AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Allantvers


Immense coup de coeur pour cette auteur nobelisée que je découvre à travers ces nouvelles, dont je pressens et espère qu'elles sont une porte d'entrée représentative de son oeuvre sur laquelle je vais probablement me jeter rapidement.

D'une langue pourtant simple mais plantureuse et que je ne sais pourquoi je ressens comme bienveillante, chacun des mondes que renferment ces nouvelles sont d'une richesse et d'une profondeur incroyables, et toutes poussent à la réflexion sur notre monde et la perception que l'on en a, sur notre avenir commun sans oublier la dimension environnementale qui traverse tous ces univers.
Cela tient pour partie à la puissance des images symboliques convoquées par l'auteur, ici l'obsession d'une couture sur une chaussette, un loup sur une barge s'enfonçant dans la nuit sous les yeux de sa famille humaine, là un monastère où des nonnes apaisées trient religieusement leurs déchets dans une sorte de cérémonie du thé païenne, là encore un corps meurtri, hors d'âge, massé avec dévotion dans un rituel dont dépend le monde... à chaque page, une évocation sidérante, magnifique, en appui de mots quasi magiques.

L'auteure nous rassure d'abord dans un premier texte très court, "Le passager", dans lequel il est dit que ce qui nous fait peur n'est pas ce que l"on voit mais ce qui nous regarde, méditez-moi ça.
Puis elle nous ouvre les yeux sur les confins du monde, dans ce dernier cercle lointain où les enfants verts sont pendus dans les arbres en offrande à la vie.
De l'étrange encore, dans "Les coutures" un homme vieillissant perd le fil du monde qui va trop vite, ou quand les quatre femmes de "La visite" expriment à quatre voix leur singularité, avant de se débrancher.

Mes deux nouvelles préférées, celles qui m'ont véritablement bouleversée, sont les deux dernières : "La montagne de Tous-les-Saints" où une religion renaît de ses os dans l'atmosphère paisible d'un monastère, et "Le calendrier des fêtes humaines", troublante allégorie d'un futur dans lequel le matériel ayant disparu, l'humanité a ramassé tous ses rites et ses espoirs dans un corps sans cesse ressuscité et sans cesse malmené.

Un bonheur de littérature, ultrapur et enrichissant, dont on comprend qu'il ait mérité un Nobel.
Commenter  J’apprécie          435



Ont apprécié cette critique (42)voir plus




{* *}