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Dernier des Trois Grands Contes du Premier Age de la Terre du Milieu, LA CHUTE DE GONDOLIN constitue également l'ultime « grand travail d'exhumation » entrepris par Christopher Tolkien. Une entreprise titanesque débutée à l'orée des seventies, à la mort de J.R.R. Tolkien. Dans la préface, Christopher Tolkien prévient que ce sera également son dernier livre : publié en aout 2018 puis traduit en avril 2019 peu avant le décès de Christopher à l'âge respectable de 95 ans, le 16 janvier 2020. Au commencement était donc le SILMARILLION, vaste entreprise laissée inachevée par J.R.R. Tolkien mais terminée et publiée par Christopher Tolkien aidé de l'écrivain de fantasy Guy Gavriel Kay. Des versions plus complètes des histoires proposées figureront ensuite dans divers recueils comme LE LIVRE DES CONTES PERDUS ou la monumentale HISTOIRE DE LA TERRE DU MILIEU. Cependant, cette version de LA CHUTE DE GONDOLIN se veut la plus complète. Elle repart du texte originel de J.R.R. Tolkien rédigé durant la Guerre des Tranchées, en 1916. Elle retrace la chute de la grande cité elfique de Gondolin, détruite par les troupes de Melkor (ensuite rebaptisé Morgoth), notamment composées de dragons et de Balrogs. On croise durant le siège des personnages connus des fans comme Galdor, Glorfindel (qui périt sous les coups d'un Balrog) et Legolas avant de suivre la destinée des survivants de cette attaque. L'édition de 2018 reprend ce texte de 1917 (qui constitue un court roman complet issu du LIVRE DES CONTES PERDUS), diverses versions condensées et une « version finale » du début des années '50 laissée inachevée (dans laquelle nous n'assistons pas à la Chute de Gondolin elle-même). Outre l'intrigue principale, certes difficile d'accès mais instructive (et réservée aux fans complétistes de la Terre du Milieu vu la profusion de termes proposés…heureusement un lexique figure à la fin de l'ouvrage), le livre propose de nombreuses notes qui détaillent l'évolution de cette histoire, considérée comme le fondement de l'univers fictionnel de Tolkien et sur laquelle l'écrivain est revenu durant 35 ans. Sans jamais aboutir à une histoire réellement achevée comme s'en lamente d'ailleurs Christopher. Avec les différents remaniements, l'histoire mis plus de cent ans à parvenir à sa (relative) maturation, depuis le conte initial de 1917 jusque cette édition ultime de 2018. Un travail d'archéologie littéraire impressionnant et, comme certains bonus plus intéressants que le film qu'ils accompagnent, les notes de Christopher Tolkien sur le travail de création paternel s'avèrent souvent plus passionnantes que le conte proprement dit. Ce-dernier constitue cependant une incontournable source de renseignements pour les fans du SEIGNEUR DES ANNEAUX et pouvoir lire les différentes versions du texte à la suite s'avère très enrichissant, le lecteur pourrait craindre la redondance, voir l'ennui mais, au contraire, il se plonge de plus en plus profondément dans cette forteresse elfique assiégée par Morgoth et apprend à mieux connaitre les intervenants. Quoiqu'il n'existe pas de version définitive, les différents textes brossent finalement un ensemble cohérent et globalement achevé de ce récit. Bien sûr, LA CHUTE DE GONDOLIN n'est pas un livre « pour tout le monde », nous sommes loin de la Fantasy « easy reading » ou d'une fresque épique comme LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, c'est un conte, une légende des temps oubliés de la Terre du Milieu surtout destiné aux convaincus et aux amateurs de Tolkien qui pourront tout lire (c'est conseillé) ou picorer dans les textes et autres notes éclairantes. Les moins acharnés, par contre, se tourneront plus volontiers vers LE HOBBIT ou LE SILMARILLION pour s'initier aux Terres du Milieu. Lien : http://hellrick.over-blog.co.. + Lire la suite |
Émission “Une vie une oeuvre” dirigée par Martin Quenehen et consacrée à la figure de l'écrivain John Ronald Reuel Tolkien ou La Féérie du verbe. Diffusion sur France Culture le 06 décembre 2014. Par Lydia ben Ytzhak. Réalisation : Marie-Laure Ciboulet. Prise de son : Stéphane Beaufils. Attachée d'émission : Claire Poinsignon. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Pour ce philologue médiéviste enseignant à Oxford la linguistique et les langues nordiques, créer un univers monumental ne suffisait pas : il fallait aussi lui inventer une géographie toute entière avec ses cartes, ses noms de lieux rattachés à une histoire millénaire, à une cosmogonie détaillée, chacun des peuples de la Terre du Milieu possédant ses traditions, ses langues, ses chants et ses légendes, seule alchimie selon lui capable de conférer une vraisemblance à son atmosphère merveilleuse. Passionné par les langues construites, Tolkien qualifiait son amour des mots de « vice secret» le conduisant à créer des vocabulaires imaginaires, enrichis de notes étymologiques, d'alphabets dessinés et de grammaires fictives. Il affirmait ironiquement n’avoir écrit “Le Seigneur des anneaux” que dans le but de bâtir un monde rendant naturelle une salutation entre deux elfes.
L'une des plus prodigieuses odyssées de l'imagination du XXe siècle fait écho à la tradition mythologique du Moyen-Age, à la littérature arthurienne, aux sagas islandaises, au poème héroïque en vieil anglais Beowulf (une épopée chevaleresque), aux anciens livres gallois, aux légendes celtiques, aux Eddas scandinaves, à la littérature haut-saxonne, nordique, germanique, anglo-saxonne... en diffusant leur étrange beauté. Son oeuvre proliférante et inachevée publiée essentiellement par son fils Christopher est devenue la référence inspiratrice du monde de la fantasy. Avec cent-cinquante millions de livres vendus, il est l'écrivain le plus lu dans le monde. Si les trilogies cinématographiques ne peuvent rendre toute la complexité de l'oeuvre de Tolkien dans sa portée esthétique, philosophique, initiatique et spirituelle, elles ont eu le mérite de relancer des millions de lecteurs dans son imaginaire poétique, sur les sentiers des elfes et les routes perdues des hobbits, sur les pistes des géants de pierre menacés par les orques, les dragons et les vieilles forêts, pour remonter aux sources de la légende du "Pays Faërie".
Invités :
Vincent Ferré, maître de conférences à Paris XIII.
Damien Bador, co-auteur de “L'Encyclopédie du Hobbit” et du “Monde des Hobbits” aux éditions Pré-aux-Clercs.
Jean-Rodolphe Turlin, auteur de “Promenades au pays des Hobbits : itinéraires à travers la Comté de J.R.R. Tolkien” aux éditions Terre de brume.
Isabelle Pantin, auteur de “Tolkien et ses légendes : une expérience en fiction” chez CNRS éditions, et d'une contribution à la revue Bifrost n°76 spécial J.R.R. Tolkien : Voyages en Terre du Milieu.
Michaël Devaux, auteur de “Tolkien : l'effigie des elfes” publié chez Bragelonne, et a coordonné Tolkien aujourd'hui aux Presses Universitaires de Valenciennes.
Thèmes : Arts & Spectacles| Grands Classiques| Littérature Jeunesse| Science Fiction| J.R.R. Tolkien
Source : France Culture