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Critique de bdelhausse


Serge Tisseron a joué à l'animal médiatique pendant pas mal d'années. Il semble être moins présent dans les médias maintenant. Ses nombreux passages à la télévision pourrait avoir donné de lui l'image d'un homme consensuel, ouvert, aimable... ce qu'il peut sûrement être. Mais il est surtout et avant tout psychiatre.

Et cet ouvrage le rappelle de manière assez claire. Car tout problème, tout traumatisme passe par une analyse, longue, très longue, un travail sur soi avec son thérapeute, qui peut prendre des années (sic).

C'est le grand message de ce livre, et sans doute d'un grand nombre d'autres ouvrages de l'auteur.

Il part d'un constat: nos émotions ne sont parfois pas les nôtres. Nous nous leurrons et empruntons des émotions et des vécus qui sont ceux de nos parents ou des notre famille au sens large. Serge Tisseron mentionne d'ailleurs très brièvement le concept de constellation familiale puis l'abandonne ensuite.

Un traumatisme subit par un parent peut nous heurter et être intégré comme si nous l'avions vécu. de même nous pouvons transmettre un traumatisme à nos enfants... Serge Tisseron aborde quatre traumatismes: la honte, la culpabilité, l'agressivité et la sexualité. Je fais court...

Le malheur est que la démonstration de l'auteur est bancale. Il s'étend bien davantage sur la honte et l'agressivité (mais déjà dans une mesure moindre) que sur les deux autres traumatismes. Car il a longuement travaillé sur la honte. Il se cite abondamment, d'ailleurs.

Au passage, l'auteur taille des croupières aux partisans de la résilience... sans vraiment étayer ses propos, sans montrer clairement le lien avec son propos à lui et sans réellement dire ce qu'il propose à la place, sauf une bonne thérapie longue et coûteuse dans son cabinet.

Les exemples sont assez peu nombreux et plusieurs sont tirés d'oeuvres littéraires ou cinématographiques, ce qui est perturbant. Et quand on aborde la question de la guérison, on revient à la thérapie psychiatrique d'une part, et à la communication d'autre part... C'est assez cliché finalement. Parler à ses enfants, calmement, posément, sans drama sans pathos... ou aborder des questions épineuses avec ses parents pour éliminer le traumatisme sans le revivre... c'est logique. Mais Serge Tisseron enveloppe le tout d'une structure psychiatrique (il semble freudien dans ses références). Bref rien de bien neuf. Et rien qui soit de nature à aider les gens dans leurs décisions, douloureuses et difficiles, au quotidien.

Au final, le titre annonce une promesse non tenue. On passe en revue quelques émotions, et on a pas mal de choses dites sur les mensonges apportés par nos émotions. Et quant à avoir des solutiouns, des pistes pour sortir de tout cela, nada ou presque. Bref, moitié du contrat rempli.

On pourra aussi déplorer la couverture où l'on voit (dans l'édition originale) une femme pleurer... est-ce donc là tout ce que suggère le sujet du livre? Emotions = femme qui pleure? Pas terrible, àmha.

Reste que ce livre, sous des dehors très larges, s'adresse à un public de connaisseurs et de spécialistes, pas de curieux ou de néophytes. On n'est pas dans la vulgarisation. Les traumatismes dont parle Serge Tisseron, ce sont des viols, des incestes, des violences répétées sur enfants, le passage dans des camps nazis... ce n'est pas juste avoir mangé des épinards à la cantine ou avoir été obligé d'aller chez mémé les samedis après-midis... Cela entraîne que le livre est clairement pour un public averti, selon l'expression consacrée.
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