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Katia Holmes (Traducteur)
EAN : 9782070413522
560 pages
Gallimard (17/05/2010)
4.04/5   50 notes
Résumé :
Colin Thubron, reconnu outre-Manche comme le plus grand écrivain-voyageur vivant, part sur la route de la Soie. Onze mille kilomètres de la Chine à la Turquie, en passant par l'Ouzbékistan, l'Afghanistan, l'Iran... Huit mois de dangers, à dos de chameau ou à cheval, dans des trains et des bus bondés... Avec pour compagnie les vivants et les morts - simples gens, soldats, fantômes de Gengis Khan... Dans cette oeuvre d'une intensité exceptionnelle, passé et présent s'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Folio collection « voyage » N°7

Colin Thubron est né en 1939. Il passe sa vie à arpenter le monde et à écrire sur ses voyages et les rencontres qu'il a fait. Il a la particularité de savoir s'immerger seul pendant de longs mois dans la culture et l'environnement qu'il visite. Il fait partie de ces hommes qui traversent leur vie, vivent leurs aventures sans jamais connaitre d'horizon.
« L'ombre de la route de la soie » est un récit sur cette légendaire voie que l'auteur a emprunté seul en 2003 et 2004, longue de onze fois mille kilomètres et qui part de Xian en Chine pour aboutir à Antakya (Antioche) en Turquie. Cette route a l'âge du tissu précieux dont elle porte le nom : antédiluvien.
Colin Thubron narre un voyage où la petite histoire rencontre la grande. C'est un témoignage riche d'anecdotes et remarquablement bien documenté.

Traduction de Katia Holmes.
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Je serais brève, la seule critique sur Babelio est excellente et complète.
Je lis régulièrement des récits de voyage, et chaque auteur a plus ou moins sa particularité. Ici, il n'y a pas de blablas sur le côté technique, bobos, etc du voyage. J'ai apprécié justement que le récit nous offre tout sauf les mésaventures matérielles du voyageur. Thubron est un excellent conteur, et nous offre l'histoire sur un plateau d'argent. Il va à la rencontre des peuples d'aujourd'hui et ceux d'antan, tentant de nous éclairer sur le monde actuel et celui qui fut. Comment la route de la soie, a fait ce brassage de nationalités, de religions, de guerres etc...
Beaucoup d'histoire humaine, de géographie également, c'était passionnant, mais à lire avec douceur.
Je compte bien me procurer d'autres titres de ce auteur, car ce n'est pas un voyageur qui rapporte l'exploit de ces itinéraires incertains, dangereux ou improbables, c'est un voyageur qui nous prête ses yeux, et tous ses sens pour qu'à notre tour nous puissions voyager. Quand on referme le livre, on a l'impression d'avoir survoler des siècles et des siècles, d'avoir côtoyer multitudes de peuples tous différents.
Bien loin des livres que j'ai pu lire si ce n'est ceux de Nicolas Bouvier qui allaient au coeur des peuples et très loin de ceux de Sarah Marquis qui se contente de traverser des pays sans vraiment s'y intéresser ni nous offrir un panel d'histoires, de vécus, sauf nous étaler son exploit certes honorable mais pourquoi en faire autant de livres, si à chaque voyage, elle nous ressasse les mêmes tourments, les mêmes émotions : marcher, marcher certes, mais je ne les qualifierais plus de : récit de voyage.

Un auteur donc intéressant pour ce genre de livres, qui s'intéresse plus au pays, au peuple, qu'il peut rencontrer qu'à ses bagages, ses pieds, son alimentation, il n'en dit presque rien. Ce n'est pas un marcheur, juste un voyageur qui utilise tous les moyens qu'il peut rencontrer comme le bus, l'auto, le train f(l'avantage c'est qui côtoie le peuple de tous les jours) , et fort heureusement car vu le nombre de km qu'il lui a fallu pour parcourir cette fameuse route de la soie, à pied il y serait encore.
Une belle lecture !
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Colin Thubron ce nom vous dit-il quelque chose ? Les anglais (car il est anglais...) le considèrent comme le plus grand des "travel writters" vivant. Ecrivain voyageur Colin Thubron l'est assurément . On peut le rapprocher d'un Paul Théroux , comme lui voyageur ET romancier. Mais Théroux est moins passionné par les vieilles pierres et plus désenchanté par le monde tel qu'il est ; il suffit de lire son crépusculaire "Safari noir" , une traversée de l'Afrique du nord au sud pour s'en convaincre.
De Thubron j'avais bien aimé "En Sibérie". Voyage qu'il avait effectué peu de temps après la chute du mur de Berlin. " L'ombre de la route de la soie" c'est la relation d'un voyage de onze mille kilomètres qu'il entreprit il y a une douzaine d'années alors que les combats en Afghanistan faisaient rage et que la situation politique des nouvelles républiques d'Asie centrales n'était rien moins que chaotique. La légendaire route de la soie a toujours fait fantasmer les écrivains voyageurs ; Thubron n'est pas le premier a avoir mis ses pas dans ceux de Marco Polo et plus avant dans le temps de tous ceux qui empruntèrent les pistes caravanières pour échanger , troquer, vendre. Dès l'âge du bronze des échanges sont avérés entre l' Orient et l'Occident , et cela continuera pendant plus de deux mille malgré les vicissitudes causées par les invasions mongoles et les conquêtes arabes. Il faudra l'essor de la navigation à partir du XVIIe siècle pour tarir les échanges commerciaux qui s'effectuent désormais en contournant le Cap de Bonne Espérance.
A l'inverse de beaucoup d'écrivains voyageurs contemporains (je pense particulièrement à Bernard Ollivier et à son fantastique parcours à pied de Istambul à Xian en Chine ) , Colin Thubron va partir de Chine pour relier Antioche (Antakya) en Turquie , effectuant l'odyssée dans le sens que devaient emprunter les ballots de soie à destination de l'occident.
Dans une démarche plus culturelle qu'aventureuse ( Thubron n'a rien d'un Sylvain Tesson...) , il essaie de se fondre dans l'environnement , s'attachant particulièrement à ressusciter les mânes du passé. l''auteur a une solide formation classique et rien de ce que L Histoire produit ne lui est étranger. de la Chine à la Turquie, en passant par toute l'Asie centrale et l'Iran, c'est une suite de royaumes et d'empires souvent éphémères que Colin Thubron fera défiler pour le lecteur. A chaque étape, quelques soient les inconvénients logistiques, il n'oublie jamais d'aller humer le passé dans des palais en ruines, des mosquées décrépies , des caravansérails mal en point. Car la conservation historique n'est pas à l'ordre du jour dans tous ces pays plus ou moins en proie au désordre.
Ce survol éthéré de l' histoire a quelques siècles de distance pourra peut-être en agacer certains. Faire revivre Alexandre le Grand , le Christianisme Nestorien, Gengis Khan, Tamerlan, d'accord,mais Quid des hommes d'aujourd'hui ? On y vient !
De la Chine à la Turquie, l'auteur, a voyagé avec les moyens à sa disposition : stop, bus, train, camion. Seul la guerre dans une partie de l'Afghanistan l'a contraint de prendre un avion. Il s'est fondu dans la masse au plus près des gens. Loin de rester sur son Aventin archéologique, Thubron aiguise sa curiosité à chaque rencontre. Sa passion de l'histoire l'amène naturellement à s'inquiéter des dérives nationalistes et religieuses. Et dans ces pays le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles sont explosives. Il y a dans ces pages quelques passages hallucinants qui font douter que la raison soit le propre de l'espèce humaine . le pragmatisme britannique de l'auteur lui permet d'aborder toutes les questions épineuses sinon taboues. Les histoires que lui racontent ses amis de voyage sont souvent poignantes et la tristesse semble le lot commun de beaucoup d'hommes et de femmes écrasés par le destin historique qui les dépasse.
Colin Thubron a bien vu que les frontières politiques ne recoupent en rien la localisation des peuples, des ethnies, des races...Depuis une éternité ces vastes espaces ouverts entre l'Orient et l'Occident ont vu le brassage continuel de peuples nomades, la succession de conquérants impitoyables, la fondation puis la ruine de dizaines de royaumes , les massacres d'aujourd'hui n'étant que la répétition de ceux d'hier.
Une douce mélancolie accompagne le lecteur dans sa découverte du voyage de l'auteur, lui aussi souvent gagné par la tristesse au vu de la comparaison entre l'âge d'or de la route de la soie et la désolation qu'il constate aujourd'hui. On a le sentiment très fort tout le long de cette lecture passionnante que trois mille ans d'histoire pèsent de tout leur déterminisme sur les vies d'aujourd'hui et que rien jamais ne pourra lever cette malédiction. Et c'est le grand talent de Colin Thubron de nous le faire partager.


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Bel ouvrage que ce récit de voyage qui mêle habilement histoire passée et histoire récente des peuples vivant dans les régions traversées. L'auteur n'oublie pas l'élément humain en nous révélant des personnages bien souvent empreints de siècles de traumatismes. Les descriptions de paysages sont très réussies. Pour mieux goûter ce livre, il me semble utile de l'apprécier dans un décor radicalement opposé à celui qui est présenté. Par exemple, je l'ai lu à la plage, ce qui permet de mieux respirer face à l'oppressante atmosphère de régions où la paix semble ne jamais s'être arrêtée.
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Voici un récit très érudit sur un itinéraire mythique, celui de la "route de la soie", tel que l'écrivain-voyageur Colin Thubron l'a parcouru avec les moyens qu'il avait à sa disposition, trains, bus, auto- ou camion-stop, parfois à cheval ou encore à dos de chameau. Un périple audacieux que l'auteur a tenu à effectuer "dans le bon sens", c'est à dire en partant de Xi'An, la capitale de la Chine impériale, pour rejoindre la Méditerranée à Antakia ( anciennement Antioche), sur la côte Sud-Est de la Turquie.
Colin Thubron rappelle à ce propos que le commerce de soie ( mais aussi de papier, de fruits, de fleurs...) se faisait d'Est en Ouest, partant de Chine pour approvisionner les marchés d'Asie centrale, du Proche-Orient et d'Occident. En échange de leurs produits, les chinois ramenaient chez eux des objets en verre, en or, en argent, des épices, des pierres précieuses, des lainages...
L'auteur livre au lecteur, à chaque étape de son voyage, des informations très documentées, à la fois sur le plan historique et géographique, sur les villes et les lieux traversés.
Ce récit me paraît également très lucide sur ce qu'est devenue cette route mythique qui, comme le laisse entendre le titre de l'ouvrage, n'est plus qu'une "ombre" qui laisse au voyageur de passage une inévitable nostalgie.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Personne ne parlait de "route de la Soie" du temps des Tang. C'est un terme du XIXè siècle inventé par le géographe allemenad Friedriech von Richthofen, et il ne s'agit nullement d'une route unique, mais de tout un réseau mouvant d'artères et de veines qui s'étend jusqu'à la Méditerranée. Les historiens en situent le début au IIè siècle avant Jésus-Christ, mais on avait commencé à circuler par là bien longtemps avant que le fait ne fût consigné par écrit. Des soieries chinoises datant de 1500 avant Jésus-Christ ont été retrouvées dans des tombes au nord de l'Afghanistan, et des fils de soie furent découverts, tressés dans la chevelure d'une momie égyptienne du Xè siècle avant Jésus-Christ. Quatre siècles plus tard, la soie parvenait dans une sépulture princière de la Germanie de l'âge de fer. Elle apparaît même en incrustation - un panneau à l'éclat soudain - dans la couverture du cheval d'un chef scythe, prise en tribut ou échangée contre des fourrures, il y a vingt-quatre siècles.
La soie n'avait pas voyagé seule. Les caravanes qui s'ébranlaient lourdement au sortir de Changan, parfois fortes d'un millier de chameaux, partaient chargées de fer et de bronze, de laque et de céramique. Celles qui revenaient d'Occident apportaient des objets de verre, d'or ou d'argent ; des épices et des pierres précieuses des Indes, des lainages et des tissus de lin ; des esclaves, parfois, et cette invention stupéfiante qu'étaient les chaises. S'instaura aussi un échange de fruits et de fleurs, modeste mais capital. De Chine s'en furent vers l'occident l'orange et l'abricot, la mûre, la pêche et la rhubarbe, avec les premières roses, les camélias, les pivoines, les azalées et les chrysanthèmes. De Perse et d'Asie centrale, le voyage eut lieu dans la direction opposée : la vigne et le figuier vinrent s'enraciner en Chine, ainsi que le lin, la grenade, le jasmin, les dattes, les olives et une multitude de légumes et d'herbes.
La route de la Soie avait prospéré durant les périodes de stabilité, quand le grand empire Han exerçait son pouvoir sur l'Asie centrale, jusqu'en direction de l'ancienne Rome ; et à l'époque où l'empire mongol avait décrété une paix inattendue. Pourtant, à ces moments-là même, jamais une caravane ne parcourait l'itinéraire de bout en bout. On ne vit point de Romain se promener sur les boulevards de Changan, pas plus qu'un marchand chinois ne vient étonner les passants au mont Palatin. Les marchandises s'échangeaient à la faveur d'une interminable course de relais compliquée, renchérissant à mesure qu'elles acquéraient la patine de la rareté et de l'éloignement.
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Lorsque Gengis Khan arriva avec cent mille cavaliers, la ville qu'il dévasta était encore une grande cité cosmopolite, encore riche de temples bouddhistes et zoroastriens, et comptant même une cathédrale nestorienne. Djalaleddine Roumi natif de Balkh et futur fondateur de la grande secte mevlevi des derviches tourneurs, était à l'époque un jeune garçon qui avait quitté la ville un an plus tôt. Tous ses coreligionnaires furent chassés dans la plaine et massacrés.
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La désolation est palpable : une terre jadis irriguée et meuble, à présent presque désertique. Des villages qui, autrefois, subvenaient à leurs besoins, ont rétréci à l'intérieur de leurs murs délavés, avec leurs habitants vieillissants et la moitié de leurs portes et fenêtres murées.
(...) Les seules récoltes étaient souvent les fleurs en papier des cimetières, que le vent avait déchirées et dispersées sur les champs, les collant aux buissons dans un blizzard blafard.
Dans les pâtures poussiéreuses , on croisait de loin en loin des bergers grisonnants avec des chèvres et des moutons, qui rentraient le soir dans des villages fantômes. Il pleut de moins en moins chaque année, déclaraient-ils, sans que personne ne sache pourquoi. Beaucoup avaient complétement abandonné la région pour gagner des villes lointaines.
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J'avisai un atelier dans une cour traversée de tuyaux de ventilation rouillés et plantée de roses. Là, on extrayait les rouges de l'écorce de grenade, le jaune de la pelure d'oignon, le brun des noix.
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Ce n'est pas le passé réel qui cimente une nation, disait Renan, mais les histoires qu'elle se raconte: ce qu'elle choisit de se rappeler et d'oublier.
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