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Critique de kuroineko


Je remercie Babelio et les Éditions Goutte d'Or pour l'envoi du Journal de L., dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée. Avant même de savoir si j'étais retenue, je me suis replongée dans Lolita de Nabokov, lu il y a plus de vingt ans. le temps avait effacé certains détails du roman et, surtout, en passant, m'a permis de mieux comprendre cette oeuvre aussi sublime que retorse.

Alors que le livre originel était une confession/plaidoyer du vil Humbert Humbert en attente de son procès, Christophe Tison donne ici la parole à celle qu'on ne connaît finalement qu'à travers les yeux de son bourreau, la petite Dolores, sa soeur dans l'atrocité pédophile. Se colleter à une telle oeuvre dans un jeu de miroir était risqué, incontestablement, une vraie gageure. Je salue par conséquent le courage de l'auteur. Il reprend les éléments phares du texte de Nabokov, remplit les espaces vides en s'inspirant de l'esprit du texte initial et, sans doute, en y projetant ses propres blessures.

La narration sous forme de journal permet un accès direct à Lolita, un récit dénué des envolées linguistiques et périphrases "chastes" d'Humbert Humbert. le style de l'enfant évolue au fil des mois et des expériences subies du fait d'hommes abjects chasseurs de chair à peine pubère. Son langage se fait de plus en plus cru et ses pensées sombres à mesure que ses violeurs l'entraînent dans leur spirale de dépravation.

Le tout forme un ensemble très cohérent. Sous le langage souvent vulgaire et trop adulte de Dolores, on entend malgré tout la petite fille en souffrance qui voudrait simplement qu'on l'aime, elle, pas une fantasmagorie nymphescente pour pervers en rut. Récit ô combien troublant et bouleversant qui renvoie à toutes les Lolitas - et leurs pendants masculins - de la Terre.

Je n'avais jusqu'à présent jamais rien lu de Christophe Tison. C'est chose faite et son texte vibre de sincérité douloureuse, de celle qui inscrit ses mots au fer rouge dans l'esprit des lecteurs. Reçu ce matin dans ma boîte à lettres, sitôt commencé, je n'ai pu le lâcher.
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