Dans le futur, les hommes sont soumis dès leur naissance à un test qui détermine leur espérance de vie. Toutes la société est organisée en fonction de cette espérance de vie : les courts termes, ceux qui mourront avant leur 30 ans ne reçoivent pas d'éducation, sont cantonnées aux taches les plus ingrates et vivent dans des zones pauvres avec des restrictions pour se déplacer. Les longs termes, ceux qui vivront après 60 ans et même beaucoup plus, sont ceux qui reçoivent la meilleure éducation et exercent les métiers les mieux payés, ceux avec des responsabilités... Cette organisation est protégée par de très grands intérêts financiers et la surveillance, la sécurité, l'information est entièrement dans les mains de grandes firmes.
A 17 ans, Virgil est un 87. Fort de sa longue espérance de vie, de sa solide éducation, de l'argent de sa famille, il vit une adolescence dorée. Lorsqu'il reçoit un message de sa mère lui enjoignant de ne pas rentrer à la maison parce que la brigade du terme est à sa recherche, il ne comprend pas ce qu'il lui arrive et se retrouve livré à lui-même. C'est l'occasion pour lui de découvrir les revers de cette société et ses opposants.
Voilà un pavé à dévorer.
Le roman est construit autour de plusieurs personnages qui tous se rencontrent, interagissent... Il y a Virgil bien sûr qui pense avoir une très longue espérance de vie et découvre que ce n'est pas le cas mais aussi Lou informaticienne qui tente de capter des informations, Enna une court terme qui réfléchit beaucoup et dont la compagne est rouée de coups et Jolson, petite brute, qui ,comme Virgil, pensait être un long terme et découvre que ce n'est pas cas. On les suit tour à tour et on les voit évoluer. Chacun réfléchit au sens de sa vie, à l'organisation de cette société. Ce sont sans doute les deux garçons qui évoluent le plus mais Lou et Enna ne sont pas en reste. Chaque personnage est très travaillé et Virgil est particulièrement attachant.
Les rebondissements se succèdent, on ne s'ennuie pas une seconde.
Je ne sais pas pourquoi, je pensais lire un thriller, il s'agit à n'en pas douté d'une dystopie avec ses codes. Des dystopies, j'en ai lu plein avec des sociétés organisées en fonction castes, factions, par âge, par métier, en fonction des gênes... Alors pourquoi pas par espérance de vie ! Les choses se tiennent. L'idée de cantonner ceux qui ont une courte espérance de vie à certaines taches, de ne pas les éduquer... pourquoi pas. Une ville où les gens sont regroupés en fonction de leur espérance de vie, pourquoi pas aussi.
Une chose m'a dérangée : il y a vraiment une part importante de la population qui meurent avant 30 ans. Par exemple dans la famille de Virgil dont la mère est une court terme, les deux enfants ont une espérance de vie de moins de 21 ans. Et on ne comprend très bien pourquoi.
Est-ce que l'espérance de vie dans le futur a diminué ? En tous cas, il m'a semblé que ce n'était pas clairement dit. j'ai d'ailleurs eu l'impression qu'il n'y avait aucune tentative de soigner les gens. On voit des jeunes avec des tumeurs et aucune tentative pour les enlever. S'agit-il d'une économie ou est-ce que la tumeur ne peut-être traitée, ça n'est pas dit. Mais il me semble étrange qu'en 40 ans, des parents, même fortunés, renoncent à faire soigner leurs enfants.
De la même manière qu'en est-il d'éventuelles épidémies ?
Mais même si ce point m'a gênée, si je me suis posée la question tout au long du roman et que je regrette un peu de ne pas avoir trouvé la réponse, il n'en reste pas moins que le roman est vraiment très fort.
Entre la question de ce qu'on fait de sa vie qui est présente tout au long du roman (est-ce qu'une vie courte à moins de valeur qu'une vie longue ? A quel point le fait de connaître son échéance influence les choix de chacun...) et les questions du contrôle de l'information, de la maîtrise du pouvoir... le roman ne manque pas de sujets forts. Il présente vraiment une société où les grosses entreprises ont la main sur tout et où leurs intérêts priment sur tout et sur tous. Et il est intéressant de voir une rebellion se soulever.
La fin est pleine d'espoir et très ouverte. Un peu comme si on oubliait cette histoire de terme pour laisser les personnages vivre leur vie.
Malgré mes petites restrictions, même si il y a dans ce livre plus de coquilles (lettres ou mots qui manquent, mots en double... je dirais que la relecture a été faite sur un court terme), le roman m'a bien accrochée.
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