La Recherche du Ki dans le combat

Le Ki (au japon) / Qi (en Chine) est une notion centrale de la culture asiatique parfois difficile à cerner et à appréhender surtout pour des occidentaux. Sans surprise c'est une notion qui est également essentielle dans les arts martiaux, particulièrement ceux dit « internes » en opposition aux arts martiaux dits externe. Personnellement je trouve cette distinction trop manichéenne et non représentative de la réalité mais là ce n'est pas le propos qui nous intéresse.

Revenons en à nos moutons. Kenji TOKITSU, un pratiquant de karaté assez connu et scientifique reconnu, fait le constat qu'arrivé à un certain âge la pratique du shôtôkan (une forme de karaté) devient physiquement compliquée, voire impossible. Passé 30 ans la réalité est que beaucoup de pratiquants sont « cassés » et souffrent des articulations et du dos. Or le budô (la voie du guerrier) est fait pour être pratiquer jusqu'à la mort, c'est un choix de vie. La question se pose donc de garder les combattants en bonne santé et permettent une pratique jusqu'à la mort.

TOKITSU va donc se tourner vers le Qi Gong puis le taï ki ken et le taï chi afin de compléter sa pratique avant de finalement se tourner vers le i quan. Un petit mot sur cet art martial qui est mon chouchou : il est basé sur l'utilisation d'images mentales destinées à générer des sensations, pour, à terme , mobiliser une force motrice globale. Débarrassé de toute croyance religieuse, ésotérique et de tout esthétisme l'objectif est l'efficacité et de pouvoir pratiquer toute sa vie en bonne santé.

Ces différentes pratiques impliquent une certaine approche du qi. Car améliorer son qi c'est améliorer à la fois sa pratique martiale, son bien être et sa santé. Pour y arriver il faut d'améliorer la libre circulation du qi dans le corps.
On trouve le pire comme le meilleur : des pratiques saines et très bonnes pour la santé et des dérives sectaires néfastes pour le corps et l'esprit.



Par exemple le célèbre NISHINO, pratiquant de qi qong, prétendait pouvoir « projeter son qi » et ainsi repousser quelqu'un violemment sans même le toucher. Oui on est dans dragon ball Z. Ce serait risible si pendant la révolte des boxeurs certains ne s'étaient pas jetés tête baissée dans la bataille en pensant que si leur qi était fort les balles ne pourraient les atteindre. Ils sont tombés par dizaine sous les balles lors de la répression.
TOKITSU explique que reproduisant les exercices de respirations enseignés par NISHINO il a fini par se rendre malade. La pratique du Qi qong ne s'improvise pas et demander à des élèves de bloquer leur respiration sur 2 minutes est inconscient. La respiration ne doit jamais être bloquée ou forcer.

TOKITSU nous parle ensuite du Dr YAYAMA lequel est très connu et à de très bon résultats notamment avec ses patients atteints de cancers, lesquels, c'est important de le souligner, prennent aussi un traitement médicamenteux classique. Malgré cela j'ai été gêné par certains propos comme quand il affirme pouvoir projeter son qi à distance via le téléphone. Effet placebo ? Hypnose ? Confiance aveugle des patients ? Je ne sais pas mais il pousse le bouchon un peu loin.

J'ai également été dérangé par les références à la théorie des trois cerveaux qui, si elle a connu un certain succès dans les années 70, n'en demeure pas moins erronée. Cela a été prouvé depuis belle lurette.

En parallèle il y a des choses intéressantes comme les indications sur les études menées qui ont prouvé que la pratique de la méditation améliore l'état psychique et font grimper en flèche les ondes delta tandis que les autres sont presque inexistantes. Depuis d'autres études ont été menées notamment celles faites avec la collaboration de Matthieu RICARD.

Le qi favorise le bien être et donc l'efficacité en combat ce qui explique pourquoi traditionnellement dans les arts martiaux la morale et l'éthique sont essentielles, contrairement aux sports de combat. En effet un comportement immoral engendre un qi faible. Il est donc attendu des pratiquants d'arts martiaux un comportement intègre et digne.

C'est bien joli tout ça mais ça ne nous dit pas ce qu'est le qi. Plusieurs pistes.
Ce sont les ondes que nous émettons :
- bêta, quand nous avons une activité intellectuelle (lire, calculer...)
- alpha, quand nous nous relaxons les yeux fermés
- thêta, quand nous sommes presque endormis
- delta, quand nous sommes dans une phase de sommeil profond.
C'est ce que certains appellent l'aura. C'est l'énergie qui circule en nous via les méridiens. C'est aussi l'intention, la détermination. Peut être pourrait-on dire le charisme. C'est aussi ce qui se dégage d'un personne et qui fait que vous ne l'aimez pas au premier coup d'oeil ou qu'au contraire, vous vous sentez bien avec elle. C'est ce que vous ressentez face à un adversaire, ou quand vous jaugez quelqu'un.

C'est une notion aux multiples facettes. Une notion qui se ressent plus qu'elle ne s'explique quelque chose d'impalpable. Mais ce qui ressort le plus c'est que c'est quelque chose de la vie quotidienne qui n'a rien de mystique ou de surnaturel.
Un petit mot de Irie Yasuhiro: « Je pense que l'on utilise le terme ki pour désigner un ensemble de choses très concrètes et transmissibles qui vont des angles à la distance, en passant par la hauteur où a lieu la technique. Des choses qui doivent être enseignées clairement. Et dans cela il y a une façon de faire le mouvement sans force. Il faut la faire sentir encore et encore et guider l'élève pour qu'il puisse l'acquérir. Rien de magique ou de vague. »
 
Quand on se lance dans ce type de pratique, il est essentiel de bien choisir son professeur, maître, peut importe comment on l'appelle du moment que ce n'est pas un gourou. Les arts martiaux ne donnent pas de super pouvoirs ils permettent juste de vivre en meilleure harmonie avec soi même.

Un livre a lire avec un oeil critique avec beaucoup de choses intéressantes, des choses datées, et d'autres un peu farfelues.