaud au coin du feu lorsque la neige recouvre toutes les chaumières). S'il dissimule mal son côté pantouflard, Henry David Thoreau se justifie en racontant que son flegmatisme constitue son acte de réconciliation le plus apaisé avec la nature.
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