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EAN : 9782363830708
189 pages
Les Petits Matins (07/02/2013)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
La traite négrière fut un crime contre l’humanité. La loi Taubira votée en 2001 le reconnaît et, à ce titre, prévoyait des réparations. Mais l’article qui en parlait fut écarté en commission des lois. Pourtant, la question n’était pas totalement nouvelle en France. Ainsi, en 1849, au lendemain de l’abolition de l’esclavage, des indemnités furent votées… mais au bénéfice des anciens propriétaires d’esclaves.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le colonialisme et l'impérialisme ne sont pas quittes avec nous…

Dans son introduction, Louis-Georges Tin indique, entre autres, qu'un crime contre l'humanité sans réparation devient « un crime parfait : sans victime, sans coupable ». C'est en effet, me semble-t-il, un bon point de départ. Il ne suffit pas de nommer les victimes, il convient d'assigner « en réparation » les coupables, surtout lorsque s'il s'agit d'institutions ou d'États. Il s'agit toujours d'un choix politique : traiter ou non de ces « réparations ».

D'ailleurs, comme le souligne l'auteur « ainsi, tandis que les réparations pour les victimes de la colonisation en Amérique avaient été refusées, les réparations pour les auteurs de la colonisation en Afrique de Nord furent acceptées » ou pour le dire autrement « Apparemment, pour la droite française, les vraies victimes de l'histoire coloniale, c'étaient les colons ». Je ne suis pas sûr que cette position ne soit que celle de la droite…

Tout en partageant ces éléments avec l'auteur, je suis plus dubitatif sur l'objet et l'intérêt de la Loi Taubira et plus généralement des Lois dites mémorielles.

Quoiqu'il en soit, Louis-Georges Tin écrit à juste titre : « les réparations liées à l'esclavage ou à la colonisation ne sont pas seulement un moyen de rendre justice aux victimes en raison de méfaits passés ; elles sont aussi un moyen de remettre en cause les déséquilibres économiques d'aujourd'hui entre les anciennes colonies et les anciennes puissances coloniales car, à l'évidence, la richesses des uns s'est constituée en bonne partie grâce à l'exploitation des autres ». L'expropriation, dans chaque pays concerné des grandes sociétés « françaises », et la restitution de leurs actifs aux organisations de citoyen-ne-s devraient, de ce point de vue, être soutenues par les organisations syndicales françaises de ces groupes. Sans oublier l'annulation des dettes et la restitution des « biens mal-acquis ».

Les formulation de Patrick Farbiaz, dans sa postface me paraissent plus satisfaisantes que celles de l'introduction, par exemple :

« Même s'il est évident que la traite et le commerce triangulaire sont liés à l'ordre colonial exercé sur les Amériques, il n'en demeure pas moins que la désignation de l'esclavage comme crime unique et spécifique contre l'humanité produit une grille de lecture historique où le colonialisme des XIXe et XXe siècles est en quelque sorte minoré par rapport à l'horreur de l'esclavage. L'exigence du droit de réparation apparaît désormais comme un levier politique et un instrument légitime des peuples pour sortir de ce faux débat. le colonialisme et l'esclavage sont les deux facettes d'un même état d'exception, fondé sur l'exploitation du travail forcé des hommes, le pillage des ressources et l'idéologie raciste. »

« le droit de réparation est un combat d'avenir car il se traduit dans les luttes anticoloniales d'aujourd'hui par les exigences d'annulation de la dette, de souveraineté alimentaire, de lutte contre la piraterie du brevetage du vivant. En ces sens, le droit de réparation ouvre une nouvelle page de la lutte contre le nouvel ordre colonial ».

Un remarque supplémentaire, la question des réparations à Haïti, relève partiellement d'une autre démarche. En effet, les haïtien-ne-s ont payé (à titre de punition pour leur révolution, leur indépendance nationale et leur auto-libération) à l'État français des sommes (relevant de la rapine, du racket ou du gangstérisme international). Elles et ils ont payé pour en finir avec le préjudice qu'elles et ils subissaient !!!!

Introduction : Réparation vs repentance, par Louis-Georges Tin

Les textes clés d'hier et d'aujourd'hui

Première partie. La question des réparations en France

1. Nicolas de Condorcet, Réflexions sur l'esclavage des Nègres, 1781

2. Jean Charles Léonard Sismonde de Sismondi, Nouveaux Principes d'économie politique, ou de la richesse dans ses rapports avec la population, 1819

3. Cyrille Charles Auguste Bissette, projet de loi pour l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, Revue des colonies, juillet 1835

4. Félix Milliroux, Demerary, Transition de l'esclavage à la liberté. Colonies françaises, future abolition, 1843

5. Victor Schoelcher, Histoire de l'esclavage pendant les deux dernières années, 1847

6. Victor Schoelcher et Henri Wallon, rapport fait au ministre de la Marine et des Colonies par la Commission instituée pour préparer l'acte d'abolition immédiate de l'esclavage, 1848

7. Décret d'abolition, 27 avril 1848

8. Rapport rendu le 29 novembre 1849 au président du Conseil des ministres, chef du pouvoir exécutif, de la Commission instituée pour préparer le règlement de l'indemnité due par suite de l'abolition de l'esclavage, par décision de la Commission du pouvoir exécutif du 14 juin 1848.

9a. Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, 1952

9b. Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, 1961

10. Loi Taubira tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, 10 mai 2001

11. Loi n° 2005-158 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, avec l'article 4 ultérieurement amendé, 23 février 2005

12. Aimé Césaire, Nègre je suis, Nègre je resterai, 2005

13. L'État français assigné au tribunal de Fort-de-France, 23 mai 2005

Deuxième partie. La question des réparations à Haïti

14. Aimé Césaire, La Tragédie du roi Christophe, 1963

15. Charles X, ordonnance du 17 avril 1825

16. Christiane Taubira, question écrite au ministre des Affaires étrangères, 1er janvier 2003

17. Jean-Bertrand Aristide, discours du 7 avril 2003

18. François Rivasseau, porte-parole du Quai d'Orsay, déclaration du 8 avril 2003

19. Régis Debray, « Haïti et la France », rapport à Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, 2004

Troisième partie. La question des réparations aux États-Unis

20. « Mumbett », manuscrit de Maria Sedgwick, 1853

21. Belinda, requête devant le Congrès du Massachusetts, 14 février 1782

22. Résolution de la Chambre des représentants du Massachusetts, 1783

23. David Walker, Appel en quatre articles et un préambule, adressé aux citoyens de couleur partout sur la terre, mais plus particulièrement, et très directement, à ceux des États-Unis d'Amérique, Boston, 1829

24. Général Sherman, ordonnance accordant « 40 acres et une mule » aux anciens esclaves, 1865

25. Thaddeus Stevens, proposition de loi pour les esclaves africains aux États-Unis à la première session du quarantième Congrès, Chambre des représentants de Pennsylvanie, 11 mars 1867

26. Chant d'un ancien esclave réclamant le paiement d'une pension, fin du XIXe siècle

27. Marcus Garvey, déclaration des droits des peuples noirs du monde, New York, 1920

28. Malcolm X, Par tous les moyens nécessaires, 1965

29. Martin Luther King, Révolution non-violente (Why we can't wait), New York, 1963

30. James Forman, le Manifeste noir (Black Manifesto), 1969

31. John Conyers, membre du Congrès des États-Unis, proposition de loi en faveur des réparations liées à l'esclavage, 1989

32. Loi de transparence au sujet de l'esclavage, Californie, 2000

33. Les excuses de JP Morgan Chase liées à l'esclavage, 2005

Quatrième partie. La question des réparations au niveau international

34. Manifeste de Londres, deuxième congrès panafricain, 1921

35. Wole Soyinka, le Fardeau de la mémoire, la muse du pardon, 1999

36. Enoch P. Kavindele, vice-président de la Zambie, déclaration à la conférence de Durban, septembre 2001

37. Jakaya M. Kikwete, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République unie de Tanzanie, déclaration à la conférence de Durban, septembre 2001

38. Stafford Neil, ambassadeur de la Jamaïque aux Nations unies, déclaration à la conférence de Durban, septembre 2001

39. Desmond Tutu, déclaration au nom du Conseil oecuménique des Églises à la conférence de Durban, septembre 2001

40. Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, déclaration à l'occasion de la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage, 2 décembre 2001

Postface : le droit de réparation, par Patrick Farbiaz

Le titre de cette note est extraite d'un texte de Frantz Fanon qui a aussi écrit : « Cette aide doit être la consécration d'une double prise de conscience par les colonisés que cela leur est dû, et par les puissances capitalistes qu'effectivement elles doivent payer »
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Même s’il est évident que la traite et le commerce triangulaire sont liés à l’ordre colonial exercé sur les Amériques, il n’en demeure pas moins que la désignation de l’esclavage comme crime unique et spécifique contre l’humanité produit une grille de lecture historique où le colonialisme des XIXe et XXe siècles est en quelque sorte minoré par rapport à l’horreur de l’esclavage. L’exigence du droit de réparation apparaît désormais comme un levier politique et un instrument légitime des peuples pour sortir de ce faux débat. Le colonialisme et l’esclavage sont les deux facettes d’un même état d’exception, fondé sur l’exploitation du travail forcé des hommes, le pillage des ressources et l’idéologie raciste.
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les réparations liées à l’esclavage ou à la colonisation ne sont pas seulement un moyen de rendre justice aux victimes en raison de méfaits passés ; elles sont aussi un moyen de remettre en cause les déséquilibres économiques d’aujourd’hui entre les anciennes colonies et les anciennes puissances coloniales car, à l’évidence, la richesses des uns s’est constituée en bonne partie grâce à l’exploitation des autres
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Le droit de réparation est un combat d’avenir car il se traduit dans les luttes anticoloniales d’aujourd’hui par les exigences d’annulation de la dette, de souveraineté alimentaire, de lutte contre la piraterie du brevetage du vivant. En ces sens, le droit de réparation ouvre une nouvelle page de la lutte contre le nouvel ordre colonial
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Cette aide doit être la consécration d’une double prise de conscience par les colonisés que cela leur est dû, et par les puissances capitalistes qu’effectivement elles doivent payer
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