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EAN : 9782764811030
Libre Expression (04/04/2016)
3.78/5   192 notes
Résumé :
Vi, dont le prénom signifie « précieuse, minuscule », est la petite dernière et la seule fille d'une riche famille de Saigon. La vie est douce pour la fillette malgré la guerre qui dévaste le Vietnam. Mais lorsque celle-ci se termine, les notables du Sud doivent quitter le pays. Un terrible périple pour les boat people qui voguent au milieu des tempêtes dans le golfe de Siam jusqu'à la Malaisie. Vi, ses frères et leur mère rejoindront le Québec comme des milliers de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Avec son dernier roman Vi, Kim Thuy revient sur son parcours, son Vietnam natal. Encore une fois, mais on ne s'en lasse pas. Cette fois-ci, dans un récit fictif mais aux forts accents autobiographiques, elle raconte l'histoire De Vi. Il est question de la rencontre entre ses parents, de la famille qui s'agrandit, des belles années. Puis, c'est le choc : l'arrivée des communistes, la séparation d'avec le père, l'exil forcé, les boat people. Enfin, le Canada. Mais les difficultés ne s'arrêtent pas là. Si l'adaptation semble, d'abord, facile, et les petits chocs culturels, anodins, c'est faire le pont entre deux cultures qui est beaucoup plus ardu. En effet, comment concilier la vie au Québec, un ardent désir de liberté et de modernité avec les traditions vietnamiennes ? À travers une succession de très courts chapitres (2-3 pages pour la plupart), la jeune fille qui a fui le Vietnam s'est transformée en une jeune adulte aux valeurs nouvelles.

Si le clivage avec le reste de sa famille et de sa communauté semblait imminent, l'amour fut plus fort. de plus, des études et une connaissance de la langue vietnamienne constituent une occasion pour elle de retourner dans son pays d'origine pour servir d'interprète, entre autres. Là, elle renoue avec son passé, fait des rencontres touchantes, peut-être faire la paix avec son passé et, qui sait, retrouver son père disparu ? Kim Thuy partage avec candeur des pans de sa vie, qui pourrait être celle d'autres migrants. Sa plume, toujours aussi juste, évocatrice, douce et entrainante, me porte dans son Vietnam natal mais aussi dans ses pérégrinations autour du globe. Davantage que dans ses romans précédents, ses récits livrent des pans de sa vie et d'autres, inventés, qui pourraient passer pour les siens, mais toujours narrés avec simplicité, spontanéité et honnêté. Je ne me lasse jamais de lire ses petits bijoux littéraires.
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Écrire un livre, pour témoigner, pour partager, pour mettre des mots sur les maux d'un peuple. J'ai quitté ma terre, un jour, une nuit, mais elle ne me quitte pas. Je suis parti, j'ai Visité d'autres lointaines contrées, mais je reviens toujours à ce Vietnam natal. Dès que je sens l'odeur d'une soupe tonkinoise, je reVis, Vi c'est d'ailleurs mon prénom, Vi comme dans inVisible et aussi un peu comme dans Vie, car après tout il est question de Vivre en dehors de son passé, de ses racines surtout.

Écrire un peu de son histoire, pour faire découvrir la personne que je suis. Enfouie dans un passé que j'ai fui, je replonge dans les souvenirs, les odeurs de la mémoire. J'entends des rires d'enfants jouant à la marelle dans la ruelle. J'entends des bombes venant s'écraser dans le jardin de ces mêmes enfants. J'entends et je reVis la sombre histoire de mon passé.

Et je respire la chaleur de cette soupe tonkinoise avec ses petits légumes taillés finement. Un mélange de citronnelle et de ciboulette s'échappe de la cuisine itinérante de mon esprit. Je revois ma mère, ma grand-mère, toutes trois attablées, préparant le repas dominical. J'avais huit ans quand la maison a été plongée dans le silence.

Écrire une Vie, ses escales, ses embarquements, ses migrations comme des oiseaux, cherchant de nouveaux nids à construire. Ici, là, ailleurs. Saïgon, Rome, Paris, le Danemark, la Malaisie, Montréal... Que de voyages, que de nouvelles expériences, même si mon coeur me ramène toujours au Vietnam, vers la soupe de ma grand-mère au bord d'une rivière. Vi(s) à Hanoï, des vies.
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Comme dans ses précédents ouvrages Ru et Man, Kim Thuy livre avec Vi un récit intimiste d'une narratrice vietnamienne à cheval entre son pays natal et son pays refuge. Sa famille, au Vietnam, connut prospérité matérielle et intellectuelle du temps de l'Indochine française jusqu'à la mainmise du pouvoir communiste sur le pays. Sa mère choisit l'exil avec la petite Vi et ses trois frères aînés.
Le roman, à fortes connotations autobiographiques, se construit de façon parcellaire. Kim Thuy raconte l'existence De Vi dans de courts chapitres qui allient concision et profondeur du texte. Vi, dont le prénom signifie "la petite, qui est precieuse", se raconte, ainsi que sa famille, les proches, des inconnus. On la suit dans ses itinérantes narratives et ses souvenirs de Saigon à Dalat, des camps de réfugiés boat-people en Malaisie à Québec puis Montréal et tellement d'autres endroits avant un retour, adulte, en terre vietnamienne.

Qu'elle parle du grand-père paternel tombé amoureux de sa femme pour ses jolis doigts fuselés ou des femmes violées par les pirates lors des traversées vers l'exil, de la découverte des us occidentaux par Vi et les siens à la redécouverte d'un Vietnam au nouveau visage, Kim Thuy le fait avec une grande délicatesse d'écriture. Les mots sont pesés, envoûtants. Il s'en dégage une poésie qui ne cache cependant pas les âpretés de la vie. Ni les atrocités des guerres successives, et leurs conséquences une fois le régime autoritaire mis en place, qu'a connu son pays natal durant des décennies.

Le récit De Vi démontre aussi la difficulté de préserver les traditions de l'Asie dans un Québec si différent culturellement,  la tentation de se libérer de ces contraintes séculaires pour une jeune fille puis femme. Il y a aussi la solidarité entre les réfugiés, la chance de se reconstruire après les horreurs subies ou vues. Et l'amour, thème fondamental qui parcoure tout le roman.

Kim Thuy continue de me charmer avec sa prose subtile et magnifiquement écrite. Vi offre, en 130 et quelques pages seulement, un florilège d'émotions.
Si court et si fort... la marque d'une grande écrivain.
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"A l'opposé de la culture occidentale qui encourage l'expression des sentiments et des opinions, les Vietnamiens les gardent jalousement pour eux et ne les verbalisent qu'avec beaucoup de retenue parce que cet espace intérieur constitue le seul endroit qui soit inaccessible aux autres."
Cette citation issu du roman reprend pour moi ce que j'ai ressenti à sa lecture: à savoir qu'il me manquait une clé pour bien cerner le personnage De Vi, enfant puis jeune femme vietnamienne, qui du migrer au Canada avec sa famille du fait de la guerre dans son pays.
Les chapitres sont très courts, 2 pages en général, pour un roman très court lui aussi: moins de 150 pages. Il s'agit principalement de souvenirs, dans l'ordre chronologique, mais j'ai eu l'impression que certains événements notamment dans les transitions (passage du Vietnam au Canada, de l'adolescence à l'âge adulte, retour au Vietnam, liens avec son père, etc) auraient tous mérité davantage d'approfondissement, mais cela ne semblait sans doute pas nécessaire pour l'auteure.
Dommage pour moi, je repars de cette lecture avec un sentiment d'avoir manqué quelque chose.
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Vi... Ce qui en français pourrait passer phonétiquement pour une incitation à ressentir pleinement les choses est ici le prénom de l'héroïne du roman. Le livre prend la forme de très courts chapitres, comme des cartes postales des différentes étapes géographiques de la vie de cette jeune femme, si proche par le destin de celui de l'auteure.

L'évocation est réussie, pleine de profondeur que la froideur et la simplicité des mots ne laisse pas soupçonner. Comme cette absence d'émotions que laisse paraître le visage des Vietnamiennes et que l'auteur tente d'expliquer au coeur de son livre. Un destin touchant, un parcours de vie traversé par l'histoire de sa famille aux rapports complexes et au delà de son pays, au coeur de la grande histoire mondiale dans ces années 70 où la guerre froide a fait s'affronter les deux géants par territoires interposés, conviant à l'horreur des peuples qui n'y avaient aucun intérêt. A lire pour ressentir de l'intérieur ce qui n'est pour nous que quelques pages d'un livre d'histoire contemporaine et quelques images choc sur des vieux magazines. Et au-delà, le "comment vivre après ?"
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critiques presse (3)
LaPresse
02 mai 2016
La puissance de la plume de Kim Thúy réside dans une écriture juste, sans superflu, qui ne passe pas par quatre chemins pour arriver jusqu'à notre cœur.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaPresse
08 avril 2016
Un livre beau et subtil sur l'exil et la difficulté de devenir soi.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
04 avril 2016
Par l’écriture, elle cherche l’émotion dans les mots… et les mots dans l’émotion.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
MON GRAND-PÈRE PATERNEL était diplômé de la faculté de droit de l'Université de Hanoi à titre d'« indigène ». La France s'occupait de l'instruction de ses sujets, mais n'attribuait pas la même valeur aux diplômes décernés dans ses colonies. Elle avait peut-être raison puisque les réalités de la vie en Indochine n'avaient rien en commun avec celles de la France. En revanche, les exigences scolaires et les questions aux examens étaient les mêmes. Mon grand-père nous répétait souvent qu'après l'étape des examens écrits il y avait une série d'oraux pour obtenir le baccalauréat. Pour le cours de français, il devait traduire devant ses professeurs un poème vietnamien en français, et un autre dans le sens inverse. Les problèmes de mathématiques devaient également être résolus oralement. Le test ultime était de faire face à l'hostilité de ceux qui décideraient de son avenir sans perdre ses moyens.

L'intransigeance des professeurs n'étonnait pas les étudiants puisque la hiérarchie sociale plaçait les intellectuels au sommet de la pyramide. Ils y siégeaient en sages et portaient le titre de « professeur » toute leur vie auprès de leurs élèves. Il était impensable de remettre en question leurs paroles puisqu'ils détenaient la vérité universelle. C'est pourquoi mon grand-père n'avait jamais protesté lorsque ses enseignants lui donnaient un nom français. Par manque de connaissances, ou par acte de résistance, ses parents ne lui en avaient pas donné. Alors, dans les classes, d'une année à l'autre, d'un professeur à l'autre, il portait un nom nouveau. Henri Lê Van An, Philippe Lê Van An, Pascal Lê Van An... De tous ces noms, il avait conservé Antoine et transformé « Lê Van An » en nom de famille.
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En 1954, le dix-septième parallèle fendait le Vietnam en deux. En 1975, le 30 avril traçait une ligne marquant la frontière entre l'avant et l'après, entre la fin d'une guerre et sa suite, entre le pouvoir et la peur. Avant, nous entendions le rire de Hà dès qu'elle éteignait le moteur de son scooter. Elle rigolait en sautant à la marelle avec les enfants dans la ruelle, elle taquinait le jardinier de l’irrésistible transparence de sa chemise trop usée, elle répondait sans peur aux jappements de nos chiens de garde... Après, Hà est devenue l'épouse d'un général originaire de Vinh, une ville du Nord rasée par les bombardements mais remplie d'âmes errantes, dont celles de ses parents, qu'il n'avait pas pu revoir avant leur enterrement sous les décombres. Sans ce général, toute la famille de Hà aurait été envoyée dans les terres marécageuses inhabitables appelées "nouvelles zones économiques".
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Comme ma mère auprès de mon père, comme Hoa auprès de Long, je devais l'aimer lentement, patiemment, en comptant et notant le nombre de fois qu'il prononçait mon nom par semaine. J'accrochais son manteau d'hiver au-dessus du radiateur pour le garder chaud. Je remplissais son verre de bière pour qu'elle reste bien froide. Je plaçais à coté de son café un biscotti pour garder vivante son adolescence à Rome, ville dans laquelle son père avait vécu en tant qu'étudiant étranger vietnamien et, plus tard, à titre d'ingénieur italien. Tân nous a initiés aux spaghettis alla carbonara, donc à la pancetta et au parmigiano. Il entonnait des chansons en italien et imitait Pavarotti. Il nous a fait découvrir La Dolce Vita et tous les autres films avec Marcello Mastroianni. Il a montré à ma mère et à moi la paso-doble, le tango, le cha-cha-cha. Black Magic Woman de Santana tourne encore dans ma tête au rythme de ses "un, deux, cha-cha-cha". Au nombre de personnes qui habitaient dans notre maison, ces leçons spontanées se transformaient rapidement en fêtes où Linh passait fièrement ses cassettes de compilation musicale.
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Ainsi, le matin de ces dimanches précédant le Têt, ma mère, Hoa et moi nous réveillions très tôt pour préparer les herbes, les fines tranches de porc, les crevettes coupées en deux sur la longueur avant de les envelopper dans les galettes de riz. Même si nous étions trois personnes aux mains différentes, il fallait que tous les rouleaux aient la même taille, incluant les trois centimètres de ciboulette aillée qui en dépassaient fièrement comme des antennes. Les jeunes achetaient nos rouleaux, les raviolis farcis, les pâtés chauds, la gâteau au manioc, alors que les mères se promenaient entre les kiosques pour zyeuter les jeunes filles célibataires qu'une amie ou connaissance leur avait recommandées pour leurs garçons.
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J'AVAIS HUIT ANS quand la maison a été plongée dans le silence.

Sous le ventilateur d'appoint apposé au mur blanc ivoire de la salle à manger, un grand carton rigide rouge vif portait un bloc de trois cent soixante-cinq feuilles. Chaque feuille indiquait l'année, le mois, le jour de la semaine et deux dates : une selon le calendrier solaire et une autre selon le calendrier lunaire. Dès que j'ai été capable de grimper sur une chaise, on m'a réservé le plaisir d'enlever une page à mon réveil. J'étais la gardienne du temps. Ce privilège m'a été retiré quand mes frères aînés Long et L?c ont eu dix-sept ans. À partir de ce jour d'anniversaire, que nous n'avons pas célébré, ma mère pleurait chaque matin devant ce calendrier. J'avais l'impression qu'elle se déchirait en même temps qu'elle arrachait la feuille du jour. Le tic-tac de l'horloge qui d'habitude nous endormait au moment de la sieste de l'après-midi sonnait soudainement comme celui d'une bombe à retardement.
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Vidéo de Kim Thúy
Dans le cadre du Festival Lettres du Monde, Kim Thuy vous présente son ouvrage "m" aux éditions Liana Levi.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2505439/kim-thuy-em
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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