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Maryla Laurent (Autre)Maryla Laurent (Traducteur)
EAN : 9782882506573
181 pages
Noir sur blanc (01/10/2020)
3.73/5   85 notes
Résumé :
Lauréate du prix Nobel de littérature en 2018, Olga Tokarczuk nous offre un recueil de nouvelles qui vient confirmer l'étendue de son talent : qu'elle se penche sur les époques passées ou qu'elle s'amuse à imaginer celles du futur, elle a toujours le souci d'éclairer le temps présent et ne se défile devant aucune des questions qui se posent aujourd'hui à nous.
L'esprit d'enfance, le désir d'immortalité, le délire religieux mais aussi le transhumanisme, le ra... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Elle se dit obsessionnelle, écologiste et féministe, végétarienne et de gauche. Elle est d'une grande culture et affectionne les voyages. Justement il s'agit bien dans ces Histoires bizarroïdes de voyages, entre réalité et imagination, dans l'univers très particulier du prix Nobel de littérature Olga Tokarczuk.

Dix nouvelles pour voguer (il est beaucoup question d'eau) entre deux mondes dont le centre serait le rapport de la nature à l'homme —« Toute dévastation fait que la nature reprend ce que l'homme lui avait confisqué, non sans chercher par ailleurs à s'emparer avec audace des êtres humains pour les ramener à leur état originel. » — la défense de la condition animale ; le transhumanisme ; les interrogations sur Dieu, la vieillesse, la mort et le désir d'immortalité...

Bien que souvent obscur, un splendide tableau écrit dans un langage riche et pur, où magnétique et poétique Olga Tokarczuk, avec une manière bien à elle d'aborder les nouvelles réalités de l'humanité, nous atteint au plus profond sans qu'on sache vraiment pourquoi. Ou peut-être si. Parce qu'avec Olga Tokarczuk : « En voyageant vers les profondeurs, on avance vers l'incommensurable et l'idéal. »
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Il parait que, dans notre pays, les lecteurs ne sont pas, pour la plupart, amateurs de nouvelles : c'est ce que m'avait dit la libraire, alors que je lui achetais un recueil de nouvelles américaines, à l'époque il y a quelques années, tout en souriant devant ma joie d'avoir choisi ce type de récits-là, justement.
Et bien, en lisant ce livre, je me suis dit et répété que c'était bien dommage qu'à la différence des pays anglo-saxons par exemple, nous en lisions peu parce que là, du coup, on se prive d'un fabuleux moment de lecture multiplié par dix, le nombre de nouvelles que comptent ces pages !


Olga Tokarczuk est une conteuse, de la plus belle plume, une autrice enchanteresse qui nous prend par la main et nous emmène dans autant d'univers que de récits ici présents. Certaines nouvelles (et je commencerai par évoquer celles-ci car ce sont mes préférées) parlent de la nature, ou plutôt de l'interaction entre notre "pauvre" monde humain - ne parlons même pas d'humanité, et celui de la faune et de la flore. Olga Tokarczuk invente soit des personnages imaginaires qui vivent en symbiose avec la forêt ou les arbres et qui ont tant à nous apprendre ou des personnages humains tellement détruits d'être coupés de cette nature qu'ils choisissent un jour, d'en faire définitivement partie, quitte à...mais non, je ne vais pas tout raconter, à vous de découvrir, son imagination est là, bienfaisante en ces temps actuels.
D'autres nouvelles parlent d'un temps futur, après que les sociétés que nous connaissons aujourd'hui, se seront effondrées, parce que l'homme n'aura pas compris à temps, l'importance de maintenir en équilibre l'écosystème, dans lequel, il évolue. Les temps d'après sont sinistres, sans espoir, sans avenir, sans possibilité de revenir à une vie insouciante. Ne resterait que la possibilité de s'enfermer dans toutes sortes de superstitions, religions, toutes sortes de doctrines qui laisseraient croire à l'homme, que la vénération pourrait conduire à une éventuelle rédemption...

Dans tous les textes, l'homme ne sait pas préserver ce qu'il a : son trésor de vie, sa relation avec ce qui l'entoure, ses rapports aux autres : il y a comme une folie qui le guide sans qu'il ne sache vers où. Et certaines sont la réalité quotidienne de ce monde sans humanité, où juste l'intolérance et l'individualisme règnent, celui qui est différent disparaîtra et les régimes totalitaires foisonneront parce que la sécurité deviendra synonyme d'uniformité. Ce qui fait que certaines nouvelles ne sont pas si éloignées d'une réalité qui fait l'actualité de notre présent et cela en est terrifiant.


C'est un recueil ébranlant, une lecture âpre, qui vrille le coeur, mais aussi une lecture qui parle d'espoir, parfois, parce que si nous voulions bien juste prendre conscience de toutes les interactions qui fourmillent entre l'Homme et son environnement, nous pourrions peut-être faire en sorte de nous diriger vers un monde plus tolérant, plus harmonieux dans lequel le retour vers les principes fondamentaux de l'existence serait gage d'un avenir plus doux pour tous, Homme, Bête et Végétal pour ne citer qu'eux.




Avons-nous encore le courage d'y croire, aujourd'hui quand nous regardons le Monde ? Il nous reste les livres et des écrivains comme cette Dame pour nous laisser penser qu'on peut encore changer les choses; mais alors il faut faire vite...




Un immense merci à Babélio et aux éditions Noir sur Blanc, pour cette magnifique découverte !
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Sombre.
Si je ne devais donner qu'un adjectif pour qualifier ce recueil de nouvelles de la nobélisée Olga Tokarczuk, ce serait incontestablement sombre.
Mélancolique aussi pourrait s'appliquer mais ne concernerait pas forcément la totalité du recueil.Tandis que sombre...
Olga ToKarczuk a la remarquable faculté de plonger immédiatement son lecteur dans un monde aux contours flous, où la brume semble altérer la vision.
On est souvent en non dit, les intentions des personnages pas toujours évidentes.Les nouvelles ont des cadres complétement différents .On retrouve les Enfants verts pour lesquels j'ai déjà rédigé un petit mot. Hommage appuyé à la nature.
On est transporté parfois dans un futur que l'on sent proche.La nature a été agressée par l'homme, celui ci semble désabusé, entre clonage , recherche d'immortalité...et manipulations des foules.
On est bouleversé par ce vieil homme , incrédule devant les changements subis par ses chaussettes.
Ou encore la nouvelle qui ouvre le recueil, aux accents de Guy de Maupassant.
Une belle lecture , sombre donc, qui prend son intérêt dans la qualité du texte certes mais aussi dans les diversités des approches pour stigmatiser l'homme, le rendre petit face à la nature .
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Dans ces histoires, parfois très brèves, la voix de l'auteure n'est jamais dénuée de tendresse, elle se fait parfois poétique, surtout lorsqu'il s'agit d'évoquer la nature. Certaines nouvelles ont des accents d'A.E. Poe, d'autres se rapprochent plus de la science-fiction comme « La visite » où la famille est constituée de plusieurs clones de soi-même. Dans « Les enfants verts » qui se passe en 1656 dans une région reculée de Pologne où les superstitions sont légion, elle nous convie à un retour dans le passé et derrière ce conte philosophique, on découvre l'importance de la nature et des origines chez l'auteure.
On est effrayé, charmé ou amusé par ces histoires qui explorent l'humain dans un monde irrationnel, ou surnaturel. On côtoie aussi l'absurde avec ce vieil homme dans « Les coutures » qui découvre que les chaussettes ont toutes une couture, ce qui semble aller de soi pour les gens qui l'entourent alors que lui, il ne se retrouve plus dans ce monde où il perd ses repères. La fin de vie avec l'euthanasie et la possibilité d'une autre vie sont évoquées dans « le Transfugium » et on le retrouve aussi dans « La montagne de tous les saints » avec ce mysticisme qui accompagne le commerce des reliques des saints martyrs romains.

Dans ces huit nouvelles, on passe d'un monde à l'autre avec cette facilité d'entrer chaque fois dans une histoire très différente où toute frontière entre réel et fantastique s'efface. Et ça fonctionne à merveille tant les talents de conteuse d'Olga Tokarczuk, et son écriture pleine d'empathie, nous emportent vers des contrées lointaines et des mondes inconnus.
Un bon moment de lecture et un recueil que je relirai sûrement

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Immense coup de coeur pour cette auteur nobelisée que je découvre à travers ces nouvelles, dont je pressens et espère qu'elles sont une porte d'entrée représentative de son oeuvre sur laquelle je vais probablement me jeter rapidement.

D'une langue pourtant simple mais plantureuse et que je ne sais pourquoi je ressens comme bienveillante, chacun des mondes que renferment ces nouvelles sont d'une richesse et d'une profondeur incroyables, et toutes poussent à la réflexion sur notre monde et la perception que l'on en a, sur notre avenir commun sans oublier la dimension environnementale qui traverse tous ces univers.
Cela tient pour partie à la puissance des images symboliques convoquées par l'auteur, ici l'obsession d'une couture sur une chaussette, un loup sur une barge s'enfonçant dans la nuit sous les yeux de sa famille humaine, là un monastère où des nonnes apaisées trient religieusement leurs déchets dans une sorte de cérémonie du thé païenne, là encore un corps meurtri, hors d'âge, massé avec dévotion dans un rituel dont dépend le monde... à chaque page, une évocation sidérante, magnifique, en appui de mots quasi magiques.

L'auteure nous rassure d'abord dans un premier texte très court, "Le passager", dans lequel il est dit que ce qui nous fait peur n'est pas ce que l"on voit mais ce qui nous regarde, méditez-moi ça.
Puis elle nous ouvre les yeux sur les confins du monde, dans ce dernier cercle lointain où les enfants verts sont pendus dans les arbres en offrande à la vie.
De l'étrange encore, dans "Les coutures" un homme vieillissant perd le fil du monde qui va trop vite, ou quand les quatre femmes de "La visite" expriment à quatre voix leur singularité, avant de se débrancher.

Mes deux nouvelles préférées, celles qui m'ont véritablement bouleversée, sont les deux dernières : "La montagne de Tous-les-Saints" où une religion renaît de ses os dans l'atmosphère paisible d'un monastère, et "Le calendrier des fêtes humaines", troublante allégorie d'un futur dans lequel le matériel ayant disparu, l'humanité a ramassé tous ses rites et ses espoirs dans un corps sans cesse ressuscité et sans cesse malmené.

Un bonheur de littérature, ultrapur et enrichissant, dont on comprend qu'il ait mérité un Nobel.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
... la communication du professeur traitait de l’influence de la consommation des protéines sur la vision des couleurs. Il y expliquait que le développement de la peinture hollandaise avait été en corrélation étroite avec l’accroissement de l’élevage du bétail et le bond fait par la consommation hautement protéinique des laitages, les acides aminés contenus dans le fromage activant le développement de certaines structures du cerveau liées à la vision des couleurs. 
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L’action entropique du temps, celle qui, par son effet destructeur, transforme les visages humains en têtes de mort et les corps en squelettes, ne dérangeait plus ces défunts. Bien au contraire, les chairs desséchées en voie d’effritement entrent dans une autre dimension, plus éthérée. Elles ne provoquent plus le dégoût que procurent les cadavres en décomposition, mais, en tant que momies, suscitent admiration et respect. 
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Le monde sauvage. Sans êtres humains. Nous ne pouvons pas le voir car nous sommes des humains. Nous avons choisi de nous en distancier et, désormais, pour y revenir, nous devons changer. On ne peut pas voir ce dont on est exclu. Nous sommes prisonniers de nous-mêmes. C'est un paradoxe. Une perspective de recherche intéressante, mais également une erreur fatale de l'évolution : l'homme ne voit jamais que lui-même.
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... il y a des choses pires que la mort, pires que de se faire sucer le sang par un vampire ou déchirer les entrailles par un loup-garou. Les enfants savent cela mieux que personne. On peut survivre à la mort en tant que telle. Le pire, c’est ce qui se répète, immuable, selon un rythme identique, toujours prévisible, imparable et contre quoi rien n’agit tandis que cela vous agrippe pour vous entraîner à sa suite. 
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Le monde sauvage. Sans êtres humains. Nous ne pouvons pas le voir car nous sommes des humains. Nous avons choisi de nous en distancier et, désormais, pour y revenir, nous devons changer. On ne peut pas voir ce dont on est exclu. Nous sommes prisonniers de nous-mêmes. C’est un paradoxe. Une perspective de recherche intéressante, mais également une erreur fatale de l’évolution : l’homme ne voit jamais que lui-même. 
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