L'affaire Meursault

Meursault, «l'Etranger», le fameux «héros» (sic !) de Camus est amené alors à se poser bien des questions, puis des révisions déchirantes... mais tardives... Comme tout prisonnier condamné par la justice.En perspective Michel thouillot nous presente une autre façon d'analyser «l'Etranger» en terre colonisée. L'auteur réinvente dans ce roman librement «L'Étranger» pour éclairer l'envers du décor d'une colonie engagée sur la voie de l'implosion

Il existe dorénavant trois Meursault : celui d'Albert Camus (l'Etranger), celui de Kamel Daoud (Meursault, contre-enquête) et celui que vient de faire paraître Michel Thouillot (L'affaire Meursault).
Il fallait de l'audace pour mettre ses pas dans ceux du prix Nobel de littérature et je dois avouer que je suis conquis par l'approche de Michel Thouillot. Si le personnage de Camus témoigne de l'absurdité de la condition humaine et de la fatalité qui préside au destin des humains en focalisant le récit sur le personnage central, celui de Michel Thouillot, respectant la même problématique, le situe dans le contexte de l'époque, au coeur d'un conflit algérien en gestation avec une vraisemblance qui donne au récit une dimension historique supplémentaire.
On comprend en le lisant à quel point l'époque portait en elle les prémisses et la violence d'une guerre coloniale. Il ne s'agit plus seulement - ici – d'un garçon sans importance collective, tout juste un individu, pour prendre une phrase de Sartre (La Nausée) empruntée à Céline (L'Eglise),mais d'un homme, vivant dans une époque et en un lieu donnés, immergé dans une foule, balloté par des événements qui dépassent sa pauvre existence, éclairent son assassinat et finalement l'engloutissent dans les remous de l'Histoire.
Pour redonner à Mersault davantage de chair et de réalité historique il faut se plonger sans délai dans le roman de Michel Thouillot.
Hugues Bousiges

Une peine de prison de 7 ans pour Meursault : c'est peu mais assez pour le suivre dans la lente émergence d'une conscience. L'auteur nous fait assister à un cheminement douloureux et volontaire, sans aucune complaisance pour autant, de la culpabilité. L'écriture est précise, sans fioriture esthétique, va droit au but, efficace. Sans aucune prétention de moraliste, le texte a évidemment une portée philosophique : à quelles conditions advient la part de l'autre en soi-même. Les liens entre communication et prise de conscience de soi et des autres sont particulièrement bien vus, sans démonstration aucune.
En conclusion, c'est un récit qui se lit d'un trait, on ne lâche pas "l'aventure".
Merci à l'auteur.

J'ai aimé découvrir l'Etranger sous l'angle de vue contemporain de Michel Thouillot car cette version soustrait Meursault à sa terrible fin mais elle fait ressentir l'enfer (et ses maigres issues) de la prison. L'auteur m'a fait ressentir que c'est la mort de sa propre âme que Meursault a de toute façon auto engendrée, en ne prenant pas conscience de ses origines et de celles "des Arabes".
Il m'a semblé que Michel Thouillot donnait (trop) d'esprit à Meursault qui me paraissait si peu incarné psychiquement, autant intellectuellement qu'affectivement, comme anesthésié, avec un esprit d'une honnêteté déconcertante et d'une logique à en être inhumain pour la société et lui-même... Chez Camus, c'est grâce à ce prêtre que Meursault a trouvé la colère et grâce à la haine qu'il voulait imaginer du peuple qu'il a pu affronter sa fin imminente. Avec Thouillot, le verdict est léger et c'est la réalité de la prison et de ses pensées qui condamnent Meursault... et le font réfléchir... L'auteur contemporain a donné de l'esprit à Meursault et personnifié "les Arabes", ceci nous éloigne du côté absurde initial du roman de Camus mais cela remet aussi de la justice dans cette affaire qui ne faisait pas référence à la douleur de la colonisation même si tout y transpire...
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Une oeuvre contemporaine qui témoigne de la "Camusmania", mais pas seulement !
Michel Thouillot nous emmène dans l'univers carcéral et témoigne d'une Algérie complexe, qui a encore bien des choses à dire sur Camus et L'Etranger.
Ce livre nous emmène plus loin que L'Etranger.
Je le recommande !