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Voici un roman très original construit à l'aide de courts chapitres oú le titre est doublé en Vietnamien, à la droite de la page. "Man" est une histoire de femmes: il raconte avec élégance, retenue, pudeur et poésie la vie d'une jeune vietnamienne mariée à un restaurateur vietnamien qu'elle suit au Canada mais aussi l'histoire de sa mère adoptive, enseignante, qui lui a appris le français en cachette,grâce à "une vie " de Maupassant .....elle lui en lisait des extraits chaque soir......
Par petites touches subtiles, sensibles, imaginatives, sans pathos, on découvre son parcours, elle a été couturière, interprète ,chroniqueuse culinaire, elle a vécu une vie de labeur et de petites joies.....les mets et les mots sont trés présents dans ce récit, ils sont minutieusement choisis. L'auteure raconte la douleur du déracinement, le déchirement , l'amitié entre des femmes de culture différente , les coutumes de la cuisine vietnamienne , ses raffinements , ses couleurs et ses odeurs, ses mélanges .....
L'histoire d'une femme aux racines arrachées mais permanentes, présentes!
Par ses souvenirs et ses sensations, sa réserve, Kim Thui crée un univers dense, doux et poétique, lumineux, un voyage culinaire et linguistique....
Un beau livre à la fois , délicat, puissant et raffiné sur l'amour et le bonheur ....servi par l'intelligence de l'auteure et son talent de conteuse.


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Parfois une mère ne suffit pas, il en faut trois : celle qui met au monde, celle qui recueille, celle qui élève. Parfois, être mère ne suffit pas, il faut une amie pour donner les gestes et les mots de l'amour. Parfois, être comblée ne suffit pas, il faut plus qu'un mari, des enfants, le succès, il faut découvrir l'amour, le vrai, celui dont on n'osait rêver.
Mãn se raconte, de sa naissance au Vietnam jusqu'à sa renaissance dans les bras d'un homme, des difficultés de vivre dans un pays colonisé puis en guerre à son mariage arrangé avec un restaurateur expatrié au Canada, l'exil, la cuisine pour seul univers, l'amitié qui change tout, la réussite, les enfants, et bien sûr l'amour, la vraie découverte, impossible évidemment, mais inévitable et fondateur.


Mãn est un pêle-mêle de sensations et d'émotions où se côtoient les saveurs du Vietnam, le sel des larmes et le bonheur de vivre. Par petites touches délicates, se reconstitue la vie d'une femme qui conjugue le verbe aimer sans le dire, par de petites attentions de chaque instant, en veillant au confort des siens, en devançant leurs désirs. Empêchée de s'exprimer par une pudeur naturelle et une enfance silencieuse auprès d'une mère engagée, elle va pourtant s'ouvrir aux sentiments grâce à l'amitié d'une femme et à l'amour d'un homme. Poétique et tendre, l'histoire de cette femme se dessine comme une mosaïque où se mêlent la cuisine vietnamienne, la mémoire et l'enrichissement de l'exil. Les évènements plus graves sont évoqués en pointillés, les douleurs sont enfouies, cachées.
Un roman sensible et profond, porteur d'espoir et d'amour.
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Une Vietnamienne à Montréal, un roman tout en finesse…

Kim Thuy tisse une fine dentelle composée de souvenirs du pays d'origine et d'adaptations au nouveau foyer.

C'est même joli, avec des mots en vietnamien dans la marge qui viennent ponctuer le texte de très courts chapitres.

On y parle de la cuisine, celle du restaurant de son mari où l'immigrante travaille, des nuits passées à découper finement les légumes et à préparer des spécialités à la manière traditionnelle.

On y parle de la langue, ces pièges des mots qui se ressemblent mais ne sont pas de la même famille : une rebelle est-elle une personne redevenue belle ?
On y parle d'amour, une émotion nouvelle pour une personne dont on a choisi le mari.

On y parle aussi d'amitiés et de la façon d'exprimer ses sentiments, même avec ses enfants, avec des effusions et des baisers plutôt que la retenue stoïque à laquelle elle était habituée.

Un délicieux mélange d'exotisme et de familier, un petit plaisir de lecture à déguster !
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Un roman où l'on se sent bien, qui m'a redonné un peu de ce dont je suis privée en ce moment de confinement, j'ai pu voyager entre le Vietnam et le Canada, j'ai pu aller au restaurant me délecter de mets délicieux, retrouver l'ardeur de l'auteure (une rencontre inoubliable dans des jours anciens) et tout cela au fond de mon fauteuil par un après midi ensoleillé.
Ce roman évoque l'enfance, les mères «  ma première mère m'a mise au monde, ma seconde mère m'a cueillie dans un potager, ma troisième mère celle qui m'a vue tenter les premiers pas est devenue Maman, ma maman » et puis le mariage et le départ pour le Canada, une nouvelle vie commence.
La narratrice s'investit dans le restaurant de son mari, elle cuisine un plat unique en cherchant à retrouver les goûts de son enfance. Vient la rencontre avec Julie, un grand moment libérateur, d'invention, d'innovation et surtout d'amitié.
Ce court roman lumineux est un régal, on y retrouve les talents de conteuse de Kim Thúy, sa sensibilité, un roman sur l'héritage culturel, la transmission et le goût du partage, son attachement au deux pays, un livre à savourer comme les mets qui y sont décrits.
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Contrairement à RU qui racontait son histoire, MAN ce second livre de Kim Thùy est rempli de petits mots dans la marge. Et, elle se souvient de son enfance et des rencontres dans son pays d'accueil.
A travers couleur, saison, fantôme, peinture, cyclo-pousse, hirondelle, broder... Kim Thùy nous fait respirer par petites touches, le Vietnam de son enfance et sa ville de Montréal.
Un livre rempli de délicatesse, de reconnaissance, d'amour: un beau livre.
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Mân
Après le succès de Ru dans lequel Kim THUY décrivait son long parcours du Vietnam au Québec, elle nous revient avec Mân, l'histoire d'une jeune fille qui prend mari pour fuir ce même pays.

Cette jeune fille et son mari immigrent au Québec et travaillent dur dans leur petit restaurant qu'ils exploitent pour une maigre clientèle d'immigrés qui comme eux se languissent de leur pays. Ils y viennent pour déguster les plats simples et réconfortants qui les transportent pour un moment dans leur monde d'avant.

Julie, une femme fougueuse aux mille talents, devient son amie inséparable. Cette amie audacieuse et entrepreneure crée des ateliers et des événements artistiques autour d'une cuisine exotique exécutée avec raffinement par cette fille venue d'ailleurs qui s"est improvisée cuisinière pour survivre. le succès de ces activités fait immédiatement croître la clientèle du restaurant. Grâce à son amie, la nouvelle cuisinière deviendra une "chef" incontournable et sera invitée dans les grandes rencontres culinaires internationales. Au cours d'un voyage à Paris, un grand amour nait entre elle et Luc, un chef français venu aussi du Vietnam.

Kim THUY, nous raconte cette histoire d'une grande beauté dans une incroyable économie de mots. Son incontestable talent est là, tout entier, dans cette façon peu commune qu'elle a de pouvoir évoquer tant les merveilles culinaires, que les saveurs et les plats traditionnels de son pays, de même que le détail des tâches quotidiennes en peu de mots soigneusement choisis. Sous sa plume, tout chante, même les gros chagrins. Dans Mân, elle nous démontre encore une fois sa maîtrise de la langue française même si elle affirme le contraire.

Kim THUY rend ce roman touchant par sa poésie et sa tendresse, elle le fait avec délicatesse et justesse. On s'attache à cette femme que l'on voit évoluer, s'enrichir et s'attendrir parfois avec ses enfants. On est au coeur d'une famille immigrante et on ressent leur désir de vivre.

Je remercie Babelio pour la lecture de ce livre suite à la masse critique, ce fut un véritable coup de coeur. J'attends et surveillerai avec impatience le prochain roman du Kim THUY.
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Kim Thúy est née à Saïgon en 1968 pendant l'offensive du Têt ; elle a fui le Vietnam comme boat-people avec ses parents à l'âge de 10 ans puis s'est installée au Québec avec eux avec le statut de réfugiés. Elle a suivi un solide cursus universitaire à Montréal (linguistique et droit), a exercé de nombreux métiers (dont celui de restauratrice) et se consacre à l'écriture depuis 2009. En 2013, elle publie chez Liana Levi «Mãn», un roman de 159 pages encensé par la Presse et apprécié (noté 3,74/5) par les lecteurs de Babelio. En quatrième de couverture, l'éditeur fait un bilan rapide de l'ouvrage : « subtil balancement entre passé et présent, l'auteure dessine une mosaïque où se mêlent la mémoire, l'amour et l'enrichissement d'être ailleurs ».

Ce livre vous bousculera à plus d'un titre. D'abord par son entreprise de déconstruction systématique des sentiments : dissimuler ses sentiments à celles et ceux qui étaient témoins ou juges de la déchirure de son pays, de sa culture, de son peuple ; « la cause collective éclipsait sa vie individuelle » ; s'efforcer d'être transparente, de s'effacer, de « sceller ses tristesses personnelles dans des compartiments hermétiques sous une carapace hérissée d'épines » ; « ne pas laisser ses émotions déborder des limites de l'assiette ». Ensuite, par sa naïveté auto-programmée, naïveté qui confine à l'abnégation : se convaincre de l'innocence de ses proches, de leurs faits et gestes ; se sentir parfaitement comblée car son nom lui « impose cet état de satisfaction et d'assouvissement ». Et par sa recherche d'harmonie familiale, de calme et de tendresse : être en quête de moments privilégiés, répéter les mouvements apaisants. Et par son attachement à sa mère : maman était « la seule à savoir envelopper sa fille de cette crêpe pour que sa peau puisse se comparer au reflet de la neige et à l'éclat de la porcelaine » ; « Maman dont la ration quotidienne était limitée à trente grains ». Et par son souci de pureté : « les lotus conservent leur parfum malgré la puanteur des marécages ». Et par les remontées glaçantes mais très contrôlées de fragments d'images issues des conflits vécus par l'auteure pendant son enfance : histoire terrible d'une jeune fille qui s'est sacrifiée pour sa famille ; « dans ses années-là, on partait sans espérer revenir » ; «  à cette époque, il suffisait d'habiter dans une grande propriété pour être soumis à diverses accusations » ; « creuser des canaux avec une pelle à la main et des rations d'orge dans le ventre » ; « un faux mouvement pouvait faire sauter une mine » ; « des soldats prêts à empêcher les canons de glisser sur une pente boueuse en se couchant devant les roues, en se sacrifiant pour la cause d'une nation ». Et par son instinct de survie : « si tu veux survivre, dépars-toi de ton identité » ; épargner à sa famille tout soupçon et toutes accusations de trahison ; se résoudre à suivre le mouvement ; grandir sans rêver ; « accepter les choses telles qu'elles sont, telles qu'elles arrivent, sans jamais questionner ni le pourquoi, ni le comment » ; « oublier pour avoir une chance de recommencer, de se reconstruire » ; « demeurer solide et, surtout, lisse ». Par sa quête d'amour, avec Julie qui lui apprend à dire « j'aime » puis avec Luc qui lui sert longuement la main, qui échange avec elle, qui lui apprend à regarder et à découvrir son corps de femme, qui lui donne envie de « se faire tatouer un point rouge à la lisière du front » afin de « dessiner la carte de son destin sur son corps ». Et enfin par sa volonté de rester (ou de paraître) optimiste : « A Saigon Proverb: Doe la chine tran, neu buon la thua. Life is a struggle in which sorrow leads to defeat ».

Pour Kim Thúy, le passé n'est pas une tare. Il ne faut « pas céder à la compassion ». Il faut tout mettre en oeuvre pour « réintégrer le passé au présent ». Belle leçon d'humilité et d'humanité quand la barbarie et l'indifférence vous entoure. Chapeau bas : vous avez entre les mains un livre simple par son écriture mais fort par son message, un livre subtil, délicat, agrémenté de touches de poésie et de parfums. Je mets quatre étoiles.
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Un sublime et délicat message d'amour

L'amour d'une enfant à sa mère "3ème maman" qui l'a recueillie et protégée au Vietnam en lui apprenant à retenir ses joies et ses peines, à devenir invisible. Car montrer un visage totalement inexpressif et par là même enfermer l'émotion est une question de survie dans un pays où règne le chaos politique "Maman m'avait enseigné très tôt à éviter les conflits, à respirer sans exister, à me fondre dans le décor"..."afin que personne ne puisse me faire de reproches, afin que personne ne m'atteigne".

L'amour du pays natal d'une réfugiée devenue adulte où par une profusion de couleurs, de parfums et de saveurs qui éblouissent et ennivrent, Kim Thuy nous fait toucher, sentir, goûter aux traditions du Vietnam.

L'amour, les émotions enfin libérées éprouvées auprès d'un homme, Luc qui porte à la narratrice "un regard," son premier regard.
Une pointe d'espoir ?!

J'ai ressenti un immense plaisir à lire ce très beau texte nostalgique sans zest d'amertume qui entrelace par un fil délicat des mots d'origine, les coutumes, la flore exubérante, les recettes ancestrales, les contes et les anedoctes qui fondent la culture vietnamienne.
Un texte pudique d'une vie immobile qui ne tend qu'à exister par l'âme et le corps !
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« Parfaitement comblée », telle est la signification du prénom de Man jeune vietnamienne « mariée » à un Vietnamien restaurateur au Canada.
Elle apportera à leur établissement son savoir-faire culinaire dont elle rattachera chaque recette à une histoire initiant à la découverte de son pays.

Interviendra Julie, une cliente devenue son amie qui l'incitera à créer un atelier de cuisine avec dégustation et à écrire un livre de recettes dont le succès la mènera jusqu'à Paris…
Elle y fera la connaissance de Luc et sa vie sentimentale en sera bouleversée.

Un roman très attachant par l'écriture toute en finesse de Kim Thuy qui renouvelle ici la réussite de son premier ouvrage « Ru ».
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Màn, la narratrice, a quitté Saigon pour rejoindre son mari, un restaurateur vietnamien exilé au Québec. Mariage arrangé bien sûr, l'époux ayant été choisi par sa mère. Elle s'installe dans sa nouvelle vie sans véritables espoirs ni regrets, semblant ne rien attendre de précis de cette existence entièrement dévouée au travail. Elle s'investit en cuisine, concoctant des plats qui parfois tirent des larmes aux clients. C'est sa meilleure amie Julie qui va l'ouvrir au monde et lui faire trouver le juste équilibre entre la rigidité de son éducation vietnamienne et les postures démonstratives propres aux occidentaux : prendre ses enfants dans ses bras, les embrasser, chanter à voix haute… Et puis il y a Luc, rencontré en France après la parution d'un ouvrage culinaire devenu un best seller. Luc, l'homme marié qui deviendra l'amant passionné, celui dont elle gardera en mémoire chacune des parcelles de la peau. Celui grâce auquel elle osera « se regarder nue longuement dans un miroir. » Une histoire d'amour aussi brûlante qu'impossible…

Le récit suit parallèlement le parcours de Màn et celui de sa mère. de courts chapitres, parfois de simples paragraphes, introduits par des mots français accompagnés de leur traduction en vietnamien. le ton est proche de la confidence et les phrases semblent chuchotées. Parfois resurgissent du passé des lieux, des sensations enfouies. J'aime évidemment ce coté elliptique qui apporte une forme de légèreté. La confession, certes des plus intimes, reste constamment traversée par la plus grande pudeur. La narratrice marche sur un fil, elle se livre sans jamais tomber dans le grand déballage indécent.

Un superbe texte à la fois tendre, délicat et gourmand. Dans ce métissage de goûts et de couleurs, cuisine et mémoire jouent un rôle majeur. Kim Thuy propose à travers ce touchant portrait de femme une réflexion sur l'identité, sur cette complémentarité entre l'héritage maternel et l'exil qui donne un sens à l'existence de Màn. je me suis régalé avec ce court roman aussi fin qu'élégant.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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