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Alma (trilogie) tome 1 sur 3
EAN : 9782075139106
400 pages
Gallimard Jeunesse (02/04/2020)
4.31/5   827 notes
Résumé :
1786. Le jour où son petit frère disparaît, Alma part sur ses traces, loin de sa famille et de la vallée d'Afrique qui les protégeait du reste du monde. Au même moment, dans le port de Lisbonne, Joseph Mars se glisse clandestinement à bord d'un navire de traite, La Douce Amélie. Il est à la recherche d'un immense trésor. Dans le tourbillon de l'Atlantique, entre l'Afrique, l'Europe et les Caraïbes, leurs quêtes et leurs destins les mènent irrésistiblement l'un vers ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (203) Voir plus Ajouter une critique
4,31

sur 827 notes
Alma, le vent se lève, quelle histoire extraordinaire où le merveilleux côtoie le plus sordide, le plus abject des commerces : celui des êtres humains !
Tout au long des pages de beau livre à la si belle couverture grâce aux dessins de François Place, j'ai été happé, captivé par le roman de Timothée de Fombelle qui débute au coeur de l'Afrique où Alma et sa famille vivent heureux, coupés du monde par une vallée encaissée pleine d'épineux empêchant tout passage. Mais à chaque saison des pluies, la vallée se remplit d'eau et…
Avec Alma qui a treize ans, j'ai d'abord rencontré son petit frère, Lam, qui a trois ans de moins. Ils ont apprivoisé un zèbre sans rayures : Brouillard, que Lam, instruit par sa soeur, fait galoper. Ils ont un grand frère, Soum, qui ne parle pas et des parents. Nao, leur mère et Mosi, leur père. Il faut préciser que, dans la langue oko, celle du peuple de Nao, Alma veut dire libre.
Il y a vingt-et-un ans, Mosi et Nao étaient deux fugitifs s'installant dans cette vallée isolée qu'ils ont nommée Isaya. Leur maison est en haut d'un arbre avec, tout autour, des oiseaux-mouches, les okos.
Hélas, cette vie paradisiaque ne dure pas car, l'attrait de l'inconnu est plus fort que toutes les consignes de prudence répétées par Mosi. À ce moment-là, l'histoire admirablement contée par Timothée de Fombelle, bascule dans le drame, l'horreur, la concupiscence, l'appât du gain, le mépris de la vie humaine.
Dans Alma, le vent se lève, j'ai lu une extraordinaire histoire de l'esclavage, plutôt de la chasse aux captifs, assurée par des hommes de certaines tribus motivés par des cadeaux de pacotille et quelques armes. Ils sont tous Noirs mais ce sont les Blancs, les Européens - Français, Anglais, Néerlandais… - qui commandent et exigent cette chasse aux humains, une des plus grandes hontes de l'humanité.
Captifs, enchaînés, malmenés, mal nourris, maltraités, ces colonnes d'hommes, de femmes et d'enfants sont acheminés jusqu'à la côte où les attend une épreuve encore plus dure, la traversée jusqu'aux Caraïbes ou en Louisiane. Marqués au fer rouge, fers aux pieds, ils sont entassés à bord et j'ai frémi à chaque page en lisant toutes ces horreurs.
Pendant ce temps, à La Rochelle, un riche armateur tente de continuer à mener à bien ce commerce triangulaire mais doit affronter une soif toujours plus grande pour l'or et la fortune de la part de ses associés.
Sur La Douce Amélie, le trois-mâts commandé par l'infâme et rusé capitaine Gardel, la traversée s'engage mais je ne peux donner davantage de détails sans divulgâcher la lecture de ce roman dit « Jeunesse » que je recommande à tous les adultes car je me suis RÉ-GA-LÉ !
Ah oui ! Je précise que ce bateau destiné au trafic le plus honteux de tous, porte le prénom de la fille de Monsieur Bassac, l'armateur.
Qu'il est dur de devoir s'arrêter là car l'histoire se poursuivra avec deux tomes à venir. le prochain, Alma, L'enchanteuse, paraîtra en 2021.
Je ne dois pas oublier enfin les superbes planches qui jalonnent le récit. Elles sont dessinées par Francois Place, dans des tons de gris, tout en finesse. Elles permettent d'imaginer, de visualiser aussi certaines scènes, une aide précieuse pour les lecteurs les plus jeunes. Je remercie On Lit Plus Fort et Gallimard Jeunesse qui m'ont permis cette belle découverte dans le cadre du Tour du monde littéraire.


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Un roman splendide qui, au départ pourrait être assimilé à un conte. Il pourrait débuter ainsi : Il était une fois, en 1786; en Afrique, dans une vallée souriante et paradisiaque qui s'étendait à perte de vue une famille qui vivait heureuse, en harmonie avec la nature. Nao, la mère et Masi, le père avaient trois enfants, deux garçons, Soum, l'aîné, muet, et Lam et une fille Alma, 13 ans, ce nom signifiant "libre" chez les Okos, la tribu de la mère d'Alma .
Comme on aimerait que cette vie simple et paisible, à l'abri du monde, perdure dans cette vallée fermée et protégée par des falaises. Mais il n'en sera rien. L'arrivée d'un cheval, ce zèbre sans rayures, "avec ses lunes de fer sous les pieds et son collier de cuir" va bouleverser leurs vies. En effet quand quelques jours plus tard, Alma va s'apercevoir de la disparition de son petit frère parti sur le cheval, n'ayant pu résister à la tentation d'aller voir ailleurs, elle quittera à son tour la vallée pour essayer de le retrouver. Sans le savoir, le reste de sa famille se retrouvera pris dans cette tourmente.
Au même moment, dans le port de Lisbonne, un jeune garçon, Joseph Mars, à la recherche d'un immense trésor réussit à se faire embaucher sur un navire, "La douce Amélie"*, dirigé par le redoutable Lazare Bartholomée Gardel, dont il apprendra, une fois à bord, qu'il est chargé de la traite des esclaves.
Ces deux destins, celui d'Alma et de Joseph finiront par se rejoindre. leur rencontre modifiera bien des choses.
Avec Alma, le vent se lève, premier tome d'une trilogie, Timothée de Fombelle nous offre un puissant récit d'aventures dans lequel la traite des Noirs, à la fin du XVIIIe siècle, est racontée avec justesse, de façon passionnante mais ô combien bouleversante et émouvante. Impossible de ne pas être révoltée dans la manière dont sont traités ces hommes, ces femmes et ces enfants. Comment des êtres dits humains ont-ils pu traiter leurs semblables ainsi ? Comment ne pas avoir honte de nous ?
La force de cet écrivain a été de traiter ce thème en l'immisçant à de multiples aventures où les rebondissements s'enchaînent. Cela permet au lecteur de prendre sa respiration tout en haletant avec ces histoires de pirates, de manipulations... de plus la poésie est loin d'être absente. En effet, j'ai partagé des moments sublimes avec les membres de cette famille où les regards se suffisent à eux-mêmes pour exprimer tout l'amour qu'ils se portent. Cette nature préservée est magnifiquement ensorcelante, de même que les chants envoûtants de Nao. Les noms d'Isaya pour cette vallée africaine et d'Alma pour cette jeune adolescente signifiant respectivement main et liberté sont à eux seuls tout un symbole.
Les belles et sobres illustrations de François Place apportent un plus non négligeable, notamment pour des lecteurs plus jeunes.
Un roman extrêmement puissant et addictif, une fiction richement documentée où aventures et réalité historique sont intimement mêlées, voilà le résumé que je fais de ce premier tome, dont j'attends la suite avec une grande impatience. À lire par tous, jeunes et moins jeunes.
*J'ai regretté une seule chose : qu'il n'y ait pas eu une carte pour suivre le parcours de "la douce Amélie".

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On en viendrait presque à croire que Timothée de Fombelle écrit d'une plume magique. Il suffit de quelques mots : le grésillement des gouttes de pluie au contact de la terre brûlante et rouge, un figuier sycomore aux branches entremêlées, l'infini du paysage bercé par le chant des cigales : nous voilà dans une savane africaine, au creux de l'écrin sauvage où vivent Alma et sa famille jusqu'au jour où son petit frère disparaît. Une voile qui claque, un cormoran qui traverse le ciel, la coque grinçante et des coups de maillet – nous sommes à présent à bord de la Douce Amélie, trois mâts qui, en ce mois d'août 1786, met le cap vers l'Afrique, puis les îles. Des destins que le commerce triangulaire va faire s'entrechoquer.

Plusieurs intrigues s'entremêlent pour faire d'Alma une lecture captivante et follement romanesque : quel est le secret des parents d'Alma ? Leur famille parviendra-t-elle un jour à se réunir ? Quels sont les complots qui semblent se nouer autour de la Douce Amélie ? Dans quel but le jeune Joseph s'introduit-il à bord ?

Timothée de Fombelle s'empare de l'une des pages les plus sombres de l'Histoire et démontre la force de la littérature pour entretenir une mémoire et comprendre. le destin de ses personnages permet de prendre conscience du degré d'horreur atteint par le commerce d'êtres vivants qui a enrichi les nations européennes pendant le 18ème siècle. Une traite dont on découvre les modalités odieuses qui ont fait l'objet d'un travail de documentation très précis. le contexte historique ne prend pas le pas sur l'intrigue, mais la nourrit. Impossible de ne pas s'attacher aux protagonistes, de ne pas trembler pour eux dans cet univers impitoyable, de ne pas vibrer pour le message d'espoir et de liberté qu'ils portent.

« Chez les Oko, le mot « alma » signifie « libre ». Mais ce genre de liberté́ n'existe dans aucune autre langue. C'est un mot rare, une liberté́ imprenable, une liberté́ qui remplit l'être pour toujours. le père d'Alma raconte que chez lui, ce nom pourrait se dire ‘marquée au fer rouge de la liberté́'. »

Une histoire splendide et émouvante, qui nous tient en haleine jusqu'au bout du monde. Un roman d'aventures au sens qu'en donnaient Robert Louis Stevenson, Herman Melville et Joseph Conrad. Une lecture incontournable dont nous brûlons de découvrir la suite !
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Il y a beaucoup de roman que je n'ai pas pris le temps de chroniquer cette année pour plusieurs raisons, j'ai pris le temps aujourd'hui de le faire pour quelques livres et je devais le faire pour Alma le vent se lève car c'est tout simplement le meilleur livre de littérature jeunesse que j'ai lu cette année, en réalité cela fait même plusieurs années que je n'avais pas eu un ouvrage de cette qualité entre les mains.

Ma lecture remonte au mois d'août et j'ai été complètement embarqué par cette histoire, par ce roman d'aventure palpitant, plein de rebondissement, extrêmement touchant par certains aspects avec par ailleurs un travail historique extrêmement bien réalisé et que j'ai trouvé extrêmement bien dosé, l'auteur montre les violences et l'horreur de la traite négrière à la fin du XVIIIe siècles sans pour autant que cela ne vienne trop fortement heurter je pense les lecteurs.

On fait la connaissance d'Alma et de son petit frère, ils ont vécu toute leur enfance dans une vallée fermée, véritable havre de paix ou ils ont grandi en toute insouciance de la folie des hommes mais un jour le petit frère d'Alma qui rêve d'aventure s'enfuit et Alma part alors à sa recherche dans un monde dont ils ne savent rien. En parallèle on suit Joseph Mars qui embarque clandestinement sur un navire de traite, il recherche le trésor d'un célèbre pirate et compte bien le découvrir.

On a ici une intrigue extrêmement prenante, sans temps mort avec une héroïne extrêmement attachante. J'ai trouvé le sujet de la traite négrière vraiment très bien traité et je suis surtout fan de la plume de Thimothée de Fombelle, c'est vraiment très bien écrit et le tout a été du début à la fin un véritable plaisir à lire. La fin est superbe et ne donne qu'une seule envie, lire la suite (qui sortira rapidement j'espère). J'ai aussi aimé la petite touche de fantasy présente à la fin que je n'attendais pas et qui fut une très agréable surprise.

Par ailleurs l'objet en lui-même est vraiment sympathique, j'aime beaucoup la couverture avec ces illustrations de François Place que cela soit celle sur la couverture ou tout au long du roman qui sont un petit plus des plus agréables.

En bref, Alma : le vent se lève est vraiment une merveille, à faire découvrir à tous car il serait vraiment dommage de passer à côté d'un livre jeunesse aussi réussi.
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Timothée de Fombelle a de la magie au bout des doigts. A partir de quelques mots particulièrement évocateurs, il soulève un vent de poésie qui virevolte au fil des pages.

Le Livre de Perle figure toujours dans mon île déserte. Il s'en fût de peu qu'Alma ne l'y rejoigne. J'attends tout de même la fin de la trilogie pour juger l'oeuvre dans son ensemble.

L'histoire débute en 1786 en Afrique, dans le petit paradis caché qu'Alma et sa famille ont nommé la Vallée d'Isaya. Cette vie bien trop douce ne pouvait pas durer indéfiniment avec tous ces êtres humains dans les parages... Voici donc la famille et le lecteur dispersés aux quatre coins du globe : en Afrique, en France, dans l'Océan Atlantique.

Alma est un livre multi-thèmes : aventures, piraterie, Histoire, famille (liens et secrets), différence, ethnologie, amitié, romance, un brin de fantastique (avec le peuple des Okos et ses oiseaux aux becs argentés).
Mais, surtout, c'est un livre sur la traite des Noirs que l'auteur a choisi de conter à travers un personnage féminin âgé de 13 ans. Je passerai sur les discussions qui ont cours dans le monde littéraire actuellement (un auteur blanc est-il légitime pour raconter la traite des Noirs, qui plus est d'un point de vue féminin ?) parce que je les trouve tout simplement stériles. Pour moi, la question ne devrait même pas avoir été posée. Pour ceux d'entre vous qui se la poserait quand-même, lisez seulement le livre et vous comprendrez mon point de vue.

Les personnages, d'Alma jusqu'au plus secondaire d'entre eux, sont tous parfaitement incarnés. On aime, on pleure, on tremble à leurs côtés sans qu'il y ait une seule fausse note dans cet ensemble parfait. Une perfection rehaussée par les illustrations de François Place à l'encre, illustrations sensibles et évocatrices.

Alma le vent se lève est une histoire multiple, émouvante, sensible. Ne passez surtout pas à côté !
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critiques presse (5)
LeSoir
09 janvier 2022
Timothée de Fombelle signe une trilogie à couper le souffle sur l’esclavage et le combat de l’abolition.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeJournaldeQuebec
22 septembre 2020
Timothée de Fombelle a mis tout son talent au service d'une nouvelle trilogie ayant pour thème l'esclavage et le combat de l'abolition.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Liberation
29 juin 2020
Ce premier volume pose une galaxie de personnages confrontés à l’adversité, Alma la farouche, Joseph le mousse malin, Amélie la fille de l’armateur Bassac ruinée d’un coup…
Lire la critique sur le site : Liberation
LaLibreBelgique
22 juin 2020
Trois ans, trente ans, une vie entière que Timothée de Fombelle porte Alma en lui. Fresque sur l’esclavage, roman initiatique, épopée à la Dumas, récit palpitant, et sans doute bientôt bouleversant, ce nouvel opus répond aux espoirs.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
11 juin 2020
Avec « Alma. Le vent se lève », l?auteur jeunesse ne fait pas que conjuguer aventure, fresque historique et récit initiatique. Il aborde surtout la traite négrière avec une justesse rare.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (153) Voir plus Ajouter une citation
Et le jour où ils seront vendus dans les îles, quand le bateau viendra vers La Rochelle, quand il n'y aura plus de captifs, il y aura enfin de l'or dans la cale !
-Pas du tout, répond Poussin. On aura abandonné les captifs à Saint-Domingue contre du sucre dans des tonneaux, du café, de l'indigo, du poivre, du coton dans des sacs, mais pas une seule pièce d'or. On les aura échangé contre ce que d'autres esclaves auront eux-mêmes ramassé dans les plantations des îles. La canne à sucre, le café, ce sont encore eux qui les paieront de leur sueur et de leur san. Je vous le redis : si vous cherchez de l'or, ce ne sera jamais ici que vous le trouverez. Il réapparaîtra à la fin, sur la bonne terre de France, de Hollande d'Angleterre. Là-bas le dernier chargement sera vendu très cher. Et on enfermera tour cet or dans des banques et dans de grandes maisons.
Ils paient le matériel et l'équipage. Ils paient tes 30 livres de salaire par mois, Bonhomme. Ils paient le Seigneur Bassac qui est le propriétaire de ce bateau, ses chevaux, son tabac, les fontaines de son jardin. Il paye sa serre remplie d'orangers d'Espagne, les bottines à lacets de sa fille. Ils paient la pierre de toutes les grandes maisons qu'on voit dans les ports. Ils paientles dîner aux chandelles des planteurs dans les îles, leur orchestre, le cuir de leur fouet. Ils paient leur générosité quand ces planteurs donnent une pièce à la sortie de l'église il fait la nourriture d'Hercule, le bon chat du cuisinier. Ils paient les impôts qui remontent à Versailles, ils payent donc les plumes plantées dans le chapeau du roi, ses Carrosses, ses maîtresse, quelques-unes de ses guerres contre l'Angleterre. Ils paient aussi la petite ferme que la reine Marie-Antoinette est en train de se faire construire et le toit de chaume de son pigeonnier. oui, ces gens-là, les seuls qui ne gagnent rien, ils paient pour toutpage 118 119
Page 302 elle est en deuil depuis longtemps de son vieux Mari, mais avec la mort du père d'Amélie, elle a ajouté avec beaucoup d'invention une couche de ténèbres à ses vêtements. Des tulles noirs, mauve et gris s'entassent sse sur sa robe. Une espèce de mantille couvre ses cheveux et vient onduler devant ses yeux comme un grillage parsemé de mouches en fil noir. Et si on pouvait l'avoir s'habiller au petit matin dans le miroir de sa chambre du dernier étage, sous les toits, on saurait que même les paniers qui sont sous neuf jupon sont en bambou Nigra dont les cannes poussent toutes noires dans les forêts de Chine. Madame Lô n'est pas en deuil, elle est en hyper-deuil. Elle est au plus haut sommet de l'art d'être veuve.
Ils doivent être 80 à traverser la jungle dans un couloir étroit. Ils sont dépareillées comme les pirates ne sont toujours, mais trop libres pour rester fidèles à l'image qu'on leur a inventé :pas de quincaillerie aux oreilles, de balafre exposée comme des trophées, de bandeau noir sur les yeux crevés.
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Dans l'eau, près de l'autre rive, il y a un cheval blanc parfaitement immobile. La lune rousse l'éclaire comme en plein jour. Sur son dos se tient une cavalière à la peau entièrement couverte de rouge. Des hommes se sont avancés dans les rapides et la tiennent en joue. Certains ont des fusils entre les mains, d'autres des lances.
Alma ne bouge pas. Elle est bien droite, rouge comme le pistil sur la fleur blanche du safran. Son visage a aussi un masque de terre rouge dans lequel brillent les yeux en noir et blanc.
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Les captifs se tiennent les uns aux autres sous la pluie. Leurs yeux tournés vers la terre. Des coups tombent sur leurs épaules. La plupart n’ont jamais vu la mer. Les rouleaux se brisent et les empêchent de grimper. Ils sentent encore le sol sous eux. Leurs pieds s’enfoncent et dérapent dans le sable, sous l’eau. Ils sont encore là. Parfois, ils profitent de celui qui tombe et auquel ils sont attachés pour revenir en arrière, pour s’attarder un peu sur la terre. Alors on les tire à l’intérieur avec force. Ils sont arrachés. Ils ne sentent plus rien sous eux.
Ils sont poussés au fond des pirogues.
C’est fini. (page 218)
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Et quand la voix d'Oumna s'arrête, Alma monte au grenier des souvenirs.
Toute la nuit, elle retrouve des forces en se roulant devant la maison avec son petit frère, en courant dans l'orage, en faisant avec son père des paniers de roseau, en regardant la distraction des lionceaux qui perdent leur mère dans les herbes trop hautes. Alma s'écorche les jambes en grimpant dans les acacias. Elle coiffe sa mère pendant des heures. Elle fabrique des petits troupeaux d'animaux en terre rouge. Elle se cache pour laisser approcher les gazelles et sort des buissons en aboyant comme un chacal. Elle galope à nouveau avec Brouillard, elle s'endort près du feu, elle regarde son grand frère tailler des flèches en silence, elle fait s'envoler les flamands roses, elle dévale la colline dans la nuit noire, elle se lave dans les ruisseaux qui chantent. (...)
Et même le fracas du navire qui se réveille n'arrive pas à couvrir le bruit de la vallée qu'Alma fait renaître.
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Comment est-il possible que ce jour-là, un cerveau si jeune, si limpide, aux milliards de neurones si parfaitement connectés, ne pense pas un instant aux cent cinquante esclaves qui travaillent sur ses terres de Saint-Domingue, aux cinq cent cinquante captifs enfermés sur La Douce Amélie, et à tous les autres ? Comment la perte de ses parents et de ses biens, ce minuscule cataclysme, ne lui fait-elle pas ouvrir enfin les yeux sur l’immensité des drames que vivent ces hommes et ces femmes ? Sur la fin de la liberté, la fin de tout un monde ? Sur les maisons et les parents disparus par millions ? Sur tous les enfants perdus ? (page 306)
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Vidéo de Timothée de Fombelle
Cet après-midi d'étude décrypte les étapes de l'adaptation du roman de Timothée de Fombelle Tobie Lolness (Gallimard) en série d'animation. Elle invite les différents acteurs impliqués à débattre de la question de l'adaptation et du lien à l'oeuvre originale.
Elle est suivie d'une projection du premier épisode de la série, en présence de l'auteur.
Tobie Lolness ne mesure pas plus d'un millimètre et demi. Son peuple habite le grand chêne depuis la nuit des temps. C'est grâce aux aventures de ce si petit héros, publiées par Gallimard jeunesse en 2010 et illustrées par François Place, que son auteur, Timothée de Fombelle, est couronné de nombreux prix. Ce premier roman, traduit dans plus de vingt-six langues, fait depuis plusieurs années l'objet d'une adaptation en série animée. Cette demi-journée d'étude, avec les acteurs du secteur, revient sur le passage du texte de la page à l'écran et sur la création d'un nouvel univers graphique. À la suite de l'événement, une projection du premier épisode de la série, en présence de l'auteur, est ouverte à tous.
Organisée par Centre national de la littérature pour la jeunesse de la BnF avec la maison de production Tant mieux Prod
Plus d'informations : https://www.bnf.fr/fr/agenda/tobie-lolness-en-serie-animee-entre-adaptation-et-reinvention
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