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3,46

sur 217 notes
Les critiques sur Babelio pour ce roman en instance de sortie sont unanimes, louant la qualité de l'ouvrage. Et bien… je ne vais pas rajouter des superlatifs à cet ouvrage.

Voilà un livre auquel je n'ai pas adhéré. Point.

Ce rejet pourrait être lié au sujet, grave et pesant. Les bagnes d'enfants au dix-neuvième siècle ce n'est particulièrement joisse, surtout dans un environnement rural, rude et difficile.

Pourtant, ce qui m'a plus rebuté, c'est la forme.
Le défilé des enfants quittant le bagne sous le regard lourd des habitants du voisinage ouvre le bal. Mais, les pages suivantes ne viennent pas vraiment relancer le sujet. Pour ré-entendre parler du bagne d'enfants, patientez… patientez beaucoup… ne quittez pas, une opératrice va prendre votre appel… le sujet ne reviendra que vers la page 170, et pas avant…
Les courtes fiches historiques qui ouvrent chaque chapitre, et qui présentent avec la sécheresse abrupte des formulations administratives des destins terribles de ses mineurs « délinquants », paraissent du coup hors sujet pendant bien longtemps.

La présentation des personnages, de leur pauvre vie et de leurs espoirs secrets, s'étale de chapitre en chapitre sur prés d'un tiers de l'ouvrage, sans grand lien, en laissant toujours des non-dits. Long, long, long...

Et, plus que tout, l'omni-présence de paragraphes sans fin, s'étalant sur des dizaines de lignes, sans saut de paragraphe, sans construction apparente des idées. Avec une belle langue, je ne le nie pas, mais en croyant que les cheminements intérieurs, les pensées des acteurs, s'expriment mieux dans ces suites de phrases pas très ordonnées, qui remplissent le vide de la page blanche. En tant que simple lecteur (ou lecteur simplet, je ne sais trop), je suis oppressé par ces tirades qui commencent à un endroit, et ne finissent qu'une ou deux pages plus loin, sans respiration, et sans que l'action n'ait vraiment avancé. Entretemps, on aura rencontré moult fioritures, quelques belles formules. Oui, le style est là. Oh que c'est beau. Oh, que c'est lourd aussi, cette avalanche de signes pour torturer les cheminements intérieurs. J'étais parti pour détailler cette façon de faire dans une logorrhée aussi pesante que celle que je dénonce. Finalement, je renonce, j'ai pitié de vous pauvres lecteurs.

Pourtant, il y avait de largement de quoi intéresser le chaland dans l'intrigue de Jean-Christophe Tixier. D'ailleurs les cent dernières pages ont (enfin) un peu de rythme. Une progression bienvenue qui sauve l'ouvrage. Parce qu'enfin on parle du fond. de ce lien entre les pauvres paysans du pays et ces enfants lourdement condamnés pour des vétilles, maltraités, exploités, poussés à bout ou jetés en pâture à des pauvres agriculteurs croyant avoir trouvé là des esclaves à peu de frais.
Dommage tout cela.
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France, début 1900, un petit village rural.
Des habitants, perdus, perclus d souvenirs coupables, qui ne vivent que dans lattende d'un retour de bâton, humain ou divin.
Pourquoi tant d'inquiétude ?

Il y a plus de 20 ans, tous ont pris part, ont eu un rôle plus ou moins important dans l'organisation, la gestion, la surveillance d'un bagne pour mineurs. Tous ont abusé de differentes manières de ces enfants.
Une prison pour enfants. Un mouroir, soyons réalistes.
Depuis la fermeture des portes de cet enfer, il y a 20 ans, nos campagnards ne vivent que dans l'attente du retour des quelques survivants, de leurs vengeances.
Ce village est triste, invisible. Seuls les plus jeunes vivent sans ces souvenirs mais en subissant l'aigreur et la violence de leurs aînés.
Au fil des pages, nous comprenons qui, pourquoi et comment.
Je n'ai pas adhéré à ce livre ni à sa finalité.
Son style a été, pour moi, très difficile. Beauxoup trop de descriptions sales, dégoûtantes, trop de glaires, de pus, de saletés. Tout pour nous faire comprendre que ces humains ne sont que des déchets.

Le résumé m'avait pourtant tapé dans l'oeil.
Seuls les extraits des registres d'écrou d'une maison d'éducation surveillée (comprendre bagne) situés à chaque début de chapitre m'ont émue et peinée.

Je ne vais pas me mentir, j'ai fini cette lecture sans être d'humeur à lire, ceci explique cela.
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Sur ce plateau perdu des Cévennes, ils sont une poignée, en ce tout début de 20e siècle, à s'échiner jour après jour, jusqu'à l'usure, contre la terre et le climat, pour une maigre et bien incertaine subsistance. Cela fait dix-sept ans que le bagne pour enfants qui domine le bourg a fermé, après une enquête sanitaire. Autant de revenus perdus, car bon nombre des paysans, hommes ou femmes, y prêtaient main forte, comme lingère, cantinière ou gardiens. L'austère bâtiment abandonné n'en finit plus de projeter l'ombre du passé sur le village : lorsque le malheur commence à frapper et que se mettent à s'enchaîner les catastrophes, la peur ne tarde pas à échauffer les esprits et à faire resurgir les mauvaises consciences et les souvenirs.


Chaque chapitre s'ouvre sur un extrait des registres d'écrou de la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès, dans l'Hérault : sinistre égrenage des entrées et des sorties, ces dernières toutes en direction du cimetière qui hante tant les villageois. C'est quasiment le seul mais lancinant élément descriptif de cette prison : le reste nous parvient au travers de la mémoire des hommes qui y travaillèrent et se firent complices des atrocités commises.


A vrai dire, ce n'est pas tant le remords qui semble torturer cette communauté où chacun a contribué à sa manière au sort des petits détenus : y compris l'instituteur qui fit office de pourvoyeur ; le curé, convaincu de l'irrécupérable perversion de ces enfants, pour la plupart illégitimes ou abandonnés ; et même le médecin de passage, diligenté pour enquête sur dénonciation, et qui n'a rien signalé dans son rapport. Ce sont plutôt les superstitions et la crainte du châtiment divin, plus précisément l'effroi de devoir rendre compte au Diable, qui, pour sûr, a maintenant jeté son dévolu sur ce bout de terre, preuves en sont les mauvaises récoltes, la maladie des bêtes et les accidents mortels. le spectre de la sorcellerie n'est guère loin. Et les hantises de ce genre ne font qu'engendrer de nouvelles violences.


Finalement, les conditions du bagne, aussi choquantes soient-elles, n'étaient, en quelque sorte, que le reflet de celles de l'extérieur : était-elle vraiment plus enviable la vie de ces petits commis de ferme, exploités et battus, à peine nourris, moins bien traités que les animaux dont ils s'occupaient ? C'est tout un ordre social qui a engendré le bagne, comme le résument les propos et les attitudes du curé de ce récit.


La force de ce roman noir et éprouvant est de faire toucher du doigt les conditions sociales et les mécanismes humains qui permirent l'existence des bagnes : tout en sortant de l'oubli le sort dramatique de tous ces enfants rejetés au ban de la société, il plonge le lecteur au fond du désespoir et de la misère, dans les méandres de l'âme humaine dont il explore avec justesse les dilemmes et les lâchetés.


Petit billet sur l'histoire des bagnes pour enfants en France sur mon blog, dans la rubrique le coin des curieux, en bas de ma chronique sur Les Mal-aimés :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/05/tixier-jean-christophe-les-mal-aimes.html
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Garder leur inavouable secret et continuer leur petite vie. C'est ce que pensent faire les habitants de ce petit village au fin fond des Cevennes quand en fait, ils ne font que creuser leurs tombes. Plus ils enfouissent et protègent leur secret, plus ils enterrent profondément leurs âmes jusqu'à atteindre l'enfer sur terre. Ils ne sont plus que des ombres qui ont poussé sur un terreau d'amertume et de culpabilité, laissant éclore la peur et la haine. Une terre qui a modelé des hommes taiseux au coeur sec et des femmes infertiles. Peu à peu l'humanité s'efface, dissoute dans une noirceur absolue au profit d'automatismes qui maintiennent une impression de normalité. Des mécanismes de survie dont les engrenages broient tout sur leur passage.

JC TIXIER fait prendre tout son sens au terme « maudit » et dénonce dans cette fiction basée sur des faits historiques les conditions de vie des enfants dans les maisons d'éducation surveillées. Un joli nom pour ce qui n'était en fait que des lieux de souffrance où étaient perpétrés des tortures physiques et psychologiques.

Il en ressort un roman à l'ambiance incroyablement sombre et malsaine. Tout est moite, dense, puant. La part sombre des personnages a depuis longtemps envahit tout leur être. Aucune honte, aucun remord, tout juste des regrets que les choses ne se soient pas passées comme prévues. Les traitements inhumains leur importent moins que le fait de devoir assumer les conséquences de leurs actes. Ils craignent une vengeance divine ou une quelconque malédiction là où ils devraient être hantés par leurs consciences. Il n'y a rien à sauver chez ces hommes et ces femmes.

Un récit glaçant qui amène le lecteur au bord de la nausée. Une noirceur impitoyable qui ne laisse jamais filtrer le moindre espoir . Étonnant quand on sait que l'auteur écrit principalement des albums jeunesse. Ce livre est un vrai tour de force dont le principal atout est sans doute cette plume poétique d'un douceur et d'une violence incroyables. Une lecture dont chaque court chapitre débute par un extrait des registres d'écrou de la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès dans l'Hérault. de quoi immerger le lecteur dans une atmosphère de désespoir sur fond d'injustice. Seul bémol, j'ai regretté le manque de rythme. S'il renforce l'atmosphère pesante, il peut aussi lasser et amener le lecteur à décrocher.

Un livre qui secoue. A déconseiller aux petits coeurs trop sensibles.
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Voici un rural noir dans lequel je n'ai pas su m'identifier puisqu'en 1901, je n'étais pas née ! Mon grand-père non plus et il n'a pas dû me raconter cette vie-là.

De plus, en ce temps-là, c'était la Troisième République chez vous, celle qui allait instaurer la séparation de l'Église et de l'État, ce qui fait vachement enrager le curé du cru.

Il a beau ne pas se dérouler à mon époque, ce rural noir m'a pris à la gorge et aux tripes tant l'atmosphère était à la fois envoutante et horriblement oppressante.

Dans ce patelin reculé des Cévennes, on croit autant à Dieu qu'au Diable et on a tendance à invoquer plus vite le Malin que le Divin : "Le Diable, le Malin et le Démon", c'est leur sainte trinité, à ces pauvres hères non instruits et qui doivent subir les affres du climat, qu'il soit trop froid, trop chaud, trop sec ou trop humide.

La terre est rude et travailler au bagne, cette maison dite « d'éducation », et bien, ça met du beurre dans les épinards pour les habitants de ce patelin, ou du lard sur le morceau de pain sec. Lorsque ce dernier a fermé en 1886, beaucoup ont perdu un statut et des revenus.

Le bagne, parlons-en… L'auteur aurait pu se répandre dans tous les supplices qui furent imposés à ces pauvres gosses, placés là suite à un vol, un braconnage, du vagabondage, des attentats à la pudeur…

L'intelligence a été de ne pas s'appesantir dessus et de nous expliquer en peu de mot, à travers les pensées d'un pensionnaire quittant ce lieu maudit, ce que furent ces années d'horreurs, de brimades, de privations et d'abus en tout genre.

De toute façon, à chaque début de chapitre, l'auteur nous présente un billet d'écrou des pensionnaires, avec leurs noms, leurs condamnation et leur cause de sortie : tous mort dans la première ou deuxième année de leur incarcération. Plus besoin de nous faire de dessins et d'en rajouter, tout est dit.

Je me demande si ce n'est pas encore pire de laisser le lecteur imaginer ce que ces gamins ont subi plutôt que de nous le décrire. En tout cas, ça donne des sueurs froides dans le dos, surtout en calculant leur âge lors de leur jugement, les années auxquelles on les condamnait pour si peu et l'âge de leur décès. La salive est parfois dure à avaler.

Dans ce rural noir que j'ai eu du mal à lâcher, l'auteur nous offre une analyse juste et des portraits réalistes de ces gens habitant la campagne profonde, ceux qui pensent directement à des malédictions au moindre pépin et sont toujours prompt à accuser les autres, surtout si cela peut détourner l'attention de leurs propres fautes à eux.

On pénètre dans du glauque, dans des esprits étroits, dans la petitesse des actes humains, dans leurs envies, leurs jalousies, leurs bassesses pour gagner quelques sous… Sans oublier que les femmes, en ces temps-là, sont soumises à leurs maris, à leurs pères et que dans ces contrées reculées, ils ne sont pas prêts à passer le commandement.

Horrifié, on assiste à tout ce qu'ils (ou elles) sont capable de faire à leur prochain, comme si, tout compte fait, ils ne craignaient pas tant que ça ce Dieu qui doit les juger à l'heure de leur mort.

Comme on dit en wallon : Mougneû d'bon Dieu èt dès tchiyeu d'jiale (des mangeurs de bon Dieu et des chieurs de diable = mon orthographe wallonne a toujours été nulle).

Le récit fait la part belle à une multitude de personnages, qui reviendront au fil des pages, tous avec leurs part d'ombre et leurs non-dits, ces secrets qu'ils ont enterrés après la fermeture du bagne, et même avant.

Qu'est-il arrivé au P'tiot, un gamin évadé du bagne ? Pourquoi personne ne veut en parler même 17 ans après la fermeture du bagne ? Pourquoi une telle chape de plomb ?

Seuls Blanche et Étienne, deux jeunes, semblent ne pas porter la trace du péché des autres et pour eux, j'ai ressenti une forte empathie car ils sont bien les seuls à être innocents, comme le simple d'esprit, Géraud. Par contre, ce qu'ils subissent…

Un roman noir rural dont la plume de l'auteur vous happe dès les premières lignes, vous subjugue et dont on a dû mal à reposer le livre, tant le récit nous tient en haleine alors que le rythme est assez lent et les mystères levés dans le dernier tiers du roman.

La justesse des portraits brossés, tout en finesse, même s'ils sont rugueux comme une pierre ponce, le réalisme dans leurs actions et leurs pensées, ce côté religieux poussé chez ces gens où l'instituteur et le curé tiennent la place la plus haute dans le village et cette aura de mystère qui entoure ce bagne vide depuis 17 ans et qui, malgré son abandon, continue à faire de l'ombre à tous ces biens pensants.

Même les tombes du cimetière attenant au bagne sont maudites, évitées comme la peste, tant ce lieu fait peur et est porteur de toute une flopée de malédictions qui pourraient vous tomber dessus, comme si la porte menant aux Enfers se trouvait sous les tombes de ces gamins morts sous les coups, les privations, le travail harassant ou autre.

En tout cas, je suis heureuse d'avoir reçu ce roman en avant-première grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et je les remercie pour cet envoi, ainsi que l'auteur pour les mots qu'il a inscrits sur ces pages.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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« Les Mal-aimés » , lecture intense et éprouvante dont on s'extirpe difficilement tant l'atmosphère noire et prégnante du roman nous habite longtemps.

Hiver 1884, un village perdu dans Les Cévennes. Une cohorte de frêles silhouettes grises, poussée par une bise glaciale, s'achemine sous le regard triste et apeuré des villageois. Crânes rasés, rachitiques, les enfants enjoués quittent le bagne. Leurs sourires et leur allégresse dénotent avec les mines sombres des spectateurs qui forment une haie d'honneur sinistre. Les enfants sont heureux. Ils quittent l'enfer, ils quittent leurs bourreaux.

1901, un été sec et caniculaire. Les Cévennes, plombées par un soleil implacable, offrent un visage hostile au voyageur de passage. La terre est sèche, ingrate et rude, à l'image des corps et des âmes qui l'habitent. L'ombre du bagne abandonné plane sur le village et les fermes alentours, ancrant dans les mémoires le poids d'un passé que certains souhaiteraient oublier. Car si le bâtiment ne représente plus de menace, ceux qui y ont vécu ne sont pas tous partis, en témoigne le petit cimetière où se dressent de fragiles croix de bois sec, des tombes à moitié effondrées ou le reste de simples monticules de terre. Alors, lorsque des meules de foin prennent feu, lorsque les animaux et les hommes commencent à mourir, les âmes tourmentées par la culpabilité commencent à être gagnées par une peur superstitieuse. Est-ce le Diable ? Les enfants sont-ils revenus d'outre-tombe pour se venger ? Ou bien cette terre, qui les brise et les épuise depuis leur naissance, est-elle maudite ?

« Les Mal-aimés », ce sont les enfants du bagne. Gilbert, Pierre, Antoine, Victor, Auguste… Une dizaine d'années au moment de leur condamnation à la « correction » pour vagabondage, mendicité, vol… Au bagne, ils survivent en moyenne deux ans. Patronyme, âge, numéro d'écrou, filiation et moralité de la famille… C'est de manière presque incantatoire que Jean-Christophe Tixier présente ces petites âmes à chaque ouverture de chapitre, pour bien rappeler que derrière son récit se trouvent des enfants qui ont bien existé.
Mais cette histoire – que l'on connaît désormais - n'est pas directement la leur, elle n'est pas celle du bagne.
C'est tout d'abord un tableau, celui d'un village cévenol typique du début du XXe siècle, avec son curé, son instituteur, son médecin de campagne, son « fou », ses paysans rustres et pauvres usés avant l'âge par la terre qu'ils travaillent en toute saison.
C'est le récit de tout un village qui a vu dans le bagne et ses enfants le moyen de s'enrichir et qui un jour, voit ses espoirs s'envoler.
C'est le récit de ceux-là encore qui ont participé à des meurtres organisés quand on affame, quand on maltraite et quand on bat. Quand on se tait aussi.
C'est le récit des innocents, de ceux qui naissent sur cette terre de malheur, porteurs d'une beauté inattendue, et qui en deviennent très vite les victimes.
C'est l'histoire de ceux qui tentent de les sauver pour expier les fautes passées.
Reste alors une immense culpabilité autour d'un sombre secret qui peu à peu va venir à bout de la raison de chacun.
C'est enfin le récit d'un monde révolu et d'une région âpre, dure pour le corps et pour l'âme, où le Mal ne vient pas du Diable mais bien des hommes. Des hommes et des femmes destinés à porter le malheur en eux.

La langue poétique et ultra réaliste de Jean-Christophe Tixier se délie pour décrire la terre, les bêtes et les hommes. Remugles, poussière, crasse et souillure… les corps et les âmes ne font plus qu'un pour donner à voir et à sentir au lecteur les tréfonds de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus sordide. On ne peut sortir indemne d'une telle histoire, remarquable en tous points.

Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour cette masse critique privilégiée.
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Autre livre du mois de mars qui nous est proposé dans le cadre du prix des lecteurs 2021 par le livre de poche dans la catégorie polar/thriller et encore une surprise de voir ce livre placé dans cette catégorie. Je vais être franche, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher avec ce livre qui est d'ailleurs plutôt un roman noir. le thème est certes touchant car on évoque le sort des enfants qui étaient placés dans les bagnes, ces « maisons d'éducation ». Ils décédaient rapidement tant ils étaient maltraités. Un sujet important à mettre en avant mais le rythme est vraiment trop lent, j'avais l'impression de sombrer petit à petit au fil de ma lecture. Un livre que j'aurais surement abandonné avant la fin si je n'avais pas été membre du jury.
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Malédiction dans cette petite communauté rurale en ce début de XXe siècle. Des meules de foin s'enflamment, des bêtes meurent de fièvres, l'ombre fantomatique du bagne, fermé depuis des années, s'étend sur tout le village. Cette sinistre bâtisse, où tant d'enfants ont souffert sans que personne ne s'en émeuve, était un réservoir de main d'oeuvre à très bon marché. Des pauvres gamins maltraités par des matons et des patrons inhumains.

Si le bagne a fermé et les petits prisonniers sont partis, le souvenir délétère des enfants martyrs n'est-il pas en train d'empoisonner le village et ses habitants ? Saint Léonard priez pour nous.

Roman historique tragique qui parle de l'effroyable condition des enfants condamnés à la correction jusqu'à leur majorité. En ouvrant chaque chapitre sur un extrait du registre d'écrou de la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès dans l'Hérault, Jean-Christophe Tixier fait revivre ces petites victimes.

C'est avec adresse et talent que le romancier s'éloigne ensuite du pamphlet judicaire pour plonger le lecteur dans un conte gothique hallucinant.

Touché au coeur le lecteur ne peut que saluer ce beau travail.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Livre lu dans le cadre de Prix des lecteurs du Livre de Poche.
Une nouvelle fois, il s'agit surtout d'un roman noir et no d'un polar au sens strict du terme. D'un point de vue objectif, c'est un très bon roman. le style rend honneur au sujet des violences d'une très belle manière. Toutes les émotions y sont bien rendues, souvent de manière très crue. La vie est dure à cette période, surtout lorsque l'on doit vivre avec des souvenirs dont on a honte. le rapport à la vie, à la mort et à la souffrance était loin de ce que l'on connaît aujourd'hui.
D'un point de vue plus subjectif, je suis un peu plus mitigée. le malaise créé à la lecture de ce roman est clairement voulu par l'auteur, mais ce n'est pas ce qui me fait le plus plaisir à lire. de ce roman, j'en retiens essentiellement des morts, de la violence, des coups. Il est difficile de retenir une histoire lorsque tout est noyé dans autant de sang. Dès le départ, on comprend que l'espoir et la lumière ne seront pas très présents. En clair, ce roman porte très bien son titre.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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17 ans après la fermeture du « bagne des enfants », un village des Cévennes commence à transpirer la peur. Oh ! ils ont bien raison d'avoir peur, les villageois. En vrai, elle ne les a jamais quitté vraiment la peur !

17 ans après, les relents de la mémoire des paysans remontent à la surface. Car ils ont bien des choses à se faire pardonner. Ils en ont bien profité, tous autant qu'ils sont. La Cruere tout autant que les autres, elle qui exerce le métier de garde-d'enfants, orphelins que l'Etat lui confie.

17 ans après, malgré la chape de plomb qui recouvre les actes dépravés et odieux, chacun d'entre-eux est hanté par les souvenirs.

17 ans après, tout part en vrille. Tous ont quelque chose à se reprocher, de l'instituteur en passant par le curé et le médecin. Personne n'est innocent.

Où est l'espoir dans ce désespoir ? Pas une once de lueur dans ce village où la vie est pire que pire, où la misère règne, où les paysans triment toute leur vie pour obtenir le peu de quoi se nourrir.

Mais cela explique-t-il ce qui s'est passé ? Comme toujours, certains arriveront encore à tirer leur épine du pied.

Quel avenir pour Etienne, employé par Jeanne et Léon. Et pour Blanche qui vit avec son oncle Ernest ?

Un livre dur, sombre, comme la terre qui se nourrit du travail des hommes. A chaque début de chapitre, un article résume le parcours de ces jeunes qui ont été enfermés dans le bagne. Leur nom, leur âge, leurs méfaits, leurs années de détention et leur année de décès… Car la particularité de ce bagne, c'est que les enfants ne vivaient pas très longtemps là-bas. C'est le moins que l'on puisse dire.

Un livre dense qui livre ses secrets au fil des pages, petit à petit, comme si de tout dire d'un coup serait trop… inabordable ? trop, comment dire ? Trop indigeste. Jean-Christophe TEXIER amène chacun des protagonistes à livrer leur secret. Mais ce sont des paysans, des taiseux et qui plus est, superstitieux.… Il faut du temps pour les apprivoiser et que petit à petit tout sorte. Il faut savoir les écouter et les observer. Cela prend du temps.

Il faut également un coupable, et pourquoi pas Géraud, l'homme qui vit dans les bois et qui nargue les paysans ? Parce que lui il sait.

Un grand merci à Jérôme « fannyvincent »pour ce livre qu'il a eu la gentillesse de me prêter.
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