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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Amatka est un court roman de SF suédois dont j'ai particulièrement aimé la lecture. Il se déroule dans un monde qu'on pourrait dire... Soviétique? Les individus doivent s'y effacer pour laisser place au collectif. le travail y est une valeur primordiale et les opinions personnelles n'y ont pas leur place.

L'histoire se déroule dans une colonie où tout manque. On y parle d'une catastrophe passée sur laquelle le lecteur n'apprendra rien. On a l'impression que la Terre a pu avoir envoyé des colons de cet univers étrange où les lois de la physique sont différentes, puis le contact a été rompu. (C'est comme ça que j'ai comblé le manque d'information, mais je viens d'aller lire d'autres critiques, chacune avec une hypothèse légitime différente. C'est franchement amuser à spéculer au fil de la lecture, en fait.)

Le plus intéressant ici est que la cohésion de cet univers dépend des énoncés performatifs. Autrement dit : Tout dit être nommé et étiqueté pour ne pas perdre son identité. Les meubles, les bâtiments, les outils, etc. Une pelle qui ne serait pas désignée "Pelle" finira par se désagréger. C'est ainsi que le contrôle politique autoritaire se justifie. Cela prend une grande organisation pour nommer les choses, sinon le monde perdra sa consistance.

J'adore cette prémisse sur le pouvoir des mots. C'est d'ailleurs elle qui a permis au bouquin d'avoir un petit succès auprès des lecteurs de littérature réaliste. Parce que pour eux, la SF c'est non. Mais les allégories, ça passe.

(Et puis bon, on reconnaît un livre de SF qu'on essaie de vendre aux lecteurs de littérature blanche à sa comparaison obligatoire à 1984 sur la quatrième de couverture.)
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Amatka, pour des lendemains qui chantent

Amatka est le nom d'une des cinq colonies situées dans un monde étrange : s'agit il du futur de la Terre comme certains indices le laissent à penser; Ou d'une planète inconnue dont l'histoire aurait oublié les origines ? Ou des aliens ayant redécouvert la Terre après notre départ ou mort ?Toutes les pistes
Chaque colonie est spécialisée dans un domaine : agriculture, sciences... Les us et coutumes sont étranges, comme cette manière de nommer et marquer les choses afin que ces dernières ne perdent leur substance : le stylo est marqué Stylo et nommé Stylo, sous peine de le voir se transformer en mélasse. Ainsi en est-il de chaque construction, vêtements, meubles... Seuls quelques vestiges d'un temps ancien résiste à la dégradation.

Amatka, c'est l'histoire de Varja, venant de la colonie principale Essre. Elle doit mener une étude de marché à Amatka. Peu sûr d'elle, sa mission est en outre assez floue. Sans oublier que le Marché est un bien grand mot pour des colonies ayant comme politique un ersatz de communisme. La majorité des objets quotidiens proviennent de firmes d'Etat et les concitoyens d'Amatka ne sont pas très réceptifs à la nouveauté.

Peu à peu, dans les pas de Varja, nous devinons quelques éléments sur le fonctionnement totalitaire du gouvernement, de l'administration (le Comité) et de la vie quotidienne. Une vie faite de routine : travailler, marquer et nommer les choses. Et se multiplier !
Malgré cela, les habitants semblent satisfaits de leur situation, mais quelques éléments vont jeter une ombre sur ce bonheur, et la dissidence pourrait bien exister.

J'avais un peu peur d'un livre à message écrit au forceps, doublé d'une théorie ardue sur le langage, il n'en est rien. L'écriture est simple, l'atmosphère étouffante malgré le froid glacial, et les quelques éléments donnés sur la colonie donne envie de découvrir les mystères d'Amatka et de ses colonies-soeurs. Peu de réponses seront données, l'imagination du lecteur remplira les blancs. A la fin du roman, l'étrangeté demeure.

On ne peut s'empêcher de penser au célèbre 1984 d'Orwell et Amatka ne déparera pas à son côté sur l'étagère. On pourra reprocher des personnages assez binaires mais qui participent à l'atmosphère du livre. Je n'ai pas compris le parallèle avec le collectivisme. A l'époque d'Orwell, cela faisait sens, mais de nos jours...
Entre fable dystopique, SF et fantastique, une réflexion tout en douceur autour du pouvoir, de l'Etat, du langage et l'oppression qui peut en découler. Une très belle découverte. J'avais découvert l'auteur via la nouvelle Appel aux Armes pour la défense des droits des auteurs décédés sur le podcast de Coliopod. Nul doute que Karin Tidbeck sera sur ma liste des auteurs à suivre.

Au final, Amatka, c'est "un chant du faire et du défaire. Ils ne chantaient pas les choses telles qu'elles étaient, mais telles qu'elles pourraient être."
Et vous saurait à la fin comment plier les choses à votre volonté :
"Elle avait découvert la méthode la plus efficace : allier la parole, l'écrit et la pensée pour décrire en détail un objet n'existant pas au préalable. Et le faire advenir."
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Amatka est un roman dystopique Weird de Karin Tidbeck, qui décrit une société qui tente de survivre dans un monde hostile qu'elle a colonisé en quittant un ancien monde en proie à la destruction. le comité central des colonies dirige donc les citoyens en exaltant leur servitude au collectif, tout en surveillant de très près leur langage, puisque celui-ci peut littéralement transformer le monde et faire exister des objets normalement absents du monde.
Vanja, arrivée à Amatka pour contrôler les besoins des habitants en manière d'hygiène, se révolte peu à peu contre l'autorité et prend conscience de la magie des mots et de leur importance.
Si vous aimez les dystopies et la Weird Fiction, je vous recommande la lecture d'Amatka !
Lien : https://leschroniquesduchron..
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L'intrigue d'Amatka n'est pas située dans le temps. Tout juste sait-on qu'elle se déroule sur une colonie, parmi cinq autres. C'est une fable intemporelle, dans un monde étrange où le langage est le premier instrument de pouvoir.

J'ai vraiment adoré ce roman. Au début de la lecture, on se dit que c'est plat : la tournure des phrases, le caractère de l'héroine, le monde fermé. Mais on se rend compte par la suite que c'est l'effet recherché. Car ce monde prend du relief sous nos yeux, par touches impressionistes de l'auteure. D'une vision floue on passe à un cliché plus net à mesure que l'étrangeté grandit. Plus le roman évolue et plus on trouve une trame narrative proche de 1984. Ce qui aurait pu être un reproche n'en est pas un, car l'auteure sait se démarquer et jouer avec ses références.
J'ai beaucoup apprécié la fin, avec son clin d'oeil à farenheit 451 de Ray Bradbury, une autre référence du genre, mais où finalement tout est renversé.

Côté histoire j'ai donc été conquis.
Côté style tout autant. On sent l'habileté de l'auteure. Tout en maîtrise, sa sobriété sert résolument l'histoire, en est presque un miroir. Pourtant on sent dans les dernières pages que l'auteure sait verser dans plus de lyrisme. le contraste accentue la précipitation de la fin. Il en reste une impression d'étourdissement, et j'adore cet effet.

Je conseille donc ce roman sans hésiter. Il s'inscrit selon moi dans la lignée des références du genre dystopique.
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C'est dans un espace indéfini mais glacé qu'on suit le personnage dans une forme de quête intuitive pour dépasser les dictates d'une société plus qu'étrange où tout doit être étiqueté sinon quoi ? C'est bien là le mystère et c'est avec onirisme que l'auteur nous invite à découvrir la vérité...
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Fausse fable dystopique très rusée, magnifique abîme politique et surréaliste du langage et de la poésie.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/04/08/note-de-lecture-amatka-karin-tidbeck/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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