AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782878442090
405 pages
Faton (14/05/2016)
5/5   3 notes
Résumé :
Les frères Le Nain sont toujours restés célèbres grâce à leurs tableaux représentant des paysans dans leur intérieur, devant leur habitation ou au milieu de paysages. Loin des habituelles scènes de genre, l’œuvre frappe par sa beauté silencieuse, concentrée sur la vie intérieure des person­nages, forçant le spectateur à croiser leur regard.

Appréciés pour ce réalisme poétique, les Le Nain sont sans doute moins connus pour leurs scènes religieuses, al... >Voir plus
Que lire après Les frères Le NainVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Au Louvre , s'il est un coin que j'apprécie tout particulièrement, c'est à l'écart du tumulte de la foule de la Pyramide, et devant Mona Lisa, dans les étages de l'aile Sully. C'est l'espace consacré aux peintures françaises du 17 e siècle. Là, il faut encore faire un bout de chemin, dépasser les portraits de cour et récits de batailles, les mises en scène du pouvoir en somme, puis on arrive à Poussin, La Tour, le Brun et le Nain, et on peut dans une douce lumière zénithale se régaler de la contemplation de chefs d'oeuvre qui ont l'air de faire partie de notre vie depuis toujours, des scènes paisibles de villes, rues et ports, de vie paysanne, tablées de famille et travaux des champs, une plongée dans notre passé et le regard de nos ancêtres, en couleurs douces et sublimes dans une lumière dorée.

C'est un magnifique ouvrage que m'a apporté cette opération masse critique. En effet, ce livre hommage à l'historien d'art Jacques Thuillier est une étude précise et documentée de l'oeuvre des trois frères le Nain, dont la dernière exposition en France date de 1978. L'originalité de l'approche de Jacques Thuilliez a été de renoncer à chercher à attribuer les oeuvres à l'un ou l'autre des frères. Ils peignaient en atelier et de leur vivant n'ont pas chercher à se différencier. c'est donc selon lui, la production de l'atelier qu'il convient d'étudier, les sujets, les techniques utilisées, son évolution au cours du temps. Ainsi, il a pu élaborer un catalogue des 75 oeuvres authentifiées qui sont arrivées jusqu'à nous, et accrochées dans beaucoup de musées de part le monde. En effet beaucoup sont parties en fumée dans les troubles de la révolution française. Un instant, je pense émue aux chefs d'oeuvre détruits par Daech, et à la folie des hommes à vouloir nier leur passé.

Cet ouvrage est donc composé de textes retraçant la démarche de ce célèbre historien, d'un hommage du commissaire de l'exposition le Nain au Kimbel art Museum de Fort Worth du printemps à l'automne 2016, des études historiques et chronologiques sur l'atelier LeNain et les traces laissées dans les archives, comme le brevet de maîtrise d'Antoine qui l'autorisait à ouvrir son atelier. Il comporte ensuite comme un petit musée le Nain, des reproductions soignées des oeuvres avec les commentaires de Jacques Thuillier et d'autres articles parus dans la presse spécialisée. Certains textes sont en anglais, la peinture française est une valeur sûre dans l'espace mondial, et l'art est un langage qui transcende les frontières, c'est une idée réconfortante dans cette époque de conflits et de replis identitaires. Ce sont les écrits qui sont en vedette ici. On découvre que les frères originaires de Laon, une ville que je connais bien, n'ont pas fait que des scènes paysannes, ils étaient portraitistes et peignaient aussi des sujets religieux ou allégoriques comme celle figurant sur la page de couverture. On s'arrête sur les radiographies et les repentir des artistes, leurs hésitations. On entre un peu dans le mystère du processus créatif.

Inutile de dire qu'avec cet appareil critique, sa bibliographie , son index des oeuvres, cet ouvrage n'est pas qu'un beau livre d'art, c'est un ouvrage savant qui fait état de la recherche et des controverses sur le sujet. C'est un livre utile pour les amateurs d'art dans lequel on navigue comme dans un site web avec de multiples entrées possibles, dans lequel chacun viendra puiser ce dont il a besoin pour découvrir, comprendre, approfondir, préparer son parcours dans une prochaine exposition, celle du Louvre Lens par exemple.

Je remercie sincèrement les éditions Faton et Babelio pour cet ouvrage qui m'a permis de revenir sur des interrogations que j'avais sur le mystère le Nain, qui je suis sûre ne manquera pas de séduire de jeunes chercheurs qui pourront à leur tour marcher dans les pas de Jacques Thuillier pour apporter leur contribution à la connaissance.

Commenter  J’apprécie          323
Superbe livre, de très belles reproductions, une somme très complète sur la connaissance actuelle des Frères le Nain :

Lorsque je vais au Louvre, j'aime aller voir les peintres français du XVIIe siècle. Je m'arrête souvent devant la famille de Paysans des Frères le Nain, tableau qui dénote de l'art religieux ou mythologique habituel de l'époque et je ne peut m'empêcher d'y voir une prémisse de l'art réaliste du XIXe siècle. On s'imagine ces peintres provinciaux, baignant dans un monde rural, loin du tumulte de la vie parisienne.

Notre vision est faussée par notre fond de culture romantique et réaliste que nous a laissé en héritage le XIXe siècle. Cette même période qui a fait des frères le Nain des artistes hors circuit, des peintre de “scènes de genre”, loin du parcours “académique” de cour. Et pourtant...
Ce livre remet les pendules à l'heure : il nous fait découvrir leurs oeuvres religieuse, mythologique, leur maitrise du portrait, nous présente des artistes reconnus à leur époque, pas spécialement provinciaux, bien loin de se situer hors des conventions de l'époque, et même carrément en dedans, ne rechignant pas après les honneurs.

Nous avons ici la somme des écrits de Jacques Thuillier sur les frères le Nain, contenant en particulier le catalogue de l'exposition du Grand Palais à Paris en 1978. On y trouve une grande majorité de leurs peintures, avec de grandes reproductions de qualité, souvent accompagnées de photos de détails très enrichissantes, des explications et l'histoire de chaque tableau. L'analyse est savante, documentée et ne se perd pas dans un lyrisme inutile. Jacques Tuillier met un soin à corriger les erreurs du passé car l'histoire de la connaissance de ces artistes a été jalonnée d'erreurs : quelques attributions hasardeuses, la volonté distinguer les trois frères en tentant de trier les oeuvres...

Ce livre, outre sa qualité technique est aussi une somme de la connaissance actuelle sur les frères le Nain et constitue sans doute ce qu'il y a de plus complet sur eux, même si certains articles écrits à des date différentes n'évitent pas quelques redites.

On y découvre aussi par ce biais ce qu'était la réalité du monde de l'Art de 1630 à 1650 en France, loin de notre conception actuelle.

Je tiens à remercier Babelio et les éditions Faton, qui par le biais de l'opération Masse Critique m'ont donné un avant goût de Noël en mai.
Commenter  J’apprécie          160
(Le Nain… Savez-vous qu'ils étaient trois ? C'est seulement en parcourant ce magnifique livre que j'en prends véritablement conscience !)

Ce volume réunit les écrits du professeur et historien de l'art Jacques Thuillier à propos de peintres du XVIIe, les frères le Nain. Ce professeur avait déjà travaillé sur ces artistes dans le cadre de sa thèse, mais c'est en 1957 qu'il publie un premier article sur les peintres lorsqu'il identifie un retable de l'église Saint-Pierre de Nevers. Il rassemble alors tous les documents connus et cherche dans les archives de nouveaux éléments pouvant éclairer l'oeuvre de ces trois frères : Antoine, Louis et Mathieu.

Il organise au Grand Palais une grande exposition en 1978-79 qui permet de faire découvrir les oeuvres à plus de 300 000 visiteurs. Thuillier ne cherche pas à attribuer les tableaux à l'un des frères, apposant la désignation collective « le Nain ». En effet, il lui paraît difficile sinon impossible de distinguer le style de chacun comme s'ils avaient voulu « mêler leurs mains de façon indissociable ». Depuis la fin de ces années 70, une seule exposition consacrée aux trois frères fut organisée. Elle se déroule en ce moment et est itinérante ; débutant aux États-Unis et s'achevant au printemps 2017 au Louvre-Lens.

On retrouve dans ce livre les principales études de Jacques Thuillier, dont celle du catalogue de l'exposition du Grand Palais. L'influence baroque, et plus particulièrement du Caravage, est parfois évidente. Mais cependant, on trouve de nombreuses scènes où tout semble figé. Il est surtout question des regards, regards d'enfants, de vieillards sans oublier celui du spectateur.

Jacques Thuillier présente une biographie détaillée des peintres, mettant en doute leur date précise de naissance, préférant la situer entre 1600 et 1610. A partir de 1632, on commence à parler à Paris de ces trois peintres natifs de Laon. Il a retrouvé de nombreux documents, mais ils sont souvent parcellaires et ne permettent pas d'offrir une vision explicite des événements de leurs vies. Comme pour le peintre Georges de la Tour, on est parfois obligé de faire des suppositions tant les lacunes à propos du déroulement de leurs existences sont importantes. Louis et Antoine meurent en même temps, certainement d'une maladie contagieuse en 1648. Mathieu ne décède que bien plus tard en 1677, mais à partir de cette date on ne retrouve plus de peinture signée de sa main.

Les frères le Nain furent d'abord des « peintres d'histoire » pratiquant « la grande peinture » toute leur vie, cherchant à s'imposer à Paris. Mais beaucoup de leurs décors et tableaux ont disparus ou ont été détruits. Jacques Thuillier retrace l'histoire de tableaux réapparus soudainement sur le marché, ou mal attribués.

C'est à la peinture de genre que les frères le Nain doivent une grande partie de leur gloire. En cela, ils obéissent au goût de l'époque. En effet, la scène de genre connaît un essor spectaculaire au XVIIe siècle. On peut classer les oeuvres des trois frères en plusieurs grands thèmes : tableaux d'enfants (jeux, danse, musique), tableaux d'extérieur (peu nombreux) et les tableaux de paysans. Ainsi la peinture la plus célèbre aujourd'hui « Famille de paysans » n'apparaît qu'à la veille de la guerre de 1914 lors d'une vente à Drouot. On peut rapprocher de ce chef-d'oeuvre un autre tableau « Repas de Paysans », lui aussi exposé au musée du Louvre, mais celui-ci fut connu et célèbre très tôt en raison des nombreuses copies qu'on a retrouvées. Sur les deux oeuvres, on a une organisation presque similaire avec des personnages disposés autour d'une nappe blanche.

Les frères étaient aussi connus à leur époque par leur talent de portraitiste, des portraits réalisés avec simplicité et une touche franche et aérée. Il s'agit le plus souvent de portraits de groupe.

Je suis heureuse d'avoir reçu ce très beau livre à la riche iconographie. Les illustrations sont de très bonne qualité, souvent imprimées en grand format avec sur l'autre page des vignettes présentant des détails, et la mise en page est séduisante. J'ai eu beaucoup de plaisir à le feuilleter, le lire, et découvrir de nouvelles oeuvres… Il est certain que la prochaine fois au Louvre, je ferai une pause plus marquée devant La famille de paysans et peut-être irai-je à Lens en 2017…

Je vous recommande ce bel ouvrage
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les frères Le Nain sont les peintres des regards. « Amateurs de regards humains », écrivait Paul Jamot dans une de ses plus belles pages. On dirait que certains de leurs tableaux sont imaginés, construits autour de ces attaches presque immatérielles et qui pourtant s’emparent d’emblée de l’attention. (…)
À ce qui n’est chez d’autres qu’un détail, ils apportent tous leurs soins. On peut observer l’habileté merveilleuse de leur pinceau lorsqu’il s’agit de rendre la transparence d’une prunelle, de poser un reflet sur une pupille. Mais beaucoup de peintres, et des plus médiocres, ont eu la main non moins subtile. Leur secret est bien plutôt dans cette juste intuition des êtres, qui refuse les airs dolents ou rêveurs et les sourires de convention, qui propose les visages tendus dans un instant d’attente ou de surprise, et choisit le moment où le regard vient se poser sur autrui : insistant, mais du même coup se livrant à découvert.
On n’a pas suffisamment souligné que s’établit ainsi une nouvelle relation entre le tableau et le spectateur.

Jacques Thuillier, « Catalogue », 1978
Commenter  J’apprécie          50

Video de Jacques Thuillier (1) Voir plusAjouter une vidéo

Jacques Thuillier : Poussin
A propos du livre de Jacques THUILLIER "POUSSIN" dans la série "Grandes monographies" chez FLAMMARION, Olivier BARROT raconte la vie du peintreNicolas Poussin.
autres livres classés : intérieurVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (12) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1081 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}