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Critique de michfred


Le plus extraordinaire des historiens anciens, d'une modernité sidérante: critique et comparaison des sources, rationalité, analyses percutantes, hauteur de vue, portraits fabuleux et transcription des discours -ceux de Périclès en particulier- d'une finesse et d'une acuité exceptionnelles

J'ajoute, comme helléniste, qu'il est aussi un des auteurs grecs les plus difficiles à traduire, tant la langue est compacte, resserrée, dense, comme sa pensée.

Pour les néophytes, je conseille , dans le livre II, l'épisode célèbre et frappant de la peste d'Athènes.

Sans jamais sacrifier au sensationnel facile mais sans rien enlever de dramatique non plus à cet événement qui frappa les Athéniens enfermés dans leur ville alors que les Lacédémoniens en faisaient le siège, Thucydide se livre à une évocation exhaustive de l'épidémie: circonstances de son apparition, symptômes, bouleversement sociaux, religieux et moraux, recherche des causes supposées ou probables.

Il débouche même sur une critique des superstitions et des présages, des justifications a posteriori dont l'opinion est friande après de tels bouleversements!

Il fait aussi de façon indirecte, en relatant -au style indirect le plus souvent- les discours de Périclès, le portrait en creux de ce grand homme d'état, qui donna son nom au Vème siècle, ce "siècle de Périclès" , apogée de la démocratie athénienne, mais aussi début de son déclin fatal.

Périclès apparaît comme un homme de culture et de raison, plein de clairvoyance et sans illusion, mais jamais défaitiste ni démissionnaire. Il est une des victimes de la peste d'Athènes comme nous le signale l'auteur avec une grande sobriété, teintée de regret.

Après lui, lentement, Athènes la démocrate perdra la guerre, sa primauté sur le monde grec, entraînant dans sa chute la ligue de Délos, pour céder la place à Sparte, l'oligarque, et sa ligue du Péloponnèse- mais pour un temps seulement: une à une les cités grecques tenteront de prendre le leadership du monde égéen...jusqu'à tomber dans l'escarcelle romaine...

Je voulais rendre ici hommage au grand professeur de grec qu'était Jacqueline de Romilly dont le cours exceptionnel et la traduction brillante qu'elle fit de la Guerre du Péloponnèse ont été pour beaucoup dans ma passion pour cette langue, cette culture et l'histoire en général.
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