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EAN : 9782867700613
192 pages
ACR Edition (31/12/1998)
4/5   4 notes
Résumé :
De toutes les coutumes et traditions de la vie quotidienne des femmes orientales, le harem est certainement le plus familier et le plus méconnu de l'Occident. Les peintres voyageurs, les écrivains, les poètes ont donné libre cours à leur imagination et à leurs fantasmes autour de ce thème, la réalité se mêle ainsi intimement à l'imaginaire. Outre le thème des odalisques et almées, ce livre traite également de la vie quotidienne, en famille, en promenade, au travail,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lorsqu'Antoine Galland fait paraître la première traduction française des Mille et une nuits en 1704, une Schéhérazade séductrice conquiert l'Occident, un rêve d'Orient s'empare de la France.
Aux turqueries du grand Mamamouchi du XVIIème siècle succèdent les récits des voyageurs fascinés par la Sublime Porte et l'imagerie d'un ailleurs galant. Madame de Pompadour orne les murs de sa chambre de trois "sultanes" de van Loo pour séduire le roi et Marie-Antoinette aime se vêtir à la turque. Plus tard, le retentissement de la campagne d'Egypte de Bonaparte et les écrits des auteurs romantiques pour lesquels l'Orient est devenu une préoccupation générale (Hugo) donnent un nouvel essor à l'éternel besoin d'évasion du monde occidental.
Les peintres laissent aller leur imagination et représentent la douceur de vivre, les occupations quotidiennes, les distractions. Fleurs à profusion, mobilier ouvragé, plateaux chargés de sucreries, petits animaux, oiseaux envahissent les toiles dans lesquelles les femmes jouent du luth, fument le narguilé, tirent les cartes.
La représentation la plus commune est une femme jeune et désirable, la femme rêvée d'un orient mythique et fantasmé associée à un lieu clos, le harem. La racine du mot est "haram", littéralement "l'interdit". Il devient chez les peintres occidentaux, un lieu clos de jouissance et d'abandon. La femme passive, languide, offerte, est prête à tout pour satisfaire les désirs de son maître. Les nus allongés fleurissent, chez Renoir "Femme d'alger", ou Matisse " L'odalisque à la culotte rouge". Il arrive parfois que le peintre représente la femme comme une captive en proie à la convoitise , "L'inspection des nouvelles arrivantes" de Rosati, à la violence d'un tyran tout puissant "La mort de Sardanapale" de Delacroix, ou aux rivalités, "Jalousie au sérail" de Cormon. Mais la vision menaçante de la féminité, l'influence de la captive auprès de son maître inspirent rarement l'artiste, qui la rêve tentatrice plutôt que cérébrale (Roxelane, Mirhisah des Lumières), de la même manière que Galland occulta l'intelligence de Schéhérazade et la dimension politique des contes. Parée de riches étoffes, de bijoux précieux, savamment coiffée, la femme orientale vit dans l'opulence. Voluptueuse, elle trompe les heures en attendant un homme. Coquette, séductrice, fatale, elle s'apprête pour le plaisir, dans de nombreuses scènes de bain, "Le bain de vapeur" de Gérôme, "Le bain turc" d'Ingres, "Le massage, scène de hammam" de Debat-Ponsan.
L'apparition d'un orientalisme naturaliste qui s'affranchit de cet imaginaire empreint d'érotisme tend à représenter des femmes actives en extérieur, "La lessive dans l'Oued" de Taupin, ou des femmes de tous âges et de différentes ethnies, comme le "Portrait d'une Nubienne" de Muller. Les scènes intimes se font plus rares, la représentation évolue. Ce que l'inconscient collectif a retenu des femmes représentées par les orientalistes n'est pas la vision naturaliste, réaliste d'un Guillaumet par exemple, mais une représentation bien éloignée de la réalité historique. A notre corps défendant, nous faisons fi de la réalité de l'époque. On admire les couleurs et la lumière qui émanent des toiles, on scrute les mille et uns détails, on aime se plonger dans ce magnifique ouvrage de Lynne Thornton comme on se plaît à rêver à la lecture des Aventures du dernier Abencérage ou des Contes de l'Alhambra. Et s'il fallait trouver un seul petit défaut au livre, ce serait l'absence de peintres orientalistes espagnols (l'auteur ne mentionne que les écoles britanniques, françaises et italiennes) assez curieuse quand on connaît la relation particulière qu'eut l'Espagne à l'Orient et à la culture arabo-islamique, à travers notamment El Andalus.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le harem est sans doute la plus célèbre des institutions orientales , mais sa pleine signification sociale reste souvent encore incomprise .
Le mot , tiré de l'arabe haram , signifie "ce qui est interdit par la loi" . Ainsi , toute la région qui s'étend à une certaine distance de La Mecque et de Médine est "haram" de par le caractère sacré des lieux Saints : certaines choses qui sont permises ailleurs sont ici interdites .
D'un point de vue profane , le mot fait référence à la partie de la maison musulmane , généralement la plus retirée , qui est occupée par les femmes et qui constitue leur haram ou sanctuaire . Les Turcs adoucirent le mot en harem et lui ajoutèrent la terminaison "lik" , le mot turc correct pour désigner la partie d'une maison occupée par les femmes étant ainsi "haremlik" .
La forme abrégée "harem" est employée avec plus de justesse à propos des occupantes du "haremlik" , mais elle est maintenant d'un usage général pour désigner également l'endroit .
Là où les femmes , les enfants et les domestiques de sexe féminin vivaient à l'écart dans ce lieu de convivialité et de complicité féminines , où elles vaquaient à leurs occupations quotidiennes .
Les eunuques et les jeunes enfants mâles de la maison pouvaient y pénétrer , mais les règles de pudeur en interdisaient l'accès à tout visiteur masculin .
(...) Edmond de Amico , qui avait reçu l'hospitalité dans une maison de Tanger , évoque ses souvenirs en 1875 : "On entendait les pas et la voix des gens cachés . Tout autour et au-dessus de nous s'agitait une vie invisible , qui nous avertissait que nous étions bien dans les murs , mais en réalité hors de la maison ; que la beauté et l'âme de la famille s'étaient réfugiées dans ses profondeurs impénétrables , et que le spectacle , c'était nous , et que la maison restait un mystère" .
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