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sur 217 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Vailhauquès, Hérault ; un jour de 1884, sous le regard de la population villageoise, une longue théorie d'enfants malingres, en haillons, couverts de crasse et de traces de coups s'égrènent dans la nature au sortir d'une “colonie d'éducation surveillée”, en d'autres mots un bagne pour enfants. Tous ceux qui y étaient internés ne sont pas là, nombreux sont morts avant d'y avoir passé plus de deux ou trois ans, souvent avant d'avoir atteint l'âge de quinze ans.
1901, au village. Des faits inexplicables se produisent : une jument agonise le corps couvert d'abcès ; des meules de foin s'embrasent la nuit ; un troupeau de chèvres est décimé par une maladie étrange… Inévitablement les esprits s'échauffent, la peur sourd inexorablement, le doute s'insinue, tel un venin qui vient détériorer encore davantage les rapports chaotiques de ces paysans taiseux, rudes à l'ouvrage comme dans leurs relations. Il y a la jeune Blanche soumise aux ordres et abus de son oncle Ernest ; Jeanne et son Léon exploitant sans vergogne Étienne, orphelin bon à tout faire ; Angèle “La Cruère” qui, sous couvert d'accueil de nourrissons non désirés, s'enrichit et guigne sur les terres d'Alphonse l'alcoolique, à qui elle prodigue ses faveurs de son corps sans plaisir. le docteur Morluc s'occupe aussi bien des hommes que des bêtes et s'abrutit dans l'alcool pour oublier sa condition. L'instituteur pourvoyeur d'enfants et le curé qui ne voit la rédemption et le salut des âmes que dans la souffrance. Tous ces gens à peine sortis de siècles de labeur et qui vont rentrer (ou pas) dans celui de la modernité. Inévitablement, malgré l'autorité « morale » du curé, chacun voit l'oeuvre du malin, du diable et du démon, la trinité maudite qui pourrit leur vie misérable et, sans se concerter, tous imaginent la vengeance des enfants qui ont disparu des années auparavant, morts dans ou dehors le bagne omniprésent. Et puis il y a Géraud, cet homme insaisissable qui vit libre dans la montagne, parle au ciel et défie le village et ses bassesses.

L'histoire est inhumaine, les destins inexorablement implacables. L'écriture aussi est dure, violente dans son verbe comme ces corps emmêlés dans des coïts brutaux et brefs. Quelquefois le texte est flamboyant comme cette nature sauvage, parfois il est sordide et acide comme le mauvais vin dont s'abreuvent les personnages.
Les chapitres sont courts, c'est normal, les gens parlent peu. Et comme une épitaphe, chacun de ces chapitres s'ouvre sur quelques lignes, résumant en peu de mots la courte vie d'un enfant bagnard.
Les chapitres sont courts, et comme ils sont nombreux, on peine à suivre l'ensemble, on saute d'une histoire à l'autre sans lien apparent, même si l'on sait que ces histoires s'entre-mêlent d'une manière ou d'une autre avec comme point commun la terreur qui se glisse dans chaque personnage. Et malgré mon envie d'avancer dans l'histoire, je ne pouvais pas lire plus d'un ou deux de ces chapitres chaque soir, tant l'amertume me gagnait, quand ce n'était pas la nausée.
Quand enfin j'ai terminé la lecture de ce roman, dont j'attendais qu'il me donne les clefs pour tout relier et comprendre, j'ai été encore plus déçu de cette fin si banale qu'on avait imaginé quasiment dès le début. Tout ça pour ça ! Au-delà de la noirceur du récit, que dis-je l'horreur, on aurait été en droit de lire un scénario plus élaboré, une intrigue plus tordue, une vérité explosant comme une délivrance. Mais de cela, point.

Je ne connaissais pas Jean-Christophe Tixier jusqu'ici, et en allant naviguer sur son site et d'autres, j'ai découvert un auteur assez renommé qui exerce davantage dans le roman jeunesse. J'espère qu'il ne décevra pas ses lecteurs avec ce nouveau livre dont je ne pense pas qu'il leur soit destiné.

Sollicité par Babelio, dans une opération Masse Critique découverte d'un roman, j'aurais aimé être plus emballé, plus accroché, mais c'est fort dépité que je remercie cependant Albin Michel et Babelio de leur confiance pour cette critique
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Il y a déjà 17 ans que le bagne pour mineurs a fermé ses portes, voyant ses enfants détenus le quitter le sourire aux lèvres et le coeur léger.
Pourtant, lorsque les bottes de foin prennent feu, les troupeaux tombent malades et la mort frappe, il n'y a qu'une phrase dans la bouche des paysans : "les enfants reviennent se venger".
Coupables ou complices des abus et violences en tout genre, les paysans continuent à en payer le prix.
Le diable serait-il venu sévir dans cette campagne reculée où tous ont essayé d'oublier ?

Mon avis:

Tous les livres ne pouvaient pas me plaire, ça aurait été trop beau.
Pour moi, cette lecture a été le bagne, et je ne crois pas si bien dire.

L'auteur nous plonge dans le milieu rural du début des années 1900, nous mettant face à la dure réalité de la vie de cette époque.
Le décor est planté, le bagne, même si on n'approfondit pas vraiment l'aspect vie du bagne (et tant mieux, je ne suis pas sûre que j'aurais pu faire face à cette violence).
L'histoire se passe 17 ans après la fermeture du bagne, alors que les paysans se font rattraper par un passé qu'ils auraient préféré oublier.

L'ambiance du livre est pesante, et je dirais même malsaine.
Et ce qui me dérange le plus, c'est que cela ait réellement pu se passer. (qui plus est dans ma région !! 😱)

Cependant, il faut saluer tout de même le travail irréprochable de documentation et d'écriture de l'auteur.

Malheureusement, pour moi, c'était beaucoup trop noir et pas assez dynamique, ça n'a pas matché.
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C'est pas possible : j'ai été attiré par le sujet mais la façon dont l'auteur le traite me désespère. C'est dommage, il écrit plutôt bien mais l'on se perd dans je ne sais pas dire quoi, tant le livre est flou. J'essaierai de lire autre chose de vous mais j'espère ne pas être déçu cette fois. E tout cas, celui-ce me tombe des mains. Désolé !
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Quelle déception ! Je m'attendais à un thriller... j'en lis beaucoup, c'est peut être ca le problème. Il s'agit plutôt d'un roman assez noir mais pas d'un thriller à proprement dit.
Certes les destins des personnages sont tristes et sombres, certes il y a eu ce fameux bagne, mais au final on en apprend que trop peu sur ce qui s'y est passé et sur le P'tiot. Ce qui est bien dommage, car c'est ce que j'en attendais de ce livre.
On ne sait pas trop où on nous emmène et où on veut nous emmener surtout. En refermant le roman, je ne sais toujours pas.
Une grosse déception.
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Les centres de "rééducation" pour enfants ont toujours évoqué la misère, l'injustice, la violence et des vies anéanties. Nous nous rassurons en les reléguant dans un passé révolu où l'inhumanité était banalement admise. Parce que maintenant bien sûr nous sommes plus malins …. (voir nos institutions bien actuelles pourvoyeuses de punks à chiens). L'histoire que nous raconte ici Jean-Christophe Tixier se déroule fin XIXème dans un centre des Cévennes, ou plutôt 17 ans après la fermeture de celui-ci. Lorsque les années laissent resurgir les drames qui s'y sont déroulés avec la complicité intéressée des habitants. Alors que l'établissement n'est plus que friche et ruine son ombre empreigne toujours le village où l'abjection et la noirceur perdurent. L'auteur nous sert du bien sordide à chaque page, à chaque phrase, rien ne nous est épargné, inceste, alcoolisme, coups, trafic de bébés ... Bourreaux et victimes, tous abrutis de misère, sont irrémédiablement perdus, ne cherchez pas une issue heureuse, toutes finissent dans le sang ou au bout d'une corde. Chaque chapitre, avant de nous replonger dans ce village voué au malheur, commence par une fiche nous rappelant un enfant de l'établissement, sa date de naissance, son délit, bien souvent insignifiant, la moralité de sa famille et la date de sa sortie, toujours due à son décès à douze ou treize ans suite aux mauvais traitements.
Je me demande quel état d'esprit doit-on avoir pour écrire ainsi ? Dénoncer la misère et témoigner ne veut pas dire s'y complaire. L'excellent "Ce genre de petite chose" de Claire Keegan y parvient tout aussi bien et même mieux. A moins que cela n'ait été le but de l'auteur, le poids des mots et le choc des photos. Mais quand ça déborde on n'y croit plus. Même si c'est bien écrit je ne suivrai pas ceux qui lui aurait, dit-on, décerné ce Prix des lecteurs sélection 2021 que revendique l'étiquette collée sur la couverture.
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Je l'ai lu deux fois.
On pourra vous dire que le lire un bouquin deux fois, c'est pour s'en rappeler, qu'on l'a tellement bien aimé que la lecture de ses mots vous manque sitôt fermé.
On pourra vous dire, aussi, que lire un bouquin une fois, c'est déjà bien. Et parfois, comme ici, déjà bien assez.


C'est que je me suis sentie conne une fois le livre clos. C'est un truc qui m'arrive dans plein d'aspect de ma vie, de me sentir conne, mais qui est rarement survenu à la fin d'une lecture de roman (quoique) en tout cas beaucoup moins souvent qu'après avoir regardé le JT. En général un livre, il me laisse déçue, vide de rien et de tout (qu'en gros j'y ai pas senti fourmiller grand chose) ou il me fait me poser des questions, plus que de m'offrir des réponses, ou alors il m'apprend plein de trucs, sur moi-même, sur mes pensées, sur ce que je pensais pas capable d'aimer, sur la trame de l'histoire ou des personnages, sur le monde, sur le rien, le vide de tout comme t'haleur, plutôt antagoniste dans l'idée, mais au final ça t'a changé. Je crois qu'un livre c'est surtout ça, quand c'est bien fait, ça vous change.
Me laisser con, ça a rien changé chez moi. Au fond, j'étais ptétre pas le public visé.


Le livre, il répond au cahier des charges du genre dans sa forme. C'est malin comme ça marche, les choses du marketing. Tu vois le bagne en fond, noir et blanc, il surplombe, il veut dire, tu t'aventureras aussi, peut-être, comme moi, à lire les premières pages du très communément nommé prologue, et tout ceci est excellent. Dans la papeterie de l'aéroport, la plus grande escroquerie littéraire, les gens passent, avec leur lourdeur, celle de leur valise, remplis de rien, de tout, là aussi, (les gens, mais les valises ça marche aussi) d'assez pleins de leur vie, la voix annonce, l'heure des départs, des venues, tu lis les premières pages d'un livre à la couverture noire et blanche (c'est terrible, le noir et blanc, ça gomme les couleurs pour mieux accrocher les formes) je me dis alors que c'est un livre qu'il me faut, qu'à la fin de mon vol d'une durée de deux heures j'aurais le sentiment intime d'avoir atterri ailleurs, puisque c'est la vocation des mots, te faire voyager alors que t'as les deux pieds vissés sur terre - chose qu'un avion peut pas se targuer de faire, lui.
Je m'étais quand même un peu méfiée des phrases, blanches, sur le noir et blanc. Beaucoup de distinctions, je me méfie des distinctions comme de la confiture.
Mais je me suis dit que le résumé parlait, que le prologue il disait aussi, alors le reste pourrait bien m'en dire un peu moins ça pourrait pas être mauvais.

Déjà, sache que c'est bien narré, afin de sonner salement beau dans ce gourbi, par toutes les tournures de phrases qu'un jury trouvera d'honorables - si cela ne suffirait pas, l'emploie du présent remédie à tout. En cela, j'admets les qualités d'écriture de Tixier. Il nous cuisine le morceau, sur une face puis sur l'autre, le retourne tellement de fois qu'à défaut de vous écoeurer, c'est indigeste.

Ce qui revient, en permanence, j'ai noté les rots, crachats, pets, merde, semence, sang, pus, d'autres que j'ai dû oublier, sous une couche de brûlé on oublie la couleur. Ah oui, les couches de bébé, j'oubliais c'est salement dégueulasse, et puis c'est triste des bébés, histoire de tout jeter dans l'eau du bain (qu'est impropre, on l'aura compris)
Est-ce que ça retourne ? Est-ce que ça vous touche ?
Une couche de bébé sale -ou une sale couche de bébés, dans les deux cas ça se vaudra ici, ça m'a jamais touchée outre mesure, même je connais pas le prisme du dégoût de l'humanité, je me dis que y'a bien une tonne de monde qui a fait des bébés.

Le seul unique procédé capable d'engendrer du dégoût sur cette histoire, donc, c'est la vision sale de ses habitants.
L'impression que la campagne, elle est rustre et arriérée, que c'est le véritable sujet de l'histoire, en réalité, pas le bagne, pas la vérité, mais un lien de logique qui dira que les aliénés engendrent des aliénés (à force de les avoir pas bien traités) comme si l'auteur portait à lui tout seul une haine viscérale pour ces contrées du passé. Les histoires, les faits, les scènes, l'injustice de l'époque, c'est survolé, pas le thème, peut-être le thème du résumé, de la couverture du livre noir sur blanche (comprendra qui voudra), du prologue, en tout cas pas de ces mal-aimés.

Le récit, il gravite autour de la bestialité humaine dans un village de paysans rustres, et c'est tout.

L'indignité ne se ressent pas : les victimes sont des fantômes ou des sujets qu'on regarde de loin. Les seuls malheureux dont on suit le périple, s'accommodent étonnement bien de leurs mauvais traitements.
Reste donc que l'odeur puante, relâchée incessamment, fouettée par les non-dits de ce peuple de cinglés.

Est-ce une intention louable ? Je suis pas là pour juger de l'oeuvre en soi comme l'a fait le jury, alpagué par un cahier des charges, j'y vais de mon ressenti, le seul que j'ai, un petit coeur, des pensées, pas plus, pas la prétention, ni la culture assez louable pour dire c'est quoi qu'il faut écrire. Mais si le ressort du livre est d'exprimer, avec l'exemple du passé, la France profonde qu'on voulût enterrer, et qu'elle passe, elle aussi, par de plein d'institutions qui sont tout aussi méchantes que le reste, à monter qu'on est tous bien des salauds sur terre, je voudrais pouvoir lire, à défaut de regarder, plus qu'un négatif sur une pellicule sale.
Ce cliché, loin d'être assumé, est la ficelle principale du récit.
Pas de rappels historiques, soit, pas d'explications trop poussées sur les victimes, présentes ou passées, o.k, mais arriver, au delà de tout ça, à ne raconter rien qu'une photo noir et blanc, et chercher à vous faire ressentir des émotions au seul moyen du noir, qui fait crâcrâ, et du blanc, qui fait très beau, c'est plus que la berlue, c'est de la manipulation.

L'église est toute méchante (puisque la religion, c'est uniquement pour les philistins extrémistes) Les hommes et les femmes, hideux et hideuses physiquement, sont hideux et hideuses à l'intérieur (c'est automatique). Les personnages sont génériques,interchangeables.


La seule pureté dans ce paysage grisâtre, c'est une jeune fille si immaculée qu'elle s'appelle "Blanche" (je déconne même pas) Puis, elle est physiquement très belle, alors elle est très belle à l'intérieur. Une jeune femme, au passage, si esquintée depuis son enfance qu'elle a gardé, au contraire de tous les autres habitants, sa superbe et son équilibre mental, ça lui permet, par exemple, de pouvoir ressentir de la peine, pour un cheval, et aussi pour les pauvres bagnards du passé (on les aurait presque oubliés, avec tout ça !), rappelant "ces beautés citadines qui ont reçu une éducation" du coup, il est quand même important d'indiquer que tous les rustres de cet univers rêvent de la sauter.


Si la personne est mauvaise, elle sera ridicule ou moche, ou les deux.
Si elle n'a rien d'identifiable, elle sera fade.
Si elle est gentille, elle sera belle, voire méga bonne (au pays des beaufs, restons courtois.)


Mais c'est logique, me direz-vous, car le procédé du récit se basant exclusivement sur le visuel, comment faire naître chez le lecteur de la sympathie ou de l'horreur autrement ? L'auteur s'enferme lui-même dans sa technique, un peu comme sous un château de cartes, qui n'aura d'autre choix que de se casser la gueule à la toute fin, mais qu'il ne peut s'empêcher de terminer. - ne serait-ce que pour le montrer à un concours, au milieu de plein d'autres cartes qui se posent.

Cherchez pas de révélations, de gros dossiers, d'ailleurs, c'est pas le but, pas le sujet. le bagne est visible de loin, comme sur la couverture, c'est assez pour effrayer cette ouaille de consanguins (n'oubliez pas que nous sommes à la campagne)
Un moyen pratique pour rajouter, dans ce fameux cahier des charges, l'effet voulu, encore une fois visuel. Des trucs bizarres qui se passent ? Comme dit sur le résumé ? Lesquelles ? Trois feux de camps, des brebis en méchoui, et c'est déjà la fin.


Pour le reste, on en revient essentiellement à Blanche, qu'elle est bien bonne Blanche... je veux dire, vertueuse, car docile, et belle, un peu curieuse mais tout en sachant rester à sa place, c'est normal puisqu'elle est une gentille victime, au même titre que le seul garçon gentil, qui doit pas être vilain non-plus et qui bande, c'est normal, pour Blanche.


Sinon : juste un filet de sept lignes courtes, au début de chaque chapitre, registre des vrais adolescents morts dans ce bagne. Histoire que ça nous rende triste, quand même.
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