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EAN : 9782754806183
176 pages
Futuropolis (07/03/2013)
4.05/5   89 notes
Résumé :
Publiée en 1899, Au cœur des ténèbres est certainement la nouvelle de Joseph Conrad la plus célèbre et la plus souvent adaptée. Que ce soit au cinéma (Coppola et Herzog, pour ne citer que les plus connus), à la télévision, et même en jeu vidéo ! C’est au sein même de son expérience personnelle au Congo que l’écrivain avait été cherché l’essence de son récit. Et c’est sur ce voyage que Christian Perrissin et Tom Tirabosco ont axé leur biographie de Conrad, romancier ... >Voir plus
Que lire après Kongo : Le ténébreux voyage de Józef Teodor Konrad KorzeniowskiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Printemps 1890. Teodor Jozef Konrad Korzeniowski (qui prendra plus tard le nom de plume de Joseph Conrad) est engagé comme officier de marine marchande par la Société Anonyme Belge pour le commerce du Haut-Congo. Quittant Bordeaux le 10 mai, il débarque dans le port de Boma courant juin. Il rallie ensuite Matadi. C'est de là qu'il part à pied avec une caravane de 31 hommes pour Kinshasa où l'attend le navire dont il doit prendre les commandes. Une marche harassante de 19 jours dans des conditions extrêmes. Un avant goût de l'enfer qui l'attend lors de la remontée du fleuve en bateau. Animosité de ses compagnons belges qui ne voient en lui qu'un étranger chargé de faire un rapport accablant sur la façon dont ils exploitent les richesses du pays, chaleur insupportable, promiscuité, maladie et fièvre, hostilité d'une partie des autochtones… un voyage terrible dont il sortira à jamais marqué et qui lui servira de matériau de base pour la rédaction de son roman Au coeur des ténèbres publié en 1899.

Un récit très documenté sur les sept mois passés par Conrad en Afrique. Après sa somptueuse trilogie consacrée à Marta Jane Cannary, Christian Perrissin prouve une fois de plus qu'il est à l'aise avec la biographie. L'écrivain anglais d'origine polonaise part en Afrique par nécessité économique mais aussi parce qu'il garde un souvenir émerveillé de sa lecture des oeuvres de l'explorateur Henry Morton Stanley (célèbre pour avoir retrouvé Livingston sur les rives du lac Tanganyika en 1872). le problème c'est que la réalité qu'il découvre est loin de la volonté philanthropique défendue notamment par la presse belge de l'époque. Les sauvages ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Les colons font preuve d'une cruauté abominable. Brutes sans scrupule cherchant à s'en mettre plein les poches, notamment grâce au commerce de l'ivoire, ils fouettent et assassinent avec une certaine délectation les noirs qu'ils recrutent dans les villages disséminés le long du fleuve. Point d'altruisme, juste l'exploitation inhumaine d'une main d'oeuvre corvéable à merci. Une vision de cauchemar pour Conrad. On sent au fil des pages l'angoisse l'envahir devant la violence innommable qu'il découvre.

Les planches de Tom Tirabosco sont si évocatrices que l'on a parfois l'impression d'étouffer dans la moiteur de la forêt congolaise. Il lui aura fallu près de trois ans pour réaliser l'ensemble de l'album en utilisant la technique très particulière du monotype. le résultat est tout simplement bluffant, charbonneux à souhait, totalement raccord avec l'inquiétude qui gagne l'écrivain au fil de son voyage.

Un coup de projecteur sur une époque peu reluisante où, sous couvert d'émancipation, le colonialisme ne faisait qu'entretenir les immondes relents d'une forme de servitude supposée abolie depuis de nombreuses années. Un album d'une grande force qui souligne parfaitement le pessimisme sur la nature humaine qui caractérisera par la suite l'oeuvre du romancier Conrad. Impressionnant !

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Joseph Conrad, ou plutôt Teodor Jozef Konrad Korzeniowski avant sa naturalisation britannique et son statut de romancier, doit prendre le commandement d'un bateau de la marine marchande belge sur le fleuve Congo. Après un périple pour atteindre ledit bateau, c'est la mission qui lui est confié qui viendra à bout sa santé...
Entre la maladie et des agissements des colons envers leur environnement, mais surtout à l'encontre des populations, on ne sait pas ce qui l'atteint le plus dans sa chair... Bien qu'il partage sans doute les préjugés de son époque sur les populations africaines, il est lucide sur le traitement infligé au pays et ses habitants. Et sans illusion sur les exploiteurs dont il se détache. Même s'il se demande s'il vaut mieux qu'eux. La désillusion est d'autant plus grande qu'il croyait réellement au discours civilisateur et humaniste servi par son recruteur.
Un récit très sombre, qui donnera naissance au roman Au Coeur des Ténèbres (bientôt dans ma PAL. Sur Babelio...) Il n'est point de secours à attendre de l'homme, surtout blanc. Les beaux discours humanistes sont oubliés sitôt débarqués sur le continent africain. Remplacés par le seul profit par tous les moyens.
Conrad ne s'en remettra jamais totalement, ni physiquement ni moralement.
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Voila une BD qui laisse une impression lourde et moite au sortir de la lecture. J'ai lu et adoré "Au coeur des ténèbres" de Joseph Conrad, et j'avais hâte et envie de lire un livre parlant de sa vie. Mes attentes n'ont vraiment pas été déçu.

Je suis toujours sous le charme de récit qui prennent le temps d'installer l'ambiance, et c'est exactement ce qu'on fait les auteurs ici. L'écriture est soignée, aux petits oignons, le dessin est merveilleux (j'adore le trait charbonneux de Tirabosco) et l'ensemble est combiné pour nous faire sentir le Congo, la chaleur, la moiteur, la violence. C'est un dessin figé, bloqué dans des personnages guindés qui sont dans le paraitre perpétuellement, des environnements grandioses et bien trop envahissant, des lieux vidés d'habitants, des regards lourds ... Je redirais que j'adore Tirabosco, mais quelle puissance il arrive à faire passer dans les yeux, les attitudes, les corps ... Il peint plutôt qu'il ne dessine, une Afrique noire hostile tant dans l'environnement que dans les habitants. Je suis sous le charme de cette composition des planches. Les pages de nature semblent envahir l'esprit lorsque je tombe dessus, et les moments de tensions sont retranscrit à la perfection à chaque fois. Tout est dans le silence, qui est maitrisé par un dessin soigné.

Je déblatère sur le dessin, qui est à la hauteur du récit, mais l'adaptation du voyage de Conrad est soignée. Il y a là tout ce qui constituera ensuite son roman le plus connu, avec une maitrise et une tension sous-jacente continue, donnant au livre un ton et une densité remarquable. C'est les rencontres, les notes de Conrad, les échanges avec sa tante ainsi que la découverte progressive de ce qu'est le Congo belge. Une horreur, mais qui s'amplifie à chaque arrêt alors que le fleuve est remonté progressivement.
J'avais déjà senti que la folie qui se dégageait de Au coeur des ténèbres était d'une nature spéciale, mais en lisant "Kongo", je me suis rendu compte que c'était une folie bien précise : la folie de l'argent. J'ai tendance à voir facilement l'idée de critique envers le capitalisme, par conviction personnelle, mais je trouve que Conrad à compris à son époque la folie de ceux qui sont alors déjà des capitalistes en puissance. L'attrait de l'argent, l'ivoire cherché au plus profond du continent africain pour s'enrichir à toute vitesse, l'industrialisation des procédés et le tout au détriment de l'humain. Combien de vie enlevées, combien de morts inutiles ? Pour enrichir un roi qui ne mettra jamais le pied sur cette terre ...

Cette BD est une merveille. le dessin, mon dieu le dessin ! L'histoire est prenante, le genre dont on sort en ayant l'impression d'avoir été en apnée et surtout l'impact reste longtemps après la lecture. Il me semble impossible de rester insensible à ce récit, tant il porte de choses en lui, d'horreur et de folie. La BD est une excellente ouverture à l'univers de Conrad, une très bonne découverte en tant que telle, un immanquable si vous aimez l'auteur et, pour ma part, une BD que je trouve tout simplement excellente.
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En avant pour l'aventure. Bruxelles, 1890, après des adieux déchirants à sa divine tante Marguerite, Jozef Korzeniowski s'embarque vers les rives africaines, comme capitaine d'un vapeur pour le compte de la société Thys. Après une traversée éprouvante, le « gentilhomme polonais enduit au goudron britannique » découvre l'envers du décor de l'aventure coloniale de Léopold II. Sous couvert d'oeuvre « civilisatrice », le roi des Belges met le Kongo en coupe réglée. Ce territoire, riche en ressources naturelles, tombe alors dans son escarcelle personnelle.
Le dessin, parfois clair, parfois sombre, aux contours marqués par un trait gras, conjugué à un traitement en noir et blanc subtil, porte avec force et puissance toute l'horreur de la conquête. La nature sauvage, les relations humaines marquées par la violence et la brutalité. Rien ne sera épargné. Les massacres des populations indigènes succèdent aux épidémies qui frappent particulièrement les colons, sans parler des vicissitudes techniques ou des revers de fortune.
Jozef Korzeniowski reviendra en Europe, guéri mais essoré. Ses publications, sous le nom de Joseph Conrad, contribueront à accomplir pour partie la prédiction du diplomate anglais Casement à propos de la présence européenne en Afrique : « un jour, nous aurons à témoigner ».
Album incontournable et foisonnant, tant sur son propos politique, ses ressorts narratifs que par sa force graphique. Un dossier et une bibliographique, en fin de volume, présentent une solide documentation afin d'approfondir ce sujet.
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Quand j'ai vu que Christian Perrissin, scénariste de l'incroyable Martha Jane Cannary, sortait un nouveau titre, qui plus est axé sur la vie de Joseph Conrad, je n'ai pas hésité une seule seconde.
En compagnie de Tom Tirabosco, Perrissin opte cette fois-ci pour un one shot dans lequel il nous conte trois années cruciales dans la vie de Jozef Teodor Konrad Korzeniowski, capitaine de la marine marchande britannique qui s'engage dans un voyage au coeur des ténèbres du Congo Belge.

Mai 1890, Korzeniowski quitte Bruxelles pour le Congo. Il a été embauché par une compagnie belge, pour prendre le commandement d'un steamer, afin de remonter le fleuve jusqu'au Haut-Congo. Si officiellement "tout ce qui se réalise au Congo a pour but premier le développement du territoire et l'émancipation des populations", la réalité est tout autre... Conrad, venu au Congo pour y travailler et satisfaire son rêve d'enfance, en repartira traumatisé d'avoir servi un colonisateur cupide et meurtrier.

Une BD passionnante, très bien documentée, au graphisme fin et évocateur, il n'en fallait pas plus que je tombe sous le charme.

D'ailleurs, cette petite piqure de rappel me fait penser qu'il va falloir que je lise Au coeur des ténèbres, qui patiente depuis un moment sur une étagère de ma bibliothèque.
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critiques presse (9)
LesInrocks
30 juillet 2021
Le scénariste Christian Perrissin et le dessinateur Tom Tirabosco reconstituent ce périple dans un récit d’aventure aussi passionnant qu’étouffant, éclairé par une narration limpide et un graphisme précis. Kongo raconte aussi, en pointillé, l’histoire d’amour contrariée entre Conrad et l’écrivaine Marguerite Poradowska.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Sceneario
10 juin 2021
Cette collection de poche est une très belle idée pour découvrir, si ce n'est déjà fait, quelques bandes dessinées remarquables publiées chez Futuropolis. Alors, à ce prix là, ne ratez pas ce voyage vers les ténèbres, cela vaut tout de même le détour !
Lire la critique sur le site : Sceneario
BoDoi
17 décembre 2013
Le scénario se nourrit d’une riche documentation (les romans et la correspondance de l’écrivain, des rapports d’époque…) qui le rend complexe et réaliste, et fait apparaître d’autant plus glaçants les personnages de colons.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Actualitte
05 août 2013
Le trait intense de Tom Tirabosco restitue à merveille l'atmosphère moite, étouffante et claustrophobique du pays !
Lire la critique sur le site : Actualitte
BulledEncre
15 mai 2013
Le lecteur se laisse aller au fil de l’intrigue aux méandres qui cachent ça et là un abîme d’horreur et d’inhumanité. Une expérience qui détruira Joseph Conrad l’aventurier mais donnera naissance à l’auteur génial et à une oeuvre qui n’aura de cesse de dénoncer la monstruosité de l’entreprise coloniale.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Telerama
13 mai 2013
L'aventure s'inscrit dans les creux d'une action chaotique, aussi peu épique que possible, mais sous tension permanente. On y perçoit, tel un lancinant contrepoint, la détresse d'un homme piégé et impuissant à changer le cours des choses.
Lire la critique sur le site : Telerama
ActuaBD
26 avril 2013
En Mai 1890, le capitaine Jozef Konrad Korzeniowski part pour le Congo. De ce voyage, Korzeniowski, devenu plus tard Joseph Conrad, écrira l’une de ses oeuvres les plus marquantes et les plus connues, ’Au Coeur des ténèbres". Kongo se veut le récit authentique de ce voyage.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
29 mars 2013
Évoluant sur un rythme lent et parfaitement linéaire, le récit invite à suivre l’évolution psychologique d’un personnage qui constate toute l’horreur du projet auquel il participe. [...] Le trait charbonneux de Tom Tirabosco, [...] restitue d’ailleurs à merveille l’atmosphère oppressante et suffocante de ce territoire.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
06 mars 2013
La narration se place toujours à hauteur d’homme. Le récit n’est à aucun moment grandiloquent ou donneur de leçons. Perrissin réussit [...] à rendre la complexité historique et humaine de l’époque coloniale tout en dressant le même constat net et amère que son personnage.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C'est d'hommes comme vous dont ce pays à besoin. Les imbéciles y sont trop nombreux. Mais il semblerait que ces cancrelats soient de meilleure constitution que nous autres. Leur bêtise les protège... Capables de commettre l'inimaginable sans la moindre repentance. Là est toute la différence.
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- Ne devais-tu pas aller en Afrique aider ces populations à s'extirper de leur préhistoire ?
- Oh, je ne suis qu'un marin ...
- Et alors ? Quand tu réalises que tout n'est qu'hypocrisie, que la colonisation n'est en aucun cas entreprise philanthropique ou volonté de reculer les frontières de l'ignorance, de la maladie, de la tyrannie... Une fois que tu as admis qu'il s'agit avant tout d'aventuriers et de pirates, d'épiciers en gros et d'assassins, toi que fais-tu ? Tu continues à faire semblant d'être dupe !
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Vous savez, j'en ai rencontré la-haut... Des sordides aventuriers, des téméraires sans vaillance, des cupides sans audace, des cruels sans courage. Arracher les richesses des entrailles de ce pays est tout ce qu'ils désirent.
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-Mais qu'êtes vous venu chercher au Congo ?
-Eh bien... parfois un rêve d'enfance... Il vous hante. Et vous n'avez d'autre choix que de le réaliser.
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Aujourd'hui l'ivoire, demain le caoutchouc, les diamants...Nous sommes en Afrique mon cher! Notre morale bourgeoise cesse d'exister aussitôt les portes du continent franchies.
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