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EAN : 9782020095556
186 pages
Seuil (01/03/1987)
3.67/5   6 notes
Résumé :
La littérature comme genre, la poésie et la fiction, l'oeuvre individuelle dans son rapport au genre : tels sont les thèmes qu'abordent les essais ici réunis.
Un trait me frappe à la relecture : c'est leur caractère, en quelque sorte, intermédiaire. Je ne m'intéresse pas à la pure spéculation ni à la description des faits pour eux-mêmes : je ne me lasse pas de passer de l'une à l'autre. La même ambiguïté se poursuit jusque dans le style de l'exposition. J'ess... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« La littérature est la première des sciences humaines ; pendant de longs siècles, elle était aussi la seule. Son objet, ce sont les comportements humains, les motivations psychiques, les interactions entre les hommes. Et elle reste toujours une source inépuisable de connaissances sur l’homme. Marx et Engels disaient que la meilleure représentation du XIXe siècle se trouvait non chez les premiers sociologues, mais chez Balzac qui révélait la vérité sur le monde qui l’entourait. Aujourd’hui encore, si une jeune personne me demande à quoi ressemblait la vie sous la dictature soviétique, je lui dirais : “Lis Vie et destin de Vassili Grossman !” Or c’est un roman, non un ouvrage de sciences humaines. Stendhal, de son côté, affirmait qu’il n’y a de “vérité un peu détaillée” sur le genre humain que dans les romans. Cette “vérité détaillée” reste par excellence le propre de la littérature. Sauf, bien sûr, quand la littérature est “en péril”, c’est-à-dire quand elle se limite à n’être plus qu’un jeu avec ses conventions, ou à décrire de façon extrêmement restreinte l’expérience personnelle de l’auteur. Dans ces cas-là, la littérature perd son statut privilégié dans la quête de connaissance du monde ; sinon, elle reste une source inépuisable et irremplaçable. En anglais existe un terme qui désigne bien ce processus spécifique de connaissance : c’est “insight”, qui évoque la pénétration, la compréhension de l’intérieur de l’objet étudié. C’est ce que tâchent de faire les bons écrivains. Les sciences humaines actuelles restent redevables de la littérature. Les récits sur Œdipe ou sur Antigone ont une telle force qu’ils continuent d’inspirer leur pratique. Bien entendu, les visions du monde portées par la littérature ne forment pas des propositions logiquement construites, susceptibles d’être vérifiées et testées. Il faut donc les interpréter pour pouvoir dire : “Voilà ce que Shakespeare nous apprend du comportement de l’être humain dans telle ou telle circonstance.” La littérature a besoin d’intermédiaires. Cela rend plus difficile l’utilisation des connaissances auxquelles elle accède. Mais nous les saisissons intuitivement, nous savons les sentir. C’est d’ailleurs la grande raison qui nous pousse vers la lecture. S’il n’y avait pas cette perspective d’une meilleure connaissance du monde, pourquoi nous fatiguerions-nous à lire les aventures de gens que nous ne connaissons pas, pire, qui n’existent pas ? »
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Persister à s’occuper des genres peut paraître de nos jours un passe-temps oiseux sinon anachronique. Chacun sait qu’il en existait, ballades, odes et sonnets, tragédies et comédies, du bon temps des classiques ; mais aujourd’hui ? Même les genres du XIXe siècle, qui ne sont pourtant plus tout à fait des genres à nos yeux, poésie, roman, semblent se désagréger, tout au moins dans la littérature « qui compte ». Comme l’écrivait Maurice Blanchot d’un écrivain qui est justement moderne, Hermann Broch, « il a subi, comme bien d’autres écrivains de notre temps, cette pression impétueuse de la littérature qui ne souffre plus la distinction des genres et
veut briser les limites ».
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« Si une œuvre d’art avait pour seule raison d’être d’indiquer quelque chose qui lui est extérieur elle deviendrait par là même un accessoire ; alors qu’il s’agit toujours, dans le cas du beau, qu’il soit lui-même le principal. »
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Videos de Tzvetan Todorov (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tzvetan Todorov
Avec Stoyan Atanassov & André Comte-Sponville Rencontre animée par Catherine Portevin
Tzvetan Todorov, né en 1939 à Sofia, arrivé à Paris au début des années 1960, a vécu la plus grande partie de sa vie en France et écrit son oeuvre en français. Mais il se voyait toujours comme un « homme dépaysé ». Cette expérience a nourri son intérêt pour le dialogue entre les cultures et sa vigilance à l'encontre de toutes les tentations totalitaires. Quelle part bulgare avait-il gardé en lui, quelles relations entretenait-il avec son pays natal ? Comment aujourd'hui ses livres sont-ils lus et perçus en Bulgarie ? Pour évoquer les passages de Todorov entre Sofia et Paris, sont réunis pour la première fois ses amis et spécialistes de son oeuvre, des deux côtés de la frontière qui fut naguère rideau de fer : Stoyan Atanassov, Professeur de littérature romane à l'Université de Sofia et traducteur en bulgare de l'oeuvre de Todorov et André Comte-Sponville, philosophe, grand lecteur et ami de Todorov, préfacier de son livre posthume Lire et Vivre (Robert Laffont/Versillio, 2018). Une édition augmentée de son fameux Dictionnaire philosophique est paru en 2021 aux PUF.

À lire – Tzvetan Todorov, Lire et Vivre, Robert Laffont / Versilio, 2018 – Tzvetan Todorov, Devoirs et délices. Une vie de passeur, Entretiens avec Catherine Portevin, le Seuil, 2002, rééd. Points 2006.
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