Lancer l'alerte

Il voudrait être croyant pour pouvoir prier, mais il est comme sa mère, qui pense que croire en l'homme est déjà bien suffisant. A cette seconde, il se demande si tous deux ne font pas fausse route ...

Je te l'ai dit, ma chérie. Si cette affaire s'ébruite, les actionnaires prendront peur et ils stopperont le projet d'extension qui sera externalisé à l'étranger. Et peut-être toute l'usine avec. En Europe de l'Est, où la main-d'oeuvre est moins chère. Que restera-t-il pour les gens d'ici ? Notre maire se bat. N'importe quel maire ferait la même chose à sa place.

1TOX.
Ce dernier mot l'interpelle tant il imprègne toute cette affaire : intoxication du sol par les produits chimiques ; intoxication des esprits, avec des pressions et la propagation de fausses informations. (p.144)

Pour que ces quarante deux salopards continuent de s'enrichir et de gagner en quelques heures ce que d'autres ne gagneront pas en toute une vie, il y a partout des petits chefs qui commandent, ordonnent, pressent et sont prêts à faire n'importe quoi. Des petits moutons qu'on récompense avec quelques primes ou de menus avantages. Ils n'ont rien à foutre des hommes. Alors imagine l'intérêt qu'ils portent à la planète.
L.M

- Une bonne femme qui conduit des camions ! poursuit-il, encouragé par toutes ces paires d'yeux qui le fixent. Elle est forcément lesbienne, non ? C'est pas un boulot pour les femmes qui se respectent, ça !
- Arrête ! hurle Julie. Je veux pas de ça ici !
- J'aime pas les pédés ! On peut pas se fier à ces gens-là ! à la première occasion, ils te trahissent.
- C'est juste un con, dit Lou-Ann à César en lui pressant le bras.
- Ma mère n'a rien d'une...
- Je sais. Mais son Q.I. minable ne lui permet pas de dépasser les clichés. Pour lui, les hommes s'occupent du bricolage, les femmes de la cuisine. ça va pas plus loin dans son cerveau d'abruti. (p.67)

Quand ils se retrouvent seuls, Lou Ann le serre dans ses bras. Il se sent comme un bateau perdu en pleine mer, sans phare à l’horizon pour l’aider à maintenir le cap.

Autant avec Jacques nous partagions les mêmes goûts, autant nous étions différents au niveau de nos émotions! En nous voyant arriver, une de nos tantes a dis une fois : Tiens, voila le Soleil et la Lune.

« Là, tout est devenu noir dans sa tête. Dès qu’il y repense, la boule d’angoisse revient obstruer sa gorge et peser sur sa respiration. Sa mère lui a montré les messages violents qu’elle a reçus. Elle s’y faisait traiter de salope de mal baisée, de traître. »

César est déçu par cette réponse. Il imaginait son entraîneur plus battant, moins résigné ; le genre de type qui prend sa vie en main et ne se la laisse pas dicter par qui que ce soit. Mais José est comme les autres, coincé dans ce bout de vallée, à moitié bouffé par cette usine qui finira un jour, par tous les digérer.

- Cette affaire fout un sacré bordel partout, reprend-il. Chacun est obligé de choisir son camp. Soit on est pour la SEGIKA, soit on est contre. C'est un peu schématique, mais c'est la situation qui veut ça. (141-142)