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Critique de HenryWar


Lorsqu'un homme a acquis un statut et une réputation, quand il a pris un peu d'âge au sein d'une carrière couronnée de succès, quand il se sent baigné dans une atmosphère de respect où ses sectateurs et confrères le placent, il devient prudent plutôt par affectation de sagesse que par sagacité véritable, parce qu'il redoute à présent de risquer ce qui lui a réclamé tant de peine à obtenir, tandis qu'à l'origine de son oeuvre il savait que c'était surtout l'audace qui pourrait lui ouvrir un chemin vers la distinction. Il devient tel le Frank Wheeler de Richard Yates dans Revolutionary road, qui, après avoir rédigé un article stupéfiant d'impertinence parce qu'il ne redoutait pas de se faire critiquer et renvoyer, trouve tout soudain que les forces insolentes qu'il a déployées pour déceler ses capacités et qui ont fait son ahurissant succès pourraient lui nuire s'il en usait une seconde fois notamment au sein d'un cercle plus élevé d'esprits policés, et il s'abstient raisonnablement de les faire paraître à ce degré d'ardeur juvénile, pour ne pas qu'on le taxât de gamin méprisable, ce dont il a échappé sans trop savoir comment à l'origine de son oeuvre. Un coup, un lançage, une sortie indéniablement réussis, ont souvent ceci de stupéfiant et d'incompréhensible qu'en d'autres circonstances moins inexplicables et propices, ils eussent été traités avec indifférence ou sévérité, de sorte qu'on hésite à retenter sa chance, qu'on balance à renouveler sa verve initiale, se méfiant du hasard qui, vous ayant fait naître au beau jour, peut demain vous replonger dans l'obscurité humiliante d'une cruelle chute que quelque excès de confiance et d'imprévoyance peut entraîner.
Vous ne vous pardonneriez pas une telle disgrâce. Vous vous jugeriez imprudent d'avoir « tenté le diable ». On se méfie du sort, particulièrement aux siècles des masses bizarres qu'un vent imprévisible meut, pas même le travail ou le talent. Rien n'est augurable dans leur transport ou dans leur nonchalance : un effort admirable peut les laisser froids, une facticité de flamme les mettre en admiration. On ne sait ce qui les agit : aucune règle, aucun ressort un tant soit peu mécanique, aucune constance ne permet de deviner leurs émois ou leur absence de réaction ; il ne reste qu'à saisir l'occasion quand elle se présente et à s'épargner le risque d'une ultérieure audace qui, elle, pourrait soudain déplaire et vous abattre. Les progrès des mentalités du confort sont tout spécifiquement propres à de tels étranges revirements : on ne veut pas ou l'on ne sait pas réfléchir à ce qu'on aime, par conséquent l'amour qu'on sent un jour ne dépend souvent que d'une humeur transitoire ; l'enthousiasme retombe dans un autre contexte, et l'on se moque de récompenser un auteur pour l'équanimité de son travail, on n'aspire qu'à s'épancher et se purger d'un certain élan spontané qui, là, est « venu » en nous, inattendue et qu'on n'examine point. Mon expertise de critique littéraire rend très sensible l'observation de la nature volatile et injustifiée des engouements de la foule : notre époque vit sous le règne trop suave et innocent de l'instantané et du « coup de coeur », elle subit donc à plein l'influence manipulatrice de la publicité et de l'épate. Les meilleurs ne sont jamais couronnés, et l'on a fait depuis longtemps bon marché du mérite et de la régularité. C'est tout logiquement que ce défaut de reconnaissance crée chez les auteurs une angoisse. Ils tâcheront à faire pareil pour ne rien se reprocher, mais ils éviteront de vouloir faire mieux : la fidélité du lecteur moderne est à ce prix. Tout triomphe aujourd'hui se paye d'une prudente paralysie – stagnation volontaire – des facultés.
Concevoir une société entière cantonnée à cette triste méthode, et comprendre pourquoi les artistes actuels ne proposent que les resucées sans variation d'un succès d'antan.
C'est ainsi que Spielberg lui-même, qui n'est pourtant pas un réalisateur foncièrement sans audace ni inspiration, eut l'idée de reprendre West side story. Il n'aventure nullement sa réputation tel projet, il le sait, et que, même si sa carrière est déjà faite et solidement respectée, il ne risque aucun péril en reprenant à se voir traité de vieux décrépit, d'étoile déchue, d'ancien surestimé… oui, mais reconnaissons que c'est encore à condition qu'il soit plutôt conforme que novateur ! Son art, ici, sera une adhésion et une continuation, il ne s'agira que d'y repérer de ponctuels effets de style, mais le génie, lui, ne pourra se rencontrer au mieux qu'en la manière, et la justesse d'une manière n'est que le déroulement exact d'une pensée. Or, rien n'est incertain comme l'appréciation de la pensée par le Contemporain : voilà pourquoi le génie de la pensée cède donc, à l'autel du triomphe le plus garanti, au génie de la manière. Voilà bien un siècle qui tourne dans le rond d'un très petit nombre de pensées mais que les artistes développent de mille manières : la technique pour impressionner et émouvoir, mais sans l'idée dont aucune grandeur même évidente ne permet d'assurer le succès. J'eusse encore préféré le contraire, pour le salut du génie profond : peu d'artisanat pour beaucoup d'art ; or, ce n'était pas chez nous offrir aux génies la sérénité dont ils ont besoin pour vivre d'une certaine fixité de revenus ainsi que de l'estime de soi que conforte l'admiration qu'on leur porte. Et donc, le résultat : prééminence d'une relative variété des présentations contre la répétition inlassable des mêmes thèmes. Voilà la synthèse artistique expliquée et irréfragable de nos temps modernes : la crainte de déchoir, exacerbée par l'irrationalité critique des gens, ne consolide que des usages établis, parce qu'une forme qui une fois n'est pas approuvée ne signifie pas qu'on ne sollicitera jamais l'artisan, et l'artisan se console ainsi de n'avoir pas trouvé le succès sans que l'essence ou que l'identité y soit de quelque chose.
C'est pourquoi généralement le temps affadit les penseurs : après l'éclat de la première réussite, ils ont fondé l'entretien de leur renommée sur la seule consolidation de leurs théories initiales, utilisant pour cela l'admiration des lecteurs qu'ils sont parvenus à impressionner. Et il leur suffit de mener leurs investigations dans ce même domaine qui leur fut favorable et où ils bénéficient déjà d'une reconnaissance qui, unanime, ne paraît plus contestable, pour y asseoir leur force et leur gloire, étendant leur place par petits abus progressifs, usurpant des autorités par décalages insensibles de domaines, et s'arrogeant des compétences graduelles hors de leur sphère comme on profite de la saisine légale d'un territoire pour déplacer subrepticement les bornes d'une frontière, faisant leur spécialité d'un sujet dont souvent rien que des circonstances ont décidé qu'il deviendrait leur piédestal et leur trône définitifs, et qui finit par englober, par dévorer, par phagocyter toute leur compétence. Alors, ils ont fort redouté de se lancer dans des entreprises inédites où quelques recommencements pourraient de nouveau les rendre ridicules et les nullifier – les réinitialiser comme on fait d'une machine qu'un simple bouton remonte à zéro (mieux vaut n'y pas toucher !) –, et ils ont compris que ce n'était pas pour eux une affaire légère que de rejouer le bénéfice de tant de louanges et d'honneur qu'ils avaient déjà reçus : ils y ont renoncé. La plupart se contenteront de ce vieil appui de leur début « prometteur » mais qui se borna ensuite à l'horizon d'attente, perpétuellement ressassé comme l'ancien fait d'arme d'un soldat devenu incapable de porter le fusil et de plus en plus infirme faute de s'entraîner à remuer, et leur meilleur triomphe dès lors sera leur unique canne, cette prothèse soutiendra toute leur carrière, tandis qu'il ne leur sera besoin que d'une sorte de pose hiératique, sur ce fond de gloire irrévoqué, pour achever de persuader partout de leur hauteur, de leur sagesse, de leur stature de conseiller de plus en plus universel et magnifique, un silence de majesté avec un oeil postiche de complicité, moins périlleux qu'une parole hardie susceptible de les discréditer. La pantomime servira à conforter leur tranquille bouffissure, chacun croira reconnaître en ces airs résolus et quiets de grands littérateurs des êtres qui se soumettent malgré eux à leur renom et à l'adulation des foules où les a élevés un talent qu'il ne faut qu'avoir manifesté une fois, et puis entretenu dans l'affectation, pour le rendre permanent et inamovible. En somme, ils arboreront la mine de sempiternalité, on les rencontrera sur les plateaux comme des Kundera de référence pourtant infondés d'expliquer l'écriture et jusqu'au principal de leur art, mais quelque fébrilité instinctive aura gagné en secret le coeur de ces hommes prisonniers d'une unique occasion et qui, hors de cette morne inertie du succès lointain, n'ont plus osé qu'être les poursuivants d'une discipline spécifique et sans doute déjà justement renouvelées depuis des ans, leurs opiniâtres et crispés continuateurs et qui se sont figés étroitement, et qui se sont inquiétés de réfléchir en-dehors de ce rond de plus en plus minuscule et écrasant, et qui, à la fin, ne savent plus du tout quoi penser de tout ce qui surprend, circonvient et subjugue la catégorie infime de leur spécialité qu'ils ont intérêt à rendre la plus étroite et immutable possible, pour en demeurer les consultants et adoubeurs attitrés, les maîtres et seigneurs vénérés uniquement sur la créance de la réalité d'un art, cependant révolu et mensonger, auquel ils s'accrochent comme à de valorisantes et opportunes chimères.
Tocqueville, cinq ans après le premier volume de de la démocratie en Amérique, m'a fait quelquefois cette impression dure, mais l'impression est à nuancer d'une sagacité toujours supérieure, à atténuer d'un reste chaleureux de volonté ambitieuse et géniale. Ascendu au faîte d'une renommée peu contestée, il s'appuie sur son rocher, regardant l'horizon de son aire, les yeux dans l'azur et les cheveux portés d'oxygène pur, pour soulever encore un génie que son bel esprit cependant suffirait seul à exhausser. Je reparlerai de ces mimiques, ce n'est pas grave, je provoque toujours, je cherche, comme on dit, attentif aux signes infinitésimaux traduisant une évolution, et par lesquels, entre deux oeuvres, on trahit une altération dans un sens ou dans l'autre de son sentiment et de son rapport au monde. Il suffit de commencer par indiquer que le sujet est, cette fois, bien plus vaste et délicat, nécessitant un sens de la prospective plus hasardé, plus conjecturé : il consiste à mesurer quelles sont les moeurs générales induites par le régime de la démocratie plutôt que, comme naguère, son fonctionnement strictement américain. Il ne lui avait fallu jusqu'en 1835 qu'un essentiel esprit d'observation et d'analyse auquel il pouvait suppléer par des visions calculées et impromptues de lucidité ; il constatait avec méthode, mais seulement secondairement, à son gré, il supputait des augures, ce que le choix de sa matière ne lui ordonnait pas principalement ; or, c'est devenu l'inverse en 1840 depuis qu'il s'est imposé une sorte de sociologie, les moeurs se décelant a contrario des institutions qui s'exposent, et il ne lui suffit plus de documents et de témoignages pour installer un compte rendu, il a besoin de sensations pour affermir des impressions – ce qu'on pourrait résumer grossièrement par ce mot : Tocqueville, de juriste et d'historien qu'il était cinq années auparavant, est devenu psychologue et comportementaliste, en sorte que, désormais, c'est secondairement qu'il doit appuyer ces considérations sur des faits.
Les moeurs pour autant ne sont pas l'objet des interprétations les plus frivoles et les plus volatiles, elles s'inscrivent dans une logique où l'observation judicieuse et exacte a largement sa part, et j'aurais des scrupules à induire que le livre serait un recueil d'allégations aventurées sans conscience ni justesse appréciable. le travail à l'oeuvre implique encore une pénétration de généalogiste, il s'agit de remonter l'esprit d'un régime, particulièrement d'induire et déduire ce que l'égalité en tant que valeur fondamentale constitue en mode de vie et comme mentalité, aussi bien individuellement que de façon homogène et sociale. Songer que c'est une véritable gageure que d'accomplir, même que d'envisager, un tel dessein : il faut rappeler que l'auteur ne connaît chez lui de la démocratie que des linéaments fort éloignés de sa teneur américaine ou contemporaine d'aujourd'hui, de sorte que toutes ses considérations sont surtout extrapolées, qu'elles consistent presque uniquement en visions, étayées d'un maximum de vraisemblance. J'ai déjà, dans plusieurs articles, essayé d'inférer sur l'avenir, et je dois admettre que c'est d'une peine presque insurmontable, aussi bien généreuse que désespérante en ce que jamais le temps de l'existence, au-delà duquel vont les prédictions, ne pourra confirmer ou infirmer les propos de l'auteur. C'est en quelque sorte, en tant que méthode, l'échafaudement rigoureux d'une thèse de naturaliste appliquée à la vie réelle ; voici ce que je veux dire :
Avec une poignée de pensées cohérentes et érigées en un dogme quasiment absolu – en l'occurrence tout ce qui environne et soutient la doctrine de l'égalité –, il s'agit de faire l'effort de bâtir presque de zéro ce qu'on pourrait appeler la conscience d'une société, en un système subtil et innervant profondément un peuple, de façon à conjecturer sans faute ou avec le moins d'écarts possibles la forme et le contenu d'une humanité qui n'est pas encore advenue. Ce labeur nécessite une scientificité impeccable et la plus absolue distanciation de sa propre volonté. Avec pour matériau la notion précisément définie et circonscrite, supposée foncière et prédominante dans la considération d'un peuple, de l'égalité, façonner non plus les règles légales (ce qui fut l'objet du premier livre) mais la consistance des pensées humaines, leur influence sur la forme des États, ainsi que, par surcroît de difficulté dont la tentative pourtant facultative suppose un grand péril en une marge considérable d'erreurs, l'avenir des sociétés du suffrage et du citoyen : rien que cette ambition est remarquable, et il fallait un esprit extraordinairement positif à la fois de synthèse et d'abstraction rien que pour entreprendre cette orgueilleuse émulation avec soi-même et qui, je le répète, ne pouvant rencontrer aucune confirmation, ne saurait produire force prestige au temps contemporain de l'auteur. Neutralité, perspicacité, clairvoyance : voilà quels sont les ressorts utiles à mener de pareilles spirituelles expériences ; Tocqueville s'en devine la faculté et le courage, et il n'hésite pas à explorer ce vertigineux fond social en des perspectives jamais envisagées si vastement, invérifiables, éloignées bien plus que quelque devin d'intérêt mesquin ne le pourrait souhaiter. Il faut y insister en préambule : combien l'on doit se savoir de forces extrêmement aiguisées pour projeter de se risquer à un pareil exercice ! Or, le recul des siècles dont nous bénéficions à présent permet de vérifier la réalisation de toutes ces assertions, et beaucoup se trouvent incroyablement confirmés, au même titre que le premier tome, comme je le signalais dans ma critique, annonçait avec une stupéfiante précision la guerre de Sécession sans qu'il fût nécessaire d'y forcer l'interprétation comme on le fit d'un Nostradamus. Rien que le florilège suivant (dont je crains qu'il n'épuise un peu l'ouvrage, je m'en défie toujours et suis marri de ce résultat quand il s'applique à des livres que je recommande comme celui-ci, mais je ne puis résister au défi de rendre des synthèses parfaitement méticuleuses, ce qui a toujours pour effet de défaire le lecteur d'une partie de son intérêt pour le texte ainsi défloré ; pour autant je ne lui retire pas l'envi de commenter l'oeuvre au-delà de ma capacité s'il s'en croit apte, et il peut fort continuer d'apprendre d'une philologie personnelle que je n'aurais, moi, pas mené jusqu'à son dernier terme), rien que ce florilège, disais-je, ne révèle-t-il pas, au sujet de notre époque, en une correspondance explicite et troublante :
- son penchant facile pour l'écologie : « Parmi les différents systèmes à l'aide desquels la philosophie cherche à expliquer l'univers, le panthéisme me paraît l'un des plus propres à séduire l'esprit humain dans les siècles démocratiques. » (page 51)
- son abandon de la littérature, c'est-à-dire son découragement du livre comme oeuvre d'art : « Ils le considèrent comme un délassement passager et nécessaire au milieu des sérieux travaux de la vie : de tels hommes ne sauraient jamais acquérir la connaissance assez approfondie de l'art littéraire pour en sentir les délicatesses ; les petites nuances leur échappent. N'ayant qu'un temps fort court à donner aux lettres, ils veulent le mettre à profit tout entier. Ils aiment les livres qu'on se procure sans peine, qui se lisent vite, qui n'exigent point de recherches savantes pour être compris. […] La forme s'y trouvera, d'ordinaire, négligée et parfois méprisée. le style s'y montrera souvent bizarre, incorrect, surchargé et mou, et presque toujours hardi et véhément. Les auteurs viseront à la rapidité de l'exécution plutôt qu'à la perfection des détails. Les petits écrits y seront plus fréquents que les gros livres, l'esprit que l'érudition, l'imagination que la profondeur. » (pages 87-88)
- sa passion pour le grossier cinéma, qu'il faut substituer dans l'extrait à « pièces de théâtre » pour un effet saisissant : « Dans les démocraties, on écoute les pièces de théâtre, mais on ne les lit point. La plupart de ceux qui assistent aux jeux de la scène n'y cherchent pas les plaisirs de l'esprit, mais les émotions vives du coeur. Ils ne s'attendent point à y trouver une oeuvre de littérature, mais un spectacle, et, pourvu que l'auteur parle assez correctement la langue du pays pour se faire entendre, et que ses personnages excitent la curiosité et éveillent la sympathie, ils sont contents ; sans rien demander de plus à la fiction, ils rentrent aussitôt dans le monde réel. » (page 118)
- la désaffection des citoyens pour le champ politique : « Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n'aperçoivent plus le lien qui unit la fortune particulière de chacun d'eux à la prospérité de tous. Il n'est pas besoin d'arracher à de tels citoyens les droits qu'ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes. L'exercice de leurs devoirs politiques leur paraît un contre-temps fâcheux qui les distrait de leur industrie. S'agit-il de choisir leurs représentants, de prêter main forte à l'autorité, de traiter en commun la chose commune, le temps leur manque. » (page 196)
- l'évanescence mentale du Contemporain en général : « Il fait donc toutes choses à la hâte, se contente d'à peu près, et ne s'arrête jamais qu'un moment pour considérer chacun de ses actes. Sa curiosité est tout à la fois insatiable et satisfaite à peu de frais ; car il tient à savoir vite beaucoup, plutôt qu'à bien savoir. Il n'a guère le temps, et il perd bientôt le goût d'approfondir. Ainsi donc, les peuples démocratiques sont graves, parce que leur état social et politique les porte sans cesse à s'occuper des choses sérieuses ; et ils agissent inconsidérément, parce qu'ils ne donnent que peu de temps et d'attention à chacune de ces choses. L'habitude de l'inattention doit être considérée comme le plus grand vice de l'esprit démocratique. » (pages 308-309)
- l'uniformité des êtres et la rareté des individus : « Chez les peuples aristocratiques, chaque hom
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